
Un projet controversé se place à l'abri des créanciers
Érigé sur le site de l'ancien Hôtel du lac Tremblant, le projet Lago, qui compte 69 appartements de luxe, promet depuis son lancement en 2020 une « vue imprenable » sur la montagne, avec spas, piscine extérieure et quai privé réservé à ses résidants. Il a trouvé 37 preneurs pour l'instant, dont la plupart ont payé près d'un million pour leur propriété.
Le projet est cependant devenu insolvable, après des modifications majeures que le promoteur, Cédric Grenon, a été obligé de faire à la suite d'un litige avec deux voisins qui détiennent des servitudes de non-construction sur lesquelles le complexe empiétait. Ces changements « ont généré des dépassements de coûts de construction estimés à 12 millions », indique un document déposé en cour pour suspendre les recours contre l'entreprise en vertu de la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies.
PHOTO OLIVIER JEAN, ARCHIVES LA PRESSE
Le projet Lago promet depuis son lancement en 2020 une « vue imprenable » sur la montagne.
Le promoteur et son entreprise, Habitations Luma, n'ont « plus accès à du financement additionnel ni aux capitaux nécessaires pour compléter le Projet Lago », ajoute le document. Un compte bancaire de l'entreprise a été saisi par le ministère du Revenu, l'entrepreneur étant incapable d'acquitter ses impôts, ajoute le document.
M. Grenon n'a pas répondu à notre demande d'entrevue.
L'origine du litige
Dès les premières pelletées de terre, le projet a fait face à un bras de fer juridique l'opposant à deux voisins nantis établis depuis longtemps aux abords du lac Tremblant, Annette Pankrac et Mark Hantho, qui bénéficient de servitudes de non-construction protégeant leurs terrains. La Cour supérieure du Québec a catégoriquement interdit au promoteur de construire une route qui aurait empiété sur ces servitudes pour accéder au stationnement souterrain du nouveau complexe.
Pour contourner le problème, le promoteur a fait concevoir des plans pour un ascenseur à autos, creusé et dynamité à flanc de falaise, une solution inusitée pour laquelle la Régie du bâtiment exige un opérateur spécialisé présent 24 heures sur 24.
PHOTO OLIVIER JEAN, ARCHIVES LA PRESSE
Cette photo, prise en avril 2024, montre la cavité creusée à côté des condos qui devait accueillir un ascenseur à autos.
La Ville de Mont-Tremblant a mis plusieurs mois à délivrer les permis nécessaires à sa construction, et la Régie du bâtiment a ensuite bloqué le concept pendant plus d'un an, soulignant « l'absence de voie d'accès » pour les véhicules du service incendie.
Le Syndicat de copropriété de Lago, qui représente au total une vingtaine d'acheteurs, affirme qu'il n'a pas été consulté par le promoteur lors de l'élaboration de cette solution. Les propriétaires craignent que le concept génère une explosion de coûts d'entretien et que de nouvelles poursuites intentées par les voisins continuent de paralyser les travaux. « Nous sommes préoccupés et espérons qu'une décision des autorités soit prise pour faire avancer favorablement le projet tout en respectant les servitudes des voisins. Nous avons acheté ces propriétés parce que nous cherchions la quiétude, et on n'a pas ce qu'on nous a promis », déplore le Syndicat.
Encore à ce jour, l'ascenseur est loin d'être achevé. Construction Kingsboro, un sous-traitant qui soutient ne pas avoir été payé pour des travaux de coffrage du puits d'ascenseur, a grevé en avril dernier toutes les unités du projet Lago d'hypothèques légales totalisant plus de 614 000 $.
Pas de permis pour la piscine et les spas
Pour ajouter aux malheurs du promoteur, la municipalité de Mont-Tremblant refuse de délivrer un permis pour l'aménagement d'une piscine extérieure promise dans les brochures promotionnelles du projet. Évoquant la judiciarisation du dossier, la municipalité a refusé de répondre aux questions de La Presse à ce sujet.
PHOTO OLIVIER JEAN, ARCHIVES LA PRESSE
Le projet Lago, qui compte 69 appartements de luxe, est érigé sur le site de l'ancien Hôtel du lac Tremblant.
Ces litiges ont « entraîné un fort mécontentement » des acheteurs et « plombé le momentum des ventes des unités », indique le document judiciaire. Au moins six personnes qui ont fait des dépôts de plusieurs centaines de milliers de dollars pour des promesses d'achat réclament un remboursement devant les tribunaux, parce que la piscine, les spas et le chemin d'accès au stationnement sont inexistants.
Selon le contrôleur nommé par le Tribunal pour trouver une entreprise prête à relancer le projet, Pierre Marchand, la recherche de nouveaux investisseurs devrait s'étendre jusqu'au début de l'automne. « Je pense que le promoteur [Cédric Grenon] souhaiterait vendre [et se retirer du projet] », indique M. Marchand.
L'organisme Les amis de Mont-Tremblant, qui milite pour conserver le caractère rustique de la municipalité, estime que le projet Lago « n'aurait jamais dû être autorisé ». « Il s'agit d'un complexe de condos à haute densité, obtenu sous couvert de zonage hôtelier, qui est très mal intégré à son environnement », affirme son porte-parole Daniel Cook. « De plus, le complexe ne respecte pas les exigences de sécurité de la Régie du bâtiment du Québec. Un tel projet n'a pas sa place à Mont-Tremblant. »
Hashtags

Essayez nos fonctionnalités IA
Découvrez ce que Daily8 IA peut faire pour vous :
Commentaires
Aucun commentaire pour le moment...
Articles connexes


La Presse
6 hours ago
- La Presse
BIXI dévoile son premier parc de remorques
Assemblées à Saint-Laurent, les remorques peuvent aussi bien s'attacher à des vélos BIXI qu'aux vélos personnels des usagers. Fini, les paniers de vélo trop pleins ? Dès lundi prochain, les cyclistes montréalais pourront compter sur de nouvelles remorques signées BIXI pour transporter leurs courses ou leurs effets personnels. « C'est une première mondiale, une remorque universelle qui positionne encore Montréal comme plaque tournante de la mobilité », a souligné Pierre-Luc Marier, directeur du marketing chez BIXI, lors du dévoilement de l'initiative samedi, au parc Père-Marquette, dans Rosemont—La Petite-Patrie. Assemblées à Saint-Laurent, les remorques peuvent aussi bien s'attacher à des vélos BIXI qu'aux vélos personnels des usagers. Chaque remorque dispose d'un cadenas permettant de la barrer pendant les arrêts. PHOTO JOSIE DESMARAIS, LA PRESSE Le parc atteindra 50 unités d'ici la fin de l'été, et BIXI espère en voir par centaines d'ici 2028. Dix remorques seront déployées à travers le réseau dès lundi. Le parc atteindra 50 unités d'ici la fin de l'été, et BIXI espère en voir par centaines d'ici 2028. « On sait que la demande est là, mais on déploie selon notre capacité à fournir. On veut s'assurer que l'expérience soit irréprochable dès le début », estime Pierre-Luc Marier. Aucune autre ville dans le monde ne dispose d'un tel parc de remorques destinées au vélopartage, selon l'organisme. PHOTO JOSIE DESMARAIS, LA PRESSE Un aller simple de moins de quatre heures coûtera 8 $ au grand public, et 4 $ aux abonnés. Des frais de 0,20 $ par minute s'ajouteront à partir de la quatrième heure d'utilisation. « On veut que les gens y pensent de manière spontanée, que ce soit pour les courses, pour porter de l'équipement de soccer après un match ou pour emmener du matériel audiovisuel chez un client », ajoute Pierre-Luc Marier. Les usagers pourront louer une remorque directement sur l'application BIXI, et n'auront qu'à la rapporter à n'importe quelle station après utilisation. Un aller simple de moins de quatre heures coûtera 8 $ au grand public, et 4 $ aux abonnés. Des frais de 0,20 $ par minute s'ajouteront à partir de la quatrième heure d'utilisation.


La Presse
8 hours ago
- La Presse
BIXI dévoile sa toute première flotte de remorques
Assemblées à Saint-Laurent, les remorques peuvent aussi bien s'attacher à des vélos BIXI qu'aux vélos personnels des usagers. Fini, les paniers de vélo trop pleins ? Dès lundi prochain, les cyclistes montréalais pourront compter sur de nouvelles remorques signées BIXI pour transporter leurs courses ou leurs effets personnels. « C'est une première mondiale, une remorque universelle qui positionne encore Montréal comme plaque tournante de la mobilité », a souligné Pierre-Luc Marier, directeur du marketing chez BIXI, lors du dévoilement de l'initiative samedi, au parc Père-Marquette, dans Rosemont—La Petite-Patrie. Assemblées à Saint-Laurent, les remorques peuvent aussi bien s'attacher à des vélos BIXI qu'aux vélos personnels des usagers. Chaque remorque dispose d'un cadenas permettant de la barrer pendant les arrêts. Dix remorques seront déployées à travers le réseau dès lundi. La flotte atteindra 50 unités d'ici la fin de l'été, et BIXI espère en voir par centaines d'ici 2028. « On sait que la demande est là, mais on déploie selon notre capacité à fournir. On veut s'assurer que l'expérience soit irréprochable dès le début », estime Pierre-Luc Marier. PHOTO JOSIE DESMARAIS, LA PRESSE La flotte atteindra 50 unités d'ici la fin de l'été Aucune autre ville dans le monde ne dispose d'une telle flotte de remorques destinées au vélopartage, selon l'organisme. « On veut que les gens y pensent de manière spontanée, que ce soit pour les courses, pour porter de l'équipement de soccer après un match ou pour emmener du matériel audiovisuel chez un client », ajoute Pierre-Luc Marier. Les usagers pourront louer une remorque directement sur l'application BIXI, et n'auront qu'à la rapporter à n'importe quelle station après utilisation. Un aller simple de moins de quatre heures coûtera 8 $ au grand public, et 4 $ aux abonnés. Des frais de 0,20 $ par minute s'ajouteront à partir de la quatrième heure d'utilisation.


La Presse
a day ago
- La Presse
Hydro-Québec étudie le site de l'hôpital de la Miséricorde
L'ancienne maternité de l'hôpital de la Miséricorde, devenue l'hôpital Pierre-Viger par la suite, sur René-Lévesque Est Hydro-Québec étudie le site de l'hôpital de la Miséricorde Hydro-Québec envisage d'installer son nouveau poste de transformation électrique sur le site de l'hôpital de la Miséricorde, boulevard René-Lévesque Est. La société d'État l'a confirmé vendredi en fin d'après-midi à La Presse. « Nous étudions actuellement différents scénarios pour optimiser la solution en vue d'obtenir une plus grande acceptabilité sociale », a indiqué Pascal Poinlane, porte-parole d'Hydro-Québec, par courriel. « Parmi ces nouveaux scénarios d'emplacement, Hydro-Québec étudie le site de l'Institut des Sœurs de la Miséricorde », le nom officiel du site. L'ancien hôpital de la Miséricorde est pourtant promis à un lotissement résidentiel de plusieurs centaines de logements, dont une tour de 28 étages. Le promoteur prévoit démolir une partie du complexe, bâeti en 1884. Le projet a été approuvé au conseil municipal de juin. Hydro-Québec n'a pas expliqué comment son projet pourrait cohabiter avec un projet résidentiel. Le poste de transformation électrique qui alimente actuellement l'est du centre-ville de Montréal est situé dans la côte Berri, près de la rue Ontario. Il a atteint la fin de sa vie utile et sa capacité ne suffit plus aux besoins du secteur. Depuis quelques années, Hydro-Québec cherche un terrain pour construire une nouvelle installation du même type. La société d'État a longtemps convoité le terrain gazonné situé juste au nord de la Grande Bibliothèque, allant même jusqu'à acquérir le terrain. L'hiver dernier, le PDG Michael Sabia avait toutefois reculé devant la levée de boucliers du monde culturel et politique devant ce projet. L'ancien hôpital de la Miséricorde est situé à 800 mètres du poste Berri. Hydro-Québec avait indiqué devoir construire sa nouvelle installation « dans un rayon de 500 mètres autour du poste existant ».