
Un ex-leader syndical souhaite l'absolution pour redevenir cadre à la CSN
Ce qu'il faut avoir L'ex-président de la Fédération du commerce a reconnu en janvier avoir placé une caméra cachée pour filmer son ancienne conjointe à son insu dans la salle de bain. L'ancien leader syndical veut bénéficier d'une absolution pour récupérer un poste de cadre à la CSN. La victime dit avoir subi une « agression » qui l'affecte encore aujourd'hui.
« Tu as installé une caméra dans ma salle de bain, là où je me croyais en sécurité. C'est une trahison intolérable. C'est une agression. Tu m'as blessée. Tu as brisé ma paix intérieure. Ce que tu as fait, ce n'est pas une erreur ou un manque de jugement, c'est un crime », a confié la victime, dans une lettre lue en cour, vendredi, au palais de justice de Longueuil, lors de l'audience sur la détermination de la peine.
Alexandre Boileau-Laviolette, 44 ans, a plaidé coupable en janvier dernier à une accusation de voyeurisme. Le jour même, il a démissionné de son poste de président de la Fédération du commerce (FC-CSN), un syndicat qui regroupe près de 30 000 membres dans les secteurs du commerce de détail, de l'agroalimentaire, de la finance et du tourisme. Il demeure toutefois à l'emploi de la CSN.
Il y a quelques années, Alexandre Boileau-Laviolette a filmé sa copine à une douzaine de reprises grâce à une caméra cachée dans la salle de bain. Il prétend avoir agi ainsi pour prouver que la victime… se masturbait elle aussi. À l'époque, la victime lui reprochait de se masturber, alors que c'est un « besoin naturel », a-t-il expliqué à la cour.
« Je cherchais à prouver mon point. Je ne peux pas vous dire que je l'ai attrapée… », a-t-il admis, vendredi, en contre-interrogatoire. Une fois, il a filmé leurs ébats sexuels dans la salle de bain. L'objectif était de vérifier la « libido » de sa copine, a-t-il dit. Or, il jure n'avoir jamais visionné cette vidéo.
« On peut se questionner sur la crédibilité de son explication », a plaidé la procureure de la Couronne, Me Julie Sidara-Charron.
PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE
La procureure de la Couronne, Me Julie Sidara-Charron
Vendredi, Alexandre Boileau-Laviolette a témoigné qu'il regrettait ses gestes « complètement caves ». « C'est vraiment honteux et à l'opposé de mes valeurs. J'ai fait du tort [à la victime], et sincèrement, je suis désolé d'avoir agi ainsi. Personne ne mérite ça », a-t-il affirmé.
« C'est la leçon de ma vie. J'ai vécu les pires moments de ma vie. Je suis responsable de ça. J'ai beaucoup de peine pour Madame et pour toutes les personnes qui me connaissent », a-t-il insisté.
« Il n'est pas un voyeur », selon la défense
Alexandre Boileau-Laviolette assure aujourd'hui n'avoir aucun problème de voyeurisme. « Je ne suis pas un être parfait, mais mes enjeux sont réglés », a-t-il lancé, avec confiance. « Il n'est pas un voyeur », a insisté son avocat, Me Guy Poupart, en se basant sur des rapports d'experts.
S'il a démissionné de son poste de président de la Fédération du commerce, Alexandre Boileau-Laviolette demeure « conseiller syndical » à la CSN. Il est présentement en arrêt de travail. Depuis, il s'est inscrit en droit à l'université. Son ambition demeure de « faire chose utile » à la CSN, insiste-t-il.
Car, en « toute humilité », Alexandre Boileau-Laviolette affirme avoir un parcours professionnel « exemplaire » et être très compétent. C'est pourquoi il ambitionne d'obtenir un poste de direction ou un poste de conseiller politique au niveau national à la CSN.
Or, un casier judiciaire l'empêcherait de décrocher un poste de cadre à la centrale syndicale, dit-il.
La défense réclame ainsi que Alexandre Boileau-Laviolette bénéficie d'une absolution conditionnelle, une peine clémente, qui lui permettrait de ne pas conserver de casier judiciaire. À cela s'ajouteraient 150 heures de travaux communautaires.
Son avocat, Me Guy Poupart, a brossé un portrait particulièrement flatteur de son client, dépeint comme un homme généreux qui a consacré sa vie à aider les travailleurs. D'ailleurs, une dizaine de personnes ont signé des lettres d'appui à Alexandre Boileau-Laviolette, dont un avocat de la CSN.
PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE
Me Guy Poupart en 2023
À deux reprises, Me Poupart a qualifié de « bêtise » le crime commis par son client. Le criminaliste a aussi fait valoir qu'il n'y avait qu'une seule victime et que l'infraction s'était produite dans un lieu privé. Il a évoqué un « contexte de vie commune » entre deux personnes restées « trop longtemps » en couple. Également, son client présente un « faible » risque de récidive.
La Couronne réclame l'imposition d'un sursis de peine (aussi appelé « sentence suspendue »), assorti d'une probation de deux ans et de 240 heures de travaux communautaires. Cette peine, de gravité moyenne, se situe entre l'absolution et l'emprisonnement. Surtout, le délinquant conserverait un casier judiciaire.
Selon Me Sidara-Charron, il existe de nombreux facteurs aggravants pour justifier cette peine : contexte de violence conjugale, période infractionnelle importante, préméditation, violation de l'intimité de la victime et conséquences importantes sur celle-ci.
Le juge Sacha Blais rendra la sentence en septembre.
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