
«N'en parlez pas, sinon tout le monde va venir» : la montagne Sainte-Victoire, paradis trop prisé des randonneurs
Cet article est extrait du Figaro Hors-Série « Provence éternelle, la Toscane française », retrouvez l'histoire de cette région, ses traditions, son art de vivre et ses écrivains dans un numéro magnifiquement illustré de 162 pages.
«Provence éternelle, la Toscane française.»
Le Figaro Hors-Série
Sa couleur varie selon les jours et les heures : elle peut se parer d'une couverture rose le matin, ou endosser une armure noire lorsque le ciel s'obscurcit ; refléter la lueur rouge du crépuscule ou la lumière aveuglante du soleil à son zénith.
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Apparue il y a quinze millions d'années, la montagne Sainte-Victoire est un trône sur lequel se sont assis tant de rêves. Ce joyau de calcaire, qui domine Aix et son arrière-pays de ses dix-huit kilomètres de long, attire un million de visiteurs par an. Comment dès lors protéger le site d'un tourisme excessif ? La montagne est fragile et l'afflux de promeneurs la met grandement en danger. L'objectif est simple : éviter que des millions d'inconscients ne viennent piétiner ce jardin d'Eden. Et le message clair : si vous aimez Sainte-Victoire, n'y allez pas. Admirez-la de loin, comme Cezanne.
Pour la préserver, de nombreuses pistes de randonnées ont été tracées au sud du massif. Dans l'ancien bassin minier, un « Sentier Provence, mines d'énergies » propose notamment de traverser de charmants villages bucoliques, et de contempler depuis des balcons naturels la célèbre montagne qui se dresse comme un sphinx. Les aventureux peuvent néanmoins l'approcher de plus près en gravissant les 1011 mètres du pic des Mouches. Plus haut sommet du massif, il épaule la célèbre Croix de Provence (946 mètres) où s'agglutinent les touristes, et offre une vue à couper le souffle sur la vallée de l'Arc et le plateau du Cengle.
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Merveilles de la terre
Pour l'atteindre, il faut emprunter un chemin méconnu, qui serpente discrètement sur le versant nord de la montagne : le sentier rouge du col des Portes. Réservé aux intimes, il est pour l'instant épargné par la foule : « N'en parlez pas, sinon tout le monde va venir », plaisante Xavier Nicolle, responsable de l'équipe des gardes nature. Cet ancien paysagiste originaire de Maisons-Alfort s'est engagé il y a vingt et un ans au service du Grand Site Sainte-Victoire, qu'il sillonne désormais inlassablement : « Je suis l'office du tourisme ambulant », concède-t-il avec un sourire. Lui et ses sept collègues entretiennent les pistes, débroussaillent les parkings, sensibilisent les promeneurs au respect de l'environnement, dissuadent les récalcitrants, et organisent des animations scolaires où ils font découvrir aux enfants de Provence les merveilles de la terre : « On sème des graines qui vont bientôt germer », se réjouit-il. Ce contemplatif reconnaît le chant des oiseaux, déniche des scorpions jaunes languedociens sous les pierres, titille les araignées-loups pour qu'elles sortent de leurs tanières, et appelle les plantes par leur prénom.
Xavier Nicolle, responsable de l'équipe des gardes nature.
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Elles sont nombreuses, qui se reposent à l'ombre des pins d'Alep et des chênes verts : thym, romarin, lavande fine, sarriette et tant d'autres qui embaument de mille senteurs. Mais aussi la garance voyageuse ou « plante velcro », qui s'agrippe aux rochers, ou encore le genêt de Lobel, arbrisseau surnommé « coussin de belle-mère » en raison de son allure de pouf, et de ses épines…
Une fois arrivé au sommet du pic, un océan de verdure et de pâturages s'offre aux yeux de l'heureux promeneur. À l'ouest, le soleil s'incline à l'horizon et la roche se couvre de nuances violettes. Devant le spectacle exquis d'une nature qui s'endort, il faut lâcher son appareil photo, son téléphone portable, et méditer ces mots si justes de Jean Giono : « Les beaux paysages ne se captent pas dans des boîtes, ils s'installent dans les sentiments. »
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En 2020 hélas, vingt-deux éoliennes de 125 mètres de haut ont été plantées juste derrière Sainte-Victoire. L'autorisation d'exploiter qui datait de 2005 a été annulée par la cour administrative d'appel de Marseille en 2022 mais, en attendant la décision du Conseil d'État, les éoliennes continuent de fonctionner, au grand dam des amoureux de Sainte-Victoire qui voient leur montagne favorite défigurée.
grandsitesaintevictoire.com
« Provence éternelle, la Toscane française », 162 pages, 14,90 €, disponible en kiosque et sur le Figaro Store.
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