
Conquérir la planète un fan à la fois
Où jouait Simple Plan, samedi dernier ? À Alma, au Lac-Saint-Jean. La présence du quatuor pop-punk québécois dans un festival régional a quelque chose de très révélateur. Non, ce n'est pas le signe que le groupe est sur le déclin. Cela montre plutôt que même s'ils peuvent se produire en tête d'affiche devant plus de 40 000 fans au Brésil, Pierre Bouvier, Jeff Stinco, Sébastien Lefebvre et Chuck Comeau demeurent prêts à jouer dans un festival régional au Québec.
Après 25 années d'une carrière internationale florissante, ce n'est pas un détail. Ce n'est pas si étonnant non plus : Simple Plan sait pertinemment ce qu'il doit à ses fans. Se déplacer pour aller les voir, où qu'ils soient, et se donner à fond, c'est non négociable pour eux. C'est d'ailleurs l'un des éléments qui ressort du documentaire Simple Plan : The Kids in the Crowd, offert sur Prime Video.
PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE
Les membres de Simple Plan : Pierre Bouvier, Sébastien Lefebvre, Jeff Stinco et Chuck Comeau
« Au début de chaque show, je regarde les gens dans la foule. À la première rangée comme au balcon. J'imagine l'histoire des gens qui sont là. Qu'untel a pris l'avion pour nous voir. Qu'il attend ça depuis 15 ans », racontait Chuck Comeau lors d'un entretien réalisé à Las Vegas en octobre dernier.
Il y a encore plein de gens qui nous voient pour la première fois, même après 25 ans. Tu ne peux pas t'asseoir sur ce que tu as fait avant.
Chuck Comeau, lors d'un entretien en octobre dernier
PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE
Simple Plan lors de son concert au Festival d'été de Québec, le 4 juillet
Cette volonté de plaire et de mettre tous les efforts pour y parvenir, on la sent très fort dans le documentaire produit par Sphere Media. Ce que le réalisateur Didier Charette raconte, c'est d'abord l'histoire d'un groupe qui n'a jamais été « cool », qui a été snobé et a fait l'objet de moqueries, qui a rongé son frein et mordu la poussière. C'est aussi l'histoire de gars déterminés qui ont fini par connaître un succès phénoménal.
On pourrait aligner les chiffres – environ 10 millions d'albums vendus dans le monde, soit trois fois plus qu'Arcade Fire – pour étayer le succès de Simple Plan. Or, ce qui est le plus éloquent, c'est son calendrier de tournée : en 2025, le groupé formé dans l'ouest de Montréal fera une fois de plus le tour du monde. Parfois en première partie d'Avril Lavigne ou The Offspring, parfois en tête d'affiche.
« C'est important qu'on ne soit pas juste en train de regarder le passé et de gérer une décroissance », souligne Jeff Stinco. Sur ce plan, Simple Plan a toujours été proactif : le groupe n'a jamais misé seulement sur les États-Unis et pris la peine très tôt dans sa carrière d'aller voir ses fans en Asie, en Australie et en Amérique latine. Ainsi, quand son étoile a pâli au sud de la frontière, le quatuor a pu poursuivre sa route en misant sur ses fans vivant ailleurs dans le monde.
Des travailleurs acharnés
Simple Plan : The Kids in the Crowd arrive alors que le groupe passe le cap des 25 années d'existence. Ainsi, c'est sans grande surprise que l'on constate le ton généralement positif du film de Didier Charette. « J'avais envie de faire quelque chose d'inspirant », précise le réalisateur, qui a eu un accès total non seulement aux coulisses des concerts, mais aussi à des tonnes d'archives datant du tournant des années 2000.
PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE
Le réalisateur Didier Charette
On se promène ainsi des grandes scènes du monde au sous-sol des parents de Charles Comeau où Pierre Bouvier et lui ont commencé à jouer de la musique dès l'adolescence. On voit des gamins déconner, mais surtout travailler d'arrache-pied pour réaliser leur rêve de se tailler une place dans l'élite du pop-punk international.
Chuck Comeau étouffe des sanglots quand il raconte à la caméra le moment où Simple Plan a enfin décroché un contrat de disque, mais le documentaire ne raconte pas de salades : il ne suffit pas de publier un disque avec l'appui d'un géant de la musique (Altantic Records, dans son cas) pour récolter la gloire.
L'un des autres aspects très intéressants du film est l'attention qu'il porte aux habitudes de travail de Simple Plan. En effet, si le son du groupe est très pop, le « fais-le toi-même » cher au mouvement punk a beaucoup nourri le groupe à ses débuts. Ses membres – Chuck Comeau en particulier – ont déployé une créativité et une pugnacité qui commandent le respect.
En d'autres mots : Simple Plan a gagné chaque miette de succès qu'il a obtenu. Succès qui n'aurait pas été au rendez-vous sans des chansons accrocheuses et, surtout, capables de toucher des quantités de gens qui, eux aussi, se sentaient seuls ou incompris à l'adolescence et au début de l'âge adulte.
Un portrait « juste »
En entrevue avec La Presse l'automne dernier, les membres de Simple Plan disaient avoir été sortis de leur zone de confort en acceptant d'avoir une caméra braquée sur eux sur scène et en coulisses pendant plusieurs mois. Ils laissaient entendre que le film aurait quelque chose d'un peu cru. Le terme est exagéré.
PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE
Le documentaire sur Simple Plan est offert dès maintenant sur Prime Video.
Simple Plan : The Kids in the Crowd ne fait qu'effleurer les excès des tournées passées et le seul vrai drame qui a secoué le groupe : en 2020, le bassiste David Desrosiers a fait l'objet d'allégations d'inconduites sexuelles. Il a quitté le groupe et n'est pas interviewé pour le documentaire. L'affaire est évoquée, sans être soulignée. En marge du festival When We Were Young, tenu en octobre à Las Vegas, Chuck Comeau et Jeff Stinco disaient que, depuis cet évènement, Simple Plan agit pour augmenter la présence féminine dans son entourage professionnel et veut utiliser sa notoriété pour attirer l'attention sur des artistes femmes trop peu représentées dans leur milieu.
Simple Plan : The Kids in the Crowd creuse davantage le choc de personnalités entre Pierre Bouvier, chanteur du groupe, et Chuck Comeau, qui n'est pas seulement son puissant batteur, mais aussi clairement la force motrice du quatuor. Ces deux-là s'aiment et s'affrontent depuis l'adolescence. Ils se complètent aussi dans l'écriture, même si ça fait des flammèches, comme on peut le voir dans le film.
« Ç'aurait été facile de verser dans le sensationnalisme, dit Didier Charette, au sujet de cette dynamique de frères ennemis, mais je ne trouve pas que ç'aurait rendu justice à la vraie histoire du groupe. Il y a eu des versions de montage qui étaient beaucoup plus sombres, mais ça ne faisait pas nécessairement un meilleur film. Je trouve que [la version finale] est juste. »
Offert sur Prime Video
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PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE Construite en 1825, la maison Keegan est la plus vieille de Griffintown. 1 /4 Notre guide nous emmène ensuite le long du canal de Lachine, véritable oasis urbaine qui attire les promeneurs, mais aussi de plus en plus d'évènements, notamment dans le Hangar 1825. Le secteur voit aussi des espaces verts apparaître entre les tours de condos, c'est le cas de l'étonnant passage des Bassins, qui offre un point de vue inédit sur le centre-ville. En progressant vers le nord, on s'approche ainsi des confins de Griffintown, la rue Notre-Dame marquant une frontière floue avec le quartier de la Petite-Bourgogne. On y trouve plusieurs bons restos et quelques belles boutiques. C'est ici que se trouve notamment espace|MTL, magasin phare et siège social du fabricant de vêtements de sport Ciele. PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE Le jardin secret situé derrière l'ancien Horse Palace peut être loué par les visiteurs. On revient tranquillement sur nos pas après avoir atteint la rue des Seigneurs, par les rues William et Ottawa. Arrivé à la hauteur de la rue Eleanor, on voit de plus près des maisons qu'on avait aperçues en sortant du campus de l'ETS. Il s'agit de quelques-unes des plus vieilles résidences de Griffintown, construites autour des anciennes écuries du Horse Palace, aménagées en 1862 et en fonction jusqu'à leur démolition en 2017. Elles abritaient à l'origine les chevaux qui transportaient les matériaux utilisés dans les quais du canal de Lachine, avant de faire place aux chevaux travaillant dans le commerce des calèches – les dernières calèches ont cessé de circuler dans le Vieux-Montréal à la fin de 2019. Le parc est privé, mais on peut néanmoins profiter de l'endroit en louant pour quelques heures le jardin secret voisin, aménagé derrière l'hôtel particulier Griffintown. 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