
Les commerçants inquiets
La Société de développement commercial Montréal centre-ville s'inquiète des « impacts majeurs » de la violence au centre-ville sur la clientèle, à la suite d'un meurtre survenu mardi matin à Montréal.
Aurelie Lachapelle
La Presse
Un homme âgé de 33 ans connu des services policiers, Abdeck Ibrahim, a été tué dans la nuit de lundi à mardi. Le meurtre est survenu vers 0 h 45 à la place de la Paix dans l'arrondissement de Ville-Marie. Tout porte à croire que Abdeck Ibrahim était la personne ciblée par cette attaque.
Selon Glenn Castanheira, PDG de Montréal centre-ville, ce genre d'évènements contribue à une mauvaise réputation du centre-ville et une baisse du sentiment de sécurité pour les clients. Il ne mâche pas ses mots : les impacts sur les commerces sont énormes.
Selon lui, le fondement d'une économie repose sur la sécurité et la propreté. « Si ce n'est pas sécuritaire ou ce n'est pas propre, les gens n'y iront pas. »
Une situation comme celle-ci « donne l'impression que le centre-ville n'est pas sécuritaire, alors qu'il l'est. »
Les commerçants se désolent de la baisse du sentiment de sécurité chez les citoyens, constate M. Castanheira. « Les employés ne se sentent pas toujours en sécurité lorsqu'ils quittent ou arrivent durant la nuit ou très tôt le matin. »
Des employés mal à l'aise
« Bien sûr que ça m'inquiète », affirme Haitam Elouahli, gérant adjoint au Couche-Tard, en face de la place de la Paix. « Travailler ici, c'est difficile. »
Les vols sont monnaie courante, soutient M. Elouahli. « Tous les jours, des gens essaient de voler. » Il montre le bleu qu'il s'est fait à la suite d'une altercation avec une personne qui a fait une tentative de vol. Il a foncé dans la porte avec son bras en essayant de retenir la personne.
La nuit, l'employé qui fait son quart de travail est seul. « Ce n'est pas suffisant », déplore Haitam Elouahli.
Même constat à l'hôtel Zéro 1, situé au coin des boulevards René-Lévesque et Saint-Laurent. « Nos clients nous disent qu'ils ne se sentent pas en sécurité », affirme la gérante Lea Sun.
À la suite d'une altercation il y a quelque mois à l'hôtel, où une personne en situation d'itinérance a foncé agressivement dans la porte d'entrée, les employés à l'accueil sont maintenant deux durant les quarts de nuit.
Les aléas du centre-ville
Au Central, une aire de restauration en face de la place de la Paix, le gérant de restauration Charles Aubry ne constate pas de crainte de la part de ses employés. « Ça m'inquiéterait si la victime n'était pas connue du milieu policier, qu'on attaquait les civils par exemple. »
Sans vouloir être insensible, il précise quand même que ce genre d'évènement est une partie de la réalité du centre-ville. Sa clientèle « familiale et culturelle » ne semble pas être inquiète non plus, selon ses observations.
Pour Nicolas Tremblay, assistant gérant et barista au café SAT, tout juste à côté de la place de la Paix, travailler dans ce quartier est parfois désagréable, mais pas inquiétant. Il n'est pas souvent témoin de violence, mais plutôt de personnes en situation d'itinérance qui flâne au café.
Enquête en cours
L'enquête policière déclenchée en matinée, mardi, est toujours en cours. Le dossier a été pris en charge par la section des crimes majeurs. L'auteur du crime n'a pas encore été identifié.
Un appel aux services d'urgence a été effectué dans la nuit, rapportant des coups de feu entendus à la place de la Paix.
Une fois sur place, les services d'urgence ont localisé la victime au sol. Les ambulanciers et les policiers ont commencé des manœuvres de réanimation. Quelques instants plus tard, le décès d'Abdeck Ibrahim a été constaté, décrit le porte-parole du Service de police de la Ville de Montréal, Julien Lévesque.
Avec la collaboration de Laurianne Nunez-Pelletier, La Presse
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