
Un motocycliste perd la vie dans une embardée
(Saint-Denis-sur-Richelieu) Un motocycliste a perdu la vie dans une embardée à Saint-Denis-sur-Richelieu, en Montérégie.
La Presse Canadienne
Les services d'urgences ont été appelés à intervenir sur la route 137 vendredi soir, vers 22 h 30, près du chemin Leblanc, où le motocycliste a perdu la maîtrise de son engin.
« Selon les premières informations, le motocycliste circulait sur la route 137 en direction nord, puis il aurait fait une sortie de route alors qu'il se trouvait dans une courbe », a expliqué Laurie Avoine, porte-parole de la Sûreté du Québec (SQ).
L'homme dans la soixantaine a été transporté à l'hôpital, où son décès a été constaté.
Personne d'autre n'a été impliqué lors de la perte de contrôle de l'engin.
« Un patrouilleur formé en enquête collision s'est rendu sur place afin d'éclaircir les circonstances de l'évènement », a souligné Mme Avoine.
L'enquête de la SQ se poursuit.
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La Presse
6 minutes ago
- La Presse
Un nombre de cancers anormalement élevé
(Shelburne, Nouvelle-Écosse) Louise Delisle n'oubliera jamais l'odeur fétide qui a accompagné son enfance ni la fine pluie de cendre tombant sur son quartier lorsque les déchets du dépotoir municipal étaient incinérés. « Ça sentait les vêtements brûlés, la viande brûlée, mais pourrie… Une odeur de vieux marécage, d'eau sale, décrit-elle. Je pouvais sentir tout ça dans la fumée et dans l'air. Il y avait aussi une odeur chimique de peinture et d'huile. » PHOTO MYLÈNE CRÊTE, LA PRESSE La maison où Louise Delisle a grandi est située à proximité de l'ancien dépotoir de la petite municipalité de Shelburne, en Nouvelle-Écosse. La septuagénaire, une descendante des loyalistes noirs débarqués en Nouvelle-Écosse vers la fin du XVIIIe siècle, nous reçoit dans la modeste demeure où elle a grandi, à Shelburne, une petite localité du sud-ouest de la province. De l'autre côté de la rue, une végétation abondante camoufle ce qui était autrefois un dépotoir municipal. La décharge a été aménagée en 1946 en plein cœur de cette communauté afro-néo-écossaise implantée là depuis des générations. Les résidants n'ont pas eu leur mot à dire. Ils ne voulaient pas l'installer près du quartier aisé. C'était beaucoup plus facile, loin des regards, dans notre quartier où vivaient des gens pauvres et des travailleurs qui n'allaient pas se plaindre. Louise Delisle, résidante de Shelburne Elle estime que sa communauté a été victime de racisme environnemental en étant exposée à cette pollution contre son gré. Elle soupçonne le dépotoir d'être à l'origine de nombreux cas de cancer et elle se bat aujourd'hui pour obtenir réparation. Selon une étude commandée par la Ville, l'ancien dépotoir de deux hectares est de première génération, c'est-à-dire sans membrane protectrice pour empêcher les contaminants de s'infiltrer dans les eaux souterraines. Il a reçu durant des décennies les déchets de Shelburne, de son ancienne base navale des Forces armées canadiennes et des municipalités avoisinantes avant d'être fermé en 1996. Des gens ont toutefois continué d'aller y porter des déchets jusqu'en 2016. Depuis, le site est clôturé et cadenassé. Cette décharge a brûlé sans interruption dans les années 1950, 1960, 1970 et 1980, au point que nous ne pouvions plus ouvrir nos fenêtres. Nous ne pouvions pas mettre nos vêtements sur la corde à linge, nous ne pouvions pas aller dehors et lorsque nous devions sortir pour aller à l'école – le racisme montrait sa laideur –, on nous rejetait et on nous appelait les rats du dépotoir. Louise Delisle Certaines personnes y allaient pour trouver des objets utiles ou même parfois de la nourriture jetée par les épiceries. « Nous y allions pour trouver des livres, révèle-t-elle. C'était la seule chose que ma mère nous permettait de rapporter à la maison. » La Ville a annoncé en 2022 le déclassement et la remise en état de l'ancienne décharge municipale. Un projet dont le coût est estimé à près d'un demi-million de dollars. L'eau souterraine doit y être testée cet été pour tenter de détecter la présence de contaminants et s'assurer qu'ils ne polluent pas les puits des résidences avoisinantes. Le site sera ensuite recouvert pour isoler les matières potentiellement dangereuses. Le conseil municipal espère qu'il pourra éventuellement être utilisé à d'autres fins par la communauté. La mort tout près « Nous perdons des gens tout le temps. Nous sommes une communauté en deuil », dit en soupirant Louise Delisle. C'est le nombre de cas de cancer anormalement élevé dans sa communauté qui a éveillé ses soupçons. Celle qui a longtemps travaillé comme préposée aux bénéficiaires en a recensé 90 sur une population d'environ 1650 habitants. Uniquement dans sa famille, quatre membres sont morts de la maladie et deux autres ont réussi à la combattre. Presque tous avaient vécu dans cette même maison à un jet de pierre de la décharge. Chaque fois que quelqu'un tombait malade, la conversation revenait toujours à ce fameux dépotoir. Louise Delisle Le déclic s'est produit lorsque sa mère a reçu son diagnostic tout juste après la mort de sa grand-mère. « Je me suis rendu compte qu'il était temps que quelqu'un dise quelque chose, que ce n'était pas normal de perdre autant de gens. » Elle a créé une base de données grâce au bouche-à-oreille pour recenser les cas de cancer dans la communauté, ce qui a inspiré un projet de recherche de l'Université McMaster pour tenter de déterminer si ces cas sont liés aux contaminants présents dans le dépotoir. L'analyse des échantillons d'ADN est en cours et les résultats devraient être connus d'ici la fin de l'année. « Je me souviens, lorsque j'ai rencontré Louise pour la première fois en 2015, elle n'avait jamais entendu parler de racisme environnemental », relate Ingrid Waldron, titulaire de la chaire de recherche HOPE sur la paix et la santé de l'Université McMaster, en Ontario. La sociologue a participé à l'étude sur la communauté de Shelburne menée conjointement avec la professeure de biologie Juliet Daniel, intéressée par les incidences de cancer dans les communautés noires et hispanophones, et la spécialiste en biologie du cancer Paola Marignani, professeure à la faculté de médecine de l'Université Dalhousie, en Nouvelle-Écosse. Mme Waldron est également l'auteure du livre There Is Something in the Water, qui documente plusieurs cas similaires au pays. Son ouvrage a inspiré un documentaire produit par Elliott Page et diffusé sur Netflix en 2019. PHOTO NICK PEARCE, TIRÉE DU SITE WEB DE L'UNIVERSITÉ MCMASTER Ingrid Waldron, titulaire de la chaire de recherche HOPE sur la paix et la santé de l'Université McMaster Le racisme environnemental ne se limite pas à un cas isolé. Il ne concerne pas uniquement Shelburne, mais un ensemble de communautés au fil du temps et de l'histoire. Ingrid Waldron, titulaire de la chaire de recherche HOPE sur la paix et la santé de l'Université McMaster Le cas de la communauté ojibwée de Grassy Narrows, dans le nord de l'Ontario, empoisonnée par des déversements de mercure, en est un. Il y a aussi celui de la communauté ojibwée d'Aamjiwnaang entourée par une soixantaine de raffineries, près de Sarnia, dans le sud de l'Ontario. PHOTO ADRIAN WYLD, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE Le chef des Ojibwés de Grassy Narrows, Rudy Turtle, dénonce la contamination au mercure qui frappe sa communauté, lors d'une conférence de presse en 2019. « Lorsque vous implantez des installations toxiques dans ces communautés, déjà aux prises avec des désavantages sociaux, économiques et politiques, vous compromettez encore davantage leur bien-être », résume la professeure. Le concept de racisme environnemental a été reconnu dans une loi adoptée par le Parlement canadien en juin 2024. Le projet de loi avait obtenu l'appui de tous les partis à la Chambre des communes, à l'exception des conservateurs. En quête de réparation La loi sur la justice et le racisme environnementaux vise à s'attaquer aux préjudices subis par des communautés comme celle de Shelburne et aussi à éviter l'apparition de nouveaux cas. Lors de son adoption il y a environ un an, Justin Trudeau était toujours premier ministre. PHOTO SPENCER COLBY, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE La ministre de l'Environnement, Julie Dabrusin Cette législation donne deux ans à la ministre de l'Environnement, Julie Dabrusin, pour présenter une stratégie nationale qui inclut une étude sur les liens entre « la race, le statut socioéconomique et le risque environnemental » et des données sur « l'emplacement de dangers environnementaux » au pays. La loi, en partie écrite par la professeure Ingrid Waldron et présentée par la cheffe du Parti vert, Elizabeth May, suggère également au gouvernement d'indemniser les personnes ou les collectivités touchées. C'est ce que souhaite Louise Delisle, qui a récemment écrit à la ministre Dabrusin pour savoir où en étaient les travaux. D'abord soulagée après l'adoption de la loi, elle s'inquiète aujourd'hui de ne recevoir aucune réponse. « Je veux que le gouvernement reconnaisse la perte des personnes qui ont succombé au cancer, d'une part, ainsi que la perte émotionnelle et financière pour leurs familles », signale-t-elle. Loin de baisser les bras, elle a fondé le Center for Environmental Justice avec d'autres membres de sa communauté pour continuer de faire pression sur les autorités. « Le temps presse et nous n'allons pas les laisser nous oublier », affirme-t-elle. Le ministère fédéral de l'Environnement indique que la stratégie nationale est en cours d'élaboration et l'étude, en cours de réalisation. « Les efforts d'analyse ont commencé, et le résultat sera intégré dans la stratégie provisoire », a précisé le porte-parole du Ministère, Samuel Lafontaine, dans une déclaration écrite. Il compte « respecter le délai prévu par la loi pour déposer le document au Parlement en 2026 » et prévoit « des activités de sensibilisation et de mobilisation liées à l'étude » au cours des prochains mois et des consultations pour l'élaboration de la stratégie. Il n'a pas donné davantage de détails sur ces activités.


La Presse
6 minutes ago
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Pistes cyclables contre égouts
Des résidants de Saint-Léonard, à Montréal, ont subi des inondations à la suite des pluies torrentielles du 13 juillet dernier. En début de semaine, Montréal a été frappé par des pluies diluviennes. Des résidants qui avaient subi des inondations causées par des pluies torrentielles il y a un an ont vu leurs sous-sols inondés de nouveau. C'est mon idée de l'enfer : t'as les pieds dans l'eau à sortir le mobilier, en tentant d'appeler ta compagnie d'assurances (qui te dira que t'es pas ou peu assuré). Mon idée de l'enfer, bis : me retaper ce calvaire l'année suivante ! Je n'ai qu'une chose à dire à ces gens inondés : vous avez toute ma sympathie. Je n'ai pas de message particulier, je n'ai pas de point de vue sur la pertinence ou pas d'avoir un sous-sol aménagé quand notre maison est bâtie dans une « zone de cuvette 1 », expression que je ne connaissais pas avant l'an dernier. Juste ça : je sympathise. J'ose pas imaginer le tourment qui vous prend aux tripes depuis l'inondation de dimanche… Pour la suite, collectivement, j'ai bien peur qu'il n'y ait pas de solution totalement étanche (désolé, j'essaie de détendre l'atmosphère) à ces inondations causées par des pluies de plus en plus violentes, une plaie de l'époque qui se réchauffe. Comme tout le monde, quand ces inondations ont commencé à se faire plus fréquentes, j'ai pensé que construire des égouts plus volumineux serait la solution pour évacuer les pluies du XXIe siècle… Mais, comme tout le monde, je ne suis pas un expert de ces choses-là, et les experts de ces choses-là, eux, par exemple Jean-Luc Martel de l'École de technologie supérieure, le disent : c'est impraticable. Je cite le professeur Martel, expert en hydrologie urbaine 2 : « Si on voulait que l'égout évacue toute cette eau [des pluies diluviennes de dimanche dernier], on aurait des égouts qui seraient tellement gros, ça serait tellement dispendieux, ça prendrait l'entièreté des sous-sols des rues, ça n'aurait aucun sens. On ne peut pas se permettre de telles infrastructures. » Il n'est pas le seul expert à faire métier d'étudier l'eau en milieu urbain à nous dire : Oubliez ça, le problème des inondations consécutives à de fortes pluies ne passe pas par les égouts… Ils disent à peu près tous ça. Alors, on fait quoi ? Il y a un ensemble de solutions qui ne sont absolument pas sexy, je parle d'aménagement de parcs éponges (pour « avaler » l'eau) et de déminéralisation (un autre mot inconnu jusqu'à tout récemment – en enlevant de l'asphalte et du béton), notamment. La Presse avait des textes intéressants à cet égard 3, la semaine dernière 4. La solution n'est pas dans des égouts plus larges, donc. Ça n'a pas empêché Soraya Martinez Ferrada, candidate à la mairie du parti Ensemble Montréal, de nous faire croire que la solution, justement, passerait par les égouts. PHOTO SARAH MONGEAU-BIRKETT, ARCHIVES LA PRESSE Soraya Martinez Ferrada, candidate à la mairie du parti Ensemble Montréal Je la cite, dans son point de presse à Saint-Léonard, un quartier particulièrement vulnérable aux inondations post-pluies : « Entre vous et moi, il serait temps de faire une petite pause avec les pistes cyclables et d'investir dans les égouts. » Ah, ce serait l'fun si c'était si simple… Si, pour éviter des inondations après des pluies de plus en plus sévères, si, pour éviter le calvaire d'un sous-sol inondé à des centaines de nos concitoyens, il s'agissait simplement de mettre plus d'argent dans les égouts de Montréal plutôt que dans les pistes cyclables… Sauf que c'est une fausseté de dire ça. Si Mme Martinez Ferrada connaît un expert qui gagne sa vie dans une de nos universités qui croit qu'« investir dans les égouts » est une solution magique pour éviter des inondations comme celles qui ont affligé nos concitoyens il y a une semaine, qu'elle nous dise son nom. Je serais curieux de l'entendre et de lire ses recherches. Surtout que Montréal investit dans les infrastructures souterraines. Noovo rapportait la semaine dernière que la Ville va consacrer d'ici 2033 plus de 6,1 milliards aux égouts et autres conduites d'eau sous terre… Les pistes cyclables, d'ici 2033 ? Trois cents millions de dollars. Bref, la Ville de Montréal dépense 20 fois plus en infrastructures d'eau qu'en pistes cyclables. C'est ridicule de mettre égouts et pistes cyclables en opposition, comme si c'était un combat de MMA. Mais on comprend le procédé : il y a cette perception que les pistes cyclables monopolisent le budget de la Ville, que les pistes cyclables prennent « trop » de place, alors qu'elles ne représentent qu'un pourcentage minime de l'espace réservé aux voitures… Et Mme Martinez Ferrada surfe sur cette perception. Sur cette fausseté. J'aimerais juste dire à Mme Martinez Ferrada que cette guéguerre contre les pistes cyclables est non seulement lassante, mais dangereuse. Moins de pistes cyclables, c'est plus d'interactions vélos-autos ou camions. C'est plus dangereux pour les cyclistes, qui sont de plus en plus nombreux dans cette ville. Je pédale, mon épouse pédale, mon fils pédale, mes voisins pédalent. Et on conduit tous, aussi, des chars. Personne n'est en guerre contre le char. Quand je prends le BIXI pour aller au marché Jean-Talon, c'est un char de moins sur la route, un char de moins dans le bouchon. Et si je roule sur un couloir protégé et que j'évite ainsi l'hôpital, ben, tout le monde est gagnant. Alors, je vais être aussi démago que vous sur les égouts, Mme Martinez Ferrada : si vous souhaitez que plus de cyclistes soient tués ou blessés au nom de la fausseté que le problème des inondations va se régler avec « plus » d'égouts, dites-le donc carrément, parce que le résultat net d'une « petite pause » dans la construction de pistes cyclables, ce sera exactement ça. 1. Lisez l'éditorial de Stéphanie Grammond : « Se sortir la tête de la cuvette » 2. Lisez l'article du 24 heures : « Pluies diluviennes : est-ce que les égouts de Montréal sont suffisamment efficaces ? » 3. Lisez l'article de La Presse : « Les parcs éponges, comment ça marche ? » 4. Lisez l'article de La Presse : « Montréal doit devenir une ville éponge » 5. Lisez l'article de Noovo : « Inondations à Montréal : 'une petite pause avec les pistes cyclables' pour investir dans les égouts ? »


La Presse
6 minutes ago
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En terrasse avec… Yvette Mollen
Cet été, nos journalistes invitent chaque semaine en terrasse une personnalité pour une petite jasette en toute convivialité. Louise Leduc a rencontré Yvette Mollen, qui consacre sa vie à la sauvegarde de la langue innue. « Je regarde les enfants qui ont 3 ou 4 ans aujourd'hui et je me dis : ce sont les derniers qui parleront innu. Au moins, moi, je vais mourir avant la langue », lance Yvette Mollen. Elle le dit comme un constat, mais sans s'y résoudre d'aucune façon. Car gardienne de la langue innue elle sera, jusqu'à son dernier souffle. Qu'on en juge : sans relâche, elle est en train d'écrire rien de moins qu'un dictionnaire innu. Cet été, elle se promet bien, aussi, d'avancer à fond dans sa traduction du Petit Prince. « J'en suis au tiers, ce n'est pas facile de traduire de la poésie. » Tout ça en travaillant aussi sur un jeu vidéo pour que les enfants de 4, 5 ou 6 ans apprennent l'innu. Le prototype est terminé, il ne reste qu'à le peaufiner un peu pour tenir compte des commentaires et des expériences des enfants qui l'ont testé. Il ne sera pas dit qu'Yvette Mollen n'aura pas tout fait pour éviter à sa langue la disparition qui touche tant de langues autochtones. Le dictionnaire innu compte maintenant 30 000 mots. « Je ne suis pas seule à le faire, je suis aidée par une équipe de linguistes non autochtones », précise-t-elle. D'où lui vient cette détermination à préserver l'innu ? Par une enfance tout entière baignée dans cette langue et dans les activités traditionnelles, à Ekuanitshit (Mingan), là où elle a grandi. Sa mère étant tombée malade quand elle-même n'avait que 4 ans, elle a été en bonne partie élevée par son père et par ses grands-parents. PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE Louise Leduc et Yvette Mollen s'entretiennent sur la terrasse de l'Hôtel Nelligan. Mon père n'est pas parti étudier au pensionnat, il n'avait qu'une base de français, si bien qu'on ne parlait qu'innu chez nous. Yvette Mollen Il était aussi « l'un des derniers nomades de la communauté ». « Ma sœur et moi, on a aussi fait partie du dernier voyage de notre famille. Je nous revois, mon père marchant devant le traîneau, tiré par mon oncle. Ma sœur lançait à répétition sa poupée hors du traîneau, mon oncle avait fini par la prendre avec lui en lui disant qu'il la lui rendrait à destination. » Et quelle était cette destination ? « Quelque part dans la forêt, mais je ne saurais plus dire où nous allions. Je n'ai plus que quelques flashs de cette époque. Mon père connaissait toutes les techniques de chasse », raconte Mme Mollen. Yvette Mollen raconte le territoire de son enfance, sa vie de nomade, le traîneau, les tirant, sa sœur et elle, parmi les bagages. Et le temps de son récit, on oublie la terrasse à Montréal, on oublie l'espace et le temps, on est dans la forêt, à une époque où les caribous n'étaient pas en voie d'extinction. Dans une vie, ça doit quand même faire toute une rupture, de vivre tout cela puis d'arriver en ville ? Pas tant, dit-elle. « Parfois, je perds conscience de l'endroit où je suis, que ce soit à Montréal, à Chicoutimi ou à Sept-Îles. Je m'absorbe dans mon travail. » Selon les données de 2021, il n'y aurait plus que 28 000 locuteurs innus au Québec et au Labrador. Et même quand on parle la langue, sa richesse se perd. La langue dépérit, du seul fait, à la base, qu'on ne connaît plus le vocabulaire du territoire. Comme on ne vit plus dans le bois, on perd les mots de la chasse, de la pêche. Yvette Mollen Son grand regret, c'est de ne pas pouvoir revenir en arrière et de savoir à 15 ans ce qu'elle sait aujourd'hui, à 60 ans. « Je prendrais un petit appareil et j'enregistrerais mon grand-père et mon père, j'enregistrerais tous leurs mots et toutes ces légendes qu'eux connaissaient et que nous perdons. » Même quand Mme Mollen voit sa fille, à qui elle parle en innu, elle se désole qu'elle lui réponde souvent en français. Et si certains d'entre eux la comprennent, « jamais je n'entendrai mes petits-enfants parler innu entre eux ». Au fil des ans, Mme Mollen a mis sur pied un programme d'enseignement de la langue innue au primaire. Elle a été l'instigatrice d'un important corpus de publications scolaires, de matériel didactique et de publications jeunesse en innu-aimun. Et pendant le confinement pandémique, Mme Mollen s'est étonnée d'entendre sa petite-fille, tablette dans les mains, prononçant des mots dans une langue étrangère. « Elle apprenait le mandarin ! Elle prononçait les noms des animaux et le jeu la félicitait ! » Mme Mollen a tout de suite pensé qu'il lui fallait reproduire l'idée pour l'innu. Il fallait être créatif, et de toute urgence. Les enfants autochtones d'aujourd'hui parlent français ou anglais. À l'école, on n'enseigne l'innu qu'une heure par cycle de huit ou neuf jours en raison d'une pénurie de personnes capables de la transmettre. Dans les communautés, on ne se rend pas compte que nos langues sont au bord du précipice. Yvette Mollen À son avis, ce sont toutes les langues autochtones qui le sont. « Même les Mohawks, [chez qui] il y a une renaissance, ont failli perdre leur langue avant qu'une prise de conscience soit faite et qu'on l'enseigne à l'école. » Yvette Mollen assure qu'elle ne prendra jamais sa retraite. « Le jour où j'arrêterai de travailler, je vais commencer à mourir. » Questionnaire estival À quoi ressemble votre été idéal ? Mon été idéal, c'est d'être avec mes deux filles et mes petits-enfants, réunis dans un chalet en pleine forêt, près d'un lac où l'on peut pêcher. Aller faire du canot, allumer un feu le soir et surtout écouter le silence. Le bruit incessant de la ville agace les oreilles, et ce, le jour comme la nuit. Quel a été le plus beau voyage de votre vie ? Les plus beaux voyages étaient ceux que je faisais à l'intérieur des terres avec mes parents et ma grand-mère paternelle. Nous pêchions la truite. Mon père chassait, pas très loin, et nous profitions de la nature immense, d'un lac ou d'une rivière. C'était magnifique de se retrouver dans le « nutshimit », l'intérieur des terres. On pouvait entendre la respiration des arbres, voir le soir tomber sur l'eau à la lueur de la lune. L'été, quel est le plat innu dont vous ne pouvez pas vous passer ? J'aime manger de l'outarde, du gibier tel que le canard. Il y a aussi le saumon qui est délicieux. Il faut pour cela aller dans ma communauté. Il ne faut pas oublier le pain qu'on appelle en innu « kaianauakauakanit » : de la bannique cuite dans le sable. J'aime en faire, c'est délicieux. Êtes-vous plus mer, lac ou montagne ? Je suis pour là où le silence règne, là où la paix existe. À Ekuanitshit, il y a une île en face de la communauté : l'île du Havre de Mingan. Souvent, l'été, nous voyons des baleines et des loups-marins le soir. Tant que c'est la forêt, c'est extraordinaire !