
«Étonné par l'écoute et la bienveillance» : ils ont marché jusqu'à Compostelle… et trouvé bien plus qu'un chemin
Le chemin de Saint-Jacques est de nouveau à l'affiche, personnage principal du film Compostelle dont le tournage se termine ce début d'été entre le sud-ouest de la France et l'Espagne. Il y avait déjà eu Saint-Jacques La Mecque, de Coline Serreau, en 2005 avec Muriel Robin, et The Way, la route ensemble, avec Martin Sheen, en 2013. Là, le réalisateur Yann Samuell (La Guerre des boutons en 2011) s'est inspiré du livre Marche et invente ta vie de Bernard Ollivier, fondateur de l'association Seuil.
Celle-ci œuvre auprès d'adolescents en difficulté en leur proposant de marcher sur près de 2000 kilomètres, sans téléphone, pour les aider à se reconstruire. Alexandra Lamy, alias Fred, accompagne ainsi jusqu'à Saint-Jacques-de-Compostelle Adam, interprété par Julien Le Berre. Au fil des kilomètres, une relation fragile se forge, entre affrontements et instants suspendus. Et face aux épreuves, chacun découvrira en lui une force insoupçonnée. En écho à cette intrigue sur les écrans en 2026, sélection de témoignages de liens tissés tout en marchant, un pas après l'autre.
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«J'ai pu laisser mon deuil sur le chemin»
Marie, 41 ans, s'est élancée sur la via Podiensis après avoir perdu sa mère en 2022. Elle vient de boucler une troisième étape entre Conques et Cahors. «Partie du Puy-en-Velay, je marchais au même rythme qu'une Néerlandaise», se souvient cette employée du rayon déco et plantes d'Ikea Montpellier. «Un soir, dans un gîte, nous avons dû partager une chambre. Nous nous sommes confiées l'une à l'autre et Wilma a su trouver les bons mots pour m'aider à laisser mon deuil sur le chemin. Cet échange m'a libérée ! Toujours en contact, nous nous offrons des cadeaux à Noël.»
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La coquille saint Jacques sur laquelle Marie a peint le Petit Prince, en hommage à sa mère.
Photo personnelle
«J'ai ensuite rencontré dans un autre gîte ma '«maman du Camino'» : toutes les deux coiffées avec des tresses, les cheveux châtains et portant des lunettes, nous nous ressemblions tellement que tout le monde pensait que j'étais sa fille. Elle-même a perdu sa mère et a très bien compris pourquoi j'étais là. Lors de ce premier tronçon, j'avais peint sur une coquille saint-Jacques un dessin représentant le Petit Prince de Saint-Exupéry, le livre préféré de ma mère. Je l'ai laissée dans la chapelle Saint-Roch, en Lozère, avec un petit mot et mon adresse mail, demandant qu'elle soit emportée jusqu'à Santiago. La coquille est arrivée devant la cathédrale quelques mois plus tard, photo à l'appui ! Je sème mes aquarelles sur le chemin avec des messages spirituels et mon compte Instagram, sur lequel je reçois des messages très émouvants.»
«L'ami américain»
Jean, Nantais de 84 ans, a parcouru le chemin durant dix ans, étape après étape, partant tous les printemps avec un groupe d'amis. Dès le premier tronçon, il a fait la connaissance d'un Américain, Jerry, de Fairfield, dans le Connecticut, entre New York et Boston. «On a dîné ensemble dans un gîte et, embarqué avec un compatriote avec lequel ça ne se passait pas si bien, il a souhaité poursuivre avec nous. Jerry est revenu tous les ans accompagner notre petite équipe. Nous avons fait certains tronçons tous les deux, quand les autres n'étaient pas disponibles. Je compte aller le voir aux États-Unis l'an prochain avec mon petit-fils !»
« La bonne formule de Jasper »
Parti en mai du Puy-en-Velay, Pascal doit arriver cette mi-juillet à Saint-Jacques-de-Compostelle, en Galice. Les rencontres éphémères comblent cet ingénieur parisien de 53 ans qui voulait marquer la fin d'une aventure professionnelle, le projet Éole, le prolongement du RER E vers l'ouest de la capitale. Jasper, Néerlandais, ancien fiscaliste travaillant dans une maison de retraite, lui a ainsi transmis son moteur sur le chemin : «clean my brain» - nettoyer mon cerveau -. «Cette formule résonne en moi. J'étais parti dans l'idée d'un break, avant des nouveaux projets. Mais je préfère le mantra de Jasper, dont je comprends la démesure et la noblesse. L'autre mot qui m'a marqué, entendu dans un gîte à Cahors : 'l'émerveillement', devenu le fil conducteur de mon chemin.»
« Je suis descendu de mon estrade »
Pierre, retraité parisien de 68 ans, enchaîne les tronçons depuis 2019.
Photo personnelle
Pierre, professeur d'histoire parisien de 68 ans en train de corriger les épreuves du Bac, enchaîne les tronçons depuis 2019, entraîné par une collègue malgache. «Je marche péniblement vite, ce qui m'a valu de me faire tancer : freine un peu la cadence ! Je suis descendu de mon estrade et je me suis adapté au rythme des autres. Le chemin m'a obligé à réfléchir et à m'aligner sur mes compagnons de route. J'ai appris à passer du 'c'est moi qui décide' à 'comme tu veux' »».
Le chemin m'a obligé à réfléchir et à m'aligner sur mes compagnons de route. J'ai appris à passer du 'c'est moi qui décide' à 'comme tu veux'
«Un monde parallèle de bienveillance»
Hervé a entrepris ce printemps une marche solidaire pour créer une cagnotte en ligne.
Photo personnelle
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Hervé a entrepris ce printemps une marche solidaire pour créer une cagnotte en ligne au profit de Rose, touchée par une maladie orpheline, le trouble CDKL5. Ému par le témoignage des grands-parents de cette petite fille de 11 ans, dans le même club de randonnée que lui, cet élu local s'est lancé sur le chemin d'Arles, jusqu'à Sorèze, où il vit, dans le Tarn, 370 kilomètres en 14 jours.
«J'ai eu l'impression d'avancer dans un monde parallèle, étonné par l'écoute et la bienveillance, sans jugement ni arrière-pensée», relève-t-il. Lors d'un bivouac près d'un lac, ce technicien informatique de 52 ans a dormi à côté d'un couple qui terminait sa randonnée. Ces derniers l'ont invité à faire halte chez eux, vers la fin de son tronçon : un bon repas, un vrai lit et une lessive, selon la règle de l'hospitalité millénaire. La cagnotte a atteint plus de 2000 euros.
«Amies, nous nous sommes découvertes sœurs»
Fouzia et Éliette ont formé un duo inédit entre Le Puy-en-Velay et Aumont-Aubrac.
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Fouzia et Éliette sont amies d'enfance, grandies à Bobigny (Seine-Saint-Denis). Elles n'étaient pas reparties ensemble en vacances depuis les colos de leur adolescence. Se voyant plutôt au sein d'une bande de copines, elles ont formé un duo inédit entre Le Puy-en-Velay et Aumont-Aubrac, en août 2024. «Nous ne marchions jamais à la même allure mais nous nous sommes entraidées», raconte Fouzia, la malléole fragilisée après une double fracture quelques années plus tôt. «Dans une descente interminable que j'allais terminer sur les fesses, Éliette m'a sauvée. Je me suis dit que j'allais pouvoir compter sur elle toute ma vie, cela m'a conforté sur sa fiabilité.» Éliette confirme : «Nous nous sommes découvertes sœurs plus qu'amies !»
À lire aussi Sur la route de Compostelle : pourquoi il faut découvrir Viana do Castelo, pépite océanique du nord du Portugal
«Un aveugle m'a ouvert les yeux»
«J'ai gardé les yeux grands ouverts face aux somptueux paysages qui se déroulent au fil des pas.»
Photo personnelle
Coralie, Londonienne de 47 ans, va reprendre son bâton de pèlerin sur le Camino Portugués en septembre, après être parvenue à Saint-Jacques de Compostelle l'été dernier. «Un matin sur le chemin, j'ai été très touchée par un couple qui avançait cahin-caha : lui faisant son dernier grand voyage avant de perdre la vue, en raison d'une maladie. Il ne voyait que des ombres. Frappée par ce que l'engagement et l'amour permettent d'accomplir, je me suis rendu compte à quel point la vie est précieuse. Et j'ai gardé les yeux grands ouverts face aux somptueux paysages qui se déroulent au fil des pas.»
À lire aussi Comment se préparer pour les chemins de Compostelle : budget, condition physique... Ce qu'il faut savoir
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