
Qui sont les Druzes, minorité au cœur d'un conflit sanglant au sud de la Syrie ?
Druzes
forment une communauté religieuse issue d'une branche ésotérique de l'islam chiite, née au XIe siècle. Leur foi, syncrétique, mêle des éléments de chiisme, de philosophie grecque, de mysticisme et de réincarnation.
C'est un courant très fermé : les conversions ne sont pas autorisées, et seuls les initiés ont accès aux textes religieux. Le mariage en dehors de la communauté est fortement découragé, et contrairement à la plupart des écoles juridiques de l'islam, les Druzes interdisent la polygamie et le divorce.
Même si la foi druze a émergé de l'islam et en partage certaines croyances, de nombreux Druzes ne se considèrent pas comme musulmans. La religion druze ne reconnaît pas les cinq piliers de l'islam et, selon plusieurs chercheurs, elle « diverge substantiellement de l'islam, tant sunnite que chiite ».
Son statut, religion indépendante ou branche de l'islam, reste un sujet de débat. Historiquement, les relations avec les musulmans ont été marquées par de fortes persécutions : massacres, destructions de lieux saints et conversions forcées dès le XIe siècle.
On comptait environ 700 000 Druzes en
Syrie
avant la guerre civile, répartis principalement dans le Jabal Druze, à la frontière sud-ouest du pays, près de la Jordanie, mais aussi dans le Golan, où ils sont plus de 20 000.
D'autres communautés importantes vivent au Liban, avec près de 250 000 membres, et en
Israël
, avec près de 130 000 membres. Dans l'État hébreu, les hommes Druzes sont soumis à la conscription militaire obligatoire et servent dans l'armée depuis 1956.
Depuis dimanche, la ville de Soueïda, à majorité druze, est le théâtre de violences meurtrières. Les affrontements sont le résultat de l'intensification d'un conflit qui a débuté lorsque des membres d'une tribu bédouine ont assailli un marchand de légumes druze le 11 juillet. Les affrontements se poursuivaient mercredi dans la cité, jusque-là tenue par des combattants druzes locaux, où les forces gouvernementales et leurs alliés se sont déployés mardi avec une volonté d'y étendre leur autorité.
L'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) faisait état de plus de 300 morts mercredi : 69 combattants druzes et 40 civils druzes ont été tués, « 27 d'entre eux exécutés sommairement » par des membres des forces gouvernementales. En parallèle, 165 membres des forces gouvernementales, 18 combattants bédouins, ainsi que 10 membres des forces de sécurité ont été tués dans des frappes israéliennes, selon l'OSDH.
Face aux massacres,
Israël
a mené des frappes aériennes pour le deuxième jour consécutif sur la ville de Soueïda.
Mercredi, le ministre israélien de la Défense Israël Katz a exigé du pouvoir syrien qu'il « laisse tranquilles » les
Druzes
de Soueïda, et a prévenu : « Israël n'abandonnera pas les Druzes en
Syrie
et imposera la politique de démilitarisation » dans le sud du pays.
Un responsable militaire israélien a confirmé le déploiement de troupes à sa frontière avec la Syrie : « L'une des divisions (…) opérant actuellement à Gaza (…) se prépare à être déployée à notre frontière nord avec la
Syrie
», a-t-il déclaré.
Face aux accusations, la présidence syrienne a affirmé mercredi son « engagement total à enquêter sur tous les incidents concernés et à punir tous ceux qui y sont impliqués. »
Un nouveau cessez-le-feu a été annoncé mercredi à Soueïda, où de nouveaux heurts ont eu lieu après le déploiement des forces gouvernementales. Un précédent cessez-le-feu, mardi, n'avait pas tenu.
Toutefois, les dirigeants druzes sont divisés sur l'accord de cessez-le-feu. Hikmat al-Hijri, chef spirituel druze à Soueïda a rejeté l'annonce du gouvernement syrien dans un communiqué : « Nous affirmons la poursuite du combat jusqu'à ce que l'ensemble du territoire du gouvernorat de Soueïda soit libéré ».
Pour Bertrand Besancenot, ancien ambassadeur de France au Qatar et en Arabie saoudite, Benyamin Netanyahou veut « profiter de la friction » entre la communauté bédouine et druze à Soueïda pour imposer une reconnaissance de la puissance d'Israël. Pour ce spécialiste du Moyen-Orient, le Premier ministre israélien veut également convaincre les Druzes, jusqu'à présent fidèles à la
Syrie
, qu'il n'y a « pas d'avenir pour eux » dans le pays.
Si Israël s'est autoproclamé le protecteur des
Druzes
dans la région, prêt à intervenir militairement pour les protéger, c'est aussi, selon lui, pour éviter un pouvoir militaire syrien fort dans la région qui pourrait être une menace pour Israël. Pour Bertrand Besancenot, cela explique également son attaque ce mercredi sur le ministère de la Défense syrien à Damas.
Benyamin Netanyahou chercherait enfin à faciliter l'annexion du plateau du Golan, région stratégique où vivent de nombreux Druzes, explique l'ancien ambassadeur. Depuis la guerre des Six Jours en 1967, Israël occupe une partie du Golan, y compris des zones auparavant placées sous contrôle onusien, et cherche à renforcer sa mainmise depuis l'effondrement de l'État syrien.

Essayez nos fonctionnalités IA
Découvrez ce que Daily8 IA peut faire pour vous :
Commentaires
Aucun commentaire pour le moment...
Articles connexes


Le Figaro
20 minutes ago
- Le Figaro
«Une vague en plein centre-ville, c'est quelque chose de très spécial» : si vous aimez le surf, le spot parfait est à Munich
Le spot urbain de l'Eisbach, réservé aux surfeurs aguerris pour dompter une vague réputée, vient de rouvrir après deux mois de fermeture suite à un drame. À la saison où beaucoup rêvent de rivages exotiques, des amateurs de surf savourent le plaisir de retrouver la vague parfaite qui se forme sur une rivière en plein cœur de Munich, donnant à la métropole allemande des airs de Californie. Célèbre dans la communauté des surfeurs du monde entier, le spot urbain de l'Eisbach a été endeuillé en avril par la mort d'une femme de 33 ans qui s'est noyée lors d'une session nocturne. Après une fermeture de deux mois et un débat sur les conditions de sécurité, la vague, située dans un jardin public à deux pas d'un musée d'art et de rues commerçantes, est de nouveau accessible depuis fin juin. Publicité Courant puissant Enfiler sa combinaison, sortir une planche de sa housse après une journée de travail, rien de plus naturel pour Moritz, 43 ans, un habitué des lieux. «C'est génial. Une vague en plein centre-ville, c'est quelque chose de très spécial. Ça m'a manqué pendant la fermeture», commente cet amateur. Derrière lui, les surfeurs enchaînent les figures avec virtuosité : le courant est puissant, la vague, formée grâce à la présence de roches situées à la sortie d'un pont, n'est pas réservée aux débutants. «C'est complètement différent de la mer. Même si on sait très bien surfer en mer, on ne sait pas forcément le faire ici où l'eau vient de devant et non de derrière», décrit Moritz. Irina, une surfeuse de 34 ans, essaie de venir trois fois par semaine, «avant le travail, car ça donne de l'énergie». Elle trouve que «la pression sur la vague est bonne» et dit se sentir en sécurité sur ce spot à la configuration particulière, même si «s'il y a des rochers en bas et qu'il faut faire un peu attention quand on tombe». Publicité Fin des sessions nocturnes En avril, une pratiquante allemande expérimentée a perdu la vie en surfant de nuit. Elle est restée coincée sous l'eau durant près de trente minutes, son leash - le cordon qui la reliait à son surf - ou sa planche accroché à un objet non identifié dans le lit de la rivière. Malgré l'intervention de ses amis et des secours, elle n'a pas survécu, décédant une semaine après son accident. Une enquête a été ouverte sans mettre en évidence de manquement aux obligations de sécurité de la part de la ville ou de la région, les surfeurs étant prévenus qu'ils pratiquent à «leurs propres risques». De nouvelles consignes ont cependant été édictées: plus de session nocturne entre 22 heures et 5h30, interdiction de braver la vague pour les moins de 14 ans, utilisation d'un système qui permet de détacher le leash en cas d'urgence. Des règles «largement raisonnables», selon Franz Fasel, président de l'IGSM, une association de surfeurs locale. Il estime entre 3.000 et 5.000 le nombre de pratiquants actifs sur l'Eisbach. «Le surf fait tout simplement partie du mode de vie à Munich. Pas seulement pour les surfeurs eux-mêmes, mais aussi pour l'image de la ville», dit-il. Améliorer la vague Il n'en a pas toujours été ainsi. Autrefois, la vague de l'Eisbach était entièrement naturelle et surfable de façon irrégulière, lorsque, par exemple, du gravier s'accumulait dans le lit de la rivière et bloquait le courant. Publicité Puis les surfeurs ont pris les choses en main dans les années 1980, installant une traverse de chemin de fer dans le cours d'eau et multipliant les aménagements pour améliorer la vague, pas toujours bien vus des autorités. Le site est aujourd'hui mis avant par l'office du tourisme comme l'une des principales attractions de la ville. Le président de la région de Bavière a célébré la réouverture du spot: «Munich est le paradis des surfeurs», a vanté Markus Söder, pour qui la Bavière n'est autre que «la Californie de l'Allemagne».


Le Parisien
7 hours ago
- Le Parisien
Syrie : Damas et Jérusalem acceptent un cessez-le-feu, des forces gouvernementales déployées à Soueïda
Israël et la Syrie ont convenu d'un cessez-le-feu, a annoncé vendredi soir, après des jours d'affrontements intercommunautaires qui ont fait 718 morts, selon un observateur, dans la province à majorité druze de Soueïda. « Le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou et le président syrien Ahmed al-Chareh soutenus par les États-Unis ont convenu d'un cessez-le-feu adopté par la Turquie, la Jordanie et ses voisins. Nous appelons les Druzes, les Bédouins et les Sunnites à déposer les armes et à construire, avec les autres minorités, une identité syrienne nouvelle et unie, dans la paix et la prospérité avec ses voisins », a écrit sur X, tard dans la nuit de vendredi à samedi, l'ambassadeur américain en Turquie Tom Barrack. La présidence syrienne l'a annoncé dans un communiqué ce samedi : « compte tenu de la situation critique que traverse le pays, et soucieuse d'épargner le sang syrien, de préserver l'unité du territoire syrien et la sécurité de son peuple, et en réponse à sa responsabilité nationale et humanitaire, la présidence de la République arabe syrienne annonce un cessez-le-feu immédiat et global », indique le communiqué. La province syrienne de Soueïda est en proie depuis vendredi de la semaine dernière à des violences déclenchées par des affrontements entre combattants bédouins et factions druzes. Damas a dépêché des troupes gouvernementales pour mettre fin aux combats, mais celles-ci ont été accusées de commettre des violations généralisées contre les Druzes. Mercredi, Israël a lancé des frappes aériennes sur Damas et a frappé les forces gouvernementales syriennes qui se trouvaient dans la région de Soueïda pour, a affirmé l'État hébreu, protéger les Druzes, petite mais influente minorité qui vit en Syrie , au Liban et en Israël. Début mai, l'armée israélienne était déjà intervenue pour, selon elle, mettre fin à des exactions visant la communauté. Le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou a même décrit les Druzes de Syrie - ils seraient un million d'habitants en Syrie, principalement concentrés à Soueïda et environ 150 000 en Israël - comme des « frères ». Afin de les protéger, Israël avait déclaré à plusieurs reprises qu'il n'autoriserait pas le déploiement de troupes syriennes dans le sud du pays, mais vendredi, après avoir mené de nouvelles frappes sur la province de Soueïda, l'armée israélienne leur a accordé une brève fenêtre pour mettre fin aux nouveaux affrontements. Dans la foulée, vendredi soir, la présidence syrienne a annoncé un déploiement de force pour mettre fin aux affrontements, en coordination avec des mesures politiques et sécuritaires pour rétablir la stabilité et empêcher le retour de la violence. « Compte tenu de l'instabilité actuelle dans le sud-ouest de la Syrie, Israël a accepté d'autoriser une entrée limitée des forces de sécurité intérieure (syriennes) dans le district de Soueïda pour les prochaines 48 heures », a déclaré aux journalistes un responsable israélien, qui a requis l'anonymat. Le dirigeant syrien Ahmed al-Chareh, qui a œuvré pour établir des relations plus chaleureuses avec les États-Unis, a accusé Israël de tenter de fracturer la Syrie et a promis de protéger sa minorité druze. « L'État syrien s'engage à protéger toutes les minorités et communautés du pays (…) Nous condamnons tous les crimes commis » à Soueïda, a-t-il déclaré ce samedi dans un discours retransmis à la télévision, soucieux de montrer à la communauté internationale ses efforts pour pacifier la Syrie. Comme annoncé, les forces de sécurité syriennes ont commencé ce samedi à se déployer dans la province « dans le but de protéger les civils et de mettre un terme au chaos », a indiqué le porte-parole du ministère de l'Intérieur Noureddine al-Baba dans un communiqué sur Telegram. Reste à savoir si les milliers de combattants bédouins, qui continuaient d'affluer vendredi dans la province, vont respecter le cessez-le-feu. Vendredi, des affrontements se sont poursuivis dans le nord et l'ouest de la province de Soueïda, selon les habitants et Ryan Marouf, directeur du média local Sweida24. Et ce samedi matin, un photographe de l'AFP a photographié les fumées noires s'élevant au-dessus de la ville, preuve que des affrontements se poursuivaient.


Le Figaro
9 hours ago
- Le Figaro
En Syrie, la présidence annonce un «cessez-le-feu immédiat» entre druzes et Bédouins
LE POINT SUR LA SITUATION - «Les forces de la sécurité intérieure ont commencé à se déployer dans la province de Soueïda (…) dans le but de protéger les civils et de mettre un terme au chaos», a indiqué le porte-parole du ministère de l'Intérieur Noureddine al-Baba dans un communiqué sur Telegram. Les combats entre tribus bédouines et milices druzes se poursuivent, Israël signe un cessez-le-feu avec Damas, 80.000 déplacés dans la province de Soueïda... Le Figaro fait le point sur la situation en Syrie. La présidence syrienne annonce un cessez-le-feu «immédiat» dans la région de Soueïda Un accord de cessez-le-feu «immédiat» a été annoncé par le président syrien, Ahmed Al-Charaa. À la suite d'un accord avec Israël, les forces de sécurité syriennes vont se déployer dans la province de Soueïda pour mettre fin aux violences communautaires entre Bédouins et druzes. Israël, selon Reuters, refusait l'entrée de forces importantes et de blindés. Toutefois un déploiement de forces de police a été accepté. L'État hébreu, qui s'est érigé en protecteur des druzes, refuse la militarisation du sud syrien, proche de sa frontière. Publicité «Les forces de la sécurité intérieure ont commencé à se déployer dans la province de Soueïda (...) dans le but de protéger les civils et de mettre un terme au chaos», a indiqué le porte-parole du ministère de l'Intérieur Noureddine al-Baba dans un communiqué sur Telegram. La Syrie et Israël s'accordent sur un cessez-le-feu Le gouvernement syrien et Israël se sont accordés vendredi soir sur un cessez-le-feu sous l'égide des États-Unis, mais des affrontements opposent toujours des combattants tribaux et druzes à l'entrée de Soueïda, dans le sud de la Syrie, où des violences ont déjà fait des centaines de morts et des dizaines de milliers de déplacés depuis près d'une semaine. Le premier ministre israélien Benyamin Netanyahou et le président intérimaire syrien Ahmed al-Chareh «ont accepté un cessez-le-feu», a annoncé l'émissaire américain pour la Syrie Tom Barrack, deux jours après des bombardements israéliens sur Damas. «Nous appelons les druzes, les Bédouins et les sunnites à déposer les armes, et, ensemble, avec les autres minorités, à construire une identité syrienne nouvelle et unie, dans la paix et la prospérité avec ses voisins», a écrit M. Barrack sur le réseau social X. Le bilan des violences dans le sud de la Syrie s'alourdit à 718 morts, selon une ONG Les violences dans le sud de la Syrie ont fait depuis dimanche dernier 718 morts, selon un nouveau bilan fourni samedi par l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). D'après l'ONG, 391 druzes figurent parmi les morts, dont 146 combattants et 245 civils y compris 165 «exécutés sommairement par des membres (des forces relevant) des ministères de la Défense et de l'Intérieur» aux premiers jours des combats. Parmi les morts figurent également 287 membres des forces du gouvernement et 21 combattants bédouins sunnites dont trois civils «exécutés sommairement par des combattants druzes», selon l'OSDH. Par ailleurs, 15 membres des forces gouvernementales ont été tués dans des frappes israéliennes, d'après l'ONG.