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C'est vous qui le dites 10 juillet: la CGN, la météo, de pauvres chèvres, un arbre cher et encombrant

C'est vous qui le dites 10 juillet: la CGN, la météo, de pauvres chèvres, un arbre cher et encombrant

24 Heures10-07-2025
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Retrouvez ici votre courrier des lecteurs du 10 juillet.
24 heures / lecteurs Publié aujourd'hui à 07h45
Les aléas survenus à la CGN (incident du Simplon et pannes successives des bateaux Belle Époque) ne doivent pas occulter les succès de la compagnie. Dans toute analyse, il faut revenir aux faits de manière objective. Les bateaux Belle Époque sont centenaires, ils ont été classés en 2011 et font partie du patrimoine à protéger. Leur plan de maintenance, financé, est prévu. Toutefois, vu leur âge, les travaux ne sont jamais standards, il faut ajouter les normes de sécurité plus sévères au fil du temps et des éléments patrimoniaux spécifiques.
Leur utilisation a augmenté de 15% en dix ans, ce qui démontre leur succès. Il est même sain et nécessaire que la CGN rappelle qu'une telle flotte a un coût, car elle nécessite des cycles de rénovation réguliers, un chantier naval à la bonne dimension et des compétences humaines rares et spécialisées. Pour l'aspect du transport public (30% de plus en dix ans), les nouveaux Naviexpress, plus rapides, plus confortables et moins gourmands en énergie, requièrent des ajustements qui s'inscrivent habituellement dans toute mise en service.
La CGN l'a dit lors de sa récente assemblée générale, elle n'est pas en danger. Elle doit relever des défis liés au cumul de maintenances lourdes et de pannes et préparer l'avenir. Elle se mobilise pleinement avec tout le personnel pour que ces aléas soient rapidement surmontés, le succès retrouvé et le futur consolidé. L'affluence du public sur les bateaux à la belle saison et lors des journées portes ouvertes est le meilleur gage du soutien de la population à cet effet.
Catherine Labouchère, ancienne députée et ancienne administratrice, Gland Météo
Série d'étés caniculaires
Malgré déjà bien quelques beaux étés chauds durant le XXe siècle, c'est surtout à partir des années 2000 que la Suisse et une grande partie de l'Europe furent confrontées à plusieurs étés aux températures excessives où les journées caniculaires, voire étouffantes, se succédèrent.
Dans l'article intitulé «La Suisse devrait vivre le 5e été le plus chaud de son histoire» («24 heures» du 1er juillet), Isabelle Fath oublie de mentionner quelques autres années chaudes dans sa liste, notamment les étés de 2017, 2018, 2020, 2023, alors que ce sera bientôt le tour de 2025. En ce qui concerne le fameux été tropical 2003, les mois de juin et juillet furent très caniculaires, mais ce fut toutefois la première quinzaine d'août qui se montra encore la plus torride. À noter que durant les canicules de 2003, la cigale de l'0rne ou cigale grise, au chant très bruyant, se faisait entendre jusque très près du site de Derborence, soit à plus haute altitude qu'à l'ordinaire sur l'adret valaisan, où elle dépasse rarement 600 à 650 mètres. Tout cela à la suite du réchauffement climatique.
Pierre Barbey, Vevey Yverdon-les-Bains
Un arbre encombrant et cher
La Municipalité d'Yverdon envisage de planter un grand arbre au centre de la place Pestalozzi («24 heures» du 7 juin). Présenté comme un geste écologique, ce projet pourrait surtout se révéler coûteux, peu utile et nuisible à la vie sociale de notre centre-ville.
Le budget estimé est de 80'000 à 100'000 francs, sans compter les 40'000 francs déjà dépensés pour une exposition immersive et des sondages. À l'heure où la Commune doit gérer ses priorités, on peut se demander si cet argent ne serait pas mieux investi ailleurs: sécurité, aide aux familles ou soutien à nos commerces.
Ce projet pose aussi un problème d'usage. La place Pestalozzi est un lieu central pour les marchés, fêtes, événements culturels et rassemblements citoyens. Planter un arbre permanent au milieu reviendrait à réduire un espace déjà très sollicité, au détriment de sa fonction première: rassembler.
Des alternatives plus raisonnables existent: créer de l'ombre avec du mobilier mobile, planter aux abords ou tester des solutions temporaires. Cela permettrait de répondre aux enjeux climatiques sans figer un lieu aussi symbolique.
Avant d'aller plus loin, la Municipalité devrait évaluer sérieusement les coûts, les impacts, et surtout écouter les besoins concrets de la population. La priorité doit aller aux services utiles à toutes et à tous, pas à des gestes symboliques.
Sophie Pistoia-Grosset , conseillère communale et présidente de l'UDC Yverdon-les-Bains Consommation
Une absence de morale inquiétante
De plus en plus souvent, on oppose l'infantilisation et la moralisation à la responsabilité individuelle en politique ou dans les médias. Ainsi, l'initiative visant à limiter les feux d'artifice, déposée en mars 2023, souhaite mettre un terme à des pratiques inutiles, polluantes et gênantes. Infantilisant et moralisateur, vraiment?
En 2026, le peuple suisse devra voter sur l'initiative visant à interdire l'importation de foie gras. Or, le Conseil fédéral veut un contre-projet pour des raisons économiques et de balance commerciale, alors que la Constitution suisse reconnaît explicitement la dignité de la créature animale et la protection contre les mauvais traitements. Depuis 2015, les animaux ne sont plus assimilés à des choses et leur sensibilité est reconnue. Infantilisant et moralisateur de le rappeler?
Les accords commerciaux, dont celui avec le Mercosur, l'exploitation des fonds marins, les algues tueuses en Bretagne (émission de sulfure d'hydrogène, conséquence de la production porcine gigantesque) sont quelques exemples pour illustrer que le problème, ce n'est pas la morale de ceux qui s'offusquent, mais l'absence de morale de l'économie et sa quête sans fin de gains à réaliser. La responsabilité individuelle apparaît comme une posture pour ne pas agir, dont le corollaire est l'amoralité et l'indifférence des consommateurs. Le nouveau paradigme plus moral (ou responsable) devrait être «pas plus, mais mieux, avec respect».
Jean-Jacques Tritten, La Chaux-de-Fonds Lausanne
Été 2025, été de tous les records de températures extrêmes avec un dôme de chaleur sur l'Europe, principalement dans les zones urbaines, bétonnées, bientôt hostiles à la vie humaine et animale. Est-ce que l'écoquartier des Plaines-du-Loup, bel exemple de greenwashing, s'essaie à l'écocide des animaux de rente?
Je souhaite en effet réagir avec véhémence à la suite de la parution de l'article («24 heures» du 4 juillet) mentionnant la détention d'espèces non citadines sur une surface dénuée de végétation thermoprotectrice et malheureusement vouée à atteindre des températures entraînant des souffrances aux animaux. Ceux-ci sont contraints de subir cette torture, sans moyen de quitter ces graviers proches des 60 °C au sol. Quel qu'en soit l'objectif, il reste intolérable de condamner ces animaux à passer leur été dans ce lieu inadapté.
Ne serait-il pas plus intelligent d'accompagner les bénéficiaires directement dans des lieux où le respect des conditions de détention des bêtes est promu? La démarche, à ce jour, ne fait le bonheur de personne (ni des aînés, ni des défenseurs des droits des animaux, sans compter les victimes qui ne pourront s'exprimer). Elle n'apporte aucun point positif. On peut même se poser la question de qui a bien pu déposer ces biquettes et ces cocottes dans un tel enfer. La notion pécuniaire l'a-t-elle emportée sur l'éthique?
D'ailleurs, j'ai quelques interrogations sur les normes vétérinaires prétendument respectées, selon vos dires. Par conséquent, je serai très reconnaissante qu'une solution rapide soit trouvée.
Belinda Wasserfallen, Ballaigues Vaud
2025 étant l'année du Serpent, on continue donc à nous faire avaler de la viande de couleuvre. Si pénurie de logements il y avait, on devrait voir des files d'attente interminables devant les agences immobilières, des gens camper un peu partout, d'autres se serrant les uns sur les autres dans des appartements, etc. Et si tout ceci n'était que prétexte pour continuer à bétonner encore et encore, à démolir des bâtisses pleines de charme, dans le but d'enlever toute âme, toute mémoire à des quartiers entiers pour faire place à des cartons à chaussures de béton insipides dotés d'appartements aussi chaleureux que des chambres d'hôpital? Désormais il règne surtout une pénurie de bon sens et de respect de l'environnement et, surtout, des malheureux riverains essayant vainement d'endiguer ces désastres.
Patricia Mercier, Vallorbe F35
A la lecture du courrier du lecteur «Naïveté ou complaisance de nos décideurs» ('24 heures' du 1er juillet), les bras me sont tombés lourdement. En effet, à la signature du contrat, le coût des F35 de 6,226 milliards de dollars au cours de 97 centimes pour un dollar se monte à 6,04 milliards de francs suisses. Si l'on prend en considération le cours actuel de 80 centimes pour un dollar, le coût passe à 4,98 milliards de francs suisses.
Il en résulte une économie pour la Suisse de 1,06 milliards de francs suisses. On est loin, très loin du surcoût calculé par l'auteur. La Suisse pourrait donc supporter une rallonge de 1 milliards de francs sans que cela n'affecte le coût initial.
Bernard Jaquier, Pully
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Poissons: les pêcheurs du lac de Neuchâtel sont en mode survie
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24 Heures

time18 minutes ago

  • 24 Heures

Poissons: les pêcheurs du lac de Neuchâtel sont en mode survie

Manque de poissons – Les pêcheurs du lac de Neuchâtel sont en mode survie Qualité de l'eau, moules quagga, températures douces et cormorans ont eu raison des perches, bondelles et palées. Les professionnels appellent à l'aide. Ivan Radja Pêcheur professionnel basé à Hauterive (NE), Samuel Progin témoigne de l'effondrement des populations de poissons. Marie-Lou Dumauthioz/Tamedia Abonnez-vous dès maintenant et profitez de la fonction de lecture audio. S'abonnerSe connecter BotTalk En bref : Les pêcheurs du lac de Neuchâtel font face à un effondrement historique des populations de poissons. Les cormorans consomment plus de 500 tonnes de poissons pendant la saison estivale. La moule quagga envahissante perturbe gravement l'écosystème du lac. Le réchauffement climatique modifie les périodes de reproduction des espèces lacustres. «Il y a sept ans que les pêcheurs du lac de Neuchâtel crèvent la dèche, c'est la chute libre, question volumes de poissons.» Avec son franc-parler, Denis Junod est, à 72 ans, le doyen de sa corporation. Il jette encore ses filets, par passion, et aussi par nécessité. «On n'a pas des retraites énormes, mais au moins j'ai pu vivre de mon métier, ce qui n'est pas le cas de mon fils, qui le pratique en mode survie.» À ses débuts, il y a cinquante ans, ils étaient 85. Aujourd'hui, 31 permis de pêche professionnels sont délivrés. «Et seulement cinq ou six jeunes», soupire le pêcheur d'Auvernier. Il a vu les populations de poissons s'effondrer, avec une accélération depuis sept ans. «Les corégones ont presque disparu, plus de palées, plus de bondelles, juste un peu de perches et un peu de brochets.» Basé à Hauterive, Samuel Progin confirme: «La pêche est devenue très compliquée depuis des années, et cette année, c'est le sommet du blues. Avec, cerise sur le gâteau, les dégâts infligés par les cormorans.» Avec 1250 couples recensés par les ornithologues, qui chaque année en mai ont deux à trois petits, cela fait environ 6000 cormorans. Pour Samuel Progin, le cormoran est l'un des grands responsables de la pénurie. Marie-Lou Dumauthioz/Tamedia «Ils mangent chacun 500 grammes de poisson par jour, soit trois tonnes, ce qui équivaut à 540 tonnes de poissons pour les six mois de mai à fin octobre, précise-t-il. La faune entière est impactée, dont les grèbes huppés et les autres poissons carnassiers, qui voient les volumes à disposition se réduire drastiquement.» Pêcheurs peu aidés Les pêcheurs aussi. Certes, ils touchent 10'000 francs par an, mais uniquement en compensation de ce que les cormorans viennent voler dans leurs filets, ce qui ne représente que 6% du volume total des poissons ingérés par ce volatile, selon une étude du bureau Aquarius. Le poisson sauvage, lui, appartient au premier qui l'attrape. «Comme ce n'est pas considéré comme un dégât, il n'y a pas de dédommagement, alors que c'est précisément le nœud du problème avec le cormoran, regrette Samuel Progin. Un chiffre d'affaires normal est de 100'000 à 120'000 francs, résume-t-il. Maintenant, c'est plutôt entre 50'000 et 60'000. Et comme il y a toujours des frais fixes qui couvrent 50% du chiffre, cela nous laisse 30'000 francs, soit 2500 francs par mois.» On peut abattre les cormorans du 1er septembre à fin février, mais c'est insuffisant, estime-t-il: «D'une part, ce n'est pas durant ces mois-là qu'ils mangent le plus, et, d'autre part, les poissons sont à une profondeur où les cormorans ne peuvent les attraper, car ils plongent rarement plus bas que 25 mètres alors que les poissons sont à -30 mètres.» Le contenu qui place des cookies supplémentaires est affiché ici. À ce stade, vous trouverez des contenus externes supplémentaires. Si vous acceptez que des cookies soient placés par des fournisseurs externes et que des données personnelles soient ainsi transmises à ces derniers, vous devez autoriser tous les cookies et afficher directement le contenu externe. Autoriser les cookies Plus d'infos Selon la loi, le cormoran est protégé du 1er mars au 31 août, mais des exceptions sont possibles. Sur le lac de Bienne, il a par exemple été possible de les tirer toute l'année en 2023 et 2024. Les Cantons de Neuchâtel, Vaud et Fribourg, tous trois riverains du lac, ont fait une demande dans ce sens à l'Office fédéral de l'environnement, et attendent une réponse cet automne. Cette problématique est nouvelle. Au début des années 2000, il n'y avait pas de cormorans. Ils étaient environ 200 couples en 2007, et cinq fois plus aujourd'hui. Lac colonisé par la moule quagga Denis Junod pointe une autre menace, la moule quagga, une espèce invasive qui a progressivement colonisé les lacs suisses depuis son apparition dans le Rhin il y a une dizaine d'années. «Elle prolifère vite, chacune relâche un million de larves, et elles mangent tout le plancton, en profondeur, puisqu'elles nichent à moins 100-120 mètres.» Le problème est qu'elles se nourrissent de phytoplancton en grande quantité, affaiblissant toute la chaîne alimentaire. «Les espèces de mollusques indigènes, comme la mulette ou l'anodonte des cygnes, ont par contre disparu, on ne voit plus au fond les longs sillons qu'elles laissaient», ajoute-t-il. Samuel Progin savait que sa pêche du matin ne serait pas miraculeuse et souligne que cette année est particulièrement difficile. Marie-Lou Dumauthioz/Tamedia Et tout cela dans des eaux «trop propres». L'équilibre est délicat: un excès de phosphates et de nitrates fait pousser trop d'algues, jusqu'à bloquer la lumière, ce qu'on appelle la turbidité de l'eau, alors qu'un manque provoque la disparition des nutriments. En manque de phosphates Au plus fort de la pollution, dans les années 70-80, il y avait des taux de phosphates de 40 microgrammes par litre. Mais aujourd'hui le traitement des eaux, depuis l'interdiction des phosphates dans les lessives en 1986, a fait baisser ce taux. Il était de 5 microgrammes par litre dans le lac de Neuchâtel en 2023. «Il y a toujours du phosphore natif dans les sédiments, mais plus en quantité suffisante.» Or ces phosphates, avec l'azote, présents naturellement, sont indispensables au développement du phytoplancton, puis du zooplancton, bref de toute la chaîne alimentaire. «Au-dessous de 10 à 15 microgrammes, un lac ne produit presque plus de masse piscicole», indique Samuel Progin. Avec un taux de 1 microgramme, le lac de Brienz, dans le canton de Berne, est ainsi presque vide. Il y a enfin les effets du réchauffement climatique, qui retarde le refroidissement de l'eau à l'automne. «En novembre, la température de l'air est parfois encore de 20 degrés», observe Samuel Progin. La tiédeur tardive de l'eau pourrait avoir un impact sur le zooplancton. Et sur les périodes de reproduction: «La bondelle par exemple, qui fraie par moins 80-100 mètres, normalement en janvier, a tendance à le faire fin février, début mars, et la palée, dont la période de frai est normalement en décembre, par zéro à -5 degrés, peut aussi être perturbée.» Manger d'autres poissons Certaines espèces s'accommodent mieux en revanche des changements de l'eau et des températures. C'est le cas des cyprinidés, comme la carpe prussienne, la tanche et le rotengle, en croissance – le vengeron étant un peu plus à la peine. La truite lacustre réapparaît, grâce aux efforts des gardes-faune pour l'aménagement des rivières où elle se reproduit en décembre. Les percidés en revanche souffrent, en raison de l'eau (pas assez de phosphates). C'est le cas de la perche. Le sandre, lui, est plus présent dans le lac de Morat, où l'eau est «moins pure». En forte croissance, le silure n'a pas une chair spécialement prisée. Mais cela pourrait changer. Marie-Lou Dumauthioz/Tamedia Reste le silure, en forte croissance, qui pourrait gentiment remplacer les corégones, à condition que les clients l'acceptent. «Pesant de 2 à 20 kilos, la graisse, qui peut avoir un goût vaseux, est encore bien séparée de la chair, et l'on peut tailler de beaux filets dans le dos et les flancs, explique Samuel Progin. Vous obtenez de la chair ferme, délicieuse, comparable à celle du cabillaud, que l'on peut aussi fumer à froid ou apprêter sous forme de mousse.» Cet article vous a plu? Découvrez davantage de contenus dans l'édition actuelle de l'e-paper «Le Matin Dimanche» et dans nos archives. Chaque dimanche matin, retrouvez également votre journal en caissettes près de chez vous. Vous pouvez aussi vous inscrire à notre newsletter. Newsletter «La semaine neuchâteloise» Découvrez l'essentiel de l'actualité du canton de Neuchâtel, chaque vendredi. Autres newsletters Se connecter Ivan radja est journaliste à la rubrique économique depuis 2009. Il suit notamment l'actualité horlogère et le développement des nouvelles technologies vertes. Auparavant, il a travaillé pour L'Express et L'Impartial. Plus d'infos @Radjignac Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.

Le village de Léchelles se déchire autour de l'affaire Vipret
Le village de Léchelles se déchire autour de l'affaire Vipret

24 Heures

time3 hours ago

  • 24 Heures

Le village de Léchelles se déchire autour de l'affaire Vipret

La controverse heurte les sensibilités dans le fief du guérisseur fribourgeois. Beaucoup défendent bec et ongles leur légende locale. D'autres se mettent à douter. Voire à l'éviter. Publié aujourd'hui à 08h30 Malgré le calme apparent, le village de Léchelles se déchire autour de sa figure locale. L'enquête de la RTS est sur toutes les lèvres. Chantal Dervey/Tamedia En bref: Léchelles, dans l'arrière-pays de la Broye fribourgeoise. Son petit clocher, son terrain de football laissé en friche, ses balançoires vides depuis que les familles sont parties en vacances. Et surtout, sa légende locale, Denis Vipret. Ce mercredi 16 juillet, les rues sont figées dans la torpeur estivale. Le seul bruit provient de quelques pelleteuses, qui s'acharnent à offrir de nouveaux immeubles à ce village de 800 habitants. Ambiance un peu lourde. Dans l'artère principale, un panneau indique le chemin vers la grande ferme familiale où Denis Vipret prodigue ses soins depuis plus de quarante ans. Certains regards se noircissent lorsque nous nous mettons à poser des questions sur sa probité. Les médias seraient des oiseaux de mauvais augure, attirés par l'odeur du scandale. «Où étiez-vous lorsque Vipret faisait les plus belles années du FC Léchelles?» fait remarquer un passant. Au milieu du village, un panneau indique la direction de la ferme du guérisseur Denis Vipret. Chantal Dervey Deux instructions en cours Ici, tout le monde se connaît. Ou presque. Une bonne raison pour ne pas trop potiner avec les journalistes venus remuer les accusations qui touchent «leur» guérisseur depuis l'enquête de la RTS, sortie dix jours plus tôt. Celle-ci n'est plus en ligne. Les avocats de Denis Vipret ont obligé le service public à dépublier les deux volets de l'enquête, à coups de mesures superprovisionnelles, en attendant le verdict de la justice. Dans les troquets du village, certains y voient la preuve que «tout ceci ne tenait pas debout». À ce jour, deux instructions pénales concernant Denis Vipret sont en cours. L'une à Berne, l'autre à Fribourg. La présomption d'innocence demeure dans les deux cas. Pour mémoire, le magnétiseur avait déjà été condamné en 2024 pour attouchements. Il clame son innocence dans un communiqué adressé cette semaine aux médias, même s'il refuse pour l'heure de leur parler directement. Depuis les révélations de la RTS, il a reçu plusieurs menaces de mort sur son portable privé, ce qui l'a poussé à réagir par voie de justice. En marge du village, la ferme familiale où le guérisseur Denis Vipret prodigue ses soins depuis des dizaines d'années. Chantal Dervey Fossé générationnel Réactions contrastées dans le village. Si de nombreuses personnes âgées se scandalisent que la presse ose s'immiscer dans la «vie privée» de Denis Vipret «dans le seul but de détruire sa réputation», beaucoup de jeunes Léchellois applaudissent le «travail de prévention» des médias. Un petit groupe d'ados se confie: «Ici, beaucoup de gens se méfient de lui. Certains se sont mis à l'éviter. Ma cousine de 17 ans a reçu des messages ambigus de sa part sur Facebook, alors qu'il a plus du triple de son âge.» Sa camarade approuve. «C'est l'un des meilleurs dans son domaine. Il m'a soignée quand j'étais plus jeune. Mais aujourd'hui, en tant que jeune fille, je n'oserais plus aller chez lui sans être accompagnée.» Plus loin, un garçon d'une dizaine d'années n'a pas la pudeur de ses aînés. «Si Vipret veut toucher des nénés, qu'il se trouve une femme», s'exclame-t-il avant de s'échapper à toute allure sur sa planche à roulettes. Reste que beaucoup doutent de la crédibilité des témoignages l'accusant d'attouchements. Que vaut la parole d'une vingtaine de femmes, alors que Denis Vipret a soigné des milliers de personnes au cours de sa carrière? «Partout où il est allé, il a fait le bien. Comme par hasard, ces témoignages sont déballés juste après la sortie de son livre », maugrée un trio en sirotant son café. Les prétendues victimes seraient motivées par «la jalousie de son succès» ou «l'appât» de juteuses indemnités. «Il ne faut pas fermer les yeux» D'accord, Denis Vipret est une «grande gueule» qui adore «être au centre de l'attention», estiment trois autres riverains. Peut-être bien qu'il a exagéré certains récits, comme le fait d'avoir soigné les joueurs du Real Madrid pendant trois ans. Mais «ça fait partie du personnage». Il ne mérite pas d'être «traîné dans la boue» pour autant. Trop facile de parler de mains baladeuses dans un métier aussi tactile, nous dit-on. «Il a peut-être serré quelques femmes d'un peu trop près, et cela a été mal interprété, voilà tout», raisonne un couple sur le point de s'attabler sur une terrasse pour le repas de midi. Denis Vipret serait «l'énième célébrité» emportée par la vague #MeToo, ce qui agace. «Moi, si j'ai un problème avec quelqu'un, on règle ça entre quatre yeux. Ou bien je vais voir la police, juge un autre client. Je n'attends pas des dizaines d'années avant de régler anonymement mes comptes dans la presse.» La gare du village de Léchelles, dans la Broye fribourgeoise. Chantal Dervey/Tamedia Pour une trentenaire croisée à la gare de Léchelles, ce genre de raisonnements participerait justement à la culture du viol: «La parole des victimes doit être écoutée. Dans le coin, beaucoup ont du mal à désacraliser la figure de Denis Vipret… Mais il ne faut pas fermer les yeux sur ses agissements au seul prétexte qu'il a guéri de nombreuses personnes.» Denis Vipret aurait profité de son statut d'homme providentiel pour agir en toute impunité pendant des décennies. Et quand une minorité essaie de faire éclater une vérité dérangeante, sa version est «immédiatement décrédibilisée», dénonce la jeune femme. Un «schéma typique» de la violence patriarcale. «Je n'y crois pas une seule seconde» À l'Auberge Communale, où Denis Vipret a ses habitudes, le sentiment d'injustice est particulièrement fort. Son patron, Olivier Quirici, est un ami de longue date du célèbre guérisseur. Lui aussi dénonce une cabale médiatique: «Je ne crois pas une seule seconde à ces accusations! Jamais je n'ai connu quelqu'un d'aussi généreux. Il amène d'immenses sacs de viennoiseries le matin, paie les repas de toute la clientèle le soir, inonde mon fils de cadeaux. C'est un homme d'une grande bonté.» S'il est «profondément convaincu» de l'innocence de Denis Vipret, ce n'est pas par loyauté pour son ami, mais car «ça se voit dans son regard». Le tenancier embraie sur les dons prodigieux du magnétiseur: «Une fois, je l'ai appelé pour une brûlure. Sans aucune précision de ma part, il a immédiatement deviné qu'il s'agissait de mon pouce gauche alors que ça aurait très bien pu être un autre doigt à la main droite.» Une autre dame prend la défense de Denis Vipret depuis la terrasse de son jardin: «Il a guéri mon fils qui avait de graves problèmes intestinaux. Je lui en serai à jamais reconnaissante. Je n'ai jamais constaté le moindre comportement abusif de sa part. Il ne faut pas le juger sur des rumeurs.» À l'autre bout du village, une femme arrose ses plantes: «J'ai vu l'enquête de la RTS. Les témoignages sont concordants et cohérents. Ces victimes n'ont aucune raison de mentir. Vipret devrait s'excuser auprès d'elles.» Cela dit, elle déplore l'emballement autour de la fortune et la personnalité du guérisseur. «Ce sont des questions complètement secondaires. Tant mieux pour lui s'il a réussi son business. Malheureusement, certains profitent du scandale pour discréditer tout le milieu des médecines parallèles.» Histoire de gros sous au FC Léchelles Dans les années 2000, le guérisseur était le président – mécène – du FC Léchelles. Pendant des années, il a dépensé sans compter – nos confrères de «La Liberté» évoquent une saison ayant coûté jusqu'à 300'000 francs – pour amener le petit club broyard au sommet du football fribourgeois (2e ligue), pillant les clubs adverses de leurs meilleurs éléments. Le FC Léchelles a été arrosé pendant des années par Denis Vipret. Le club n'a pas survécu au retrait de son mécène en 2013. Il fera faillite dix ans plus tard. Chantal Dervey/Tamedia La folle trajectoire du FC Léchelles s'attire d'abord les foudres de la concurrence, puis la curiosité du fisc. Une bisbille avec son associé de l'époque met brutalement fin au rêve en 2013. Le robinet se ferme. Après le retrait brutal de son mécène, le club vivote tant bien que mal pendant dix ans avant d'être définitivement dissous fin 2023 . Aujourd'hui, seuls quelques panneaux publicitaires survivent à l'ère Vipret. Les buts sont toujours en place aux extrémités du terrain. Mais les mailles des filets se détendent. Et la pelouse cabossée ne sert plus qu'aux enfants du village. Quant à la buvette, elle a été transformée en salle de fêtes. Nos derniers articles sur l'affaire Denis Vipret Newsletter «La semaine fribourgeoise» Découvrez l'essentiel de l'actualité du canton de Fribourg, chaque vendredi. Autres newsletters Thibault Nieuwe Weme a rejoint la rubrique vaudoise en octobre 2022. Après un Bachelor en science politique, il a obtenu son Master à l'Académie du journalisme et des médias (AJM) de l'Université de Neuchâtel. Il est également passé par la rédaction du Temps. Depuis juin 2025, il couvre l'actualité fribourgeoise. 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L'armée parie à nouveau sur les bunkers pour protéger le pays
L'armée parie à nouveau sur les bunkers pour protéger le pays

24 Heures

time16 hours ago

  • 24 Heures

L'armée parie à nouveau sur les bunkers pour protéger le pays

L'Office fédéral de l'armement a lancé un appel d'offres pour déterminer comment utiliser au mieux les ouvrages désaffectés. Réactions. Publié aujourd'hui à 19h19 Les bunkers (ici près du village de Wassen, dans le canton d'Uri) ont été abandonnés par la Confédération en 2018 et certains ont même été vendus à des particuliers. KEYSTONE En bref: L'armée veut remettre au goût du jour certains bunkers abandonnés . Et plus particulièrement ceux qui étaient équipés de mortiers lors de la guerre froide. L'Office fédéral de l'armement (ArmaSuisse) vient de lancer un appel d'offres public pour une étude allant dans ce sens, révèlent ce samedi la «Neue Zürcher Zeitung» et «Blick». Le projet n'en est qu'à ses débuts. Selon l'appel d'offres diffusé sur la plateforme d'acquisition de la Confédération, Simap, «il convient d'évaluer et de trouver une solution adaptée à la milice, capable d'avoir un effet à longue portée contre des cibles blindées et non blindées au sol et/ou contre des cibles volantes à basse altitude». Un nœud de défense Pour ce faire, les militaires souhaitent déterminer la meilleure manière de transformer les bunkers désaffectés en «nœuds de défense difficiles à attaquer», les dotant au passage d'une électronique de pointe. Certains à droite s'en réjouissent. Le conseiller national UDC valaisan Jean-Luc Addor, membre de la Commission de la politique de sécurité du Conseil national, estime judicieux de «procéder à une appréciation pour déterminer quels ouvrages peuvent avoir un sens dans le dispositif actuel de l'armée, car on s'aperçoit aujourd'hui qu'il y a des lacunes dans le maillage de la défense». À ce stade, vous trouverez des contenus externes supplémentaires. Si vous acceptez que des cookies soient placés par des fournisseurs externes et que des données personnelles soient ainsi transmises à ces derniers, vous devez autoriser tous les cookies et afficher directement le contenu externe. À l'inverse, cette proposition de relancer les bunkers inquiète Pierre-Alain Fridez. Le parlementaire socialiste jurassien estime que ces investissements détourneraient les politiques des vraies priorités. «On apprend que les batteries américaines de défenses antimissiles Patriot ne seront pas disponibles en temps voulu , alors que le risque d'attaques de missiles existe, rappelle-t-il. Et nous avons besoin de davantage de policiers et de gardes-frontières pour faire face aux menaces terroristes qui sont bien réelles, mais pas de moderniser nos bunkers abandonnés.» Trop vite abandonnés Jean-Luc Addor est plus nuancé. «Pour des problèmes de coûts, j'estime que l'on a mis hors service un peu hâtivement des installations dont certaines auraient pu continuer à servir», explique-t-il. Vestiges de la guerre froide, 112 bunkers de combat ont été bâtis entre 1960 et 2003. En cas d'invasion, ils devaient servir à protéger les frontières nationales ou les axes de circulation importants en les bombardant. La guerre en Ukraine pourrait leur donner une seconde jeunesse. Le conseiller national UDC Jean-Luc Addor estime que la Confédération, pour des raisons de coûts, a mis un peu hâtivement hors service ses bunkers, alors que certains auraient pu continuer à servir. MADELEINE SCHODER Pierre-Alain Fridez est clairement dubitatif. «La réalité est qu'il est tout à fait improbable d'imaginer une attaque russe sur la Suisse, gronde-t-il. Dès lors, ces bunkers sont totalement inutiles.» D'après lui, la dissuasion nucléaire continue de jouer aujourd'hui pour se prémunir contre une attaque de Moscou et il est très difficile d'imaginer la lointaine Russie envahir l'Europe de l'Ouest. «Il faudrait 6 millions de militaires russes pour cela et qu'elle batte l'OTAN avant d'arriver en Suisse», estime-t-il. En 2018, le parlement avait abandonné les bunkers. Ueli Maurer, alors ministre de la Défense, avait parlé de la «fin du concept de réduit national». Depuis, certaines de ces forteresses ont été vendues à des civils. Mais l'invasion russe contre son voisin ukrainien a mis un terme à ces transactions. L'armée suisse cherche aujourd'hui à déterminer s'il est judicieux et rentable de remettre en service certaines de ces fortifications pour se protéger. Et affirme que des PME innovantes et les start-up pourraient y trouver leur compte en décrochant ce marché. «Le but est de renforcer la coopération entre l'industrie et l'armée», relève ainsi un porte-parole de l'armée. Le débat ne fait que commencer. Plus sur le thème de l'armée Newsletter «Dernières nouvelles» Vous voulez rester au top de l'info? «24 heures» vous propose deux rendez-vous par jour, pour ne rien rater de ce qui se passe dans votre Canton, en Suisse ou dans le monde. Autres newsletters Nicolas Pinguely est journaliste à la rubrique économique depuis 2018. Spécialiste en finance, il a travaillé par le passé pour le magazine Bilan, à l'Agefi et au Temps. Il a aussi occupé différents postes dans des banques et sociétés financières, notamment dans la microfinance. Plus d'infos Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.

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