
Retour d'exil : mode d'emploi
Pendant une décennie, la Syrie a battu des records en étant le théâtre de la plus grande crise de migration forcée au monde. Au sommet de l'exode forcé, 60 % de la population de 22 millions de personnes avait fui son domicile. Aujourd'hui, le pays est en voie de faire l'histoire de nouveau, mais pour le mouvement inverse.
Depuis la chute de Bachar al-Assad en décembre 2024, plus de 2,1 millions de Syriens ont décidé de rentrer chez eux, selon les plus récents chiffres du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR).
PHOTO LOUAI BESHARA, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE
Portrait défiguré de l'ancien président syrien Bachar al-Assad, à Damas
Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, qui avait déclenché le retour de 6 millions de personnes en Europe, on a rarement vu une telle vague inversée.
Parmi ceux qui sont rentrés en Syrie, 600 000 étaient réfugiés dans les pays voisins – Liban, Turquie, Irak et Jordanie –, où plus de 5 millions de Syriens se trouvent toujours. L'autre 1,5 million faisait partie des 7 millions de déplacés à l'intérieur du pays. C'est donc près de 10 % de la population syrienne qui a rebroussé chemin vers la maison en sept mois.
PHOTO FELIPE DANA, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS
Femmes marchant dans un quartier fortement endommagé par des frappes aériennes à Idlib, en Syrie, en mars 2020
Et s'il faut se fier à un récent sondage du HCR, ce n'est que le début. Sur quelque 3500 Syriens réfugiés et déplacés interrogés, un quart espèrent rentrer d'ici la fin de l'année et une autre tranche de 25 % d'ici cinq ans.
Et ce, malgré les circonstances ardues. Les infrastructures du pays ont été largement détruites par les bombardements de l'armée syrienne et de la Russie ainsi que par le conflit civil qui s'est étiré sur plus de 12 ans.
Près de 90 % de la population vit toujours sous le seuil de la pauvreté et fait face à une économie dévastée par la guerre et les sanctions.
Les combats et les tensions sectaires, eux, se poursuivent dans certaines parties du pays, notamment dans le sud, où des affrontements entre des Bédouins, des membres de la minorité druze et l'armée syrienne ont fait plus de 350 morts depuis le début de la semaine. Et c'est sans mentionner les bombardements mercredi sur Damas de l'armée israélienne, qui dit se porter à la rescousse des Druzes.
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Chef de bureau du HCR à Montréal, déployé en Syrie de la fin de février à la fin d'avril, Joey Hanna a été aux premières loges de ce grand mouvement de retour qui, selon lui, devrait s'accélérer pendant l'été.
« Pour le moment, le HCR ne recommande pas le retour des Syriens. Pour plusieurs raisons. Notamment, la situation sécuritaire est très inégale à travers le pays. Par contre, si des Syriens viennent vers nous et nous disent : 'Je fais le choix libre et éclairé de rentrer en Syrie', le HCR facilite les retours ou, du moins, soutient les Syriens dans leur retour », explique M. Hanna.
PHOTO LEO CORREA, ASSOCIATED PRESS
Des Druzes de Syrie et d'Israël manifestent à la frontière israélo-syrienne, à Majdal Chams, dans le plateau du Golan contrôlé par Israël, mercredi.
Comment ? En offrant du transport à la frontière, des petites allocations de retour de quelques centaines de dollars et en dirigeant ceux qui rentrent vers un des 105 centres communautaires mis sur pied par le HCR pour les aider à reprendre le fil de leur vie là où il a été abruptement coupé.
Le HCR aide aussi les Syriens à rafistoler leurs logis, souvent retrouvé en mauvais état. « C'est symbolique. On peut aider à changer une serrure, à remplacer une fenêtre ou à réparer un toit qui coule, pas à refaire une fondation », dit M. Hanna.
PHOTO MAHMOUD HASSANO, ARCHIVES REUTERS
Paysage de dévastation à Alep, en Syrie, en juin dernier
Une aide bien modeste qui reflète les moyens tronqués de l'agence onusienne depuis les coupes draconiennes de l'administration Trump dans l'aide humanitaire, imitées par certains pays européens. En Syrie, le HCR a dû remercier 30 % de ses employés depuis le début de l'année.
Mais il n'y a pas que de mauvaises nouvelles, dit Joey Hanna. Et c'est bien ce qui différencie la Syrie en ces temps glauques sur la scène internationale.
Les craintes sont nombreuses, mais elles rivalisent avec l'espoir. Les États-Unis viennent tout juste d'annoncer qu'ils lèveront les sanctions qui asphyxiaient le pays, une décision qui a été émulée par la plupart des pays occidentaux.
« La levée des sanctions devrait avoir des effets bénéfiques pour la population dans au moins trois domaines. D'abord, sur le secteur énergétique. En ce moment, les Syriens doivent vivre avec une moyenne de quatre heures d'électricité par jour. Puis, des investissements vont pouvoir entrer dans le pays, notamment pour réparer les infrastructures détruites. Et finalement, la Syrie va pouvoir réintégrer le système bancaire mondial », note Joey Hanna, tout en remarquant que ces changements n'auront pas lieu du jour au lendemain.
Alors pourquoi autant de Syriens rentrent-ils dès maintenant ? Et c'est là qu'une bonne nouvelle en cache parfois une moins bonne. Le choix n'est pas toujours complètement volontaire. Le Liban, qui vit lui aussi une crise économique, met notamment de la pression pour inciter les Syriens à lever le camp.
PHOTO ABDELAZIZ BOUMZAR, ARCHIVES REUTERS
De jeunes réfugiés syriens courent dans un campement informel à Bar Elias, au Liban, en décembre 2024.
« Il reste vraiment beaucoup de travail à faire pour accueillir les gens dans la dignité. La situation sécuritaire du pays doit s'améliorer. Il faut mettre fin aux arrestations arbitraires [par le nouveau gouvernement]. Il faut déminer le pays. Et il faut investir dans les infrastructures d'eau et d'éducation », note Nour Shawaf, conseillère en politiques humanitaires chez Oxfam au Moyen-Orient et en Afrique du Nord.
PHOTO MARTIN TREMBLAY, ARCHIVES LA PRESSE
Célébrations à Damas à la suite de la chute du régime de Bachar al-Assad, en décembre 2024
Comme Joey Hanna, malgré tous ces bémols, Mme Shawaf ne peut néanmoins s'empêcher de voir le bout du tunnel en Syrie. Un optimisme qui devrait inciter les pays donateurs, comme le Canada, à redoubler d'ardeur.

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5 hours ago
- La Presse
La communauté druze, minorité religieuse au cœur de la crise
Un Syrien druze est accueilli par la communauté druze à son arrivée dans les hauteurs du Golan, occupées par Israël, mercredi. (Beyrouth) Les récents combats à Souweïda, dans le sud de la Syrie, ont fait des centaines de morts, ébranlé le nouveau gouvernement du pays et impliqué son voisin israélien. Euan Ward The New York Times Au cœur de la crise se trouvent les Druzes, une minorité religieuse hermétique qui a su garder son identité en Syrie, au Liban et en Israël, préservant des traditions strictes tout en s'adaptant aux puissances régionales. Cet équilibre, autrefois essentiel à leur survie, est aujourd'hui menacé par les bouleversements en Syrie et l'attitude de plus en plus affirmée d'Israël dans la région. PHOTO LEO CORREA, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS Femmes druzes s'apprêtant à rentrer en Syrie près d'un point de contrôle israélien sur les hauteurs du Golan, jeudi. Fermée aux étrangers et souvent mal comprise, la religion druze remonte au XIe siècle. C'est une branche de l'ismaélisme, un courant chiite de l'islam. Les Druzes partagent des racines historiques avec l'islam, mais ne sont pas musulmans. Leur religion monothéiste mêle des éléments de la philosophie grecque, de l'hindouisme et du néoplatonisme, avec des textes sacrés accessibles uniquement à quelques privilégiés. Ce mysticisme a longtemps suscité à la fois fascination et suspicion, et conduit certains érudits musulmans à les qualifier d'hérétiques au fil des siècles. Plus de la moitié du million de Druzes vit en Syrie, où ils représentent environ 3 % de la population. Les autres foyers druzes sont au Liban, en Israël, ainsi que dans les hauteurs du Golan, occupées par Israël depuis 1967. Loyauté, allégeance et compromis Les Druzes sont loyaux envers l'État dans lequel ils vivent, une tradition ancrée dans leur doctrine religieuse, qui privilégie pragmatisme et autopréservation et évite la confrontation politique. Cette approche a conduit les Druzes de Syrie, du Liban et d'Israël sur des voies politiques divergentes, mais un lien transnational fort perdure, fait de parenté, de mémoire commune et de protection mutuelle. « Ce qui est étrange, c'est que cette communauté a survécu jusqu'à aujourd'hui dans l'un des endroits les plus violents du monde, mais nous avons une philosophie, et je crois sincèrement que c'est cette philosophie qui nous a sauvés », affirme Fadi Azzam, romancier et poète druze syrien originaire de Souweïda, qui a fui pendant la guerre civile. Sous l'ancien dirigeant syrien Bachar al-Assad, les Druzes ont su naviguer entre rébellion et intégration profonde au régime. Beaucoup ont servi dans l'armée syrienne, mais les milices locales ont conservé une certaine indépendance, assurant l'ordre dans leurs zones, notamment à Souweïda, principal foyer druze. Cet équilibre a été bousculé récemment, quand le nouveau gouvernement syrien du président Ahmad al-Charaa a voulu imposer une mesure d'autorité sur les multiples groupes armés issus de la guerre civile. La situation a explosé cette semaine avec des affrontements meurtriers à Souweïda entre des combattants druzes et des membres de tribus bédouines. Les forces gouvernementales ont été envoyées pour rétablir l'ordre, mais elles se sont heurtées à des hommes armés druzes méfiants envers le nouveau pouvoir syrien. PHOTO BAKR ALKASEM, AGENCE FRANCE-PRESSE Des combattants bédouins et tribaux se déploient alors qu'une voiture brûle à l'entrée ouest du cœur druze de Souweïda, en Syrie, jeudi. Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme, un organisme établi en Angleterre, ces troubles ont fait plus de 500 victimes. 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PHOTO SHADI AL-DUBAISI, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE Des Syriens constatent les dégât après le retrait des troupes gouvernementales, jeudi, à Souweïda. Jeudi, de nombreux habitants sont sortis après s'être terrés chez eux pendant des jours, découvrant un carnage, des devantures de magasins saccagées, des rues jonchées de débris et des chars encore fumants. À des centaines de kilomètres de là, M. Azzam est sous le choc de la perte de sa tante, qui a péri dans le bain de sang. Il s'interroge sur l'avenir. « Je ne suis pas optimiste, mais je ne suis pas pessimiste non plus », dit-il. « C'est une journée difficile et mes sentiments sont à vif. » Cet article a été publié dans le New York Times. Lisez la version originale (en anglais ; abonnement requis).


La Presse
10 hours ago
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La Syrie et Israël s'accordent sur un cessez-le-feu, mais les affrontements se poursuivent
La Syrie et Israël s'accordent sur un cessez-le-feu, mais les affrontements se poursuivent (Walghā) Le gouvernement syrien et Israël se sont accordés vendredi soir sur un cessez-le-feu sous l'égide des États-Unis, mais des affrontements opposent toujours des combattants tribaux et druzes à l'entrée de Soueida, dans le sud de la Syrie, où des violences ont déjà fait des centaines de morts et des dizaines de milliers de déplacés depuis près d'une semaine. Bakr AL KASSEM, avec Acil TABBARA à Damas Agence France-Presse Le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou et le président intérimaire syrien Ahmad al-Chareh « ont accepté un cessez-le-feu », a annoncé l'émissaire américain pour la Syrie Tom Barrack, deux jours après des bombardements israéliens sur Damas. « Nous appelons les druzes, les bédouins et les sunnites à déposer les armes, et, ensemble, avec les autres minorités, à construire une identité syrienne nouvelle et unie, dans la paix et la prospérité avec ses voisins », a écrit M. Barrack sur le réseau social X. La présidence syrienne a affirmé vendredi travailler à l'envoi d'une « force spéciale » dans la région à majorité druze de Soueida, d'où elle avait retiré ses soldats la veille sous la pression d'Israël. Depuis dimanche, les affrontements entre groupes druzes et tribus bédouines locales, aux relations tendues depuis des années, y ont fait au moins 638 morts selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). L'hôpital gouvernemental de Soueida, le seul de la ville qui fonctionne encore, a accueilli « plus de 400 corps depuis lundi matin », parmi lesquels « des femmes, des enfants et des personnes âgées », a dit à l'AFP le médecin Omar Obeid. « Une fosse commune » Désolé, votre navigateur ne supporte pas les videos « Ce n'est plus un hôpital, c'est une fosse commune », a déclaré à un correspondant de l'AFP Rouba, membre du personnel de l'hôpital qui ne veut pas donner son nom de famille. Ces violences fragilisent encore plus le pouvoir d'Ahmad al-Chareh qui, à la tête d'une coalition de groupes rebelles islamistes, avait renversé le président Bachar al-Assad en décembre, dans un pays meurtri par près de 14 ans de guerre civile. Dans un communiqué vendredi soir, la présidence a exhorté « toutes les parties à faire preuve de retenue et à privilégier la raison », tout en affirmant travailler « à l'envoi d'une force spéciale pour mettre fin aux affrontements ». Le pouvoir syrien, disant vouloir rétablir l'ordre, avait déjà déployé ses forces mardi à Soueida, jusque-là contrôlée par des combattants druzes. L'OSDH, des témoins et des groupes druzes ont toutefois accusé les forces syriennes d'avoir combattu au côté des bédouins et d'avoir commis des exactions. Les forces gouvernementales s'étaient retirées jeudi de la ville, après des menaces et des bombardements d'Israël qui a dit vouloir protéger la minorité druze, M. Chareh affirmant sa volonté d'éviter une « guerre ouverte » avec Israël. PHOTO KHALIL ASHAWI, REUTERS Des combattants bédouins se déplacent à bord d'une caisse de camionnette vendredi à Soueida. Un cessez-le-feu a été conclu entre les parties syriennes, mais la présidence a accusé jeudi les combattants druzes de l'avoir violé. Vendredi matin, des combattants de tribus arabes sunnites, qui ont afflué de différentes régions syriennes pour prêter main forte aux bédouins, s'étaient massés autour de Soueida, selon des correspondants de l'AFP sur place. Et vendredi soir, quelque 200 de ces combattants ont été vus par l'AFP échangeant des tirs d'armes automatiques à l'entrée ouest de la ville avec les groupes druzes positionnés à l'intérieur. « Plus de lait pour les nourrissons » L'OSDH a confirmé des combats dans ce secteur, ajoutant que « des bombardements visaient des quartiers de la ville ». PHOTO KHALIL ASHAWI, REUTERS Les combats ont provoqué le déplacement de près de 80 000 personnes. Un chef tribal, Anas Al-Enad, a affirmé au correspondant de l'AFP près du village druze de Walgha être venu avec ses hommes de la région de Hama (centre) « en réponse aux appels à l'aide des bédouins ». Le correspondant de l'AFP a vu des maisons, des commerces et des voitures brûlés à Walgha, désormais sous contrôle des forces tribales et des bédouins. Selon l'OSDH, « les combattants tribaux sont encouragés et soutenus par les autorités syriennes qui ne peuvent plus se déployer à Soueida en raison des menaces d'Israël ». Près de 80 000 personnes ont été déplacées en raison des violences, s'est alarmée l'Organisation internationale pour les migrations (OIM). Dans Soueida privée d'eau et d'électricité et où les communications sont coupées, « la situation est catastrophique. Il n'y a même plus de lait pour nourrissons », a déclaré à l'AFP le rédacteur en chef du site local Suwayda 24, Rayan Maarouf. Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) s'est dit « profondément préoccupé par la détérioration rapide de la situation humanitaire » dans la région. « Les gens manquent de tout. Les hôpitaux ont de plus en plus de mal à soigner les blessés et les malades », a déclaré Stephan Sakalian, chef de la délégation du CICR en Syrie. Présente principalement à Soueida, la communauté druze de Syrie comptait avant la guerre civile quelque 700 000 personnes. Cette minorité ésotérique issue d'une branche de l'islam est aussi implantée au Liban et en Israël.


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Combats à l'entrée de Soueida, l'ONU demande la fin de « l'effusion de sang »
Beginning of dialog window. Escape will cancel and close the window. Combats à l'entrée de Soueida, l'ONU demande la fin de « l'effusion de sang » (Walghā) Des affrontements opposent vendredi soir des combattants tribaux à des groupes druzes à l'entrée de Soueida, dans le sud de la Syrie où les combats ont déjà fait des centaines de morts et des dizaines de milliers de déplacés ces derniers jours. Bakr AL KASSEM, avec Acil TABBARA à Damas Agence France-Presse L'ONU a appelé à arrêter « l'effusion de sang » après les affrontements dans cette région à majorité druze qui ont éclaté dimanche soir et fait 638 morts selon un dernier bilan de l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). « Ce n'est plus un hôpital, c'est une fosse commune », a déclaré à un correspondant de l'AFP Rouba, membre du personnel de l'hôpital gouvernemental de Soueida qui ne veut pas donner son nom de famille. L'établissement, le seul encore fonctionnel dans cette ville, a accueilli « plus de 400 corps depuis lundi matin », parmi lesquels « des femmes, des enfants et des personnes âgées », a déclaré à l'AFP le médecin Omar Obeid. Ces violences fragilisent encore plus le pouvoir du président intérimaire, Ahmad al-Chareh, qui a renversé, à la tête d'une coalition de groupes rebelles islamistes, le président Bachar al-Assad en décembre, dans un pays meurtri par près de 14 ans de guerre civile. PHOTO OMAR HAJ KADOUR, AGENCE FRANCE-PRESSE Les violences dans la région de Soueida ont fait près de 600 morts, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). « Appels à l'aide » Le pouvoir syrien, disant vouloir rétablir l'ordre, avait déployé ses forces mardi à Soueida, jusque-là contrôlée par des combattants druzes. L'OSDH, des témoins et des groupes druzes ont toutefois accusé les forces syriennes d'avoir combattu au côté des bédouins et d'avoir commis des exactions. Les forces gouvernementales s'étaient retirées jeudi de la ville, après des menaces et des bombardements d'Israël qui a dit vouloir protéger la minorité druze, M. Chareh affirmant sa volonté d'éviter une « guerre ouverte » avec Israël. Un cessez-le-feu a été conclu entre les parties syriennes mais la présidence a accusé jeudi soir les combattants druzes de l'avoir violé. Vendredi matin, des combattants de tribus arabes sunnites, qui ont afflué de différentes régions syriennes pour prêter main-forte aux bédouins, s'étaient massés autour de Soueida, selon des correspondants de l'AFP sur place. PHOTO KHALIL ASHAWI, REUTERS Des combattants bédouins se déplacent à bord d'une caisse de camionnette vendredi à Soueida. Et vendredi soir quelque 200 de ces combattants ont été vus par l'AFP échangeant des tirs d'armes automatiques à l'entrée ouest de la ville avec les groupes druzes positionnés à l'intérieur. L'OSDH a confirmé des combats dans ce secteur, ajoutant que « des bombardements visaient des quartiers de la ville ». Un chef tribal, Anas Al-Enad, a affirmé au correspondant de l'AFP près du village druze de Walgha être venu avec ses hommes de la région de Hama (Centre) « en réponse aux appels à l'aide des bédouins ». Le correspondant de l'AFP a vu des maisons, des commerces et des voitures brûlés à Walgha, désormais sous contrôle des forces tribales et des bédouins. Selon l'OSDH, « les combattants tribaux sont encouragés et soutenus par les autorités syriennes qui ne peuvent plus se déployer à Soueida en raison des menaces d'Israël ». Le Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme, Volker Türk, a demandé que « l'effusion de sang » cesse, soulignant que la protection de toutes les personnes devait être « la priorité absolue ». « Des enquêtes indépendantes, rapides et transparentes doivent être menées sur toutes les violations, et les responsables doivent être amenés à rendre des comptes », a-t-il ajouté dans un communiqué. Près de 80 000 personnes ont été déplacées en raison des violences, s'est alarmée l'Organisation internationale pour les migrations (OIM). Dans la ville même, privée d'eau et d'électricité et où les communications sont coupées, « la situation est catastrophique. Il n'y a même plus de lait pour nourrissons », a déclaré à l'AFP le rédacteur en chef du site local Suwayda 24, Rayan Maarouf. « Les gens manquent de tout » Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) s'est dit « profondément préoccupé par la détérioration rapide de la situation humanitaire » dans la région. « Les gens manquent de tout. Les hôpitaux ont de plus en plus de mal à soigner les blessés et les malades », a déclaré Stephan Sakalian, chef de la délégation du CICR en Syrie. Mercredi, Israël avait bombardé plusieurs cibles au cœur de Damas dont le quartier général de l'armée, faisant trois morts selon les autorités. Les États-Unis, alliés d'Israël et affichant leur soutien au nouveau dirigeant syrien malgré son passé djihadiste, ont affirmé jeudi n'avoir apporté aucun soutien aux frappes israéliennes en Syrie. Le président russe Vladimir Poutine a exprimé vendredi, lors d'une conversation téléphonique avec Recep Tayyip Erdogan, sa « profonde préoccupation » face aux violences en Syrie. Son homologue turc y a vu « une menace pour l'ensemble de la région ». Les combats avaient commencé dimanche entre groupes druzes et tribus bédouines locales, aux relations tendues depuis des décennies. Présente principalement à Soueida, la communauté druze de Syrie comptait avant la guerre civile quelque 700 000 personnes. Cette minorité ésotérique issue d'une branche de l'islam est aussi implantée au Liban et en Israël.