Pied qui traîne, coup de coude ... : pourquoi le numéro un mondial de squash est accusé de triche
« Mostafa Asal triche depuis le début. Je me souviens de l'avoir regardé dès le British 0pen en 2019. Et il truquait déjà. » La personne qui met ainsi en cause le meilleur joueur mondial actuel de squash est un Youtubeur anonyme animant la chaîne Quash Bad Squash. Il s'est spécialisé dans les compilations de mouvements suspects de l'Egyptien, l'une d'elle atteignant près de 250 000 vues quand les résumés de la PSA, l'organisatrice du circuit mondial, atteignent parfois 40 000 visionnages. Un buzz qui a même attiré l'attention du New York Times. « QBS » se présente comme un « insider » et affirme : « Tout le monde du squash a un problème avec l'attitude d'Asal, mais personne ne parle publiquement. Seul Rob Owen (joueur anglais retraité, ndlr) a osé affirmer que c'était un grand joueur, mais aussi un tricheur. » Asal jouerait-il « dirty » ?
L'Egyptien avait déjà été suspendu
Au squash, les adversaires partagent le même terrain. De fait, c'est le seul sport de raquettes... et de contacts. Sur le court entouré de parois transparentes, celui ou celle qui frappe doit laisser l'espace pour que l'autre tape à son tour. En cas d'interférence, l'arbitre détermine si la gène empêche le joueur de frapper dans de bonnes conditions (let) ou si la poursuite du jeu est dangereuse (stroke). Un let provoque une balle à rejouer et un stroke un point pour le joueur ou la joueuse lésé-e. Voilà pour la règle. Quant à l'esprit, il est affaire de subjectivité et, comme tous les sports, le vice s'y niche.
A 24 ans, Mostafa Asal possède un palmarès impressionnant : 22 titres, dont le championnat du monde de mai dernier... mais aussi de nombreuses sanctions. En juillet 2023, à la suite de plusieurs comportements interdits, la PSA l'avait banni pour une durée de 3 mois. L'Égyptien avait par la suite montré des signes d'amélioration, avant de retomber dans ses travers, agrippant l'entrejambe de son compatriote Ali Farag lors de la finale du British Open 2024. Des irrégularités qui ont poussé QBS à agir : « Je remarquais que le diffuseur officiel Squash TV enlevait ce genre de controverses dans ses vidéos. Après la finale du tournoi d'El Gouna 2025 où il a mis un coup de pied vers l'arrière pour bloquer son adversaire, je me suis dit que c'en était assez. » Ses montages sont édifiants : pied marchant sur l'adversaire, geste amplifié pour toucher, coude qui traîne...
Durant ses recherches, QBS découvre des ruses parfois grossières : «Sur un point, il cogne la tête de Paul Coll (Néo-Zélandais, ex n°1 mondial, NDLR) trois fois. Et ce n'est pas signalé. Toutes ses tricheries lui donnent un immense avantage. » Et qui vont jusqu'à provoquer la gêne de son propre coach, le pourtant très placide anglais James Willstrop. Par son action, QBS espère « que ça cesse. Que les arbitres appliquent les règles. »
Les J0 2028 changent la donne
Sélectionneur de l'équipe de France, Mathieu Castagnet, tempère sur la complaisance des arbitres : « C'est un exercice très difficile, le jeu au haut niveau se passe en une fraction de seconde et il y a tant de paramètres à évaluer comme la différence de gabarit des joueurs. Un joueur de 80 kilos comme Asal prend plus de place et il a toujours joué avec la limite. C'est dommage parce que, quand il est en forme, il est au-dessus. Il n'a pas besoin de ce type d'attitudes. »
Asal pousse les règles à leurs limites. Ce n'est pas propre au squash, ça existe dans toutes les disciplines, comme le passage en force au handball qui peut être sifflé dans un sens ou dans l'autre.
Victor Crouin, numéro un français
Des gestes qui pourraient continuer à le desservir car l'horizon de Los Angeles 2028 s'approche. Le squash y deviendra sport olympique. Alors, les instances internationales veulent que le jeu, souvent ponctué de discussions autour de l'arbitrage entre les points, ne soit plus haché. La tendance est que les juges limitent le nombre de balles à rejouer, une obstruction trop flagrante se transforme alors en point à l'adversaire. Mathieu Castagnet est ainsi persuadé qu'Asal va devoir démuscler son jeu : « Asal a commencé à améliorer ses attitudes, mais il a créé une image de vice plus jeune et ça va mettre du temps à changer. S'il veut rester n°1, il va falloir qu'il trouve une jauge tolérable pour les arbitres. »
Concernant les vidéos de QBS, l'entraîneur admet leur efficacité mais rappelle que chaque décision arbitrale doit être considérée dans un contexte : « Il faut voir les échanges d'avant et ce qui s'est passé. Les arbitres veillent à ce que les deux adversaires puissent s'exprimer. Entre un joueur clean et Asal, je pense que l'Égyptien sera plus sanctionné au vu de ses antécédents. Son jeu rude, il faut faire avec. En tant qu'entraîneur, nous devons trouver la parade. » Des solutions que les joueurs trouvent parfois. Les deux derniers grands tournois de juin ont été remportés par le Péruvien Diego Elias (British Ppen) et le Gallois Joel Makin (World Series Finals en juin).
Victor Crouin, le n°1 français, ne souhaite pas alimenter la polémique : « Asal pousse les règles à leurs limites. Ce n'est pas propre au squash, ça existe dans toutes les disciplines comme le passage en force au handball qui peut être sifflé dans un sens ou dans l'autre. Comme nous pratiquons un sport de contact, ça fait partie du jeu. » Une composante que le récent vainqueur de l'Open d'Allemagne travaille à l'entraînement : « Avec mon partenaire, on organise des sessions avec davantage de physique pour jouer la balle après contact. »
Il admet que ne pas laisser l'accès complet à la sphère noire est assez commun : « On le fait de temps en temps, mais Asal, c'est presque à chaque frappe, c'est son art du déplacement. » Au sujet de l'évolution de l'arbitrage qui accorde moins de place aux balles à rejouer, Victor Crouin indique : « Ça met plus d'enjeu sur chaque point puisqu'un jeu se conclue en 11 points et que ça file vite. Avant, quand on était fatigué sur un point, on pouvait chercher un let. Là, on peut moins prendre ce risque. » Objectif : LA 2028 qu'il perçoit comme « la chance de (s)a vie. » Il y croisera certainement Asal en tant que favori... Si ses débordements l e lui permettent.

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«Ce bain de sang continue au Maroc» : David Hallyday alerte la FIFA sur le massacre des chiens errants avant la Coupe du monde 2030
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La tournée des Lions en Afrique du Sud en 2009, un sommet de brutalité
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Tout frais sélectionneur du pays de Galles, qu'il avait mené au Grand Chelem en 2008, il vivait sa première tournée des Lions, en tant qu'adjoint de Ian McGeechan, en charge des avants. En juin 2021, il a mentionné cette initiation, et avoué qu'elle l'avait influencé pour ses choix de cette tournée, l'incitant à composer un pack plus solide qu'à l'époque. C'est que, douze ans après, le pelage des Lions en était encore rougi de douleurs. Le premier test, disputé à Durban, l'avait déjà froissé à rebrousse-poil. La première action ? Un avertissement clair, un coup d'envoi inversé directement sur le capitaine, Brian O'Driscoll, secoué par un petit coup de hanche désinvolte alors qu'il était encore en l'air après avoir dégagé au pied le ballon le plus vite possible. 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Quant à l'un de leurs mauls, il fut acculé sur près de 30 mètres, une reculade en règle qui offrit un essai aux Boks. « Brutalized », avait alors lâché, incrédule, le commentateur de Sky Sports, avant d'esquisser l'épitaphe des Lions ce jour-là : « Les Springboks rossent les Lions, maintenant à genoux ». les Boks voulaient achever la bête blessée Mais tout ceci n'était qu'une aimable accolade, comparé au deuxième test, organisé au Loftus, cathédrale du rugby sud-af'. Victorieux la semaine précédente, les Boks voulaient achever la bête blessée. Les Lions, eux, n'aspiraient qu'à sauver leur crinière. « Je me souviens du discours des entraîneurs avant le match, confie Joe Worsley, l'actuel consultant de Brive (Pro D2), dans le groupe des Lions à l'époque. Ils avaient regretté leur choix pour le premier match, où ils avaient tenté quelque chose qui n'avait pas marché, et avaient donc décidé de changer leur composition d'équipe, avec un cinq de devant plus puissant pour gagner les collisions. » L'épais Simon Shaw y avait ainsi gagné sa place en deuxième-ligne, à la place d'Alun-Wyn Jones. Les Lions étaient parés au combat. « Je me disais "mais qu'est-ce qu'ils sont en train de faire, là ? J'ai dû mal voir... Ils vont couper des têtes ou quoi !" » Christophe Berdos, qui était l'arbitre de champ Et il valait mieux. « Il y a eu des choses que même moi je ne voyais jamais en France, s'en étonne encore, plus d'une décennie plus tard, Christophe Berdos, qui était l'arbitre de champ cette après-midi-là. Je me disais "mais qu'est-ce qu'ils sont en train de faire, là ? J'ai dû mal voir... Ils vont couper des têtes ou quoi !" » Le sifflet français ne pouvait effectivement pas tout discerner dans ces deux heures de furie et certainement pas le premier d'une longue série de gestes rares : une fourchette. Et une fourchette au bout de 20 secondes de jeu, s'il vous plaît, plantée par Schalk Burger, qui venait d'avoir l'honneur d'entrer seul sur la pelouse pour célébrer sa cinquantième cap. Après l'écroulement du premier maul, le flanker blondinet a enfoncé ses phalanges dans les orbites innocentes de Luke Fitzgerald. Berdos était de l'autre côté de l'édifice, il n'avait rien pu distinguer de cette agression, signalée par son juge de touche. Le recours à la vidéo n'était alors pas autorisé hors des zones d'en-but et sans ralentis ou angles de caméras, Berdos s'était contenté d'un carton jaune. « Je ne perçois pas le geste, se remémore-t-il. Le collègue juge de touche m'interpelle et dans sa narration je ne perçois pas la gravité du geste. Ces mots, c'est ce qui permettait la graduation de la sanction. J'ai jugé plus bas que ce qui était mérité. » En arrivant en Afrique du Sud, Berdos avait lui aussi été happé par la dimension d'une tournée des Lions. « En intensité, dans ma carrière, je n'ai pas connu plus haut que ce match, estime-t-il aujourd'hui. Que ça soit l'avant, le pendant ou l'après : même deux semaines avant, on sent que c'est tout un contexte, incomparable, une consécration pour les joueurs, une effervescence pour les spectateurs. Et pour un arbitre aussi. » Un festival de coups bas Berdos avait donc décidé d'en adapter son arbitrage. « C'est sûr qu'avec une fourchette dès le début, la barre était placée haut... Et ensuite, c'était 80 minutes d'un combat acharné qui a toujours frôlé la limite de l'engagement physique. Mais c'est la complexité de ce genre de matches pour un arbitre, il faut être très exigeant sur les comportements tout en évaluant la volonté de combattre des deux équipes. Si on met un carton trop tôt dans ce genre de matches, il faudra ensuite tenir cette ligne pendant 80 minutes ! Je ne voulais pas qu'on dise "il a dégainé, et il n'a fait que ça". Alors, j'ai serré les fesses tout le match ! » C'est qu'il n'aura sans doute pas eu la moindre seconde pour relâcher cette tension postérieure. On a revu de tout dans le film de ce match, le bras qu'on laisse traîner quand on monte au contre d'un botteur (JP Pietersen sur Kearney), le coup qu'on rajoute au marqueur d'un essai qui est encore en train d'aplatir (Heaslip sur Habana), la petite gifle l'air de rien (Burger, encore, sur Phillips), l'exploration des parties intimes de l'adversaire, par un Andrew Sheridan aussi solide qu'agacé ce jour-là. Un récital total ! Du sang, une épaule déboîtée, une commotion Dont quelques notes restées célèbres méritent qu'on s'y attarde. En début de deuxième période, les Lions ont perdu leurs deux piliers sur la même action. Gethin Jenkins s'y est donné une fracture au visage dans un choc de têtes avec Bryan Habana, qu'il tentait de plaquer, et a quitté l'arène l'arcade en sang, hagard. Pendant qu'on l'évacuait de la pelouse, une autre partie du staff médical était penchée sur Adam Jones. Le droitier chevelu souffrait de l'épaule, que venait de lui démettre Bakkies Botha sur un déblayage appuyé. Le geste vaudra d'ailleurs deux semaines de suspension au deuxième-ligne, longtemps marqué par une décision qu'il ne comprenait pas. Ses coéquipiers, la semaine suivante, en arboreront autour du bras un élastoplast bricolé et gribouillé d'un « Justice 4 » (son numéro) peut-être un peu disproportionné. Cinq minutes après cette double sortie, l'autre fait de jeu impressionnant : Brian O'Driscoll qui se précipite sur Danie Rossouw pour le plaquer mais provoquer surtout un immense choc de têtes entre eux deux. Il y a quelque chose d'effrayant et pathétique à revoir, plus de quinze ans après, le futur Toulonnais essayer de se relever, tituber vers l'arrière, incapable de se tenir en équilibre, avec un Victor Matfield qui le ramène à la raison et l'empêche de retenter la station debout. Il y a quelque chose de tout aussi inquiétant, a posteriori, à voir BOD rester sur la pelouse, malgré tous les symptômes d'une commotion. Ça, même les Boks l'avaient perçu, puisqu'en 2021, Bryan Habana a révélé que sur l'action suivante, ils avaient décidé de viser sa zone, « parce qu'il avait l'air pas clair ». Résultat, essai pour les locaux. O'Gara, la faute bête Ces coups ont ainsi fini par acculer les Lions, comme sur la dernière action du match, alors que le score était de parité. Remplaçant, Ronan O'Gara venait de réceptionner un coup de pied dans son camp. Sur le bord de la pelouse, Shaun Edwards lui hurlait de dégager en touche pour finir sur un nul qui aurait laissé les Lions dans la série. Mais ROG n'avait sans doute plus toute sa tête. Cinq minutes plus tôt, il s'était littéralement fait marcher dessus par Pierre Spies, un numéro 8 impressionnant ce jour-là, qui avait donc renversé l'ouvreur d'une charge sauvage. Pour stopper une hémorragie, l'actuel entraîneur du Stade Rochelais en avait hérité d'un bandeau sur le front. Et sans doute d'une lucidité amoindrie. Car, au lieu de mettre fin aux débats, il tenta alors une chandelle. Au point de chute du ballon, en retard, il ne sauta pas. Et ne put que bousculer le Springbok déjà en l'air pour la conquête de l'ovale. « Quand je siffle cette pénalité, se rappelle Berdos, elle m'agace. Le goût du sifflet dans la bouche n'était pas bon. Sur la gestion de fins de matches comme ça, on essaie de ne pas faire basculer un résultat sur ce genre de choses. On sent qu'O'Gara n'a pas toute sa lucidité. Alors quand je siffle, je me dis, "quel dommage". Mais je n'ai pas le choix. » Sanctionné, ROG, le visage en sang, a l'air de se maudire lui-même. Et Morné Steyn, impitoyable, passe le but de la gagne de 53 m. Les Lions sont K.-O., la série est déjà perdue, avant même le troisième test. Mais ce n'est pas ce qui fait le plus souffrir leur corps médical. Dans le documentaire tiré de cette tournée des Lions, « Living with Pride », on entend James Robson, le docteur, commenter, au lendemain de la rencontre : « ce second test a été l'un des plus brutaux dans lequel aucun de nous n'ait jamais été impliqué. Gethin Jenkins va devoir être opéré, Adam Jones a une épaule déboîtée, O'Driscoll a subi une commotion et O'Gara a le pire oeil au beurre noir que j'aie vu hors d'un ring de boxe ! » On sent de l'amertume dans ces diagnostics. Une pointe de frayeur rétrospective, aussi. Qui selon un article du site The XV, titré La bataille de Pretoria, a incité l'un des docs, Gary O'Driscoll, à ne plus revenir dans l'encadrement des Lions pour la tournée suivante. Son collègue Robson précisera, dans le même article : « Ça me donne des angoisses sur le nombre de matches que doivent disputer les joueurs maintenant. J'espère qu'à un moment, la santé des joueurs sera mieux prise en compte par les encadrements. Pour leur bien, j'espère que plus de mesures seront prises. On arrive à un point où les joueurs sont trop costauds, on doit provoquer des changements dans leur physionomie pour que le jeu soit plus basé sur la vitesse et l'adresse. » Un débat qui a irrigué le rugby à partir du milieu des années 2010, avec une lente éducation de tous les acteurs aux risques des commotions cérébrales, à leur prise en charge, etc. La mutation est encore en cours. Mais tous les protagonistes de cette rencontre en particulier penseront comme Berdos, sans jugement : « on n'aurait plus le même match aujourd'hui ».


Le Figaro
2 days ago
- Le Figaro
Tennis : «Plus vraiment heureuse sur le court»... La Tunisienne Ons Jabeur met sa carrière entre parenthèses
Lassée par le tennis, la Tunisienne Ons Jabeur prend du recul avec ce sport. La joueuse de tennis tunisienne Ons Jabeur, ex N.2 mondiale retombée à la 71e place, a annoncé jeudi qu'elle allait «prendre du recul et enfin penser à (elle)», après deux dernières années difficiles sur le circuit. «Ces deux dernières années, je me suis donné beaucoup de mal, j'ai lutté contre des blessures et j'ai affronté de nombreux autres défis. Mais au fond de moi, cela fait longtemps que je ne me sens plus vraiment heureuse sur le court», a expliqué sur ses réseaux sociaux la joueuse de 30 ans, triple finaliste en Grand Chelem. Publicité prendre du recul «Le tennis est un sport tellement magnifique. Mais aujourd'hui, je sens qu'il est temps de prendre du recul et d'enfin penser à moi: de respirer, de guérir et de redécouvrir la joie de vivre, tout simplement», ajoute la Tunisienne, finaliste à Wimbledon en 2022 et 2023 et à l'US Open en 2022. Fin juin, la Tunisienne avait dû abandonner dès le premier tour à Wimbledon, après s'être déjà inclinée d'entrée quelques semaines plutôt à Roland-Garros. «Je ne m'attendais pas à me sentir mal», avait-elle expliqué sans fournir d'explication sur son abandon. «Je me suis plutôt bien entraînée ces derniers jours, mais j'imagine que ce genre de choses arrive». «Quand se pose la question de jouer malgré une blessure, on ressent beaucoup de culpabilité, de pression des sponsors, de pression liée au classement... Certains joueurs subviennent aussi aux besoins de leur famille», avait déjà expliqué cette année l'ex-N.2 mondiale. «Savoir quand s'arrêter et quand serrer les dents, c'est très difficile», même à 30 ans passés, avait jugé la joueuse, icône dans le monde arabe. À VOIR AUSSI - Football : la saison historique du Paris SG