
Défaite d'Eugenie Bouchard
Eugenie Bouchard s'est battue au meilleur de ses capacités, mercredi soir, sur le court central du stade IGA. C'est pourquoi elle a marché vers le filet la tête haute et le dos droit pour aller serrer la main de Belinda Bencic. C'est pourquoi les spectateurs se sont tous levés d'un bond pour l'applaudir, et qu'ils ne se sont jamais rassis.
La foule scandait son surnom. Celui grâce auquel elle est reconnue sans qu'on ait besoin de prononcer son nom de famille. « Genie ! Genie ! ». Sur son banc, la tête dans sa serviette, Bouchard a craqué. Les larmes ont coulé. On a un peu revu la jeune athlète de 20 ans qui a perdu en finale de Wimbledon en 2014. Épuisée, mais ravie. Peinée, mais heureuse. Triste, mais soulagée.
PHOTO OLIVIER JEAN, LA PRESSE
Le dernier match de sa carrière s'est soldé en trois manches de 6-2, 3-6 et 6-4 en faveur de Bencic.
Le dernier match de sa carrière s'est soldé en trois manches de 6-2, 3-6 et 6-4 en faveur de Bencic. Parmi les spectateurs venus l'encourager, probablement que plusieurs d'entre eux doutaient de ses chances de renverser la 17e joueuse tête de série et demi-finaliste à Wimbledon il y a quelques semaines.
« Dans les grands moments, Eugenie se lève », a témoigné Sylvain Bruneau dans une vidéo rendant hommage à la carrière de sa protégée diffusée sur les écrans du court central au terme du match. Celui qui l'accompagne depuis l'âge de 9 ans et qui a remis sa casquette d'entraîneur exceptionnellement pour la durée du tournoi ne pouvait dire plus vrai.
Un miracle, ou presque
Bouchard a eu besoin d'une manche entière avant de trouver son rythme. Elle est montée une seule fois au filet. Une donnée n'ayant rien à voir avec ses standards habituels. Bencic, régulière comme une horloge suisse, la faisait courir de gauche à droite. Des balles longues, profondes, précises et régulières lui ont permis de prendre l'avantage. Mais bien naïf est celui qui croyait que Bouchard allait s'en laisser imposer devant les membres de sa famille, chez elle, sur son terrain.
PHOTO DAVID KIROUAC, IMAGN IMAGES
Belinda Bencic
Au début de la deuxième manche, un partisan a crié « Et c'est pas fini, c'est rien qu'un début. » L'histoire ne dit pas si Bouchard est une amoureuse de la chanteuse Emmanuelle et si c'est ce qui joue dans ses écouteurs lorsqu'elle se présente sur le terrain au début d'un match.
Or, ces encouragements l'ont propulsé. Ou était-ce l'énergie du désespoir ? Qu'à cela ne tienne, Bouchard a été fumante en deuxième manche. « Quand je suis arrivée à la deuxième manche, je savais que ça se pouvait, a révélé Bouchard aux membres des médias. Mais je n'y pensais pas trop. Parce que je ne dois pas trop penser à gagner au cours d'un match. Je devais rester concentrée. » Elle a brisé Bencic à la fin d'une manche bien disputée avant de mettre un terme à la manche au service. Par deux fois, la foule lui a réservé une ovation. « La grande extase, on ne l'a pas encore vu… », chantait plus loin Emmanuelle.
Dans les faits, on a failli assister à un miracle au stade IGA. Bouchard a brisé Bencic à sa cinquième tentative du jeu en troisième manche pour prendre les devants 2-1. Comme si elle avait ramené tout le monde dans le passé, la Québécoise frappait la balle avec aplomb, tôt dans le rebond, accroupie pour se donner encore plus de puissance, presque au sol après chaque frappe à force d'avoir poussé sa relance.
PHOTO OLIVIER JEAN, LA PRESSE
Eugenie Bouchard
Bencic n'a pas été étonné par la réponse de Bouchard. « Je l'avais vue jouer contre [Emiliana] Arango. Si tu la laisses jouer, elle peut être très bonne », a précisé la Suissesse après le match.
Néanmoins, Bencic l'a brisé pour faire 4-3. Même chose sur le dernier jeu du match, alors que tous les espoirs étaient encore permis.
Bouchard, ancienne cinquième raquette mondiale, finaliste à Wimbledon, demi-finaliste en Australie et à Roland-Garros et gagnante d'un titre à Nuremberg, a utilisé sa raquette pour la dernière fois. Et il est maintenant venu le temps de l'accrocher.
« J'ai vraiment absorbé chaque moment. Les hauts et les bas pendant les matchs. Les moments hors du terrain. J'ai passé beaucoup de temps avec les fans à la fin de chaque pratique et de chaque match. Et ce sont ces moments-là qui font que j'adore le tennis et que j'ai ressenti beaucoup d'amour de tout le monde. »
Les adieux
Après sa victoire, Bencic n'a pas voulu accorder la traditionnelle entrevue d'après-match au centre du terrain. Elle a plutôt cédé toute la place à son adversaire.
Je voulais montrer du respect pour sa carrière incroyable. Je n'allais pas quitter le terrain. Je trouve toujours que ce sont des cérémonies hautes en émotions »,
Belinda Bencic
Pendant que des employés du stade organisaient ce qui allait être une courte cérémonie, un long silence s'est imposé. « C'est un moment un peu surréel. C'était comme un choc que ça arrivait vraiment maintenant. Je savais que ce moment allait arriver, mais quand ça arrive, c'est différent. »
Il y avait un mélange de nostalgie et de déception dans l'air. Nostalgie, parce que Bouchard a marqué l'histoire du tennis canadien, comme l'ont répété divers intervenants depuis deux semaines. Et déception, parce que tout le monde dans les gradins pensait quelque part en troisième manche assister à une autre victoire improbable de Bouchard.
PHOTO OLIVIER JEAN, LA PRESSE
Il y avait un mélange de nostalgie et de déception dans l'air.
Bouchard a pris Bruneau dans ses bras. Elle a regardé la vidéo mettant en lumière les grands moments de sa carrière. Puis elle a pris la parole, la gorge nouée par l'émotion.
Elle a passé sa main libre dans ses cheveux, jusque dans sa tresse, alors que l'autre tenait le micro qui augmentait l'écho d'un stade en admiration.
Après quelques mots en anglais pour remercier ceux qui ont fait partie du voyage, elle s'est adressée en français aux amateurs de tennis québécois.
« Merci, Merci, Merci ! Je vous aime », leur a-t-elle déclaré. N'en fallait pas plus pour que le stade rugisse à nouveau.
Dans la vidéo hommage, Bouchard a formulé un seul souhait.
« J'espère que les partisans qui m'ont donné tout cet amour savent que je les aime autant en retour. »
Elle a reçu quatre ovations pendant un match qu'elle a perdu. Elle en a eu trois autres après la défaite. Le court central était rempli pour la première fois du tournoi. Des centaines de personnes l'attendaient à sa sortie du terrain. Il ne restait presque personne pour le match suivant dans les gradins. Les gens se précipitaient, même sur les balcons du stade IGA, pour l'apercevoir une dernière fois.
Avec la qualité de sa performance et la manière avec laquelle elle est sortie, impossible de le nier : les partisans qui lui ont donné tout cet amour savent qu'elle les aime autant en retour. Et ils le lui ont rendu.

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