
Festival de culture juive au Cinéma Bio à Carouge: pression, amalgame et menaces
La polémique autour de la programmation de films de culture juive au Cinéma Bio et l'amalgame avec la politique d'Israël assombrissent l'air de Carouge.
BASTIEN GALLAY / GALLAYPHOTO
Le projet de programmation d'un festival de culture juive au Cinéma Bio, discuté par son directeur qui le jugeait «peu opportun» dans le contexte de la guerre à Gaza, créé la polémique à Genève. Se disant «piégé» par des propos rendus publics par la Cicad, Alfio Di Guardo se défend de tout amalgame, tandis que la direction du festival se désole d'un «climat de peur et de pressions» qui aboutissent à la censure. Quoi qu'il en soit, «la 15e édition du Festival international du film des cultures juives de Genève (GIJFF) qui est apolitique depuis toujours continuera.» Contactée par la «Tribune de Genève», c'est Irma Danon, programmatrice du GIJFF, qui l'affirme. «Un débat sans rapport avec les films, c'est non»
La Genevoise a en effet été assurée du soutien de l'écrivain philanthrope Metin Arditi , qui a toujours exprimé son opposition à la politique d'occupation d'Israël. «Mettre à disposition l'auditorium, c'est donner leur chance aux artistes. On peut être opposé au sionisme à la Netanyahou et être philosémite», précise l'écrivain genevois. Le Festival pourrait donc projeter sa douzaine de films à l'Auditorium Arditi en mars prochain, en espérant que les travaux en cours, à la suite d'une inondation, puissent le permettre.
Reconnaissante envers l'écrivain genevois, Irma Danon se désole qu'« Alfio Di Guardo, directeur du Cinéma Bio de Carouge , qui n'est clairement pas antisémite, ait pu être victime de pressions et fasse l'amalgame entre la culture juive et la politique d'Israël.» Le directeur du Cinéma Bio à Carouge se défend de tout amalgame et se dit «ouvert à la discussion» pour aboutir «sous certaines conditions à la programmation d'une ou plusieurs séances», il propose d'organiser un débat d'actualité, ce que les organisateurs ne souhaitent pas.
«Les films de notre sélection parlent d'histoires humaines, aucun n'évoque la situation actuelle au Proche-Orient. Si c'était le cas, on pourrait imaginer un débat», réagit Irma Danon. «Un documentaire et un film de fiction ont été réalisés sur les attaques terroristes du 7 octobre. Ils ne font pas partie de la programmation de cette année. Mais on ne peut pas accepter qu'un débat sans rapport avec les films au programme soit une condition de programmation, une forme de pression ou une manière de nous dédouaner.» Le directeur du cinéma Bio se dit «piégé» et s'excuse
Visiblement dépassé par l'ampleur de la polémique «qui ne profite qu'aux extrémistes de chaque camp», le directeur du Bio à Carouge s'est senti piégé. Il l'explique dans un communiqué, s'étonnant que dans le cadre d'un «échange cordial et professionnel» avec l'équipe du Festival, des propos «maladroits aient été mal interprétés et sortis de leur contexte».
Ces propos ont été envoyés et relayés par la très dynamique Cicad, sentinelle genevoise, prompte à dénoncer tout antisémitisme. «Ils ne m'ont pas prévenu de cela», regrette Alfio Di Guardo, qui répète qu'il «condamne fermement tout acte antisémite et regrette que des personnes issues de la culture juive aient pu se sentir blessées par ses propos».
Dans un communiqué intitulé «Festival du film juif interdit au Cinéma Bio», la phrase qui fâche a été rendue publique par le site de la Cicad. C'est celle-ci: «Le comportement des dirigeants d'Israël jette un voile noir sur toutes les vertus de la culture juive.» Pour Irma Danon, «quand des gens qui n'ont rien d'antisémite en viennent à dire cela, c'est qu'il y a une pression sourde dans l'opinion et plus directe d'activistes qui poussent à l'amalgame. Qui aurait l'idée de demander au Victoria Hall de prendre position contre le régime de Poutine quand il programme un concert de Rachmaninov?», s'interroge-t-elle. Menaces de brûler le cinéma et son directeur
Alfio Di Guardo, lui, réfute toute intention d'interdiction et jure ne jamais «faire d'amalgame entre les actes atroces d'un gouvernement criminel et la culture juive». Dans un communiqué, ce lundi, il multiplie ensuite les exemples de sa bonne foi. Il a en effet organisé un ciné-club avec la Communauté israélite de Genève lorsqu'il était adjoint de direction aux Cinémas du Grütli et répondu favorablement à la programmation de «Ma mère, Dieu et Sylvie Vartan», pour le Festival international du film juif, déjà.
Joint par la «Tribune de Genève», Alfio Di Guardo ajoute qu'il a subi «des pressions et a même été accusé de faire la propagande d'Israël lorsqu'il a mis «The Brutalist» à l'affiche du Bio. La semaine dernière, à la suite de la polémique, c'est de l'autre camp qu'«un flot de haine s'est déversé sur moi et sur le cinéma» par le biais des réseaux, confie-t-il. «Quelqu'un au téléphone a menacé de faire brûler le cinéma et son directeur», le poussant à prévenir la police qui a mis en place depuis des rondes de policiers en uniforme près du cinéma et organisé une surveillance discrète d'agents en civil. Dans son communiqué, il rappelle qu'il a condamné sans ambiguïtés «les horreurs commises par les terroristes du Hamas, le 7 octobre 2023», se plaçant «du côté de l'humain». Des propos «désolants» de Nicolas Walder
La polémique a rebondi le 12 juillet sur le site Watson.ch avec une réaction de Nicolas Walder, conseiller national Vert et candidat au Conseil d'État genevois après la démission d'Antonio Hodgers. «Je le dis d'emblée, je combats la censure et l'autocensure. Il importe de lutter contre toute forme d'antisémitisme. Les cultures juives doivent pouvoir s'exprimer», commence le Carougeois, qui ajoute: «D'un autre côté, il faut prendre en compte la sensibilité des Carougeois, qui sont horrifiés par les actes de nature potentiellement génocidaire, selon la justice internationale, de l'armée israélienne à Gaza. Dans cette période, ils ne comprendraient peut-être pas qu'on présente positivement la culture juive, malheureusement assimilée par beaucoup aujourd'hui à la politique de Netanyahou.»
Des propos «désolants», réagit Irma Danon, organisatrice du festival, déjà surprise qu'aucun politique genevois ne se soit ému de ces nocives confusions. «Cela n'arrive qu'en Suisse romande. En Suisse alémanique, les politiques se lèvent comme un seul homme pour dénoncer cela.» De son côté, la Cicad envisage de porter plainte contre le Cinéma Bio.
Contacté, le conseiller administratif carougeois en charge de la Culture, Patrick Mützenberg, indique «prendre la question très au sérieux. Cette histoire d'amalgame m'a choqué. Je veux attendre d'avoir entendu tout le monde pour me prononcer sur les faits et la suite à leur donner. Un rendez-vous est d'ores et déjà fixé avec le Bio début août. J'aimerais également rencontrer la direction du festival et la Cicad. Le sujet sera ensuite remonté au niveau du conseil de fondation. Les subventions de la Ville de Carouge ne peuvent en aucun cas cautionner des choix d'exclusion ou de discrimination.» Newsletter
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Olivier Bot est rédacteur en chef adjoint depuis 2017, chef de la rubrique Monde entre 2011 et 2017. Prix Alexandre de Varennes de la presse. Auteur de «Chercher et enquêter avec internet» aux Presses universitaires de Grenoble. Plus d'infos
Sophie Davaris est rédactrice en chef de la Tribune de Genève. Plus d'infos
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