
L'ONU demande à Washington d'annuler ses sanctions contre une rapporteure spéciale
Agnès PEDRERO
Agence France-Presse
« J'exhorte les États-Unis à lever rapidement les sanctions » contre Francesca Albanese, la rapporteure spéciale pour les Territoires palestiniens, a indiqué le Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme Volker Türk dans un communiqué.
« Les attaques et les menaces à l'encontre des titulaires de mandat au titre des procédures spéciales, ainsi que des institutions clés telles que la Cour pénale internationale, doivent cesser », a-t-il ajouté.
Le chef de la diplomatie américaine, Marco Rubio, a annoncé mercredi que les États-Unis – qui boycottent le Conseil des droits de l'homme de l'ONU depuis le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche – imposeront des sanctions contre la rapporteure. Il a mis en cause sur X ses « efforts illégitimes et honteux visant à inciter la Cour pénale internationale à prendre des mesures contre des responsables, des entreprises et des dirigeants américains et israéliens ».
Il n'a pas détaillé les sanctions.
« Je continuerai à faire ce que j'ai à faire », a déclaré Francesca Albanese en réponse aux sanctions américaines lors d'une conférence de presse à Ljubljana en Slovénie jeudi.
En juin, les États-Unis avaient déjà pris des mesures contre des magistrates de la CPI – interdiction d'entrée sur le sol américain, gel des avoirs détenus aux États-Unis – ayant autorisé la Cour à lancer des mandats d'arrêt à l'encontre du premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, et son ancien ministre de la Défense, Yoav Gallant.
De telles mesures visent d'ordinaire des criminels ou des dirigeants politiques de pays hostiles, plutôt que des magistrats.
« Intimidation et représailles »
Un peu plus tôt jeudi, le président du Conseil des droits de l'homme de l'ONU, l'ambassadeur suisse Jürg Lauber, a lui dit « regretter » la décision américaine de sanctionner Francesca Albanese.
Il a également appelé « tous les États membres de l'ONU à coopérer pleinement avec les rapporteurs spéciaux et les titulaires de mandat du Conseil et à s'abstenir de tout acte d'intimidation ou de représailles à leur encontre ».
Mme Albanese, qui occupe son poste depuis 2022, fait l'objet de critiques virulentes et demandes de révocation de la part d'Israël et de certains de ses alliés en raison de ses accusations. Elle a accusé Israël de « génocide » depuis le début de la guerre à Gaza, déclenchée par l'attaque du mouvement islamiste palestinien Hamas du 7 Octobre 2023.
L'Italienne, qui a été nommée par le Conseil des droits de l'homme, mais ne parle pas au nom de l'ONU, a affirmé plusieurs fois avoir reçu des « menaces ».
Dans un communiqué mercredi, le secrétaire d'État a lui dénoncé les critiques virulentes formulées par l'experte de l'ONU à l'égard des États-Unis, l'accusant par ailleurs « d'antisémitisme décomplexé » et de « soutien au terrorisme ». Il l'accuse aussi d'avoir recommandé à la CPI de lancer des mandats d'arrêt à l'encontre notamment du premier ministre israélien.
Francesca Albanese a présenté en juillet au Conseil des droits de l'homme un rapport dans lequel sont étudiés « les mécanismes des entreprises qui soutiennent le projet colonial israélien de déplacement et de remplacement des Palestiniens », dénonçant notamment des sociétés américaines.
En février, elle avait également dénoncé un projet d'occupation de la bande de Gaza et de déplacement de sa population, annoncé par le président américain Donald Trump, comme « illégal » et « complètement absurde ».
« Même en cas de désaccord profond, les États membres de l'ONU devraient s'engager sur le fond et de manière constructive plutôt que de recourir à des mesures punitives », a relevé Volker Türk jeudi.
« La solution n'est pas d'avoir moins, mais plus de débats et de dialogues sur les préoccupations très réelles en matière de droits de la personne », a-t-il observé.
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