« Nous avons travaillé jour et nuit » : réintégré en Ligue 1, comment l'OL est passé de la peur au soulagement
Le 9 juillet marque sans doute le début d'une nouvelle ère à l'Olympique Lyonnais, après que sa communauté et ses créanciers ont été massivement rassurés par la réintégration du club en L1 après deux heures trente d'audition devant la commission d'appel de la DNCG le matin, puis l'intervention de sa nouvelle présidente dans la soirée, dans le registre de parfaite communicante. Il va falloir s'habituer à ce changement de ton après la cavalerie d'un Texan chapeauté obsédé par son propre bonheur mais vite craintif du courroux des supporters de Molenbeek comme de l'OL, lui qui a fui de manière aussi opaque que ses cachotteries de multipropriétaire.
Qu'on se le dise, l'heure est à l'apaisement, à la discrétion version langue de bois et à la rigueur, budgétaire et sportive, pour le plus grand soulagement des instances qui auraient vu d'un mauvais oeil la chute du monument rhodanien s'ajouter à la crise des droits télé. La France du foot a offert une nouvelle chance à un club surendetté qui fera désormais face à la lourde tâche de prouver sa capacité à sortir de cette situation.
« Nous avons travaillé jour et nuit pour parvenir à ce résultat dont je suis très fière. »
Michele Kang, présidente de l'OL
Plutôt que de réécouter les propos de Michele Kang, dont la réputation de sérieux n'est pas à faire, il fallait lire entre ses éléments de langage à l'issue de sa première intervention médiatique en qualité de boss de l'OL, dans l'amphithéâtre du Groupama Stadium, pour tenter de dénicher les rares confidences d'une demi-heure de questions-réponses bien anticipées. John Textor faisait-il preuve de secret ? Quelle est sa responsabilité au regard d'une situation économique préoccupante ? L'Américaine n'a pas répondu. Mais la description de ses neuf jours de préparation à l'audience en appel (après le verdict de la relégation en L2 en première instance) dit pas mal de la situation qu'elle a dû gérer.
« Nous avons travaillé jour et nuit pour parvenir à ce résultat dont je suis très fière, souriait-elle, dans une allocution posée et mesurée en anglais, accompagnée de son directeur général, Michael Gerlinger, tous deux assis côte à côte au pupitre. J'ai lu la lettre de la DNCG du 24 juin. Je n'étais pas aussi au courant de tous les détails que je devais l'être à mon poste. J'étais impliqué dans le foot féminin (dont OL Lyonnes). J'aurais un meilleur jugement après. Plus d'opinion au fur et à mesure que je m'imprégnerai de l'organisation dans sa totalité. J'ai examiné la comptabilité de l'OL avec nos commissaires aux comptes. Il a fallu que j'apprenne très vite. Sans la DNCG et Jean-Marc Mickeler (son président), je ne sais pas si j'aurais pu arriver à ce résultat. »
Un maintien vital et des questions en suspens
Kang et Gerlinger ont donc affirmé avoir injecté « des liquidités ». Du prêteur (Ares) et de la femme d'affaires américaine afin de garantir une trésorerie à la hauteur du nouveau budget ajusté. Mais aussi avoir apporté « une garantie » (qui devrait être une lettre de garantie à la première demande d'une banque de premier rang) afin de sécuriser ladite trésorerie en cas de déficit non prévu en cours de saison - par exemple s'il fallait sortir de l'argent pour payer des échéances de joueurs achetés précédemment. Ils visent cette saison « une qualification européenne ». Mais aucun chiffre n'a été donné, hormis la confirmation de l'amende infligée par l'UEFA, payable en deux fois sur le montant des primes reçues, de 12,5 M€ dans le cadre de la participation à la prochaine Ligue Europa.
Et la patronne d'ajouter : « Il n'y a pas de différence avec le nouveau leadership et la nouvelle gouvernance. J'ai 100 % de contrôle sur OL Eagle Group (holding) et OL SASU (le club). Personne ne pourra changer nos décisions. Je vais partager nos informations avec les actionnaires et les agences d'information et de tutelle. Tout commence par les succès sur le terrain. Nous avons travaillé ensemble et unis avec Ares (le fonds prêteur). Il n'y avait pas de distinction. »
Connaissant les pratiques d'Ares, on n'est pas obligé de croire Michele Kang. A-t-elle subi la pression du groupe financier afin de ne pas perdre son investissement ? L'argent a-t-il bien été déposé sur des comptes ? L'OL, enfin, n'a-t-il pas bénéficié du soutien de Jean-Michel Aulas et de son ex-DG, Thierry Sauvage, ou des élus locaux, le maire de Lyon et le président de la Région, qui ont salué la décision ? On connaîtra, peut-être plus tard, certains détails. Ce matin, les supporters du septuple champion de France savent qu'ils vont perdre des joueurs. Mais ils peuvent se réjouir d'un maintien vital en L1, assorti de l'encadrement de la masse salariale et des indemnités de mutation. Et se préparer à vivre, enfin, d'autres émotions.
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