
Pourquoi les accidents en montagne sont aggravés par le changement climatique
L'éboulement à proximité de la Grande Dixence n'a pas endommagé le barrage.
Keystone
En bref:
La destruction de Blatten et l'éboulement près du barrage de la Grande Dixence samedi ont récemment marqué les esprits. Et mardi dernier, une randonneuse de 36 ans a perdu la vie , percutée par un rocher sur un sentier de la région d'Évolène. Cela rappelle que même les itinéraires en apparence sûrs peuvent réserver des risques.
Secrétaire général de l'Association suisse des guides de montagne (ASGM), Pierre Mathey explique que ces accidents sont dus à des phénomènes naturels, mais aggravés par le changement climatique.
Ces accidents s'inscrivent-ils dans la même problématique?
Pas complètement. Tous ces accidents sont liés à des phénomènes naturels comme des chutes de pierres, des écroulements ou des avalanches, mais ils n'entrent pas dans la même logique de gestion du risque.
Dans le cas des infrastructures comme des routes, des voies ferrées ou des bâtiments, des systèmes de surveillance et de monitoring sont en place dans chaque région. Ils permettent d'anticiper certains dangers et, si besoin, de fermer ou sécuriser les accès.
Et pour les sports de montagne?
Pour la randonnée ou l'alpinisme, il n'existe pas de monitoring systématique. Les personnes s'engagent sur ces itinéraires sous leur propre responsabilité. Aller en montagne est un choix individuel, dans un espace non sécurisé en permanence, où les dangers naturels peuvent devenir des risques dès qu'il y a présence humaine.
Certaines situations, comme les chutes de pierres ou de séracs, restent très difficiles à prévoir. Même en appliquant le principe de précaution, qui consiste à éviter certains itinéraires en cas de fortes chaleurs ou de précipitations par exemple, le risque zéro n'existe pas. Le facteur humain fait partie des causes d'accidents, mais la malchance – le fait d'être au mauvais endroit au mauvais moment – joue aussi un rôle non négligeable dans les drames en montagne.
Quelles sont les origines de ces accidents?
Les accidents trouvent leurs origines dans des phénomènes naturels, mais le changement climatique agit comme un facteur aggravant, rendant certaines zones autrefois stables beaucoup plus fragiles. Il n'existe pas de preuve d'un lien direct entre le réchauffement climatique et une augmentation des accidents graves: les conditions en montagne évoluent rapidement, rendant l'évaluation des risques plus complexe.
Parmi les principaux mécanismes naturels en cause, on trouve le dégel du permafrost. Cette glace présente dans les sols d'altitude agit comme un ciment qui maintient les roches en place. Lorsque les températures augmentent, ce lien s'affaiblit, et les blocs deviennent instables. C'est ce qui explique la hausse de la fréquence des chutes de pierres, des éboulements ou même des écroulements massifs.
En montagne, les règles de base – partir tôt, rentrer tôt – permettent d'éviter certaines situations critiques liées aux températures élevées, qui accélèrent la fonte de la neige dure et fragilisent des terrains auparavant gelés et donc solides.
Comment avez-vous adapté vos itinéraires à ces changements?
En tant que professionnel, j'ai modifié certains de mes itinéraires au fil des années. Plusieurs passages utilisés il y a trente ans ne sont aujourd'hui plus praticables, notamment à cause du retrait des glaciers, que ce soit par perte d'épaisseur ou de longueur. Ce phénomène entraîne parfois des écroulements ou des éboulements, rendant certains passages à flanc de coteau impraticables. On observe également des glissements de terrain qui peuvent interdire certaines voies, ou nous pousser à les contourner.
Cette évolution touche aussi bien les professionnels que les amateurs. La classification des sentiers reste liée à leur difficulté technique, et non aux dangers naturels. C'est donc à chaque pratiquant d'évaluer les dangers, sauf en cas de menace manifeste où l'accès est modifié, voire fermé. L'information et la prévention jouent un rôle essentiel, mais comprendre les dynamiques naturelles demande du temps et de l'expérience.
Que ressentez-vous personnellement face à ces changements?
La montagne impose humilité et respect. Randonneurs comme alpinistes ont de la chance, on n'est pas souvent contraints d'annuler une sortie. Par contre, il faut savoir s'adapter, et modifier son itinéraire si nécessaire. Mon conseil, c'est de ne pas avoir que l'objectif initial en tête, mais vivre une belle expérience, quel que soit le sommet.
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