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Un hommage, haut dans les nuages

Un hommage, haut dans les nuages

La Presse3 days ago
Des gorges nouées, des sanglots étouffés, des yeux pleins d'eau, mais aussi bien des souvenirs heureux et des rires ont marqué l'hommage national rendu mardi à Serge Fiori, l'âme du groupe Harmonium, mort le 24 juin dernier. Aérienne, poétique, politique aussi, la cérémonie fut empreinte d'une grandeur toute simple, à l'image de l'homme décrit par ses proches.
Il y a de toute évidence deux Serge Fiori. Il y a d'abord l'idole de plus d'une génération, de ceux qui avaient 15 ou 20 ans surtout au milieu des années 1970 et qui ont pris leur envol en écoutant les chansons d'Harmonium. Il y a aussi l'homme sensible, aussi chaleureux que son rire, mais miné par l'anxiété, qui a vécu l'essentiel de sa vie dans la discrétion plutôt que sous les feux de la rampe.
Il ne pouvait plus se défiler, mardi. La lumière bleutée qui a enveloppé la scène de la salle Wilfrid-Pelletier était toute pour lui. Enfin, presque toute pour lui, puisque de nombreux amis, artistes de la chanson pour la plupart, se sont succédé sur scène au cours d'une touchante cérémonie de près de deux heures.
Sa présence s'incarnait dans deux objets placés à l'avant-scène, à proximité d'une gerbe de fleurs blanches : l'urne renfermant ses cendres et une guitare acoustique, son instrument de prédilection. Non loin en arrière, un drapeau du Québec.
PHOTO CHRISTINNE MUSCHI, LA PRESSE CANADIENNE
L'urne renfermant les cendres de Serge Fiori
Le drapeau était là pour souligner le caractère officiel de la cérémonie, à laquelle assistaient bien sûr le premier ministre François Legault et plusieurs autres politiciens, mais rappelait aussi que Serge Fiori était et a toujours été un indépendantiste convaincu.
« Tu nous auras quittés avec cette immense soif de liberté politique pour le Québec. Tu n'avais jamais accepté qu'on se dise non. On va s'en souvenir », a d'ailleurs promis l'ancien maire de Québec Régis Labeaume, devenu ami par hasard et sur le tard avec le chanteur d'Harmonium.
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Les convictions indépendantistes de Serge Fiori ont aussi été soulignées par Biz (Loco Locass), qui a également rappelé son refus catégorique — et coûteux — de chanter en anglais. Normand Brathwaite a quant à lui évoqué une conversation avec le chanteur à l'occasion de laquelle ils se désolaient de voir des artistes d'ici passer à l'anglais dans les refrains de leurs chansons en français. « On devrait peut-être avoir une petite pensée pour Serge qui a plus de courage que bien des Québécois », a-t-il ajouté.
Une forte fragilité
Serge Grimaux, qui fut gérant et surtout ami de Serge Fiori, a été le premier à prendre la parole. Après l'avoir cédée brièvement à François Legault, qui a souligné notamment la contribution exceptionnelle du disparu à la société québécoise, il l'a reprise, parlant de son ami comme d'un être dont la fragilité devenait une force lorsqu'il se mettait à la musique. « Ta guitare sonnait comme une cathédrale », a-t-il dit.
Peu après, alors que Luc Picard évoquait la voix si particulière de Serge Fiori, à la fois si singulière et si familière dès la première écoute, un cortège de guitaristes est apparu sur scène. Menés par Richard Séguin, qui a signé avec Fiori l'album Deux cents nuits à l'heure, on a vite reconnu Michel Rivard, Paul Piché, Gilles Valiquette, Vincent Vallières, Marc Pérusse et puis un jeunot, qui est plus acteur que musicien, Henri Picard, héros d'une anecdote racontée par son père.
PHOTO CHRISTINNE MUSCHI, LA PRESSE CANADIENNE
Luc Picard
Luc Picard notamment parlé de ce qu'il y avait de beau dans la fragilité et dans la sincérité de Serge Fiori, qu'il a décrit comme « un être humain non pas armé de musique, mais déshabillé par elle ». À la fin de son allocution poétique et enflammée, le comédien s'est exclamé : « Les amis, les miracles se peuvent : Harmonium ! »
Ce qu'on avait deviné dans la pénombre est en effet advenu : côté jardin, Louis Valois, Monique Fauteux, Serge Locat, Libert Subirana et Pierre Daigneault, qui furent tous de l'aventure d'Harmonium, s'étaient glissés derrière leurs instruments. Ensemble, ils ont interprété Histoire sans paroles, avec Paul Picard (de Maneige) à la batterie et la participation de Judi Richards au chant.
Ce fut le premier de plusieurs moments musicaux extrêmement touchants, offerts aux milliers de personnes venues dire au revoir à Serge Fiori. La salle Wilfrid-Pelletier était, comme on s'en doute, au maximum de capacité. Avant de s'installer tout au fond, on avait notamment croisé Luc Plamondon, Louise Latraverse, Marie Michèle Desrosiers et Pierre Huet de Beau Dommage et bien d'autres visages connus.
Ceux qui ont défilé sur scène l'étaient tout autant. On a eu le bonheur d'entendre Richard Séguin entonner Ça fait du bien, chanson emblématique de son album en duo avec Fiori. On a versé une larme avec Louis Valois, qui a évoqué l'ami de ses 20 ans. « Ta voix était extraordinaire. Ton rêve était fou, a-t-il dit avec tendresse. Tu as porté haut l'amour de ta génération. » On a frissonné en écoutant Monique Fauteux chanter Le corridor, chanson qui dit « vivre, c'est mourir quand il le faut… »
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Des mots et des musiques émouvants
Ce genre d'évènement n'a évidemment rien d'un concours, mais il faut tout de même souligner le mot particulièrement émouvant de Michel Rivard. Il était bien sûr plein d'humour et d'esprit, mais surtout d'une tendresse immense. « La musique était notre terrain de jeu. La chanson était notre outil. Notre projet », a-t-il dit, la voix brisée par l'émotion.
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Puis, après avoir repris contenance et souligné le côté bordélique de Serge Fiori, il a ajouté : « Quand tu nous racontais L'heptade, je ne comprenais pas tout, tout, tout. Il suffisait que tu la chantes pour qu'on te suive n'importe où. »
Il ne fut pas le seul à mêler rire et sanglots. Régis Labeaume a aussi oscillé entre ces deux pôles en racontant cette amitié aussi inattendue que tardive dans sa vie. « Fiori, je m'ennuie, a-t-il dit, mais surtout, je t'aime. »
Et c'est l'une des choses qui étaient belles dans cette cérémonie : elle n'a pas été portée seulement par des gens qui racontaient Serge Fiori au passé, mais surtout au présent.
Dans les liens visiblement nombreux qu'il entretenait autant avec Michel Barrette que Normand Brathwaite. Des gens qui l'avaient d'abord admiré, souvent, et qui avaient découvert l'homme rieur et la personne attachante qu'il était en privé.
Ce fut aussi une très belle plongée dans son œuvre puisque, au cours de la cérémonie, on a pu entendre plusieurs chansons d'Harmonium. Philippe Brach a chanté Chanson noire. Marie-Pierre Arthur a porté Depuis l'automne. Vers la fin, Klô Pelgag a bellement élevé Comme un sage, morceau aussi entendu en début de cérémonie dans une version mettant en valeur la voix toute nue de Serge Fiori.
PHOTO GRAHAM HUGHES, LA PRESSE CANADIENNE
Philippe Brach
La cérémonie s'est terminée sur l'évocation du dernier projet musical de l'âme d'Harmonium : une version de sa chanson Un musicien parmi tant d'autres chantée dans les langues des 11 nations autochtones présentes au Québec. C'est Biz qui l'a expliqué, et le projet s'est incarné dans une interprétation en chœur, par tous les participants à l'hommage, avec une participation spéciale de Mathieu Mckenzie, du groupe Maten, qui a glissé une phrase en innu.
Après un clin d'œil préenregistré de Céline Dion, la salle a repris le célèbre air : « Où est allé tout ce monde qui avait quelque chose à raconter, on a mis quelqu'un au monde, on devrait peut-être l'écouter ? » Le chant a persisté pendant de longues minutes, alors que les lumières de la salle s'étaient rallumées et que l'urne et la guitare de Fiori étaient reparties dans les coulisses de l'éternité.
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