
Budget 2026 : François Bayrou, « l'influenceur » inattendu de Matignon
Face à ses alliés récalcitrants et à ses adversaires qui le menacent de censure, sans compter l'appel à « bloquer » le pays à partir du 10 septembre apparu sur les réseaux sociaux, le Premier ministre mise donc tout sur la « communication directe ». Contre toute attente, alors que sa popularité est au plus bas.
« L'idée, c'est de se redonner un peu d'air en passant par-dessus les partis pour communiquer directement avec les gens », décrypte Philippe Moreau Chevrolet, professeur de communication politique à Sciences-po. Quand un lieutenant du président résume : « Pour tuer la fatalité, il n'y a pas 36 000 solutions. Il faut faire un peu de populisme traditionnel et continuer à dramatiser comme un dingue pour que, sous pression de l'opinion, la classe politique revoie un peu son jugement. »
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Dans l'épisode 1 de « FB direct », le nom de son programme, François Bayrou interpelle ainsi directement les Français en les mettant face à cette alternative : « les efforts qu'on choisit » ou « les sacrifices qu'on subit ». « C'est maintenant que ça se joue et c'est vous qui allez décider de cela », enjoint-il dans cette vidéo d'environ huit minutes au côté artisanal. Et de marteler : « Aujourd'hui, il n'y a pas de demain. On ne peut pas repousser à demain quand on a atteint la somme de dettes de, écoutez bien, 3 400 milliards d'euros. » Un petit tacle, au passage. « Tous les responsables partent en vacances, bien méritées. Ce que je ne ferai pas », se rengorge-t-il.
« Mission suicide »
Mais François Bayrou, qui bat des records d'impopularité et de défiance dans les enquêtes d'opinion, a-t-il les moyens de ses ambitions d'influenceur ? « Pour lui, ce n'est que du gain. Il n'est pas populaire, tout le monde pense qu'il est en fin de CDD, que c'est sa dernière rentrée. Il a donc deux solutions. Soit, il se dit c'est foutu. Soit, il se dit foutu pour foutu, je vais jusqu'au bout de la responsabilité et de la pédagogie, analyse un communicant macroniste. Il pourra dire : J'ai alerté. Moi, j'ai fait le maximum. » D'autres se montrent toutefois bien sceptiques. « Il n'a rien à perdre, mais je n'y crois pas », lâche un conseiller ministériel.
Le risque est en effet grand de prêcher dans le désert estival (trois heures après sa mise en ligne, la vidéo de mardi totalisait quelques maigres 8 500 vues sur YouTube). D'autant que les mesures présentées sont massivement rejetées dans les sondages réalisés après sa prise de parole du 15 juillet. « Tout ça est quand même un pari très, très, compliqué. Il va essayer de chercher l'opinion publique, en expliquant l'austérité. Donc, c'est une mission suicide. Mais bon, ça illustre bien la combativité du bonhomme », pointe Philippe Moreau Chevrolet, notant au passage qu'« il va concurrencer le président » sur le terrain de « l'adresse au peuple ».
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