
Le PLR accuse les Verts de vouloir «faire souffrir» les Suisses
Les conseillers nationaux valaisans Philippe Nantermod (PLR) et Christophe Clivaz (Vert).
Anthony Anex-Alessandro Della Valle-Keystone
En bref:
Le PLR a fait transpirer les Verts en fin de semaine dernière. Dans un communiqué publié vendredi, les libéraux-radicaux accusent les écologistes de militer pour l'interdiction de la climatisation dans plusieurs cantons. Ils citent au passage l'exemple de Genève, où les conditions sont très strictes en matière de «climatiseurs de confort», jusqu'à devoir présenter un certificat médical pour justifier de la nécessité de l'installation.
Le PLR voit dans ces restrictions le «symbole d'une bureaucratie déconnectée de la réalité» et une politique volontairement punitive qui met en danger les plus vulnérables. «Fake news», répondent les Verts, tout en déplorant les «solutions court-termistes» de la droite face au réchauffement climatique. Focus sur les arguments des deux camps avec les conseillers nationaux valaisans Philippe Nantermod (PLR) et Christophe Clivaz (Les Verts). Philippe Nantermod: «Planter des arbres, c'est bien, mais c'est aujourd'hui que les gens ont chaud»
Les Verts se défendent de prôner une interdiction pure et simple. Vous mentez?
Ils n'utilisent pas le mot «interdiction», mais quand vous écoutez les interventions de certains députés au Grand Conseil genevois, qui demandent des comptes sur le nombre d'installations et tentent de les limiter au maximum, cela revient à interdire. Dans les faits, ils tolèrent uniquement la climatisation dans les lieux où c'est moralement acceptable, notamment les hôpitaux. Comme eux, nous prônons d'autres méthodes, y compris naturelles, mais nous pensons qu'elles ne sont pas incompatibles avec la climatisation. Au contraire, elles sont complémentaires. D'ailleurs, tout le monde n'a pas les possibilités financières ou techniques de faire isoler le bâtiment dans lequel il vit. Au passage, je constate que ce sont en général des municipalités de gauche qui s'opposent aux bâtiments hauts, créateurs de zones ombragées, ou qui font des ôdes au béton en plein centre-ville.
Vous pensez vraiment que les écologistes cherchent à punir les Suisses?
Les Verts adoptent une approche rédemptrice, comme s'il fallait interdire la climatisation pour que les Suisses souffrent parce qu'ils sont en partie responsables du réchauffement climatique. Il n'y a qu'en Europe que l'on s'impose ce genre de réflexions. Nous pouvons discuter de ce que la Suisse fait ou pas pour réduire ses émissions de CO2, mais la réalité, c'est qu'aucun modèle ne prévoit une baisse des températures dans le futur. Il faut donc une réponse directe aux canicules. Planter des arbres, c'est bien, mais ils ne poussent pas en trois mois. Or, c'est aujourd'hui que les gens ont chaud.
Vos opposants vous reprochent justement une vision court-termiste.
C'est objectivement faux de prétendre que la climatisation va aggraver le réchauffement climatique. En Suisse, elle fonctionne grâce à l'hydraulique, au nucléaire et au solaire. Il y a aussi de nouvelles méthodes avec moins de gaz réfrigérants. Alors, oui, ça évacue la chaleur vers l'extérieur et le risque, lorsque tout le monde l'utilise en même temps, c'est d'augmenter la température de 0,5 degré en centre-ville. Mais nous parlons de très courtes périodes durant lesquelles les gens ne s'éternisent pas nécessairement dans les rues. Ça n'a rien à voir avec l'utilisation continue des radiateurs en hiver. Pour autant, est-ce qu'on imaginerait interdire le chauffage lorsqu'il fait froid? Christophe Clivaz: «Nous n'allons pas laisser mourir les gens dans les hôpitaux»
Vous avez réagi au communiqué du PLR sur les réseaux sociaux. Qu'est-ce qui vous a fait bondir?
La façon de faire me dérange. Le PLR use d'exagérations, voire de mensonges afin de faire passer les Verts pour des ayatollahs. M. Nantermod pointe du doigt l'une de mes interpellations de 2022 alors qu'elle concernait les climatiseurs mobiles et que le mot «interdiction» n'y figure pas. Tout simplement parce que ce n'est pas la volonté des Verts. Ce que nous disons, c'est qu'une généralisation de la climatisation mécanique est une «maladaptation» qui va répondre à un problème, le réchauffement climatique, en l'accentuant. Je regrette qu'il soit devenu si difficile de discuter de manière apaisée et documentée et que certains cherchent à combler le creux de l'été par des attaques déplacées.
Qu'est-ce qui est acceptable en matière de climatisation?
En plus de la végétalisation, qui offre une climatisation naturelle, il faut utiliser les moyens passifs, par exemple la ventilation et l'isolation, tout en conservant des climatiseurs dans les lieux où il n'y a pas d'autres solutions. Nous n'allons pas laisser mourir les gens dans les hôpitaux ou infliger des salles de classe à 35 degrés aux enfants, c'est évident. Pour le PLR, la climatisation est forcément mécanique, c'est-à-dire que l'on refroidit un endroit en expulsant la chaleur vers l'extérieur. Bien sûr que ça améliore la qualité de vie, mais uniquement de celui qui l'utilise! À l'extérieur, les cyclistes et les piétons doivent en supporter les conséquences. En parlant de climatisation acceptable, il serait bien de la chiffrer. Est-ce que c'est 25 degrés? 28 degrés?
Le PLR souligne que les climatiseurs «fonctionnent à l'électricité neutre en CO2» et que le nombre restreint d'installations n'est pas de nature à aggraver les pics de chaleur.
Aujourd'hui, c'est vrai, mais demain? C'est justement pour ça que nous refusons une généralisation. Si le nombre de climatiseurs devait augmenter, il faudrait voir à quel point la hausse de consommation d'énergie propre entraînerait un report d'autres secteurs vers les énergies fossiles. Mais je me réjouis de constater que le PLR réaffirme, dans son communiqué, son engagement vers «l'objectif du zéro net». Jusqu'ici, à Berne, j'ai plutôt constaté que la droite avait une posture résignée et que nous travaillions sur des mesures d'adaptations au réchauffement climatique plutôt que sur de véritables objectifs de réduction des émissions.
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Une tempête démocratique se prépare contre les éoliennes en Suisse
Avis de tempête sur les parcs éoliens. Deux initiatives populaires fédérales visant à freiner leur extension sont à bout touchant. Publié aujourd'hui à 17h21 Les éoliennes pourraient être encore plus freinées dans leur lancée. ADRIAN MOSER En bref: Berne veut mettre le turbo sur les éoliennes. L'énergie fait partie du paquet vert devant aider la Suisse à sortir du fossile. Une accélération des procédures – qui durent parfois des années en raison des oppositions – pour les installations d'intérêt national est également en cours d'élaboration. Cet élan pourrait toutefois se heurter à un obstacle de taille. Deux initiatives fédérales visant à restreindre l'expansion de ces moulins à vent modernes sont à bout touchant. Elles affichent chacune plus de 120'000 paraphes au compteur et devraient être déposées vendredi 25 juillet à la Chancellerie fédérale. Pas d'éoliennes en forêt La première veut interdire la construction des éoliennes dans les forêts et les pâturages boisés denses ou à moins de 150 mètres. «Les lisières sont tout aussi importantes que les forêts, si ce n'est plus, pour la biodiversité, explique Elias Vogt, président de Paysage Libre Suisse à l'origine des textes. Or beaucoup d'éoliennes sont planifiées dans les forêts. C'est le cas, par exemple, de 96 des 100 éoliennes prévues dans le canton de Zurich.» Pour l'entrepreneur, il existe suffisamment de crêtes sans arbres pour construire ces installations. «Il y a aussi un immense potentiel dans les plaines ou sur de petites collines. Pas besoin d'empiéter sur les forêts.» Et de donner en exemple le projet de parc éolien de La Joux-du-Plâne (NE), derrière le Chasseral où il tient son hôtel, ou celui du col du Gothard, au Tessin. Elias Vogt, président de Paysage Libre Suisse. ADRIAN MOSER Le deuxième texte exige l'approbation des éoliennes par les populations des communes d'implantation et limitrophes impactées. «En Suisse alémanique, les cantons suppriment de plus en plus ce droit des communes, relève le jeune homme de 29 ans. L'Exécutif de Saint-Gall a pris une telle décision il y a moins de huit mois. C'est inacceptable dans un État démocratique.» Les initiatives, si elles sont approuvées par le peuple et la majorité des cantons, auront un effet rétroactif au 1er mai 2024. Les constructions réalisées après cette date devront être démantelées aux frais des commanditaires si elles ont été érigées en forêt ou si elles n'obtiennent pas le feu vert du peuple dans les autres régions. Les projets déjà approuvés de La Joux-du-Plâne, du Crêt-Meuron, de Montperreux et de Montagne de Buttes , dans le canton de Neuchâtel, sont cependant exemptés: ils ne repasseront pas par les urnes. Biodiversité préservée en Suisse Pour l'instant, aucune grande organisation ni grand parti n'a soutenu ces textes. Pas même les Verts, dont la protection des animaux et de la nature est au cœur des revendications. Ni l'UDC, qui a pris en grippe les énergies renouvelables et pousse pour rouvrir la porte du nucléaire. «La biodiversité est déjà protégée et le restera, souligne Lisa Mazzone, présidente des Verts. Toutes les cautèles ont été prises pour s'en assurer dans la nouvelle loi sur l'électricité (ndlr: approuvée dans les urnes en juin 2024) . Les éoliennes ne pourront être construites que dans des zones forestières déjà exploitées avec des routes d'accès et qui ont peu de valeur en termes de biodiversité.» Quant à l'argument des éoliennes tueuses d'oiseaux, elle rappelle que les routes sont nettement plus dangereuses pour la faune. «Et puis, le choix des lieux veille à les protéger.» Lisa Mazzone, présidente des Verts. J-P GUINNARD Pour la Genevoise, les initiants avancent des arguments prétextes, voire fallacieux pour arriver à leur fin. «Ils veulent en réalité empêcher purement et simplement la construction d'éoliennes. Le potentiel de l'éolien est restreint en Suisse. On parle de 200 à 300 éoliennes et non pas de 1000, comme les initiants le prétendent. Tirer un trait dessus reviendrait à compromettre l'approvisionnement sûr et durable en électricité et à accroître notre dépendance face aux importations fossiles de l'étranger.» Pesée d'intérêts autour des éoliennes À l'autre bout de l'échiquier politique, Nicolas Kolly (UDC/FR) se dit contre toute interdiction de principe. «On ne fait pas d'omelettes sans casser d'œufs. Toute infrastructure énergétique a un impact sur le paysage, sur la biodiversité ou l'économie. Il faut avant toute chose peser les pour et les contre, et voir si les avantages l'emportent sur les inconvénients. 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Plus au nord, dans le land de Rhénanie-Palatinat, où des éoliennes ont également trouvé leur place en pleine forêt, l'expérience a montré que les chevreuils, lapins, renards et perdrix s'habituent aux pales en rotation, fait encore valoir aeesuisse. L'éolienne est certes une source de perturbation, mais ces animaux comprendraient rapidement qu'elle n'est pas menaçante. Sur les éoliennes Newsletter «Dernières nouvelles» Vous voulez rester au top de l'info? «24 heures» vous propose deux rendez-vous par jour, pour ne rien rater de ce qui se passe dans votre Canton, en Suisse ou dans le monde. Autres newsletters Delphine Gasche est correspondante parlementaire à Berne depuis mai 2023. Spécialisée en politique, elle couvre avant tout l'actualité fédérale. Auparavant, elle a travaillé pendant sept ans pour l'agence de presse nationale (Keystone-ATS) au sein des rubriques internationale, nationale et politique. Plus d'infos Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.


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Cette plage à Genève doit fermer à cause de cyanobactéries
La baignade est interdite à cet endroit jusqu'à nouvel avis. Les cyanobactéries peuvent produire des toxines dangereuses pour la santé. Publié: 16.07.2025, 14h12 Une prolifération d'algues potentiellement toxique, ici à Lausanne. VANESSA CARDOSO/ 24HEURES. En bref: Jusqu'à nouvel ordre, il est interdit de se baigner à la plage de La Plaine, située dans la commune de Dardagny. Le service du médecin cantonal a prononcé ce 16 juillet une fermeture temporaire du lieu, en raison de la présence de cyanobactéries dans l'eau. Des cyanobactéries excèdent le seuil de 20'000 cellules par millilitre recommandé par l'OMS pour les eaux de baignade, font savoir le Département de la santé et celui du territoire. «Les fortes chaleurs de ces dernières semaines, ainsi que le fait que l'étang de baignade soit peu profond et que l'eau y stagne, peuvent expliquer le fort développement de cyanobactéries», précise un communiqué. Dangereuses pour la santé Ces toxines représentent un danger pour la santé lorsqu'on les avale, qu'on entre en contact direct avec elles (par exemple en nageant dans une eau contaminée) ou qu'on les respire. Côté symptômes, elles peuvent toucher la peau, provoquer des troubles digestifs, ou causer des symptômes qui ressemblent à une grippe, des maux de tête ou des vertiges. Elles sont particulièrement dangereuses pour les jeunes enfants et les animaux de compagnie. En cas de suspicion d'observation de cyanobactéries, les autorités recommandent de contacter le Service d'incendie et de secours au 118. Et en cas d'intoxication humaine ou animale, il faut immédiatement contacter le 144 ou son vétérinaire traitant. Quand la plage sera-t-elle à nouveau accessible? Difficile à dire. Un suivi hebdomadaire de la qualité sanitaire de l'eau est mis en place par l'Office cantonal de l'eau. Lorsque la situation sera revenue à la normale, l'interdiction pourra être levée. Nos articles sur les cyanobactéries Newsletter «La semaine genevoise» Découvrez l'essentiel de l'actualité du canton de Genève, chaque semaine dans votre boîte mail. Autres newsletters Emilien Ghidoni est journaliste à la Tribune de Genève depuis août 2022. Il couvre en particulier les questions de mobilité et la commune de Vernier. Il est titulaire d'un Master en journalisme à l'Académie du journalisme et des médias à l'Université de Neuchâtel et d'un Bachelor en relations internationales. Il a suivi une formation complémentaire sur les mouvements politiques radicaux. Plus d'infos @emilien_ghidoni Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.


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5 hours ago
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Cagoule ou voile intégral: après six mois, la loi antiburqa n'a puni presque personne
Depuis le 1er janvier, il est interdit de se dissimuler le visage en public. Si l'initiative avait suscité un large débat, son application semble vaine. Publié aujourd'hui à 13h58 À Genève, une affiche détériorée pour l'initiative populaire «Oui à l'interdiction de se dissimuler le visage». Laurent Guiraud/ Tamedia En bref: Cela restera comme l'une des votations les plus émotionnelles de ces dix dernières années en Suisse. Le 7 mars 2021 , la majorité du peuple et des cantons acceptait l'initiative «Oui à l'interdiction de se dissimuler le visage». Même si le texte – lancé par des milieux proches de l'UDC – concernait aussi les hooligans encagoulés, la campagne avait surtout porté sur la question du voile intégral et des craintes suscitées par une certaine vision de l'islam. Raison pour laquelle on parlait à l'époque d'initiative «antiburqa». 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La police bernoise précise quant à elle «qu'il n'y a pratiquement pas eu d'amendes à ce sujet jusqu'à présent». À Bâle, aucune donnée n'est communiquée, la police ne faisant pas de distinction entre les amendes d'ordre. Quant au canton de Zurich, son service de presse refuse de nous communiquer les derniers chiffres, étant donné qu'une intervention parlementaire est en cours. En avril, la Ville de Zurich ne dénombrait toutefois que quatre contraventions. Et dans tous ces exemples, impossible de faire la distinction entre des personnes encagoulées ou voilées intégralement. Des touristes arabes traversent la rue à Lucerne. L'image date d'avant la votation. Urs Jaudas Ces chiffres sont-ils étonnants? Pas tant que cela. Lors de la campagne de votation, le Conseil fédéral rappelait déjà que le problème de la burqa était marginal en Suisse, et concernait principalement des touristes du golfe arabique. Il faut dire que la Suisse a une expérience en la matière. Le Tessin et Saint-Gall connaissent depuis 2016 et 2019 des législations cantonales similaires. Or, Saint-Gall nous indique n'avoir infligé aucune amende à ce jour. Quant au Tessin, canton touristique , le problème semble s'être réglé de lui-même. Ce qui laisse envisager un effet dissuasif. «Entre 2016 et 2020, 60 amendes ont été délivrées pour dissimulation du visage, précise la police cantonale. Parmi celles-ci, 32 concernaient des personnes liées au hooliganisme, tandis que 28 concernaient des personnes au visage voilé. Depuis 2020, le Département des institutions n'a plus reçu d'informations de la part des polices municipales, compétentes en la matière.» La défense des valeurs judéo-chrétiennes en Suisse Face à cette quasi-absence de cas, faut-il se résoudre à constater que cette loi n'en vaut pas la peine? Jacqueline de Quattro (PLR/VD), ancienne conseillère d'État chargée de la Sécurité, a soutenu l'initiative. Pour elle, la discussion ne doit pas être posée en ces termes. «La volonté populaire était claire lors du vote de 2021. Aussi bien la majorité de la population que celle des cantons a voté en faveur de cette initiative pour préserver nos valeurs judéo-chrétiennes. Il s'agit désormais de respecter cette volonté populaire, et pour le faire, il faut appliquer la loi.» La Vaudoise n'est pas la seule à s'interroger sur la façon dont les forces de l'ordre sanctionnent cette infraction. L'intervention parlementaire en cours de traitement dans le canton de Zurich est précisément liée à ce thème. Les deux élus UDC qui l'ont déposée veulent savoir comment l'interdiction de se dissimuler le visage est appliquée, et si certaines personnes utilisent des masques d'hygiène pour la contourner. Il est en effet possible d'avoir le visage couvert pour des raisons sanitaires. Aucun bilan officiel au niveau suisse Cette question de l'application de la loi, nous l'avons posée à la Conférence des commandants des polices cantonales. Nous lui avons aussi demandé ce qu'elle pensait des résultats après six mois. Cette dernière botte en touche: «Aucune statistique n'est disponible au niveau suisse. En conséquence, aucun bilan n'est prévu de notre part.» Jean Tschopp, conseiller national (PS/VD): «L'UDC et ses alliés ont réussi à en faire des tonnes avec une initiative dont on savait dès le départ qu'elle ne résoudrait rien.» Adrian Moser Du côté des opposants à l'initiative antiburqa, cette poignée de cas enregistrée était attendue. «Ce que ces chiffres montrent, c'est que l'UDC et ses alliés ont réussi à en faire des tonnes avec une initiative dont on savait dès le départ qu'elle ne résoudrait rien, réagit Jean Tschopp (PS/VD). Les personnes qui portent le voile intégral sont une partie infime de la population qui vit en Suisse.» Membre de la Commission des institutions politiques, il poursuit: «Aujourd'hui, il ne s'agit pas de refaire tout le débat. Mais cette affaire doit nous rappeler la capacité de ce parti à exagérer – à des fins électorales – des problèmes pratiquement inexistants pour nous détourner de questions bien plus importantes comme la santé ou le pouvoir d'achat.» Plus sur l'interdiction de se dissimuler le visage Newsletter «Dernières nouvelles» Vous voulez rester au top de l'info? «24 heures» vous propose deux rendez-vous par jour, pour ne rien rater de ce qui se passe dans votre Canton, en Suisse ou dans le monde. Autres newsletters Florent Quiquerez est journaliste à la rubrique Suisse depuis 2015. Spécialisé en politique, il couvre avant tout l'actualité fédérale. Auparavant, il a travaillé comme correspondant parlementaire pour les Radios Régionales Romandes. 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