
Au cœur des Cyclades, les plus beaux musées à visiter à Paros
Les Cyclades portent les traces d'un passé prestigieux, remontant à la préhistoire et se prolongeant sans interruption jusqu'à aujourd'hui. Parmi elles, Paros se distingue tout particulièrement grâce à un trésor naturel d'exception : son marbre d'une qualité remarquable, qui a donné naissance à certaines des plus grandes œuvres de la statuaire antique — la Vénus de Milo et la Victoire de Samothrace, toutes deux exposées au Louvre, ou encore l'Hermès de Praxitèle, conservé au musée archéologique d'Olympie. À cela s'ajoutent les célèbres figurines cycladiques dites du Harpiste et du Joueur de flûte, visibles au musée archéologique national d'Athènes.
Ce qui rend le marbre de Paros unique, c'est sa translucidité exceptionnelle : la lumière peut y pénétrer jusqu'à 6 ou 7 centimètres, voire jusqu'à 30 dans certains cas, alors que celui du Pentélique ne dépasse pas 1,5 cm. Ce n'est donc pas un hasard si les Anciens recouvrirent le Parthénon de fines plaques de marbre de Paros, permettant ainsi à la lumière solaire d'entrer dans le temple et de lui conférer une aura presque surnaturelle. Paros a façonné son identité au fil des siècles grâce à ce don niché au cœur de ses entrailles. Une histoire fascinante à découvrir dans les différents musées de l'île.
Le Musée archéologique
Une des salles des sculptures en marbre du musée archéologique de Paros.
Service Presse
Publicité
Principal musée de l'île, le musée archéologique de Paros retrace l'histoire complète de l'archipel à travers des découvertes majeures provenant aussi bien de Paros que d'Antiparos. Il est considéré comme l'un des musées archéologiques les plus importants de Grèce. Ses salles abritent des sculptures datant des époques archaïque et classique, mais aussi une grande diversité d'objets — principalement des céramiques et des œuvres sculptées — couvrant les périodes néolithique, cycladique ancienne, mycénienne, géométrique, archaïque, classique, hellénistique et romaine. Dans l'atrium du musée — comme c'est souvent le cas dans les musées insulaires — sont exposés des sculptures, éléments architecturaux, urnes funéraires et sols en mosaïque datant de l'époque romaine. On y trouve également des mosaïques provenant de la Panagia Ekatontapiliani, l'église historique de Parikia, véritable emblème de l'île. Parmi les pièces majeures de la collection, la statue en marbre de Gorgô, célèbre Méduse capable de pétrifier d'un regard, attire tous les regards. Haute de 1,35 mètre et presque parfaitement conservée, elle a été découverte en 1993 dans un ancien édifice public de Parikia. Elle date du milieu du VIe siècle av. J.-C.
Horaires d'ouverture : tous les jours sauf le mardi (8h30–15h30), tél. : +30 22840 21231.
Le Musée byzantin
Le musée byzantin est situé dans l'enceinte de l'église Ekatontapiliani, à Parikia.
iStock
Le musée ecclésiastique de Paros est situé dans le quartier d'Ekatontapiliani, à Parikia. Il présente une collection d'icônes rares des XVIIe et XVIIIe siècles, d'objets liturgiques, ainsi que de précieuses reliques témoignant de l'histoire post-byzantine de l'île. La création de la collection remonte à la fin du XIXe siècle, à l'initiative de l'archimandrite Georges Phil. Skaramagas (1867–1944), alors curé d'Ekatontapiliani. Dans un premier temps, elle réunissait des œuvres conservées dans l'église depuis des siècles, ainsi que des objets collectés dans d'autres lieux de culte de Parikia. Ce n'est qu'en 1996, à l'occasion de la célébration des 17 siècles d'Ekatontapiliani, que le musée a été installé dans ses nouveaux locaux : trois espaces unifiés situés au rez-de-chaussée du complexe monastique, dans le coin sud-ouest de l'ancien bâtiment qui abritait autrefois des classes de l'école primaire. Le musée occupe désormais une chapelle et deux salles attenantes, dans lesquelles sont exposées les pièces les mieux conservées.
Dans la première et plus grande salle, on peut admirer principalement des icônes. La chapelle accueille des sculptures en bois, tandis que la troisième salle abrite des vêtements liturgiques, des boucles, d'autres objets de culte, ainsi qu'une impressionnante épitaphe en bois sculptée provenant d'Ekatontapiliani. Deux vitrines présentent également quelques pièces d'orfèvrerie. Le reste de la collection, conservé dans une cellule du monastère, attend d'être mis en valeur dans le cadre d'une future extension. Le musée continue d'enrichir ses fonds grâce à de nouvelles acquisitions et à des dons. Enfin, au-delà de ces salles d'exposition, c'est l'église d'Ekatontapiliani elle-même qui constitue un chef-d'œuvre patrimonial à part entière. Véritable joyau byzantin, elle reste au cœur de la vie spirituelle locale, notamment lors de la grande fête de l'Assomption, célébrée chaque 15 août avec ferveur par les habitants de Paros.
Horaires d'ouverture : ouvert tous les jours en été, tél. : +30 22840 21243.
Les autres musées
Une des salles du musée de la Sculpture «Nikos Perantinos».
Service Presse
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Outre ses deux musées principaux, Paros abrite également plusieurs musées plus modestes, d'orientation folklorique ou dédiés à des artistes particuliers. Parmi eux, le Musée de la Sculpture «Nikos Perantinos», situé sur les hauteurs de Marpissa, à l'est de l'île, mérite une visite. Diplômé de l'École des Beaux-Arts et formé à Paris, Nikos Perantinos fut sculpteur attitré du Musée archéologique national. Il réalisa d'importantes restaurations de sculptures antiques et reçut de nombreuses distinctions pour son œuvre. En 1964, à son retour de France, il fonda un atelier de sculpture sur marbre à Agia Anna, à Paros, dans le but de faire perdurer la tradition sculpturale de l'île. Cet atelier est resté ouvert à tous les passionnés d'art. Aujourd'hui, le musée qui lui est dédié est installé dans un élégant bâtiment néoclassique rénové, où ses sculptures sont exposées dans cinq grandes salles.
Agia Anna, Parikia, tél. : +30 22840 23851
Dans le quartier animé de Naoussa, sur la place principale, se trouve le Musée historique et folklorique de Paros, qui présente la collection personnelle du docteur Othon Kaparis, figure respectée et populaire de l'île. Cette collection, d'un grand éclectisme, comprend des objets archéologiques provenant de l'acropole mycénienne de Koukounaries, des pièces de monnaie anciennes, des cartes, des objets du quotidien des agriculteurs pariens, du matériel nautique, des livres d'histoire, et bien plus encore. Une riche collection de photographies de Naoussa dans les années 1950, prises par Kaparis lui-même, complète l'ensemble.
À Aliki, le Musée du Folklore Cycladique, fondé par Benetos Skiadas, présente une collection miniature remarquable : une flotte de maquettes fidèles de navires de guerre, bateaux de commerce, embarcations traditionnelles, ainsi que des reproductions de monuments emblématiques des Cyclades et d'objets de la vie quotidienne. Fruit de 30 ans de travail minutieux et passionné, ce musée est un bel hommage à la mémoire et à la culture cycladiques. Dans sa cour, on peut admirer des réalisations impressionnantes telles que le monastère de Panagia Chozoviotissa à Amorgos, le légendaire destroyer Elli, le phare d'Andros, ou encore la grotte d'Antiparos. Paros est un musée à ciel ouvert, qui a su préserver intacte une grande part de son histoire et de son art de vivre. Il suffit d'arpenter ses villages, ses rues, ses places, ses églises, ses monastères et ses enceintes pour percevoir les traces vivantes du passé — non seulement sauvegardées à travers les siècles, mais toujours bien ancrées dans le quotidien des habitants.
Pour tout ce qu'il faut savoir sur le séjour, la cuisine, les sorties et les lieux à découvrir à Paros, c'est ici.
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Ce qui rend le marbre de Paros unique, c'est sa translucidité exceptionnelle : la lumière peut y pénétrer jusqu'à 6 ou 7 centimètres, voire jusqu'à 30 dans certains cas, alors que celui du Pentélique ne dépasse pas 1,5 cm. Ce n'est donc pas un hasard si les Anciens recouvrirent le Parthénon de fines plaques de marbre de Paros, permettant ainsi à la lumière solaire d'entrer dans le temple et de lui conférer une aura presque surnaturelle. Paros a façonné son identité au fil des siècles grâce à ce don niché au cœur de ses entrailles. Une histoire fascinante à découvrir dans les différents musées de l'île. Le Musée archéologique Une des salles des sculptures en marbre du musée archéologique de Paros. Service Presse Publicité Principal musée de l'île, le musée archéologique de Paros retrace l'histoire complète de l'archipel à travers des découvertes majeures provenant aussi bien de Paros que d'Antiparos. Il est considéré comme l'un des musées archéologiques les plus importants de Grèce. Ses salles abritent des sculptures datant des époques archaïque et classique, mais aussi une grande diversité d'objets — principalement des céramiques et des œuvres sculptées — couvrant les périodes néolithique, cycladique ancienne, mycénienne, géométrique, archaïque, classique, hellénistique et romaine. Dans l'atrium du musée — comme c'est souvent le cas dans les musées insulaires — sont exposés des sculptures, éléments architecturaux, urnes funéraires et sols en mosaïque datant de l'époque romaine. On y trouve également des mosaïques provenant de la Panagia Ekatontapiliani, l'église historique de Parikia, véritable emblème de l'île. Parmi les pièces majeures de la collection, la statue en marbre de Gorgô, célèbre Méduse capable de pétrifier d'un regard, attire tous les regards. Haute de 1,35 mètre et presque parfaitement conservée, elle a été découverte en 1993 dans un ancien édifice public de Parikia. Elle date du milieu du VIe siècle av. J.-C. 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Ce n'est qu'en 1996, à l'occasion de la célébration des 17 siècles d'Ekatontapiliani, que le musée a été installé dans ses nouveaux locaux : trois espaces unifiés situés au rez-de-chaussée du complexe monastique, dans le coin sud-ouest de l'ancien bâtiment qui abritait autrefois des classes de l'école primaire. Le musée occupe désormais une chapelle et deux salles attenantes, dans lesquelles sont exposées les pièces les mieux conservées. Dans la première et plus grande salle, on peut admirer principalement des icônes. La chapelle accueille des sculptures en bois, tandis que la troisième salle abrite des vêtements liturgiques, des boucles, d'autres objets de culte, ainsi qu'une impressionnante épitaphe en bois sculptée provenant d'Ekatontapiliani. Deux vitrines présentent également quelques pièces d'orfèvrerie. Le reste de la collection, conservé dans une cellule du monastère, attend d'être mis en valeur dans le cadre d'une future extension. 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- Le Figaro
Les commerçants du Caire frustrés par le énième report de l'inauguration du Grand Musée Égyptien
Après plus de vingt ans de travaux, l'ouverture de l'institution archéologique, située près des grandes pyramides est une nouvelle fois ajournée, cette fois en raison des tensions géopolitiques qui secouent la région. «J'avais tout misé sur cette ouverture», déplore Mona dans sa boutique de souvenirs au Caire. Après s'être préparé des mois pour l'inauguration du Grand Musée Égyptien (GEM), prévue en juillet, des professionnels du tourisme rongent leur frein en raison de son report. Moins de trois semaines avant la grande inauguration, prévue le 3 juillet, les autorités ont annoncé son report pour le dernier trimestre 2025. Une décision prise en raison des tensions géopolitiques régionales et pour pouvoir offrir à l'événement «l'ampleur mondiale qu'il mérite», a justifié le Premier ministre Moustafa Madbouly. À découvrir TV ce soir : retrouver notre sélection du jour Comme d'autres, l'agence de voyages Time Travel se frottait les mains en vue de l'inauguration de ce projet culturel pharaonique destiné, selon les autorités, à attirer jusqu'à 5 millions de visiteurs par an. «Nous avions structuré toute notre offre été-automne autour de l'ouverture du musée», explique Nadine Ahmed, 28 ans, une employée de l'agence. «Entre les annulations de groupes, les remboursements et les modifications de circuits, nous avons perdu plusieurs dizaines de milliers de dollars». À lire aussi Le Grand Musée Égyptien du Caire ouvrira-t-il (vraiment) ses portes un jour ? Publicité Le trésor de Toutankhamon pas encore dévoilé Après plus de vingt ans de travaux, l'ouverture de ce musée dédié à la civilisation pharaonique avait déjà été retardée à plusieurs reprises, en raison notamment de bouleversements politiques, de crises économiques et de la pandémie mondiale. En attendant l'inauguration officielle, le GEM accueille déjà des visiteurs dans plusieurs galeries depuis quelques mois, mais le clou des expositions, le trésor de Toutankhamon, n'a pas encore été dévoilé. Dans sa petite boutique de souvenirs, Mona contemple les bustes de pharaons entassés sur les étagères. «J'ai emprunté pour refaire la devanture, renouveler les stocks et j'ai même commandé des pièces spéciales inspirées des collections du musée», confie à l'AFP cette femme de 43 ans, inquiète de ne pas voir le flux promis de touristes. Mohamed Mamdouh Khattab, commerçant de 38 ans, n'a pas ménagé ses efforts non plus. «L'ouverture du musée, c'est une étape importante. C'est un projet qui aurait dû être lancé depuis longtemps», commente-t-il. Sa famille travaille dans le tourisme depuis les années 1970, et lui-même tient depuis plus de vingt ans un vaste bazar de bijoux artisanaux et de statuettes antiques. Il s'était activement préparé à l'événement officiel: embauches, formations, renouvellement des stocks. À lire aussi Le Grand Egyptian Museum, nouveau joyau du Caire Après des années tumultueuses, les touristes retrouvent l'Égypte en 2025 Après des années plombées par l'instabilité politique des Printemps arabes, puis par une série d'attentats et enfin par la pandémie de Covid-19, le tourisme a cependant repris des couleurs en Égypte: 3,9 millions de visiteurs y ont été accueillis au premier trimestre 2025, soit +25% comparés à la même période en 2024, année déjà record. Dans un atelier de papyrus, la guide touristique Sara Mahmoud, 30 ans, s'impatiente aussi. «Des événements comme le transfert des momies royales (entre deux musées du Caire en 2021) ou l'inauguration de l'Avenue des Sphinx à Louxor (dans le Sud, en 2021) ont attiré une foule immense», rappelle-t-elle. Alors que le tourisme emploie environ 10% de la population active, le nouveau musée, d'un coût de plus d'un milliard de dollars, a été présenté comme un moteur puissant pour ce secteur vital pour l'économie égyptienne. «Toute initiative qui augmente les recettes en devises étrangères a de fortes chances d'avoir un bon retour sur investissement», note Ragui Assaad, professeur d'économie à l'université du Minnesota. «Comparé aux autres méga-projets, souvent peu rentables, celui-ci se distingue», estime-t-il alors que le président Abdel Fattah al-Sissi a lancé depuis son arrivée au pouvoir en 2013 des projets pharaoniques comme la création d'une nouvelle capitale. L'enjeu économique est de taille pour ce pays de plus de 107 millions d'habitants, dont la monnaie a perdu depuis 2022 plus des deux tiers de sa valeur face au dollar, alimentant une inflation vertigineuse. «Il y a eu des jours où je n'ai vendu qu'un seul bracelet», déplore Mona qui a hérité de la boutique de son père et regrette les années où «les touristes arrivaient en masse».