
Un tiens vaut mieux que deux tu l'auras
La section Affaires de La Presse accorde un espace à une lettre d'opinion d'un acteur du monde des affaires. Entrepreneurs et gestionnaires, la parole est à vous.
Benoit Larose
PDG de BIOQuébec
Alors que le Québec s'appuie sur l'innovation pour stimuler sa productivité et diversifier son économie, il est pertinent d'explorer les secteurs émergents. L'avenir se prépare en ouvrant de nouvelles avenues.
Mais dans cette course au renouveau, n'oublions pas ce que nous avons déjà bâti. L'industrie des sciences de la vie et des technologies de la santé (SVTS) constitue un atout éprouvé : elle emploie autant de personnes que l'industrie aérospatiale, mais investit trois fois plus en recherche et développement. Les PME québécoises novatrices et les grandes multinationales y allient science et impact concret pour la santé – ici comme ailleurs.
Récemment, le Québec a perdu une figure marquante de son industrie : Francesco Bellini, cofondateur de BioChem Pharma, s'est éteint à 77 ans. Cette entreprise a mis au point l'Epivir (3TC), un antiviral révolutionnaire contre le VIH/sida et l'hépatite B, utilisé par des millions de patients dans le monde.
Lisez « Francesco Bellini (1947-2025) : Le Québec perd un de ses grands entrepreneurs »
Ce succès rappelle que le Québec sait concevoir des traitements qui changent des vies, pourvu que les innovations bénéficient d'un environnement propice à leur développement.
Il est essentiel que le Québec soit une terre d'accueil pour l'innovation en santé. Qu'il s'agisse de jeunes pousses, d'entreprises en croissance ou de grands groupes établis, tous doivent trouver ici des conditions qui les incitent à investir, à produire et à croître.
Quand financement, capacité industrielle et intégration des innovations dans notre système de santé sont au rendez-vous, c'est l'ensemble de la société qui en profite, tant les patients que l'économie.
Utile aussi pour la défense
Le potentiel est immense. Les avancées en médecine personnalisée, en biologie synthétique et en intelligence artificielle appliquée à la santé ouvrent des horizons nouveaux. À l'heure où le Canada relance une filière de la défense, rappelons que la biodéfense et la sécurité sanitaire reposent fortement sur cette industrie.
Notre autonomie en santé dépend de notre capacité à produire et de notre capacité à détecter les menaces biologiques ou les perturbations des chaînes d'approvisionnement mondiales et à y réagir rapidement.
Soutenir les sciences de la vie, ce n'est pas seulement financer la recherche, c'est bâtir un écosystème complet : favoriser l'accès au capital, encourager l'industrialisation locale, former une main-d'œuvre spécialisée et intégrer l'innovation dans nos établissements de santé.
Le Québec doit explorer de nouvelles avenues, oui. Mais il doit surtout consolider ce qu'il a déjà. Miser sur les sciences de la vie, c'est investir dans un secteur éprouvé.
Un secteur qui prévient, diagnostique, soigne, sauve des vies et alimente notre système de santé en solutions innovantes, tout en générant d'importantes retombées socio-économiques pour le Québec – à condition de lui offrir un accueil et un soutien à la hauteur de ses ambitions.
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La Presse
7 hours ago
- La Presse
Présence d'algues en hausse
Plusieurs lacs au Québec sont aux prises avec des algues bleu-vert, comme au lac Saint-François, en Montérégie. (Québec) Avez-vous remarqué de plus en plus d'algues dans le lac où vous aimez aller pêcher, faire de la planche à pagaie ou devant lequel se trouve votre chalet ? Vous n'êtes pas les seuls et le phénomène risque de prendre de l'ampleur avec les changements climatiques. Une nouvelle étude menée par des chercheurs québécois a analysé 80 lacs au Canada. Leur constat est sans appel : la presque totalité d'entre eux ont vu les algues augmenter et de manière beaucoup plus rapide dans les 50 dernières années. Ces résultats sont inquiétants, car la présence de cyanobactéries ou d'algues bleu-vert dans nos plans d'eau peut affecter la baignade, la présence de poissons ou même rendre l'eau impropre à la consommation. Les chercheurs ont même fait une découverte surprenante. « On constate que les algues augmentent aussi dans des lacs loin de toute activité humaine. Les algues augmentent dans toutes les régions du Canada », note Hamid Ghanbari, auteur principal de l'étude et chercheur postdoctoral à l'Université Laval. PHOTO FOURNIE PAR L'UNIVERSITÉ LAVAL Le chercheur Hamid Ghanbari a utilisé une technologie novatrice pour analyser 80 carottes de sédiments venant d'autant de lacs canadiens. Cette découverte a déconcerté les auteurs. « Généralement, quand on voit une augmentation des algues dans les lacs, ça vient d'un excès de nutriment, de phosphore, etc. » note Yannick Huot, professeur à l'université de Sherbrooke en géomatique appliquée et coauteur de l'étude. Comment expliquer alors que les résultats d'analyse montrent une augmentation des algues même dans des lacs éloignés peu affectés par l'humain ? « C'est un peu l'indice qui nous a amené vers les changements climatiques, car ça nous prenait un effet qui se trouvait partout au Canada même dans les lacs où la quantité de nutriments n'a pas augmenté à cause des humains. C'est là qu'on a regardé les changements climatiques d'un peu plus près », explique le professeur Huot. Les chercheurs ont notamment trouvé que : L'augmentation moyenne de la chlorophylle – un indicateur de la présence d'algues – a été sept fois plus rapide entre 1966 à aujourd'hui que de 1850 à 1966 dans les lacs canadiens ; Entre 1850 et 1966 la présence d'algues a augmenté de manière significative dans 58 % des lacs étudiés, contre 84 % des lacs après 1966 ; Entre 1850 et 1966, seuls 28 % des sites étudiés ont vu la température ambiante augmenter, mais après 1966, les 80 sites étudiés, sauf un, ont vu leur température moyenne augmenter. Les chercheurs concluent donc à une « très forte association » entre la température de l'air ambiant et la présence d'algues dans les lacs. Comment l'expliquer ? Probablement la glace. « On n'a pas la réponse finale. Mais ce qu'on pense, c'est que parce qu'il a fait plus chaud, la période sans glace s'est allongée et c'est ça qui a permis d'avoir une plus longue période pour pousser, avoir des nutriments qui entrent dans les lacs, explique Yannick Huot. Ça reste une hypothèse, mais ça semble la plus logique. » « Il ne faut pas se décourager » Les changements climatiques viennent donc s'ajouter à la longue liste des facteurs qui nuisent aux lacs québécois et participent à leur vieillissement accéléré (eutrophisation). Est-ce décourageant pour les experts sur le terrain ? « Ce n'est pas décourageant. Mais c'est inquiétant. Je pense qu'on doit s'adapter, on n'a pas le choix. On doit travailler à la source pour mieux protéger nos bassins versants, donc nos lacs », lance au bout du fil Mélissa Laniel, coordonnatrice de l'équipe de limnologie à RAPPEL, une coopérative de solidarité de protection de l'eau. « Il ne faut pas se décourager, dit-elle. Des choses peuvent être mises en œuvre pour protéger nos lacs dans un contexte de changements climatiques. » Les experts observent d'autres effets du climat sur les lacs. Les pluies plus importantes et abondantes peuvent créer davantage d'érosion et de ruissellement. La hausse des températures à la fonte des glaces peut aussi nuire au brassage des lacs et donc limiter l'apport d'oxygène, ce qui nuit aux poissons. PHOTO FOURNIE PAR LE RAPPEL Un intervenant du RAPPEL installe un matelas anti-érosion pour empêcher des sédiments d'atteindre un lac. En même temps, les lacs du Québec sont de plus en colonisés par des espèces aquatiques exotiques envahissantes. Sur le terrain, Mélissa Laniel note que les citoyens et les élus municipaux sont de plus en plus au fait des bonnes pratiques. « Ce n'est pas une bonne nouvelle. En même temps ça ne veut pas dire qu'il faut arrêter les autres efforts. C'est un stress de plus qu'on impose à nos lacs », estime Yannick Huot. « Il faut réduire les autres stresseurs pour que nos lacs composent mieux avec les changements climatiques. » Lisez l'étude (en anglais) publiée dans Communications Earth & Environment


La Presse
15 hours ago
- La Presse
La Fonderie Horne a-t-elle raison de contester la norme québécoise ?
Le complexe industriel de la Fonderie Horne, expoloité par l'entreprise Glencore, à Rouyn-Noranda La multinationale Glencore, propriétaire de la Fonderie Horne à Rouyn-Noranda, a préoccupé beaucoup de citoyens quand elle a annoncé ne plus vouloir atteindre la norme québécoise pour la concentration d'arsenic dans l'air de 3 nanogrammes par mètre cube. Glencore demande au gouvernement du Québec de la laisser exploiter sa fonderie de cuivre à long terme avec une norme de 15 nanogrammes par mètre cube (ng/m3), a révélé l'entreprise à notre collègue Jean-Thomas Léveillé le mois dernier1. En 2023, l'entreprise disait pourtant vouloir « atteindre les objectifs » fixés par Québec. Glencore conteste même les travaux de la Santé publique du Québec. Regardons ce dossier complexe de plus près, en analysant les faits. Ce qu'exige Québec Depuis 2011, la limite légale de concentration d'arsenic dans l'air au Québec est de 3 ng/m3 (c'est une moyenne annuelle). En théorie, la norme s'applique partout au Québec. En pratique, environ 100 projets industriels existants, dont la Fonderie Horne, ont une autorisation du ministère de l'Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs de dépasser ce seuil. Lors de sa dernière autorisation, accordée en 2023, Québec a forcé la Fonderie Horne à diminuer de façon importante ses émissions d'arsenic dans l'air : le seuil annuel maximal d'arsenic dans l'air devait passer graduellement de 65 ng/m3 en 2023 à 15 ng/m3 en 2027. D'ici à décembre 2027, Glencore doit aussi déposer un plan pour atteindre la norme québécoise de 3 ng/m3 (il n'y a pas d'échéancier pour atteindre la norme). L'entreprise partait de très loin. La concentration d'arsenic dans l'air dans le quartier Notre-Dame à Rouyn-Noranda était de 134 ng/m3 en 2015, 73 ng/m3 en 2022 et 39 ng/m3 en 2024. Glencore trouve aujourd'hui la norme de 3 ng/m3 trop sévère. Elle est effectivement stricte. L'Union européenne suggère une cible de 6 ng/m3. Les États-Unis n'ont pas de norme nationale. « C'est une norme qu'on adopte en vue de limiter les risques de cancer du poumon », explique Maryse Bouchard, professeure de santé environnementale à l'Institut national de la recherche scientifique (INRS). Cela dit, Québec ne veut idéalement pas forcer des usines et d'une fonderie de cuivre à fermer. À Rouyn-Noranda, une ville de 43 000 habitants, la Fonderie Horne emploie 908 personnes. Pour protéger la population, le gouvernement établit donc un niveau de risque qu'il estime acceptable près des usines. Lorsqu'il est question de matières potentiellement cancérigènes, un risque considéré comme acceptable en Occident, par l'Agence de protection de l'environnement des États-Unis (EPA) notamment, est généralement 1 cas additionnel de cancer pour 100 000 personnes2, 3, 4. Pour les fonderies de cuivre aux États-Unis, l'EPA estime que le niveau de risque acceptable est trois fois plus élevé, soit de 3 cas de cancer du poumon pour 100 000 personnes5. Selon l'INSPQ, pour le quartier Notre-Dame, tout près de la Fonderie Horne à Rouyn-Noranda6 : une concentration d'arsenic dans l'air respectant la norme québécoise de 3 ng/m 3 générerait 1,8 cas de cancer du poumon pour 100 000 personnes exposées durant 70 ans (risque prospectif total de l'arsenic, du cadmium et du nickel) ; générerait 1,8 cas de cancer du poumon pour 100 000 personnes exposées durant 70 ans (risque prospectif total de l'arsenic, du cadmium et du nickel) ; un taux d'arsenic dans l'air de 5 ng/m 3 générerait 2 cas de cancer du poumon pour 100 000 personnes ; générerait 2 cas de cancer du poumon pour 100 000 personnes ; un taux de 15 ng/m 3 générerait 3 cas de cancer du poumon pour 100 000 personnes, soit le niveau de risque considéré comme acceptable pour les fonderies de cuivre par l'EPA ; générerait 3 cas de cancer du poumon pour 100 000 personnes, soit le niveau de risque considéré comme acceptable pour les fonderies de cuivre par l'EPA ; un taux inférieur à 15 ng/m3 protégerait aussi les enfants contre les effets de l'arsenic sur leur développement cognitif. Le risque est moins élevé dans d'autres secteurs de la ville, plus loin de la fonderie. Ce que demande Glencore Avant d'investir 300 millions, Glencore veut obtenir l'assurance que Québec l'autorisera à long terme à émettre 15 ng/m3, et ne lui demandera pas de respecter la norme de 3 ng/m3. « Quinze nanogrammes par mètre cube, c'est une situation sécuritaire pour la communauté. On s'est engagés dans l'amélioration de l'environnement, mais c'est techniquement impossible de se rendre jusqu'à 3 ng/m3 », dit en entrevue Vincent Plante, directeur général pour la filière cuivre en Amérique du Nord de Glencore. En mars 2023, Glencore semblait pourtant plus optimiste : « On va mettre tous les efforts, les gens sont mobilisés et on veut atteindre les objectifs », disait alors Marie-Élise Viger, directrice de l'environnement de Glencore7. Pour contester la norme québécoise, Glencore s'appuie sur un rapport de septembre 2022 commandé à un expert américain, Christopher Martin, professeur à l'École de santé publique de l'Université de Virginie-Occidentale. Glencore avait présenté ce même rapport à Québec en 2022. M. Martin estime entre autres que Québec aurait dû mesurer le taux d'arsenic dans l'urine des citoyens, et non dans leurs ongles. Maryse Bouchard est fortement en désaccord avec les conclusions de ce rapport. De nombreuses études concluent que [la mesure de l'arsenic dans les ongles] est un excellent biomarqueur de l'exposition chronique. Maryse Bouchard, professeure de santé environnementale à l'INRS Glencore souligne que le taux d'arsenic dans l'air sans les activités de la Fonderie Horne a été estimé à 4,1 ng/m3 en 2022 par le ministère de l'Environnement. Dans ce contexte, impossible de respecter la norme de 3 ng/m3, estime l'entreprise. Québec juge toutefois que la concentration d'arsenic excluant les activités de la fonderie est probablement moins élevée actuellement en raison des « mesures de mitigation mises en place » depuis 2023. Glencore relève aussi que Québec exige que la concentration d'arsenic soit mesurée à l'endroit où elle est le plus élevée (dans la « station légale » située dans le stationnement de la fonderie), alors que l'Union européenne suggère de le mesurer là où vit la population en général. Il est vrai que le taux d'arsenic dans l'air est plus élevé près de l'usine qu'ailleurs à Rouyn-Noranda. En 2024, il était de 39,1 ng/m3 dans le stationnement de la fonderie, de 7,8 ng/m3 à l'aréna Glencore (le domicile des Huskies) et de 5,3 ng/m3 à l'hôtel de ville. Existe-t-il une voie de passage ? Afin d'échapper à une norme plus stricte, Glencore reprend des arguments qui datent de 2022. Or, l'étude de l'INSPQ qui soutient la décision de la Santé publique et du ministère de l'Environnement en 2023 est solide et détaillée. Elle se base sur 10 autres études d'organismes crédibles, dont trois agences de protection de l'environnement aux États-Unis, Santé Canada et l'Organisation mondiale de la santé. En contestant les travaux de la Santé publique, Glencore n'aide pas au débat et ne sert pas sa cause. Au-delà de ces considérations, devrait-on permettre à Glencore de se voir imposer une norme de 15 ng/m3 pour toujours ? Ça me semble malavisé. Un seuil de 15 ng/m3 à long terme, c'est trop élevé, on est trop près du seuil acceptable défini par l'EPA. Mieux vaut appliquer le principe de précaution et viser plus bas. Glencore doit-elle pour autant absolument atteindre 3 ng/m3 d'ici cinq ans ? C'est le cœur du débat en cours. Quand on regarde les chiffres et les rapports d'experts de plus près, ce qui me semble le plus important, c'est de passer le plus vite possible sous le seuil européen de 6 ng/m3. À 5 ng/m3, le taux de cancer du poumon attribuable à l'arsenic dans l'air est de 2 cas pour 100 000 personnes. À 3 ng/m3, c'est 1,8 cas. Bref, il est plus important de passer de 15 à 6 ng/m3 rapidement que de passer de 6 à 3 ng/m3. Surtout si on considère que la concentration d'arsenic dans le quartier Notre-Dame est à un niveau dangereusement élevé depuis des décennies. En plus, le taux d'arsenic dans l'air sans les activités de la fonderie est évalué quelque part entre 2 et 4,1 ng/m3. Peut-on vraiment exiger d'atteindre 3 ng/m3 dans ces conditions ? Ma suggestion pour Québec : exiger une diminution à une concentration d'arsenic dans l'air comprise entre 3 et 6 ng/m3 d'ici cinq ans. En tenant compte des circonstances et des avis d'experts, il me semble que ce niveau de risque est acceptable. 1. Lisez l'article « La Fonderie Horne refuse de respecter la limite provinciale » 2. Consultez une étude de Carex Canada sur l'estimation du risque excédentaire de cancer sur toute la vie (en anglais) 3. Consultez un sondage sur les pratiques actuelles à Santé Canada en matière d'évaluation des risques de cancer 4. Consultez un chapitre sur l'évaluation des risques et des dangers de l'Agence de protection de l'environnement des États-Unis (en anglais) 5. Consultez une décision de l'Agence de protection de l'environnement des États-Unis (en anglais) 6. Consultez un rapport d'évaluation du risque de l'Institut national de santé publique du Québec 7. Lisez l'article « Québec ignore les besoins des résidants qu'il veut déplacer » Qu'en pensez-vous ? Participez au dialogue


La Presse
15 hours ago
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Le mouton attendant son berger
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