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Un petit coup de pouce, beaucoup de bien

Un petit coup de pouce, beaucoup de bien

La Pressea day ago
Emmanuel Betema aide Ruffin Isaya à boutonner sa veste dans la chambre de ce dernier. M. Isaya vit dans sa maison du quartier Ville-Émard, à Montréal, depuis 34 ans.
Chaque jeudi, un étudiant étranger traverse Montréal pour prendre soin d'un vieil homme qu'il ne connaissait pas il y a six mois.
L'étudiant, c'est Emmanuel Betema. Il a 26 ans. Il vient du Togo. Il est arrivé au Québec en août 2024 avec un permis d'études, une inscription à la maîtrise… et 25 000 $ de droits de scolarité par an.
Le vieil homme, c'est Ruffin Isaya. Il a 94 ans. Il vient de la République démocratique du Congo. Il vit dans le bas de son duplex dans le quartier Ville-Émard, entre Verdun et LaSalle. Il a un sarcome (une tumeur maligne dans le dos), des douleurs chroniques. « Mais la tête va bien », dit-il.
Depuis janvier, Emmanuel Betema passe trois heures par semaine chez lui comme préposé aux bénéficiaires. Il lui donne une douche, prépare son thé, discute, sort marcher quand le dos le permet. Parfois, il arrive plus tôt, nettoie un peu, s'assure que tout est en ordre. Il l'appelle « papa ».
PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE
Arrivé du Togo en août 2024, Emmanuel Betema combine ses études à l'Université de Montréal avec un emploi comme préposé à domicile. « Je fais ce travail par vocation », dit-il.
Depuis des années, au Québec, on entend parler de l'importance de favoriser le maintien à domicile des aînés. Mais sur le terrain ? Les proches aidants sont souvent à bout de souffle. Le réseau public n'a pas les moyens de tout faire. Et les ressources sont limitées.
Un rapport du Commissaire à la santé et aux services sociaux a révélé l'an dernier que le Québec ne répondait qu'à 10,7 % des besoins, en heures, des soins à domicile.
Une réponse communautaire
C'est là qu'intervient Nova Soins à domicile. Cet organisme communautaire agit en complémentarité avec le CLSC. Il propose deux types de services : du répit pour les proches aidants et des soins palliatifs à domicile.
Son équipe de 34 personnes regroupe des travailleuses sociales, des infirmières, des préposés aux bénéficiaires et des massothérapeutes.
Tous les services sont gratuits, grâce à un modèle hybride combinant dons privés et financement public accordé depuis deux ans. À Montréal, ils ne sont que deux organismes à offrir ce type de service : Nova, dans l'Ouest, et la Société de soins palliatifs du Grand Montréal, dans l'Est.
En décembre, Emmanuel Betema a rejoint l'équipe de Nova. Infirmier de formation, il a travaillé quatre ans au Togo avant de venir au Québec pour entreprendre une maîtrise en santé publique à l'Université de Montréal.
Ce qu'il partage avec M. Isaya, dit-il, va bien au-delà des soins.
« Une connexion naturelle s'est installée entre nous », explique-t-il, évoquant les racines africaines communes, des repères culturels partagés et des valeurs comme le respect des aînés et la solidarité. Cela crée un climat de confiance, presque familial.
M. Isaya le confirme : « Il fait bien son travail, oui, oui. » Mais à l'écouter plus longtemps, on comprend que ce n'est pas seulement une affaire d'hygiène ou d'assistance. C'est une affaire de dignité.
PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE
Myriam Isaya (à gauche), fille de M. Isaya, discute avec Anne-Sophie Schlader, directrice générale de Nova (à droite).
Sa fille, Myriam, le voit aussi. Elle vit à l'étage avec son mari et leurs trois fils. Elle est agente de bord. Son mari a longtemps été le principal proche aidant.
« Emmanuel s'est intégré naturellement, souligne-t-elle. C'est comme s'il faisait partie de la famille. »
Un modèle qui fonctionne
Anne-Sophie Schlader, directrice générale de Nova, le dit clairement : ce modèle fonctionne.
« Pour nous, c'est important d'aller plus loin que ce que le système peut offrir, parce qu'on comprend que ce n'est pas suffisant pour maintenir les gens à la maison et éviter l'hospitalisation. »
PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE
Emmanuel Betema aide Ruffin Isaya à se déplacer dans sa maison du quartier Ville-Émard.
Grâce à la collaboration avec le CLSC, dit-elle, « on arrive à maintenir les gens à la maison jusqu'à la fin dans à peu près 60 % des cas. C'est sept fois mieux que partout au Québec ».
Et M. Isaya, lui, comment voit-il l'avenir ? Il ne veut rien savoir d'aller dans une résidence pour personnes âgées.
« J'irai quand je ne pourrai plus bouger. Pas avant. »
Il est bien chez lui, entouré, dans sa maison de Ville-Émard où il a ses repères.
« Moi, je vise 100 ans », ajoute-t-il avec un sourire. « Mais dépasser 100 ans, c'est aussi une option… »
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