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Décennie Juste pour rire 2020

Décennie Juste pour rire 2020

La Presse19-07-2025
Juste pour rire inaugurait mercredi son édition 2025, la première véritable sous sa nouvelle administration, et étrennait au Théâtre Jean-Duceppe ses soirées Décennies, un concept qui n'en est pas vraiment un.
Non, a d'emblée prévenu Suzie Bouchard, personne ne danserait le charleston. Les années 20 que nous étions là pour fêter n'étaient pas les mythiques années folles, mais celles, tout aussi folles, auxquelles nous tentons tous présentement de survivre : les années 2020. Et d'ajouter l'animatrice : « Pas la décennie la plus glorieuse pour Juste pour rire ! »
Avec ce concept, la nouvelle administration du fleuron de la rigolade semble avoir voulu inventer une alternative à ses traditionnels galas, qui n'auront désormais lieu que lors de l'édition de Québec de Juste pour rire (anciennement le ComediHa! Fest-Québec), alors que la programmation de son pendant montréalais mise beaucoup sur des comiques français.
Ces soirées Décennies y font exception en présentant un aréopage d'humoristes associés à leur époque, une manière habile d'arriver à une certaine cohésion de ton et de donner au public une idée claire d'avec qui et de quoi il s'en vient rire. Les galas finissent souvent par ressembler à des évènements où, à force de vouloir faire plaisir à tout le monde, on ne fait plaisir à personne.
La décennie présente n'en étant qu'à sa moitié, même si elle donne parfois l'impression de durer depuis une éternité. Il était davantage question mercredi de célébrer l'avenir de l'humour que de rigoler dans le rétroviseur.
Mais, de toute façon, « personne n'est vraiment nostalgique de l'humour des années 1990 », de lancer Suzie Bouchard dans un solide numéro d'ouverture, porté par une probante confiance en son rythme. « Si vous vouliez du racisme et des coats en cuir, vous seriez à Rawdon dans un combat de chiens. »
Et même s'il a quitté Juste pour rire depuis 2017, Gilbert Rozon demeure, à cause de son procès, l'éléphant dans la pièce. Pas question pour Suzie Bouchard de l'ignorer. Il lui fallait le saluer et le remercier d'avoir « encore à cœur notre divertissement ». On ne sait pas qui a dit que l'humour est la politesse du désespoir, mais il avait raison.
Nos préférés
Parmi les six invités de Suzie Bouchard, essentiellement inconnus du grand public, dont Thomas Bédard, Pascale Marineau et Alexis Fortin, plusieurs avaient judicieusement opté pour l'angle des présentations, avec ce que vous devinez d'anecdotes sur les parents, l'école et les premiers emplois.
On s'en doutait bien, et ça se confirmerait : s'il était question mercredi soir des années 2020, ce ne serait que par la bande, les humoristes invités ayant plutôt déballé des numéros qui semblaient déjà faire partie de leur répertoire. Le concept tenait donc surtout de l'argument de vente, pas de la figure imposée.
Notre première surprise appartient à Jay Laliberté, l'animateur du délirant Podcast des personnages, qui, avec une attitude timorée, s'est lancé dans le récit loufoquement dramatique d'une commande de jambon au comptoir des viandes froides de son supermarché. Absurde et parfaitement construit, son numéro rappelait le Jean-Thomas Jobin de l'époque où il vulgarisait des choses simples. À l'heure où une quotidienneté très terre à terre domine l'imaginaire des humoristes québécois, ce ton décalé fait grand bien.
PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE
Jay Laliberté
Avec sa gueule ahurie de petit-cousin des Denis Drolet, Louis Girard-Bock a aussi brillé dans un numéro qui, sous le couvert de l'autodérision, dressait un portrait peu reluisant de l'horizon socioéconomique auquel font face les gens de sa génération.
PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE
Louis Girard-Bock
Un horizon qui lui fait regretter le confort de la maison de sa mère dentiste, qui était dotée de certains de ces luxes qui font défaut à son appartement, comme de l'isolation. Le grand gaillard a déjà une bonhomie et une singularité sur lesquelles peuvent se construire de belles carrières.
Quant à Magali Saint-Vincent, coanimatrice de la jouissive série balado Golden Top G, qui parodie les Barbies du web, elle est de tous les invités de mercredi celle dont l'écriture semble le plus apte à sublimer des situations douloureuses, voire vulnérabilisantes, en rires. Sa description croisée de la famille aisée de son ex et de la sienne, plus démunie, touchait par moments à une forme de vérité qui finit par permettre à un humoriste de créer autre chose que juste des rires.
Ne restait plus à Suzie Bouchard qu'à nous souhaiter un restant de décennie sous le signe de l'audace, de la diversité et « du moins de scandales sexuels possible ».
Notre verdict
Avec des billets un peu en bas de la barre des 50 $, ces soirées Décennies Juste pour rire n'ont pas à rougir, mais sont à ce point dépouillées d'artifice qu'il est permis de se demander ce qui les distingue exactement de ce qu'on peut vivre à longueur d'année dans nombre de comedy clubs.
Arnaud Soly, Cathy Gauthier, Dominic et Martin, Silvi Tourigny, Mona de Grenoble et Tommy Néron animeront jusqu'à dimanche les autres soirées célébrant les décennies 1990, 2000, 2010 et 2020.
Consultez la page des soirées Décennies Juste pour rire
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