4 days ago
Négociations entre Couche-Tard et 7–Eleven
Dans sa lettre publiée mercredi soir, la direction de Couche-Tard dit continuer de croire qu'un regroupement avec Seven & i créerait un leader mondial et mentionne être disposé à offrir une prime importante, mais avec un engagement « plus profond et sincère » de la part des dirigeants de Seven & i.
La saga 7–Eleven n'est peut-être pas terminée.
Alimentation Couche-Tard souhaite toujours boucler une transaction et l'annonce du retrait de son offre d'achat pour Seven & i pourrait bien être une façon de mettre de la pression sur le conglomérat japonais en montrant que Couche-Tard n'est pas acheteur à tout prix, commente François Watier, associé et analyste pour le gestionnaire d'actifs montréalais Van Berkom.
« Si c'est le cas, on verra bien la suite », ajoute-t-il.
C'est maintenant au tour des actionnaires de Seven & i, y compris l'investisseur militant américain Artisan Partners, de mettre de la pression sur le conseil d'administration de Seven & i, affirme le gestionnaire de portefeuille montréalais Philippe Hynes, de la firme Tonus Capital.
La firme d'investissement Artisan Partners, de Milwaukee, dans le Wisconsin, est actionnaire de Seven & i. Elle talonne le conseil d'administration de Seven & i depuis l'automne dernier afin de s'assurer que l'offre de Couche-Tard soit considérée de manière juste et transparente afin de maximiser la valeur pour les actionnaires.
Artisan Partners n'a pas répondu, jeudi, aux messages laissés par La Presse.
Une autre avenue potentielle permettant à Couche-Tard de réaliser une transaction pourrait apparaître avec l'introduction en Bourse attendue l'année prochaine des magasins de proximité 7–Eleven en Amérique du Nord. Cette opération fait partie du plan stratégique présenté plus tôt cette année par les dirigeants de Seven & i.
« Peut-être que Couche-Tard pourrait être intéressé à faire une offre uniquement pour cette nouvelle entité, ce qui serait plus simple et permettrait d'éviter les problèmes réglementaires liés au Japon », dit Philippe Côté, gestionnaire de portefeuille et directeur de la recherche chez Gestion de placements Eterna.
L'introduction prochaine en Bourse des magasins nord-américains de 7–Eleven pourrait toutefois aussi compliquer la vie de Couche-Tard dans le marché fragmenté des magasins de proximité, prévient l'analyste Martin Landry, de la firme Stifel.
« Cette nouvelle entité publique pourrait devenir un acteur plus agressif dans le secteur des dépanneurs en Amérique du Nord en raison des exigences et des attentes des nouveaux investisseurs. Cela pourrait accroître la concurrence et se traduire par une diminution du nombre de cibles d'acquisition ou une augmentation des multiples d'évaluation. »
Une « belle discipline »
Dans sa lettre publiée mercredi soir, la direction de Couche-Tard dit continuer de croire qu'un regroupement avec Seven & i créerait un leader mondial et mentionne être disposé à offrir une prime importante, mais avec un engagement « plus profond et sincère » de la part des dirigeants de Seven & i.
En tirant le rideau sur son offre de la façon dont elle vient de le faire, l'équipe de gestion de Couche-Tard fait preuve une fois de plus d'une « belle discipline » aux yeux de Philippe Hynes.
Les observateurs sont nombreux à affirmer que l'offre évaluée à 46 milliards US pour Seven & i pèse lourd sur l'action de Couche-Tard depuis l'été passé. Malgré la hausse de 8 % du titre enregistrée jeudi, l'action demeure en baisse de 7 % jusqu'ici en 2025.
Le marché craignait qu'une surenchère mène à un prix dérisoire ainsi qu'une dilution liée à une émission d'actions potentiellement importante pour financer une transaction, dit Philippe Hynes. Un « deal » entre Couche-Tard et Seven & i doit être amical, selon lui.
Rachat d'actions à venir ?
À court terme, les observateurs s'attendent à ce que Couche-Tard considère des projets d'acquisitions de moindre envergure et recommence rapidement à racheter ses actions à des fins d'annulation, ce qui pourrait donner un certain élan à l'action en Bourse.
La direction de Couche-Tard n'a cependant rien mentionné à cet effet mercredi soir en annonçant le retrait de son offre d'achat sur Seven & i.
Couche-Tard a cessé de racheter des actions depuis l'automne afin de conserver ses munitions.
Relancer le programme de rachat d'actions ne serait pas anodin. C'est un facteur important pour l'action de Couche-Tard. Les rachats d'actions ont représenté environ 40 % de la croissance du bénéfice par action depuis l'exercice 2020, souligne l'analyste John Zamparo, de la Scotia.
Couche-Tard a la capacité de déployer environ 2,5 milliards US pour le rachat d'actions d'ici la fin avril, ce qui représente environ 5 % des actions en circulation de l'entreprise, selon l'analyste Chris Li, de Desjardins.
« Compte tenu de l'absence de rachats depuis trois trimestres, je prévois des rachats disproportionnés à court terme », dit l'analyste John Zamparo, de la Scotia.
L'analyste Bobby Griffin, de la firme Raymond James, croit que l'intention des dirigeants de Couche-Tard est maintenant de s'assurer que son programme de rachat est bien en place avant le début de la période de blackout devant débuter le 3 août, c'est-à-dire un mois exactement avant la tenue de l'assemblée annuelle des actionnaires de Couche-Tard et de la présentation de ses prochains résultats trimestriels.
La direction de Couche-Tard a jugé dans le passé que le rachat de ses actions constitue une utilisation « judicieuse » de ses fonds et un placement intéressant pour l'entreprise. Ces rachats ont pour effet de diminuer le nombre d'actions en circulation et d'augmenter proportionnellement la quote-part du capital-actions de Couche-Tard de tous les actionnaires restants.