22-07-2025
« Andy Warhol… », star de l'avant-garde
Passionnant documentaire sur Le Figaro TV qui retourne sur les traces du « pape du pop », de son Pittsburgh natal à New York où s'ancra son succès.
Les chants pieux de son enfance et de pratiquant ruthène catholique alternent avec l'épaisse neige des hivers américains, à Pittsburgh en Pennsylvanie, capitale du charbon et de l'acier, des richissimes dynasties Carnegie, Frick et Mellon, et de la classe ouvrière qui trime dans des usines à production continue.
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Fils d'Ondrej et Julia Warhola, immigrés originaires des Carpates orientales et de la ville tchécoslovaque de Miko, aujourd'hui Mikova dans le nord-est de la Slovaquie, Andrew Warhola Jr. est devenu pour la postérité Andy Warhol, « le pape du pop » (1928-1987). C'est un nom qui claque comme le bruit des dollars, qui brille comme la société de consommation croquée dans d'énormes tableaux codés et flashy, qui tranche comme les transgressions mises en scène dans une « Factory » libertaire, tapissée de papier d'argent.
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Où se cache le vrai Andy Warhol ?
Andy Warhol, un prophète américain, assurément, plaide le documentaire de Tania Goldenberg (2015), à retrouver sur Le Figaro TV. Où se cache le vrai Andy Warhol ? La star de la scène new-yorkaise s'est imposée sur le marché de l'art mondial et dans les enchères « postwar ». Cet homme tout « en vrais mensonges et demi-vérités », au faîte de sa gloire, porta sa perruque platine de travers exprès, dévoilant le simulacre de sa coiffure. Mais l'homme reste secret, fruit d'une timidité maladive. Enfant nourri de cinéma, de l'âge d'or de Hollywood et des boucles de Shirley Temple, il garde ce rapport distancié avec toutes choses.
« Andy Warhol ? Jamais il ne s'abandonne, il truque, il faut forcer le secret », prévient Michel Nuridsany, ancien critique du Figaro et son biographe en 2001 chez Flammarion. Culture familiale, arts populaires et religion se sont intimement mêlés dans l'esprit du jeune Andrew Warhola. Il s'appliqua à rester, toute sa vie, à fleur de surface, malgré la griserie mondaine, malgré le succès sonnant et trébuchant. De toutes ses influences hétéroclites, « il façonna un univers unique, un univers esthétique et philosophique glacial, une œuvre perturbante de simplicité, en confrontation directe avec les bouleversements de son temps », souligne ce documentaire qui promène sa caméra de Pittsburgh à New York, d'Amérique en Europe.
Chaque dimanche, la famille fait 10 km à pied pour aller à l'église de Saint-Jean-Chrysostome, un saint pour les orthodoxes, les catholiques romains et les coptes. Son décor byzantin, ses icônes, ses vitraux, tout cet or, son encens, marquent à vie l'imaginaire du petit Andrew. Trente ans plus tard, « Andy Dandy » y puisera la matière de son œuvre la plus célèbre, The Golden Marilyn, achevée en 1962, l'année de la mort de l'actrice si glamour, sanctifiée sur fond d'or, condamnée au sourire éternel (trésor du MoMA à New York). Affligé très jeune de « danse de Saint-Guy », maladie nerveuse qui l'éloigne de l'école, Andy Warhol vit dans les jupes de sa mère Julia, passe ses journées à dessiner, ce que lui a appris cette femme créative qui transforme les emballages de Campbell's Soups en fleurs de papier. Privilège des grands malades, il est au centre de la vie de famille. Empêché de faire et de vivre une adolescence américaine, il décide de tout investir dans le regard. L'artiste est né.