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« Madman Theory » ou « théorie du fou » : derrière les choix diplomatiques de Trump, une stratégie imaginée par Nixon
« Madman Theory » ou « théorie du fou » : derrière les choix diplomatiques de Trump, une stratégie imaginée par Nixon

Le HuffPost France

time4 days ago

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« Madman Theory » ou « théorie du fou » : derrière les choix diplomatiques de Trump, une stratégie imaginée par Nixon

ÉTATS-UNIS - En six mois à la Maison Blanche le président américain a déréglé les marchés financiers du monde entier, menacé d' annexer le Groenland, envisagé de transformer Gaza en « Côte d'Azur du Moyen-Orient » et frappé l'Iran en plein conflit avec Israël. Suscitant à chaque fois une question chez les observateurs de la vie politique américaine : Donald Trump est-il fou ou feint-il de l'être ? Selon certains analystes, une partie de la réponse se trouve dans la « Madman Theory » ou « théorie du fou » en français, un concept théorisé par l'ancien président des États-Unis Richard Nixon et que Donald Trump semble utiliser pour pousser ses interlocuteurs à s'asseoir face à lui à la table des négociations. L'expression apparaît dans les années 1970, pendant la Guerre froide. Dans le cadre de la guerre du Vietnam, le président républicain cherche à faire croire à l'URSS qu'il est capable de tout, y compris d'utiliser l'arme nucléaire, si les négociations ne vont pas dans son sens. Pour cela, il va jusqu'à envoyer des bombardiers nucléaires près de la Russie lors de l'opération « Giant Lance ». « Nous marchions le long d'une plage brumeuse après une longue journée passée à rédiger des discours. [Nixon] m'a dit : 'J'appelle ça la Madman Theory, Bob. Je veux que les Nord-Vietnamiens croient que j'ai atteint le point où je peux faire n'importe quoi pour arrêter la guerre' », racontera plus tard Bob Haldeman, ancien chef de cabinet du président Richard Nixon, dans son livre The haldeman diares : inside the Nixon White house. « Imprévisible et irrationnel » Concrètement, cette stratégie s'appuie sur l'idée qu' « en politique étrangère, un dirigeant imprévisible et irrationnel aurait l'avantage dans les négociations », explique la chercheuse Natasha Lindsteadt, professeure à l'université de l'Essex (Royaume-Uni) dans un article de The Conversation. « Si d'autres pensent qu'un fou pourrait faire à peu près n'importe quoi s'il n'obtient pas ce qu'il veut, la menace d'escalade devient plus crédible, ce qui rend logique de concéder davantage pour désamorcer la situation », détaille également Daniel Drezner, professeur de politique internationale, interrogé par Foreign Policy. « Dès son premier mandat, Donald Trump utilise cette théorie avec la Corée du Nord », affirme auprès du HuffPost Jérôme Viala-Gaudefroy, docteur en civilisation américaine et auteur de l'ouvrage Les mots de Trump (Dalloz). À l'époque, Donald Trump promet à Kim Jong-un « le feu et la colère » en cas de menace sur les États-Unis. Mais la mise en œuvre de cette théorie paraît d'autant plus flagrante durant ce second mandat. Selon Jérôme Viala-Gaudefroy, « l'exemple le plus probant de la théorie du fou trumpienne est celui de la guerre commerciale » lancée par par le président américain, le 2 avril dernier, avec la mise en place des droits de douane réciproques pour l'ensemble des pays du monde. En réaction, les places financières se sont affolées et les dirigeants étrangers - notamment le Canada ou le Mexique - ont accepté certaines exigences de Donald Trump. En janvier dernier, un chroniqueur du Washington Post affirmait également que les menaces formulées par l'administration Trump (avant même d'entrer en fonction) ont permis d'obtenir l'accord de cessez-le-feu à Gaza, alors que les discussions entre le Hamas et Israël étaient au point mort depuis plusieurs mois sous Biden. Contrairement à Nixon, Trump semble aussi utiliser cette posture du fou avec ses alliés. En menaçant de ne plus défendre l'alliance atlantique, le président américain a obtenu des pays membres de l'Otan qu'ils s'engagent - lors du sommet de la Haye les 24 et 25 juin - à investir 5 % de leur PIB pour la défense. Pas de grande victoire diplomatique Mais cette stratégie est-elle efficace sur le long terme ? « La théorie du fou ne fonctionne que si la menace est crédible, rappelle Jérôme Viala Gaudefroy. Or, Donald Trump a plusieurs fois reculé après avoir fait de grandes annonces ». « On le voit avec les droits de douane. À la différence de ce qui s'est produit en avril, les récentes annonces n'ont pas provoqué un nouvel effondrement des marchés financiers », poursuit l'expert. Au-delà de sa guerre commerciale, Donald Trump n'a atteint aucun des deux objectifs diplomatiques majeurs qu'il s'était fixé durant la campagne présidentielle : mettre un terme à la guerre en Ukraine « en 24 heures » et en finir avec « le chaos au Moyen-Orient ». Le cessez-le-feu obtenu à Gaza fin janvier a été rompu courant mars par les forces armées israéliennes. Depuis, l'offensive se poursuit sur l'enclave palestinienne. À cela s'est ajoutée une escalade armée de douze jours entre Israël et l'Iran, à laquelle les États-Unis ont participé. Du côté ukrainien, les pressions répétées de Donald Trump sur Volodymyr Zelensky et Vladimir Poutine n'ont pas entraîné d'avancées significatives. « Avec Poutine, la stratégie du fou ne fonctionne pas puisqu'il l'utilise lui aussi en faisant régulièrement craindre un recours à l'arme nucléaire. Trump se retrouve face à un interlocuteur qui est capable d'aller encore plus loin que lui », décrypte Jérôme Viala. « C'est une stratégie qui ne fonctionne qu'un temps », conclut le chercheur.

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