29-07-2025
Fuite de données, avertissements sur la gent masculine… C'est quoi l'application Tea, au cœur d'un scandale aux États-Unis ?
72 000 images dérobées, dont 13 000 permis de conduire et des selfies de vérifications mis à disposition du monde entier… C'est le résultat de
l'exploitation d'une importante faille de sécurité
de l'application Tea Dating Advice, exposée le 25 juillet dernier.
Les posts, supposés être anonymes ainsi que les messages privés, sont également inclus dans le leak.
Le communiqué, publié par l'équipe de l'application
, précise cependant que seuls les utilisateurs inscrits avant février 2024 sont concernés.
La semaine dernière,
ce TripAdvisor du dating
avait fortement gagné en popularité, après de nombreux messages sur les réseaux sociaux. Concrètement, cette appli permet aux femmes d'échanger des informations sur les hommes qu'elles rencontrent, espérant ainsi
se prévenir d'un éventuel « red flag »
(attitude présageant d'un possible comportement toxique). L'équipe s'était félicitée d'une « augmentation massive de la croissance » dans une publication Instagram.
Ce nouvel engouement aurait poussé plus de deux millions de personnes à formuler une demande pour rejoindre l'application. Les téléchargements auraient ainsi augmenté de 185 % sur les 20 premiers jours de juillet,
rapporte Business Insider
.
Selon SensorTower, Tea a même atteint la première place des applications gratuites téléchargées sur l'App Store, devant des géants comme ChatGpt ou TikTok.
Réservée uniquement aux femmes, avec une demande de « vérification de genre » par photo, ou pièce d'identité, l'app'a été lancée en 2023 par Sean Cook.
Dans
un texte sur le site Medium
en mai dernier, il racontait avoir eu l'idée de créer l'appli après avoir été témoin des « terribles » expériences de rencontres en ligne de sa mère. « J'ai été choquée de constater à quel point
il était facile pour les arnaqueurs, les escrocs et les criminels d'exploiter les femmes
sur les applications de rencontre, et à quel point les applications traditionnelles ne protègent pas leurs utilisatrices. »
Simple à utiliser, Tea se compose d'un fil avec plusieurs images ou captures d'écrans de profil d'hommes présentant leurs visages, avec un âge, un prénom et une localisation (ville de résidence). Le but ? Récolter « du thé sur eux », ce qui veut dire obtenir
des informations croustillantes
sur leurs éventuels mauvais comportements envers de précédentes conquêtes.
Les utilisatrices peuvent
apposer un drapeau vert ou rouge sur chaque profil posté
, ainsi que des commentaires, en tout anonymat. « Green Flag » et « Red Flag » sont les nouveaux codes du dating pour s'avertir entre femmes : un drapeau vert signifiant qu'il est sans danger de le fréquenter, un rouge qu'il vaut mieux l'éviter.
Dans sa formule payante à 15 dollars par mois, d'autres fonctionnalités sont proposées aux utilisatrices. Elles peuvent vérifier les antécédents judiciaires (publics aux États-Unis), faire
une recherche inversée de photos
pour repérer de possibles « catfishing » (faux profils) ou de numéros de téléphone afin de détecter les hommes secrètement mariés.
Pour celles ayant la version gratuite, elles sont limitées à 5 recherches par mois. Au-dessus, il leur faudra inviter des amis à rejoindre l'application ou passer à une formule payante.
Sur son site, Tea précise
que 10 % de ses bénéfices sont reversés à la National Domestic Violence Hotline.
Même si
les hommes n'y sont pas autorisés
, Tea leur donne la possibilité de formuler des demandes de suppression de publication les concernant. Il suffit d'adresser un mail avec ses informations (nom, photo et localisation) à son service d'assistance. L'application empêche également de faire des captures d'écran des postes, un écran noir s'affiche automatiquement.
Toutefois, un grand nombre de critiques ont émergé suite à la popularisation de l'application,
des internautes masculins
l'accusant de diffamation organisée et de « nuire aux hommes ». En réponse, certains se sont décidés à créer leur propre version de Tea pour juger les femmes. D'autres plus radicaux, comme
les utilisateurs du forum anonyme 4chan
, ont diffusé des données regroupant, photos, papiers d'identité et localisation de certaines utilisatrices récupérées sur un serveur non sécurisé.
Tea, qui promettait de supprimer ces éléments après vérifications, ne les avait apparemment pas effacés.
Certains en ont alors
profité pour créer un site
permettant de choisir quelle femme — en fonction de sa photo leakée — était la plus ravissante afin d'établir un classement. D'autres ont créé une carte, encore disponible, identifiant géographiquement les profils présents dans la fuite.