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La Presse
18 hours ago
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« J'apprends à ne pas péter de coche »
Les neuf jeunes de l'unité des adolescents de 13 à 17 ans, au centre jeunesse d'Huberdeau, ont des problèmes de dépendance. À la drogue ou à l'alcool. Mais aussi aux jeux vidéo. La journée débute par une rencontre de groupe au salon. L'éducatrice Marie-Claude Zacharek commence en faisant un retour sur la soirée de la veille. « Ça ne s'est pas bien passé. J'espère que ça se passera mieux aujourd'hui », dit-elle, appuyée par sa collègue éducatrice Mélanie Brasseur. Mme Zacharek décrit le programme de la journée : basketball en matinée. Dîner. Puis jeu « The Price Is Right », où les jeunes devront deviner le prix de produits de la vie courante. PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE L'éducatrice Marie-Claude Zacharek Certains adolescents sont ensuite invités à décrire leur état d'esprit. « Je me sens plus fébrile aujourd'hui parce que ma date au tribunal s'en vient », confie Maxime*, en tirant nerveusement sur son t-shirt noir. « […] J'ai été plus impulsif dernièrement. Je vis du stress. J'aimerais avoir du temps aujourd'hui pour jaser avec une éducatrice. » Cheveux aux épaules, lunettes et moustache naissante, Édouard* mentionne quant à lui qu'il a parlé à son père la veille. La conversation a été houleuse. Édouard lui a annoncé qu'il veut cesser de consommer des drogues chimiques, mais continuer de prendre de la marijuana. « Mon père préférerait l'abstinence », raconte-t-il. Besoin de se défouler Quand vient son tour de parler, Léon* avertit les autres : « Je suis à fleur de peau aujourd'hui. » Le petit homme frêle aux grands yeux noisette a fait un cauchemar la veille : il s'est revu sur la scène du crime ayant emporté l'un de ses proches. « J'aurais fait des slap shots dans un but aujourd'hui pour me défouler. Je veux juste vous avertir que je vais peut-être être plus à pic », dit-il. Mme Zacharek lui demande ce que le groupe peut faire pour l'aider. « Rien », souffle Léon. Assis à ses côtés, le jeune Benoît*, 15 ans, tente de le réconforter un peu maladroitement : « J'ai une phrase pour t'encourager : le soleil est dans la tête », lance-t-il, soulevant le fou rire du groupe. Quand on lui demande s'il aime être en centre jeunesse, Benoît, qui n'en est pas à son premier placement, répond que non. « Tu perds du temps de ta vie. On ne sort pas assez dehors. Ça fait trois mois que je suis ici. J'apprends à ne pas péter de coche », souligne le jeune homme, qui veut travailler dans l'industrie du plein air plus tard. À ses côtés, Adam*, 16 ans, croit plutôt que le centre jeunesse, ce n'est « pas une prison ». « On fait beaucoup de choses. On est allés voir le Rocket de Laval. On a fait de l'escalade de glace. » Le jeune homme mentionne qu'il vient d'une « bonne famille ». « Mais j'ai fait de mauvais choix. Je suis en train de me remettre sur le droit chemin avec l'aide qu'on me donne. Je suis en sécurité ici. Ça me permet de découvrir qui je suis réellement », se réjouit Adam, qui vise une carrière d'avocat ou d'ingénieur. « Éducation partagée » Éducateur en protection de la jeunesse depuis 25 ans, Richard Morin est chef de service de l'unité de garde fermée au centre jeunesse d'Huberdeau. Il veille sur les adolescents qui purgent des peines en vertu de la Loi sur les jeunes contrevenants. PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE L'aile des jeunes contrevenants Les huit occupants de son unité ont commis des délits. Le jour de notre visite, trois d'entre eux jouaient au soccer dans une cour intérieure entourée de hauts murs et de fils barbelés. Cinq autres jouaient aux cartes à l'ombre. Parfois, les esprits s'échauffent ici, note M. Morin. Les insultes fusent. Oui, il faut être téflon. Mais si on avait leur bagage, on aurait peut-être le même langage. Richard Morin, éducateur et chef de service de l'unité de garde fermée L'éducateur tient à le mentionner : les cas de dérapage n'occupent pas la majorité de son temps. « Environ 95 % du temps, on a de belles journées. Je suis payé pour jouer au hockey avec eux et faire de l'éducation partagée », témoigne M. Morin. Guérir ses traumas Au bout d'un certain moment, l'un des joueurs de soccer se fait appeler pour une rencontre privée avec un éducateur. Guillaume* entre dans son unité en traînant ses pieds chaussés de souliers Nike noirs. L'éducateur Yannick Sabourin l'invite à s'asseoir au fond d'une salle fermée. L'éducateur prend place près de la porte, pour pouvoir sortir facilement si jamais la séance tourne mal. Il commence sa rencontre en revenant sur la dernière semaine, alors qu'il était en vacances. Guillaume a réagi fortement à cette absence. Il s'est automutilé tous les jours. « Je repense à des situations que j'ai vécues. Ça me hante. Je fais des rêves aussi », confie le jeune homme. « Ton objectif, à toi, c'est quoi ? Récidiver ou apprendre à vivre avec tes traumas ? », demande doucement Yannick. « Mon but, c'est d'être heureux. Mais c'est lourd », souffle Guillaume. Chaque fois qu'il s'automutile, l'adolescent explique qu'il « se déçoit » : « Je fais ça pour oublier des choses et me sentir mieux. » On comprend rapidement que les adultes ont souvent laissé tomber Guillaume. Si bien qu'il ne fait confiance à personne. D'ici quelques semaines, le jeune homme, bientôt majeur, sortira du centre jeunesse. « Guérir ses traumas, ça peut prendre toute une vie, mentionne M. Sabourin. Là, tu es encore en jeunesse. Mais après, c'est la prison. Tu ne veux pas être à cette place-là… Tu es en souffrance, tu dois apprendre à la gérer. » « Comment je fais ça ? », demande Guillaume. « Commence à faire confiance aux adultes ici », répond M. Sabourin. « Tu es la seule personne à qui je fais confiance », lâche l'adolescent, en poussant un profond soupir.


Le Figaro
6 days ago
- Business
- Le Figaro
L'Allemagne veut rendre la filière éolienne européenne moins dépendante de la Chine
Le gouvernement allemand et l'industrie éolienne européenne ont présenté mardi un plan pour réduire la dépendance du secteur aux terres rares chinoises, dans un contexte de tensions avec Pékin et de ruptures dans les chaînes d'approvisionnement. Cette feuille de route, établie par le ministère allemand de l'Économie et de l'Énergie et cinq fédérations européennes de l'éolien, veut rendre le secteur «plus résilient» et «éviter une dépendance excessive aux importations de certains États». Cela signifie avant tout «réduire la part des aimants permanents chinois dans les turbines éoliennes à l'avenir», indique le plan. En Europe, plus de 90% de ces composants, qui jouent un rôle clé dans l'éolien mais aussi l'automobile ou l'électronique, sont importés de Chine. D'ici 2029, 15% des aimants permanents importés devront ainsi provenir d'autres sources, puis 50% à partir de 2035, préconise la feuille de route. Pour les terres rares, ces métaux présents dans les aimants permanents, le secteur veut atteindre une diversification de 5% en 2029 et de 35% dès 2030. Pour y parvenir, le ministère veut renforcer les garanties d'investissements, via des accords de livraison à long terme, ainsi que nouer des partenariats avec des pays comme l'Australie et le Japon. Publicité La Chine, de plus en plus concurrencée par les champions locaux Ces annonces confirment la stratégie de Berlin, réaffirmée par la coalition de Friedrich Merz, de «réduire les risques» associés à la Chine. L'industrie allemande a particulièrement tremblé devant les restrictions à l'export de terres rares chinoises, décidées en avril par la Chine en représailles aux barrières commerciales américaines. Fin juillet, la Commission européenne a annoncé avoir négocié un mécanisme «amélioré» avec Pékin pour assouplir ces exportations. La Chine reste aussi un marché crucial pour les exportations allemandes, mais de plus en plus concurrencées par les champions locaux. Leader européen de l'éolien terrestre et maritime, l'Allemagne a construit 25% des nouvelles installations terrestres et maritimes dans l'UE en 2024, selon la fédération du secteur WindEurope. Et le pays veut tripler, par rapport à 2024, sa capacité éolienne en mer d'ici 2030, afin de remplir ses objectifs climatiques.


Le Figaro
03-08-2025
- Science
- Le Figaro
Les substances psychédéliques, un allié surprenant contre la dépendance à l'alcool
Réservé aux abonnés DÉCRYPTAGE - Une étude clinique préliminaire menée par le CHU de Nîmes montre des résultats encourageants. La psilocybine, une substance psychédélique présente dans les champignons hallucinogènes, a montré des effets encourageants pour le traitement de la dépendance à l'alcool chez des personnes sevrées depuis deux à huit semaines, et par ailleurs touchées par la dépression. C'est ce qui ressort d'une étude préliminaire publiée dans la revue Addiction, menée par l'équipe d'addictologie de la Pr Amandine Luquiens, psychiatre au CHU de Nîmes. Parce qu'elle a été réalisée sur un groupe de 30 patients, un nombre assez limité, cette étude, conduite sans lien d'intérêt avec un laboratoire pharmaceutique, ne valide pas une thérapie à proprement parler, mais confirme un potentiel. Elle montre que l'usage de la psilocybine, accompagnée d'une psychothérapie, « semble faisable, acceptable et sûre chez les patients récemment désintoxiqués présentant un trouble lié à la consommation d'alcool et une dépression », écrivent les auteurs. Nous sommes dans une impasse thérapeutique, avec une prise en charge médicamenteuse qui montre ses limites pour de nombreux patients Pr Benjamin Rolland, addictologue aux Hospices civils de Lyon « Les patients ayant reçu la dose élevée (25 milligrammes à chacune…


Le Parisien
01-08-2025
- Le Parisien
Waze, Google Maps, TomTom, ViaMichelin… La technodépendance au volant
Il faut bien l'avouer, les applis qui nous guident sur la route ne nous rendent pas toujours très intelligents, ni très prudents. Une route barrée pour travaux, l'inversion récente du sens de circulation dans une ruelle, et nous voici changeant de direction à la dernière seconde et en oubliant le clignotant. L'espoir de gagner quelques secondes en suivant l'itinéraire calculé par les algorithmes et, pour un ou deux feux rouges en moins, c'est un détour de plusieurs kilomètres ou le passage par un chemin à peine carrossable . Et puis il y a ces petits moments de panique en cas de bug ou de débranchement intempestif du smartphone : où suis-je, où vais-je ? Aucune idée puisque plus personne ne repère ses trajets à l'avance, ni ne dispose d'une carte routière à bord ! Une des multiples marques de notre dépendance quotidienne à la technologie. Pas la plus grave, sans doute.


Le Figaro
09-07-2025
- Science
- Le Figaro
Vers une remise à plat du 1,5 milliard alloué à la prévention de la dépendance
Une conférence nationale de l'autonomie s'est ouverte mercredi à Paris avec comme premier objectif la remise à plat du 1,5 milliard d'euros de financements de la prévention de la dépendance dont l'«efficacité» et la «pertinence» vont être évaluées, sans objectif d'économies «à ce stade». «Les financements sont nombreux, l'objectif, c'est de les mettre à plat, d'évaluer un peu leur pertinence et leur efficacité», a indiqué le ministère en charge de l'Autonomie à la presse en amont de la conférence. «On sait qu'il y a potentiellement des doublons, des choses moins efficaces que d'autres.» «L'idée n'est pas de sacrifier d'une quelconque manière cette enveloppe, mais de concentrer les moyens sur les grandes priorités» qui seront fixées lors de la conférence, a-t-on ajouté. «Pour l'instant, il n'y a pas du tout d'objectif d'économies. Ensuite, on verra, il pourra y avoir des discussions, mais on a plutôt besoin d'avoir plus de moyens que moins de moyens». La question de la dépendance et de la perte d'autonomie apparaît particulièrement criante en vue du «tsunami démographique» attendu en France. Selon les projections démographiques et épidémiologiques, les personnes âgées en perte d'autonomie devraient représenter 4 millions de personnes en 2050, soit une hausse de 60% depuis le dernier recensement, en 2015. Publicité En 2021, la Cour des comptes avait tiré la sonnette d'alarme, appelant les pouvoirs publics à agir pour rattraper le retard de la France en matière de vieillissement en bonne santé. Les magistrats financiers avaient notamment pointé une dispersion des acteurs de la prévention et des interventions concurrentes. L'estimation de 1,5 milliard d'euros faite par la Cour des comptes pour chiffrer les dépenses de prévention de la perte d'autonomie comprend les 458 millions alloués aux «aides techniques» (fauteuils, déambulateurs, cannes...) de l'Assurance maladie. S'y ajoutent l'action sociale des régimes de retraite (CNAV 297 millions, Agirc-Arrco 135 millions, MSA 42 millions, CNRACL 130 millions et État 2,3 millions), 224 millions de crédits et de subventions pour adapter les logements et 203 millions pour la «conférence des financeurs» au niveau départemental. Prévue dans le cadre de la loi sur le bien-vieillir de 2024, la conférence nationale de l'autonomie est pilotée par trois ministres (Catherine Vautrin, Yannick Neuder, Charlotte Parmentier-Lecocq). Appelée à se tenir tous les ans, elle réunit élus locaux, collectivités, professionnels de santé, chercheurs, associations et partenaires sociaux.