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Qui sont les Druzes, minorité au cœur d'un conflit sanglant au sud de la Syrie ?
Qui sont les Druzes, minorité au cœur d'un conflit sanglant au sud de la Syrie ?

Le Parisien

time6 days ago

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Qui sont les Druzes, minorité au cœur d'un conflit sanglant au sud de la Syrie ?

Les Druzes forment une communauté religieuse issue d'une branche ésotérique de l'islam chiite, née au XIe siècle. Leur foi, syncrétique, mêle des éléments de chiisme, de philosophie grecque, de mysticisme et de réincarnation. C'est un courant très fermé : les conversions ne sont pas autorisées, et seuls les initiés ont accès aux textes religieux. Le mariage en dehors de la communauté est fortement découragé, et contrairement à la plupart des écoles juridiques de l'islam, les Druzes interdisent la polygamie et le divorce. Même si la foi druze a émergé de l'islam et en partage certaines croyances, de nombreux Druzes ne se considèrent pas comme musulmans. La religion druze ne reconnaît pas les cinq piliers de l'islam et, selon plusieurs chercheurs, elle « diverge substantiellement de l'islam, tant sunnite que chiite ». Son statut, religion indépendante ou branche de l'islam, reste un sujet de débat. Historiquement, les relations avec les musulmans ont été marquées par de fortes persécutions : massacres, destructions de lieux saints et conversions forcées dès le XIe siècle. On comptait environ 700 000 Druzes en Syrie avant la guerre civile, répartis principalement dans le Jabal Druze, à la frontière sud-ouest du pays, près de la Jordanie, mais aussi dans le Golan, où ils sont plus de 20 000. D'autres communautés importantes vivent au Liban, avec près de 250 000 membres, et en Israël , avec près de 130 000 membres. Dans l'État hébreu, les hommes Druzes sont soumis à la conscription militaire obligatoire et servent dans l'armée depuis 1956. Depuis dimanche, la ville de Soueïda, à majorité druze, est le théâtre de violences meurtrières. Les affrontements sont le résultat de l'intensification d'un conflit qui a débuté lorsque des membres d'une tribu bédouine ont assailli un marchand de légumes druze le 11 juillet. Les affrontements se poursuivaient mercredi dans la cité, jusque-là tenue par des combattants druzes locaux, où les forces gouvernementales et leurs alliés se sont déployés mardi avec une volonté d'y étendre leur autorité. L'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) faisait état de plus de 300 morts mercredi : 69 combattants druzes et 40 civils druzes ont été tués, « 27 d'entre eux exécutés sommairement » par des membres des forces gouvernementales. En parallèle, 165 membres des forces gouvernementales, 18 combattants bédouins, ainsi que 10 membres des forces de sécurité ont été tués dans des frappes israéliennes, selon l'OSDH. Face aux massacres, Israël a mené des frappes aériennes pour le deuxième jour consécutif sur la ville de Soueïda. Mercredi, le ministre israélien de la Défense Israël Katz a exigé du pouvoir syrien qu'il « laisse tranquilles » les Druzes de Soueïda, et a prévenu : « Israël n'abandonnera pas les Druzes en Syrie et imposera la politique de démilitarisation » dans le sud du pays. Un responsable militaire israélien a confirmé le déploiement de troupes à sa frontière avec la Syrie : « L'une des divisions (…) opérant actuellement à Gaza (…) se prépare à être déployée à notre frontière nord avec la Syrie », a-t-il déclaré. Face aux accusations, la présidence syrienne a affirmé mercredi son « engagement total à enquêter sur tous les incidents concernés et à punir tous ceux qui y sont impliqués. » Un nouveau cessez-le-feu a été annoncé mercredi à Soueïda, où de nouveaux heurts ont eu lieu après le déploiement des forces gouvernementales. Un précédent cessez-le-feu, mardi, n'avait pas tenu. Toutefois, les dirigeants druzes sont divisés sur l'accord de cessez-le-feu. Hikmat al-Hijri, chef spirituel druze à Soueïda a rejeté l'annonce du gouvernement syrien dans un communiqué : « Nous affirmons la poursuite du combat jusqu'à ce que l'ensemble du territoire du gouvernorat de Soueïda soit libéré ». Pour Bertrand Besancenot, ancien ambassadeur de France au Qatar et en Arabie saoudite, Benyamin Netanyahou veut « profiter de la friction » entre la communauté bédouine et druze à Soueïda pour imposer une reconnaissance de la puissance d'Israël. Pour ce spécialiste du Moyen-Orient, le Premier ministre israélien veut également convaincre les Druzes, jusqu'à présent fidèles à la Syrie , qu'il n'y a « pas d'avenir pour eux » dans le pays. Si Israël s'est autoproclamé le protecteur des Druzes dans la région, prêt à intervenir militairement pour les protéger, c'est aussi, selon lui, pour éviter un pouvoir militaire syrien fort dans la région qui pourrait être une menace pour Israël. Pour Bertrand Besancenot, cela explique également son attaque ce mercredi sur le ministère de la Défense syrien à Damas. Benyamin Netanyahou chercherait enfin à faciliter l'annexion du plateau du Golan, région stratégique où vivent de nombreux Druzes, explique l'ancien ambassadeur. Depuis la guerre des Six Jours en 1967, Israël occupe une partie du Golan, y compris des zones auparavant placées sous contrôle onusien, et cherche à renforcer sa mainmise depuis l'effondrement de l'État syrien.

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