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Et ça continue, encore et encore
Et ça continue, encore et encore

La Presse

time01-08-2025

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Et ça continue, encore et encore

La statue de la Liberté, à New York, fait partie de la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO depuis 1984. Le mardi 22 juillet dernier, l'administration Trump a annoncé que les États-Unis se retiraient de l'UNESCO. Quelle signification faut-il donner à cette décision qui est la suite d'un certain nombre d'actions posées par la présidence Trump 2.0 contre le multilatéralisme et les organisations onusiennes ? Michel Audet Professeur associé, HEC Montréal ; chercheur invité, CERIUM ; ex-représentant du Québec au sein de la Délégation permanente du Canada auprès de l'UNESCO (2006-2011) Il faut se souvenir que c'est la troisième fois que les Américains se retirent de l'UNESCO. La première fois, en 1984, alors que l'administration Reagan critiquait l'UNESCO pour ses biais idéologiques, mais surtout parce que les Américains en avaient contre la gestion du directeur général de l'époque, le Sénégalais Amadou-Mahtar M'Bow. Le retour au bercail se fera sous l'administration Bush, en 2003, dans un contexte où la Chine s'impose de plus en plus dans le multilatéralisme et où les Chinois occupent dorénavant des postes d'importance dans les organisations onusiennes. Ce retour en force s'inscrit aussi dans la campagne contre la convention de 2005 sur la promotion et la protection de la diversité des expressions culturelles, cheval de bataille du Canada et du Québec à l'UNESCO durant les années 2000. Le deuxième retrait survient en 2018, sous la présidence Trump 1.0, prétextant l'antisémitisme de la communauté internationale sous l'influence des pays arabes. Mais cette décision est la conséquence de la suspension du financement des États-Unis en 2011, sous l'administration Obama, à la suite d'une décision controversée de l'Assemblée générale et de la très grande majorité des États membres d'admettre la Palestine comme membre de plein droit de l'organisation. Cette suspension du financement privait l'UNESCO de 22 % de son budget. À l'été 2023, c'est le retour au bercail sous la présidence Biden afin de faire barrage à la Chine qui est devenue le meilleur partenaire de la majorité des 54 pays africains et qui impose ses ambitions dans les organisations internationales. C'est aussi l'époque où Biden a sauvé in extremis sa relation avec l'Organisation mondiale de la santé (OMS) pendant la pandémie et où l'Amérique a renoué avec l'Accord de Paris sur le climat. Derby de démolition Mais depuis le retour du président républicain à la Maison-Blanche en début d'année, on assiste à une opération de démantèlement des accords, conventions et ententes internationaux. L'OMS, l'Accord de Paris, le Conseil des droits de l'homme, l'Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), USAID et maintenant l'UNESCO font les frais de ce derby de démolition. La raison maintenant invoquée pour briser les liens avec l'organisation onusienne relève d'un égoïsme brutal. Le bref communiqué du département d'État indique que l'UNESCO « poursuit des causes sociales et culturelles qui divisent et que son action envers les Objectifs de développement durable (ODD) de l'ONU soutient un programme mondialiste et idéologique en contradiction avec la politique étrangère America First ». Les missions de l'UNESCO sont nobles et reposent sur la souveraineté des nations, sur la solidarité des peuples et sur la construction de la paix. Au-delà des religions, des conflits politiques, de l'iniquité des richesses, l'UNESCO œuvre dans le dialogue, à lutter contre la pauvreté et contre la radicalisation, à sauver la biodiversité, à protéger les océans, à promouvoir la diversité culturelle, à protéger l'environnement, à éduquer les jeunes garçons et les jeunes filles, à promouvoir la science dans les politiques publiques. L'UNESCO travaille avec acharnement à encadrer l'usage éthique de l'intelligence artificielle, à promouvoir la science ouverte, à encourager la liberté d'expression par des médias d'information indépendants et libres, à donner accès à la modernité numérique pour tous les peuples. C'est donc ce programme qui va à l'encontre des valeurs prônées par l'administration Trump et par les républicains du Congrès. Nous sommes tous et toutes des spectateurs passifs de l'Amérique d'abord et de ses déclinaisons, à savoir l'élimination du département de l'Éducation, les luttes sans merci avec les universités, la chasse aux immigrants, l'abandon de l'aide internationale, la diabolisation de la cause environnementale, l'appauvrissement des pays par l'imposition de droits de douane, le Far West du nouvel univers numérique, le plan de Riviera pour Gaza, la guerre aux médias, les privilèges aux copains de Mar-a-Lago. Avec un tel programme, il ne faut donc pas se surprendre que l'UNESCO soit la cible de la présidence Trump. En agissant ainsi, par contre, Trump installe un dôme de plomb sur son Amérique, se fait des ennemis partout, ouvre la porte aux ambitions hégémoniques de la Chine, de la Russie et d'autres, alimente le contre-pouvoir des BRICS+ et encourage une coalition internationale anti-Amérique. Mais un jour, il faut l'espérer, l'Amérique changera et grossira les rangs de l'UNESCO pour une quatrième fois afin de panser ses plaies et s'excusera pour les dommages causés à la planète. L'Acte constitutif de l'UNESCO repose sur une phrase : « Les guerres prennent naissance dans l'esprit des hommes, c'est dans l'esprit des hommes que doivent être élevées les défenses de la paix. » Voilà une phrase à méditer pour quelqu'un qui aspire à recevoir le prix Nobel de la paix. Qu'en pensez-vous ? Participez au dialogue

Brics: Lula défend le multilatéralisme menacé par les droits de douane de Trump
Brics: Lula défend le multilatéralisme menacé par les droits de douane de Trump

Le Figaro

time06-07-2025

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Brics: Lula défend le multilatéralisme menacé par les droits de douane de Trump

Le président brésilien Lula a dénoncé dimanche l'«effondrement sans précédent du multilatéralisme», à l'ouverture d'un sommet des Brics à Rio de Janeiro, au moment où le monde est mis sous tension par les droits de douane voulus par Donald Trump. Sous haute sécurité, les dirigeants du groupe de 11 grands pays émergents (dont Brésil, Chine, Inde, Russie et Afrique du Sud) se retrouvent pour deux jours au bord de la sublime baie de Guanabara. Mais plusieurs chefs d'État manquent à l'appel, en particulier - et pour la première fois - le président chinois Xi Jinping, dont le pays est pourtant la puissance dominante des Brics. Le président russe Vladimir Poutine, visé par un mandat d'arrêt de la Cour pénale internationale (CPI) pour crime de guerre présumé en Ukraine, n'a pas non plus fait le déplacement. Publicité Alors que ce rendez-vous annuel est percuté par la guerre commerciale lancée par le président américain, le chef de l'État brésilien Luiz Inacio Lula da Silva n'y a pas fait référence explicitement mais a dressé un sombre tableau de la coopération internationale. «Nous assistons à un effondrement sans précédent du multilatéralisme», a-t-il lancé. S'exprimant en visioconférence, Vladimir Poutine a estimé pour sa part que les Brics comptent désormais «parmi les centres clés de la gouvernance mondiale» et que «le système unipolaire dans les relations internationales (...) appartient désormais au passé». «Génocide» selon Lula La situation au Moyen-Orient s'est aussi imposée à l'ouverture du sommet. Lula a évoqué la guerre entre l'armée israélienne et le mouvement islamiste palestinien Hamas dans la bande de Gaza, accusant de nouveau Israël de «génocide», ce qui a déjà valu par le passé une crise diplomatique entre Brasilia et Jérusalem. «Absolument rien ne justifie les actes terroristes perpétrés par le Hamas. Mais nous ne pouvons pas rester indifférents face au génocide perpétré par Israël à Gaza, le massacre de civils innocents et l'usage de la faim comme arme de guerre», a lancé le leader de gauche. Des négociations indirectes entre Israël et le Hamas doivent commencer dimanche à Doha pour tenter de trouver un accord sur une trêve à Gaza et une libération d'otages. Le territoire palestinien est assiégé, affamé et dévasté par 21 mois de guerre. Celle-ci a été déclenchée par une attaque sans précédent du Hamas le 7 octobre 2023 contre Israël, dont l'armée a riposté en lançant une offensive d'envergure à Gaza qui a fait des dizaines de milliers de morts et provoqué un désastre humanitaire. Un groupe qui s'agrandit Les Brics, qui représentent près de la moitié de la population mondiale et 40% du PIB de la planète, n'ont cessé de gagner en poids sur la scène internationale. Créé dans le but de rééquilibrer l'ordre mondial au bénéfice du «Sud global» face à l'Occident, le groupe des Brics s'est élargi depuis 2023 avec l'Arabie saoudite, l'Egypte, les Émirats arabes unis, l'Éthiopie, l'Iran puis l'Indonésie. Mais en grossissant, le groupe est devenu de plus en plus hétéroclite, compliquant l'élaboration de positions communes. Publicité Ces derniers jours, les négociateurs ont peiné pour arriver à un projet de déclaration conjointe. Les discussions ont notamment achoppé sur le Moyen-Orient, Téhéran réclamant que le ton du texte soit durci, au sortir d'une guerre de douze jours entre l'Iran et Israël, appuyée par les États-Unis. Mais le document devrait conserver «le même langage» qu'une déclaration publiée fin juin par le groupe, selon une source impliquée dans les négociations. Les pays émergents avaient alors condamné les «attaques militaires» contre l'Iran, mais sans citer Israël et les États-Unis, et jugé «urgent de rompre le cycle de la violence et de rétablir la paix». «Graves préoccupations» Selon le projet de communiqué final auquel l'AFP a eu accès samedi, les Brics doivent exprimer leurs «graves préoccupations face à l'augmentation des mesures douanières et non-douanières unilatérales qui faussent le commerce». Mais ils se garderaient là aussi de nommer Donald Trump, alors que de nombreux pays, dont la Chine, sont engagés dans des négociations avec Washington sur le sujet. Le Brésil, qui accueillera en novembre la COP30, la conférence climat de l'ONU, dans la ville amazonienne de Belem, espère par ailleurs qu'un consensus sera trouvé sur la lutte contre le dérèglement climatique. En plus de la déclaration finale espérée, doivent en effet être publiés des textes sur le climat, mais aussi sur l'intelligence artificielle et la coopération sanitaire.

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