10-07-2025
François Bayrou rend hommage aux parlementaires qui ont dit «non» à Pétain
Il y a 85 ans, le 10 juillet 1940, le Parlement votait la loi constitutionnelle accordant les pleins pouvoirs à Philippe Pétain. Largement adoptée avec 569 votes pour, cette loi a été refusée par 80 parlementaires. Le premier ministre, François Bayrou, a salué leur «honneur» jeudi, lors d'une cérémonie organisée à Vichy.
Le premier ministre François Bayrou a salué ce jeudi à Vichy (Allier) «l'honneur» des 80 parlementaires qui ont refusé de voter les pleins pouvoirs au maréchal Pétain il y a 85 ans, le 10 juillet 1940.
«N'oublions pas qu'il est des moments ou l'attachement aux convictions qui nous font vivre se résume en un mot tout simple qui est l'honneur», a déclaré le premier ministre en présence de descendants ou représentants des 80 parlementaires qui ont voté contre les pleins pouvoirs en faveur de Philippe Pétain, ainsi que des 27 parlementaires qui avaient peu avant rejoint l'Afrique du Nord à bord du paquebot Le Massilia.
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Une loi qui a entraîné la «mort» de la République
Le 10 juillet 1940, l'Assemblée nationale qui réunit à l'époque le Sénat et la Chambre des députés tient une séance exceptionnelle dans le casino de Vichy. Elle vote alors la loi constitutionnelle qui conduira à attribuer les pleins pouvoirs au maréchal Pétain: 569 parlementaires votent pour, 20 s'abstiennent et 80 votent contre.
Si la plupart des opposants étaient des membres du SFIO (Section française de l'Internationale ouvrière) ou de divers partis de gauche, François Bayrou rappelle qu'«ils étaient bien peu nombreux», une large majorité des parlementaires ayant voté en faveur de la loi constitutionnelle.
«Ainsi en quelques heures meurt la République non seulement en tant qu'ensemble institutionnel mais en tant qu'ensemble de valeurs: démocratie, état de droit, liberté, égalité, fraternité, laïcité», a souligné le premier ministre, évoquant «l'effondrement de la France sur elle-même».
Un non de «résistance»
«Ces 80 hommes ici à Vichy, ces 27 hommes à bord du Massilia, dès le premier moment, ont dit non à Pétain et à Laval», a salué François Bayrou face aux descendants de Jean Zay, Pierre Mendès-France ou encore Léon Blum, qui s'étaient tous opposés aux pleins pouvoirs.
«C'est très précieux pour moi, parce que ce qui est honoré dans cette salle, c'est le début de la résistance» a poursuivi le premier ministre. Certains des parlementaires ont en effet rejoint la Résistance à partir de 1940, sous l'Occupation allemande, certains trouvant la mort dans des camps de concentration ou d'extermination.
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Après la conférence, François Bayrou a soutenu l'«idée que même quand tout a l'air de s'effondrer, c'est le moment de relever la promesse, de relever la tête, de relever le défi». Certains des parlementaires ayant voté «non» à la loi constitutionnelle ont participé à la reconstruction politique et institutionnelle de la France. Vincent Auriol est ainsi devenu le premier président de la Quatrième République, en 1946.