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Voterez-vous A ou B ? Découvrez ce test qui déchire les internautes et révèle les limites de l'altruisme humain

Voterez-vous A ou B ? Découvrez ce test qui déchire les internautes et révèle les limites de l'altruisme humain

Le Figaro8 hours ago
Depuis quelques jours, un post devenu viral sur X propose une expérience de pensée toute simple inspirée du célèbre dilemme du prisonnier en théorie des jeux. Il confronte les internautes à un choix simple, mais très éclairant sur la psychologie collective.
Vous votez A ou B ? Depuis quelques jours, cette question passionne nombre d'internautes français sur X, en référence à une expérience de pensée proposée le 3 août par Lysandre Beurel, un conseiller en gestion de patrimoine qui publie régulièrement sur des sujets économiques et politiques.
Ce test s'énonce très facilement : vous êtes obligé d'appuyer sur un bouton, A ou B, et vous ne pouvez pas communiquer avec les autres participants du jeu. Si la majorité des joueurs vote A, l'ensemble des participants survit ; en revanche, si la majorité vote B, tous ceux qui ont voté A seront tués et seuls ceux qui ont voté B survivront. Que choisissez-vous de faire ?
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Il existe donc deux cas de figure permettant à tout le monde de survivre : si la majorité vote A, ou si l'ensemble des participants sauf exception vote B. Autrement, non seulement une partie des joueurs va mourir, mais tous les survivants auront leur mort sur la conscience... Cependant selon Lysandre Beurel, la peur de la mort et donc «l'aspect psychologique et émotionnel» surpassent le «côté moral». L'internaute pronostique que si cette expérience était proposée dans des conditions réelles (ce qui est bien sûr impossible), environ 80 % des gens voteraient B.
Pour l'heure, l'expérience sur les réseaux sociaux semble lui avoir donné tort : les internautes pouvaient indiquer par un sondage s'ils voteraient A ou B, et les 80.000 votants ont placé le A légèrement en tête (50,5 %). Mais Lysandre Beurel assure au Figaro que le résultat du sondage a été faussé par le recrutement de bots qui ont voté automatiquement A : selon lui, à la veille de clôturer le sondage, les B étaient encore majoritaires de 7500 voix, puis en quelques heures les A sont remontés en flèche, faisant gonfler le taux d'engagement avec son tweet, sans que le nombre de retweets et de likes n'augmente, ce qui le pousse à suspecter une triche.
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«Il y a eu un débat intense, jusqu'à s'envoyer des insultes et des menaces de mort», constate, mi-amusé mi-affligé, l'internaute qui ne s'attendait pas à jeter un tel pavé dans la mare. «Ce dilemme est aussi extrêmement révélateur de la polarité politique en France qui tend vers les extrêmes, avec l'incapacité de poser correctement le problème», regrette-t-il.
Il faut dire que les internautes avaient chacun un avis tranché : «Voter A c'est laisser sa vie entre les mains des autres. Personne ne fait ce choix en situation réelle», commente le reporter Vincent Lapierre. «Ceux qui ne votent pas A sont des dégénérés», rétorque un internaute sous pseudo. «Faut être con pour appuyer sur A, on est à la limite de la sélection naturelle», pense un autre. Mais «il vaut mieux voter A comme ça, si les B sont majoritaires, on n'aura pas à vivre dans un monde de psychopathes» fait observer un dernier.
Une reformulation du «dilemme du prisonnier»
En réalité, Lysandre Beurel n'a rien inventé : son problème n'est qu'une reformulation différente d'un énoncé bien connu, proposé par le mathématicien Albert William Tucker et que l'on appelle «dilemme du prisonnier». Cette expérience de pensée est étudiée par la théorie des jeux, un domaine des mathématiques qui explore les interactions entre agents et qui a de multiples applications en informatique, en économie, en sciences sociales et politiques, en sciences cognitives...
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Le dilemme du prisonnier suppose que deux suspects accusés d'un même meurtre et incapables de communiquer entre eux sont interrogés par un juge : ils peuvent se taire, ou dénoncer l'autre prisonnier. Si l'un se tait et l'autre dénonce son acolyte, le premier est emprisonné 10 ans et le second relâché ; si les deux se dénoncent entre eux, leur peine sera réduite à 5 ans ; enfin si aucun des deux ne dénonce l'autre, ils n'écoperont que d'une peine minimale de 6 mois de prison faute d'éléments à charge contre eux.
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Comportement prédateur
Ce problème montre que sans certitude sur le comportement de l'autre, l'intérêt rationnel de chacun des prisonniers est de dénoncer l'autre, conduisant à une situation finale moins avantageuse que si les prisonniers avaient fait le choix de coopérer. Le système invite chacun à avoir un comportement prédateur. Les interprétations de ce problème, notamment pour la pensée économique, sont infinies. D'autres variantes ont en revanche montré que si l'expérience est répétée plusieurs fois, la coopération redevient rationnelle et l'altruisme est finalement récompensé (car le prisonnier qui dénonce son complice peut subir des représailles par exemple).
Lysandre Beurel indique enfin que l'idée de poster une reformulation de ce problème lui est venue en constatant qu'il y a souvent un écart entre les vertus morales revendiquées par les personnes, et celles dont les humains sont réellement empreints, soulignant une «hypocrisie». Et de citer une étude américaine montrant que si 80 % des femmes interrogées assurent qu'elles poursuivraient la grossesse si l'enfant qu'elles portent présente des risques d'être autiste, dans les faits la moitié d'entre elles préfère avorter quand c'est le cas.
C'est ce qui rend une expérience de pensée en ligne à la fois fascinante et fragile : il est bien plus facile de voter A (et de le clamer sur tous les toits) lorsque l'on ne prend pas réellement le risque que cela implique.
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