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Jean-Denis Budin, spécialiste du burn-out : «Pour de nombreuses femmes, le premier moment de la journée pour se poser dans le canapé se situe vers 22 h»

Jean-Denis Budin, spécialiste du burn-out : «Pour de nombreuses femmes, le premier moment de la journée pour se poser dans le canapé se situe vers 22 h»

Le Figaro5 days ago
ENTRETIEN - Après un burn-out violent, le chercheur a fondé le Credir, une ONG spécialisée dans la prévention de l'épuisement, au travail comme dans la vie personnelle. Il a publié l'an dernier Le Cri-rêve des épuisés. Pour que la surdose numérique détruise moins de vies (Éditions Leduc).
Madame Figaro . – Que risque-t-on à être un hyperactif professionnel ?
Jean-Denis Budin. – J'étais moi-même un dirigeant hyperactif, avec
une vie professionnelle très gratifiante, des défis à mener aux quatre coins du monde. J'enchaînais les déplacements en avion et les décalages horaires, mon sommeil se réduisait, je profitais de mes insomnies pour gagner du temps et travailler plus. À 45 ans, tout explose : je suis victime d'un burn-out similaire à un AVC. Pendant six mois, je vis comme un légume, je dors vingt heures par jour. Je perds ma capacité de mémorisation pendant deux ans. J'ai transformé cette épreuve en un doctorat en sciences de gestion intitulé : «Les facteurs-clés de succès dans l'échec». J'ai étudié le fonctionnement du cerveau avec des médecins, des coachs sportifs. En 2013, j'ai fondé une ONG, le Credir, pour accueillir et aider les gens qui souffrent d'épuisement. Nous proposons des stages et aussi de la prévention en entreprise.
Vous révélez que les femmes sont particulièrement touchées par la «procrastination du sommeil.» De quoi s'agit-il ?
Nous avons écouté des dizaines de femmes épuisées par le cumul d'un métier très prenant et d'une vie domestique où les travaux sont encore mal partagés. Il n'est pas rare que le premier moment de la journée pour se poser dans le canapé se situe vers 22 heures, quand les enfants sont couchés, que tout est prêt pour le lendemain. Cela devrait être une parenthèse de calme, or, cela devient la seule occasion d'avoir une vie sociale personnelle. Elles surfent sur les réseaux sociaux, échangent avec leurs proches sur WhatsApp. Quasi systématiquement, cela les mène jusqu'à tard et réduit leur durée de sommeil. C'est ce qu'on appelle la «revenge bedtime procrastination» ou procrastination du sommeil. Il leur est difficile de sauvegarder les huit heures dont 95 % des gens ont besoin pour récupérer normalement.
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Les vacances sont propices pour lutter contre la surcharge numérique. Que conseillez-vous ?
De sanctuariser 90 minutes de déconnexion numérique avant de dormir, pour calmer le cerveau. En cas d'insomnie, on évite d'en profiter pour lire ou travailler. Rester couché les yeux fermés permet au corps de récupérer. Ne rien faire, c'est très important.
Au terme de santé mentale, Vous préférez celui de «santé du cerveau.» Comment entretenir cette santé ?
Le multitâche numérique épuise le cerveau, il est donc à bannir autant que possible ! On évite de faire une visio en rédigeant un e-mail tout en répondant à un SMS. Ou de regarder une série en lisant les messages sur son téléphone. Des études montrent aussi qu'il faut privilégier l'écran le plus grand, par exemple, une tablette plutôt qu'un téléphone, et la lecture sur papier. Ou bien appeler quelqu'un, aller le voir, plutôt que d'utiliser une communication asynchrone du type SMS, vocaux ou chat. Le lien social nous fait du bien, psychologiquement et physiologiquement.
Comment lutter contre l'addiction ?
En passant régulièrement une journée sans smartphone, en organisant des temps de déconnexion totale en vacances. Si l'on veut protéger ses enfants de l'addiction, c'est important de leur montrer l'exemple et de favoriser des activités qui permettent de renouer la relation à l'autre.
«Je conseille de sanctuariser 90 minutes de déconnexion numérique avant de dormir, pour calmer le cerveau», Jean-Denis Budin.
Éditions Leduc
L'été, doit-on veiller à réduire notre dose de réseaux sociaux ?
La question des réseaux sociaux revient souvent dans les échanges des médecins du Credir avec les personnes en souffrance. Être trop actif sur les réseaux nous place dans une attente de validation permanente, dont on peut vite devenir dépendant, et qui peut blesser. On peut aussi donner des vacances à son ego !
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Le Parisien

time9 minutes ago

  • Le Parisien

Face à « l'anti-science » de Trump, l'université d'Aix-Marseille accueillera 31 chercheurs américains à la rentrée

Verra-t-on de plus en plus de « réfugiés scientifiques » fuyant le trumpisme ? L'Université d'Aix-Marseille accueillera à la rentrée prochaine 31 chercheurs américains, menacés dans leur liberté académique par la politique de Donald Trump , a annoncé vendredi son président Éric Berton sur France-Inter. Cet accueil s'est concrétisé dans le cadre du programme de l'établissement « Safe place for science ». Au 31 mars, date-limite des candidatures, Aix-Marseille Université (AMU) avait reçu 300 dossiers, et au total 600 chercheurs américains ont exprimé le souhait de venir travailler au sein de l'université marseillaise, l'une des plus importantes de France en nombre d'étudiants (80 000, dont 12 000 internationaux). Les 31 chercheurs sélectionnés « sont des profils seniors, des professeurs de haut niveau », qui travaillent dans les sciences environnementales, dans les domaines des humanités (études de genre, histoire, géographie), de la biologie, la santé, l'épidémiologie, l'immunologie, et « plus surprenant, des collègues qui viennent de la Nasa et vont nous rejoindre dans nos laboratoires d'astrophysique », a ajouté Éric Berton. « Le plus dur dans cet épisode, ce sont les messages poignants des gens qu'on n'a pas pris. » Il estime toutefois que « ces collègues vont pouvoir aussi trouver des solutions dans les autres universités françaises et en Europe » grâce au programme « Choose France » et à des bourses européennes. « Ils ont des pressions, les banques de données des collègues qui travaillent dans le domaine du climat sont parfois effacées, ils ne peuvent plus travailler , mais on leur demande de justifier leur salaire, ce qui est assez cocasse », a affirmé Éric Berton. « Ce qui se passe aux États-Unis, ça influence le monde entier » : en France, « des programmes sont arrêtés parce qu'aux États-Unis c'est arrêté. Il faut se montrer à la hauteur de l'événement. Ce qui se passe aux États-Unis, c'est l'anti-science , c'est l'arrivée de l'obscurantisme. C'est l'honneur de l'université française d'amener une lueur d'espoir à ces collègues », a-t-il souligné. Le président d'AMU, qui défend au côté de l'ancien président François Hollande un statut de « réfugié scientifique » , a rappelé que l'université Aix-Marseille accueillait également « 25 collègues qui viennent d'Iran, du Liban, d'Ukraine, de Palestine ». « Au même titre qu'un opposant politique, le scientifique peut gêner le pouvoir en place, quand (celui-ci) est climatosceptique par exemple », a-t-il souligné. Depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche en janvier, chercheurs et universités sont dans le collimateur de son administration et des milliards de dollars en subventions de recherche ont été supprimés.

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