
« Tout le métier savait qu'il y avait un tripot clandestin chez moi » : l'incroyable carrière d'Olivier Lejeune
Dans le même temps, il éditait « Le vilain petit canard » pour raconter les potins du lycée Pasteur - « les flirts, les histoires de boum, la triche » - qu'il vendait 50 centimes… Voici deux anecdotes éclairantes sur le drôle d'oiseau qu'est Olivier Lejeune, 74 ans, et l'esprit toujours aussi malicieux.
Petites lunettes et cheveux bien peignés, toujours bien mis, une courtoisie et une distinction naturelles, on lui donnerait le bon Dieu sans confession. Et à nouveau alors qu'il nous reçoit à Boulogne-Billancourt
(Hauts-de-Seine),
dans son bureau et pied à terre parisien depuis plusieurs décennies.
Humoriste et comédien, auteur et metteur en scène de théâtre, inventeur de jeux télé et de plateau, conférencier sur la mémoire, qu'il a d'éléphant, on le rencontre à l'occasion de « Tout bascule », sa pièce qui reprend tout l'été
au Déjazet
avec Julie Arnold, notamment.
Sa toute première pièce créée en 2003 et qui a connu un succès fou. « J'ai eu beaucoup de chance avec mes premières fois, peut-être pas la première fois où j'ai fait l'amour, j'ai été nul, pouffe-t-il. Mais mon premier 45 tours
Pot Pour Rire
, avec Patrick Green s'est vendu à plus de 2 millions d'exemplaires, la première pièce a été un carton absolu, mon
premier jeu de société,
Le jeu du président
,
aussi », se réjouit-il.
« J'avais toujours voulu écrire pour le théâtre, mais depuis l'âge de 18 ans, toute mon énergie créatrice a été aspirée par les autres », reprend-il.
« J'ai beaucoup écrit pour la télé, des sketchs, des sitcoms,
Le petit théâtre de Bouvard
,
Top Club
de Guy Lux,
La classe
pendant 7 ans, détaille le couteau suisse du métier. Au bout de trois mois, les récurrents avaient vidé leur stock de sketchs, gros bosseur, j'écrivais pour eux ». Et jouait tout en même temps.
Sur les murs, un demi-siècle de carrière s'expose en affiches par dizaines, articles encadrés et autres souvenirs…
Du boulevard, beaucoup - « Dévorez-moi », « Vacances de rêve », avec
Marthe Mercadier,
« Presse pipole », « Ma femme est folle » - mais pas uniquement.
Ici, « Le misanthrope », de Molière », « Le mariage de Figaro », de Beaumarchais, ou encore « Intermezzo », de Jean Giraudoux, des mises en scène aux Célestins, à Lyon, de Jean Meyer, élève de Louis Jouvet qui fut son professeur rue Blanche. C'est là que Lejeune a côtoyé
Isabelle Huppert,
Francis Perrin, Bernard Giraudeau ou Sabine Azéma.
Avant cela, à 17 ans, il mettait en scène « L'Apollon de Bellac », de Jean Giraudoux, au club théâtre du lycée Pasteur avec
Gérard Jugnot, Michel Blanc, Thierry Lhermitte, Christian Clavier… Le Splendid !
« Je revois Jugnot me dire
viens avec nous, on va faire un café-théâtre, qu'est-ce que tu vas te faire chier dans ces écoles nationales »,
souffle-t-il.
Un regret d'avoir manqué ce virage ? « Un peu, oui, j'aurais une carrière complètement différente, sourit-il. Mais très vite j'ai eu la chance d'écrire des sketchs, d'avoir du succès et de gagner ma vie ».
Volubile et l'œil pétillant, il rembobine le fil de sa vie. Lui, à l'origine, hésitait avec une carrière de chef d'orchestre, pratiquant le piano des heures durant depuis petit. « Je lisais dans les sept clés, je dirigeais chez moi des orchestres imaginaires », se souvient-il.
C'est pour les beaux yeux de
Béatrice Agenin
– « J'étais fou amoureux, elle me quittera pour
Dussollier
» - qu'il se présente à la rue Blanche. Parce que son père, haut fonctionnaire, lui intime aussi de faire une grande école, même pour devenir comédien… Il le sera, dans la veine jeune premier fantaisiste, mais pas uniquement.
L'homme a toujours eu plusieurs fers au feu. Et en 1974, à 23 ans, il écrit pour un concours de chansonniers « Pot Pour Rire », le succès est fulgurant !
« Bon élève », il suit ses cours la journée et multiplie les galas en soirée, gagnant largement sa vie. Courtisé, il écrit bientôt pour la télé, Le Luron,
Bouvard
, Guy Lux aussi, pour qui il créera plus tard des mécanismes d'« Intervilles ». L'occasion de glisser : « Ça me fait mal de voir ce qu'est
Intervilles
aujourd'hui, le coup de gueule de Claude Savarit est justifié, ça n'a plus rien à voir ».
Bref, ça marche pour le jeune Olivier. Il se rend au Conservatoire en Jaguar, fume des barreaux de chaise, ce qui lui flingue la gorge et lui vaudra quelques opérations et une voix éraillée et affaiblie. Il flambe aussi au jeu.
« J'ai perdu tous les sous que j'avais gagnés au casino, j'ai demandé à me faire interdire mais je me déguisais avec des fausses moustaches en piquant la carte d'identité de copains pour y aller ».
« J'étais malade, vraiment, la vie et l'argent n'avaient plus d'importance, il fallait que je joue, j'étais comme un drogué… ». S'il s'est calmé, c'est en organisant chez lui… des soirées casino ! Rue Condorcet, à Paris, tous les vendredis.
« On était 50, 60, tout le métier savait qu'il y avait un tripot clandestin chez moi, il y avait
les Compagnons de la chanson,
Daniel Auteuil
, s'enflamme-t-il. Là (il montre une table), c'était le baccara, j'avais une vraie table de blackjack, une roulette, des jetons en nacre à mon nom ».
« Bon, je me suis fait taper sur les doigts par la Brigade des jeux, ils m'ont dit M
onsieur Lejeune, on n'a rien dit mais…
» C'était au début des années 1980.
« Pendant deux ans, je n'ai vécu que grâce au jeu, se souvient-il. À un moment, je me voyais bien joueur professionnel. J'ai fait des grosses parties de poker avec
Christophe,
Eddy Mitchell.
Je me suis acheté un bateau avec le poker, que j'avais appelé
Poker
». Il a toujours un bateau, du côté de La Baule. « La mer, c'est le seul endroit où je ne culpabilise pas de ne pas travailler ».
Ce qui le sauve tout à fait, « c'est le premier 128K d'Apple ! Écrire était un jeu avec l'ordinateur, je pouvais jouer, changer les mots de place, ça m'a redonné le goût à l'écriture ».
Une écriture dont il gratifie qui le lui demande, sans cesser de fouler les planches, lui, le premier prix de comédie. Si on l'aperçoit parfois, dans « Rabbi Jacob » ou dernièrement dans « Edmond », il est beaucoup présent à l'écran, la trajectoire aura été différente…
« S'il fallait que je résume ma vie, je ne me trouve pas moins doué que certains copains, mais j'ai eu une carrière moins… (Il cherche son mot, ne trouve pas). Je pense que la plupart qui sont devenus des très grands étaient plus tournés vers eux-mêmes, savaient s'entourer, moi j'étais de ceux qui entouraient, mais je ne regrette rien. J'ai beaucoup bossé en sous-main, mon défaut c'est que je n'ai jamais su dire non. Maintenant oui, le temps devient une denrée trop précieuse, je n'ai peut-être plus beaucoup de belles années à vivre ».
Alors il écrit sa dixième pièce et il joue, alternant en ce moment avec quatre spectacles, « Monsieur chasse », de Feydeau, avec Jean-Pierre Castaldi, « 60 jours de prison », d'après le récit par Sacha Guitry de ses mésaventures à la Libération, son seul en scène « Mieux vaut en rire »… Et bien sûr « Tout bascule » dans laquelle un homme est coincé entre celle qu'il épouse et sa maîtresse… La vie est un boulevard pour lui ? Il sourit. « Avec les auteurs de boulevard, on se demande parfois ce qu'il y a de vrai… Il y en a pas mal. On apprend à jongler avec la vie », lâche celui qui n'a pas toujours été fidèle.
« Quand on aime la vie…, poursuit-il, évasif. Un moment, quand ma femme regardait mes affiches, elle cherchait le nom de ma maîtresse… Mais je me suis quand même calmé, se reprend-il. À partir d'un certain âge, l'adultère est un miracle ».
Son appétit de la vie, lui, est intact. « Et phénoménal ! ». Père trois fois, grand-père six fois - le dernier petit enfant a deux mois, le plus âgé 19 ans – il affiche la « joie du patriarche » à réunir sa tribu.
Mais ne pense pas une seconde à raccrocher et arrêter de courir les routes et scènes de France. « Pas du tout, loin de là. Mon moteur ? La passion. J'aime les gens, je suis très curieux des gens et j'aime découvrir ». Il réfléchit. « Je n'ai qu'un seul regret, j'aurais aimé réaliser comme certains de mes copains du lycée Pasteur, faire une comédie. Mais pourquoi pas, ce n'est pas fini… ».
« Tout bascule »,
jusqu'au 24 août au Théâtre Déjazet à Paris (IIIe), du jeudi au dimanche, de 19 à 39 euros.
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