
«Chief of War» revisite Hawaï
Portée à bout de bras et de pagne par l'acteur Jason Momoa, la création Apple TV s'ensable. MyCanal/Apple TV, 9 X 50 min. Publié aujourd'hui à 11h19
Au XVIIIe siècle, les Hawaïens sont déchirés par des luttes tribales sanglantes. Les rois des îles principales de l'archipel se disputent le pouvoir, certains pourtant, rêvent de paix. Là-dessus, les natifs voient accoster des créatures aux chairs blanches, armés de bâtons fumant la mort.
Un de leurs représentants les plus fameux, le capitaine Cook, choque les natifs, qui le tuent et le dévorent en 1779. «Chief of War» ne s'attarde pas sur l'épisode mentionné, et se concentre sur un prince hawaïen, Ka'iana.
Ce colosse, qui après avoir voyagé de la Chine à l'Amérique du Nord, premier à avoir entretenu des relations amicales avec les communautés occidentales et asiatiques, rentra au pays pour mener l'unification de quatre îles, O'ahu, Maui, Kaua'i et Hawaï.
Comme Kevin Costner au temps de «Danse avec les loups» (1990), l'acteur Jason Momoa a bataillé pour mener ce projet en dialecte original et avec un maximum de réalisme. La fidélité aux us et coutumes transpire dans les parures végétales et les peaux tatouées, autant que dans les combats menés à coups de massue ou catapulte.
Malgré ces intentions louables, la star d'«Aquaman», déjà fameux Drago de « Game of Thrones », ancien de «Baywatch» aussi, ne donne pas vraiment dans la dentelle psychologique. Le comédien porte le pagne avec une grâce indubitable, payant de sa personne dans des chorégraphies spectaculaires et des gros plans butés.
Producteur, coscénariste et même coréalisateur, Jason Momoa tient chaque plan à bout de bras. Le natif d'Honolulu, 45 ans, dit avoir cherché «une texture hawaïenne» dans chaque image tournée entre les terres volcaniques de Nouvelle-Zélande et les eaux d'Hawaï.
Cela ne suffit pas à assurer. La mise en scène s'alanguit dans une mollesse coupable comme infusée par l'atmosphère ambiante. Au contraire de récentes immersions dans des cultures complexes, confrontées à des velléités coloniales du type «Shogun» ou même « Washington Black », un sentiment d'uniformité noie le tableau.
Manipulés par les oracles ou les visions chamaniques, menés par des ego démesurés, les chefs ne se distinguent guère, englués dans de répétitives stratégies. À la décharge de Jason Momoa, le scénario tente aussi, à la faveur de ce moment historique, d'embrasser toute une culture.
De la chasse au requin à main nue à la lecture de la cosmogonie étoilée surgit alors la poésie ou l'humour. Ainsi, de Ka'iana, très sceptique quant à l'obsession des Britanniques de cacher leurs attributs mâles: «Ils couvrent aussi leurs jambes pour se protéger.»
Notre note: 3,5 étoiles
Cécile Lecoultre, d'origine belge, diplômée de l'Université de Bruxelles en histoire de l'art et archéologie, écrit dans la rubrique culturelle depuis 1985. Elle se passionne pour la littérature et le cinéma… entre autres! Plus d'infos
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