
«Il y en avait des millions» : qu'est-ce que ces punaises des champs qui envahissent des maisons du sud de la France ?
Il fait chaud, il fait beau, mais impossible de déjeuner dehors. Sur les murs, les volets, les plafonds, ou même dans les appareils électroménagers, les punaises de champs prolifèrent par milliers. Depuis la mi-juillet, une partie du sud de la France fait face à un envahissement inédit d'insectes rampants. De la Haute-Garonne aux Pyrénées-Orientales, en passant par l'Isère et la Charente, ces punaises pénètrent dans les habitations situées à proximité des parcelles agricoles, notamment de colza. Si elles ne représentent aucun danger pour la santé humaine, leur prolifération massive et soudaine désoriente les habitants.
«Je suis rentrée jeudi après-midi à la maison. Je n'ai pas reconnu le portail, gris clair, de mon sous-sol. Il était noir de bestioles. Il y en avait des millions et des millions qui couraient partout» a témoigné Madeleine, habitante de Marsillé, hameau de la commune de La Faye, auprès de la Charente Libre . À Pins-Justaret, en Haute-Garonne, Maurice Souteirat a constaté le même scénario auprès de France Info : «Elles sont comme endormies le matin. Mais par contre, dès que le soleil apparaît, vers le coup de 11 heures, midi, ça grouille de partout». Sa femme Nadège a renchéri : «Vous voyez, le barbecue, là, il est infesté de bêtes». Une horreur à n'en plus finir.
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Une migration massive depuis les champs de colza
Les insectes en question sont des punaises du genre Lygaeus, aussi appelées punaises rouges et noires. Cette espèce, commune en Europe, mesure entre 3 et 4 millimètres. Elle se nourrit principalement du suc de graines et de plantes herbacées, notamment du colza, en faisant des petits trous dans les capsules (les parties qui contiennent les graines) pour boire le liquide à l'intérieur, ce qui affaiblit les plantes. Selon une étude de l'INRAE publiée en 2021 sur les ravageurs des oléagineux, certaines populations de Lygaeus peuvent réduire les rendements de colza de 10 à 20 % dans les cas les plus sévères.
Lorsque la moisson est terminée, les insectes fuient la chaleur du sol nu à la recherche de nourriture ou d'un abri. «C'est arrivé qu'on en voit un peu, en effet, quand le colza lève (au moment où le colza commence à pousser, NDLR)», a confirmé Christian Daniau, céréalier à Saint-Ciers-sur-Bonnieure, au journal Charente Libre. Il a toutefois rappelé qu'il ne faut pas confondre ces punaises «des champs» avec celles «de lits» : ces dernières, actives en hiver, sont hématophages et vivent exclusivement à l'intérieur des logements.
La prolifération actuelle serait une réponse à des conditions climatiques extrêmes. «À cause de la sécheresse, ces insectes doivent chercher de la nourriture ailleurs», a ainsi expliqué Christian Daniau. C'est un constat également observé par Khalid Koubaiti, animateur du bulletin de santé du végétal chez Fredon Nouvelle Aquitaine, qui affirme auprès de France Info, qu'avec «le réchauffement climatique , (le phénomène) sera probablement amené à se répéter».
L'aspirateur «branché en permanence»
Face à l'invasion, les habitants expérimentent toutes sortes de stratagèmes pour se défendre. Bombes aérosols, pulvérisateurs et recettes de grands-mères. «On a cherché sur Internet, on a trouvé des répulsifs, des barrières à insectes. On a mis du scotch double face sur les seuils de porte. Elles se sont collées, elles s'agglutinent, mais elles finissent par passer à l'intérieur», a expliqué Nadège Souteirat, habitante de Pins-Justaret, à France Info. Pour contrer l'invasion, elle a aussi installé un aspirateur en continu. «Dès qu'il y en a une dizaine et qu'ils montent sur les murs, on passe l'aspirateur. Il est branché en permanence», a-t-elle affirmé.
D'autres, comme Madeleine, résidente de Chirat, optent pour des méthodes plus radicales. «J'ai noyé les punaises en arrosant mes murs à grands jets d'eau», a-t-elle raconté auprès de La Montagne . Alain Voyer, un habitant de Prompsat, a tenté des solutions chimiques : «Le vinaigre blanc, c'est efficace un moment. Mais je vais essayer la javel».
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Des traitements chimiques encore incertains
Franck Villechenaud, professionnel de la désinsectisation à Saint-Junien, n'en revient pas. «Une invasion d'insectes de cette ampleur, et dans les maisons, c'est inédit. Je fais ce métier depuis 2012 et je n'ai jamais vu ça. Ça fait penser à ces nuées de criquets en Afrique. Sauf que ça grouille au sol, partout», a-t-il confié à Charente Libre.
Malgré l'exaspération des habitants, les spécialistes déconseillent un recours massif aux insecticides. Khalid Koubaiti, également auprès de Charente Libre, a expliqué qu'«il faudrait éviter d'en venir au traitement chimique systématique dont on ignore, pour cette espèce, s'il est efficace». En effet, l'impact environnemental reste mal évalué. Ainsi, des solutions mécaniques sont préférées, notamment l'installation de pièges collants ou à phéromones, qui permettent de capturer ces insectes sans utiliser de biocides, comme l'a expliqué Futura Sciences . Mais dans l'immédiat, seule la pluie pourrait faire refluer les punaises. Et selon les prévisions de La Chaîne Méteo, aucun épisode pluvieux notable n'est attendu dans les prochains jours. En attendant, dans les maisons du sud, les habitants continuent d'aspirer, de coller, d'arroser, ou même certains décident de se barricader chez eux.
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