
Comment stocker et réutiliser l'eau de pluie pour un habitat plus durable ?
Nous la fuyons lorsque nous sommes dehors, nous n'y prêtons pas attention lorsque nous sommes à l'intérieur. Pourtant, l'eau de pluie est en passe de devenir bien plus qu'un simple bruit de fond : c'est une ressource libre et, surtout, accessible depuis chez soi. À l'heure où les périodes de sécheresse sont de plus en plus fréquentes, pourquoi ne pas s'essayer à la récupération et au stockage de la pluie ? Mais, comment s'y prendre concrètement ? Et surtout, à quels usages est destinée l'eau de pluie ?
L'eau de pluie : une ressource à portée de soi
D'après le service public de l'information sur l'eau, on estime qu'il tombe chaque année en France entre 500 et 2000 millimètres de pluie, le chiffre variant selon les régions. Cela représente des milliers de litres d'eau tombant sur nos habitations ! Néanmoins, dans la grande majorité des cas, ces litres d'eau terminent leur course dans les égouts ou dans les réseaux d'eaux pluviales. Alors, pourquoi se priver d'une ressource aussi abondante ? Depuis quelques années, les dispositifs de récupération d'eau de pluie ont gagné en popularité.
Toutefois, peut-on vraiment faire confiance à l'eau de pluie ? Cette eau est-elle polluée et si oui, à quel point ? L'eau de pluie est relativement pure à sa chute dans l'atmosphère : elle ne contient pas certains éléments que l'on retrouve dans l'eau du robinet comme le calcaire ou le chlore. En revanche, en traversant l'atmosphère, elle peut se charger en polluants (particules fines, pesticides…) notamment dans les zones urbaines ou industrialisées. Il faut également être vigilant au chemin que l'eau emprunte pour être collectée : une toiture en amiante, en zinc ou très encrassée peut fortement contaminer l'eau de pluie. Cela ne signifie pas qu'elle est impropre à tout usage : il est possible de la réutiliser mais en respectant un usage strict, et ce pour la sécurité sanitaire de tous. Cette eau ne remplace pas évidemment pas l'eau potable, mais elle permet de repenser la façon dont nous consommons, dont nous entretenons notre jardin et dont nous construisons nos habitations.
Certaines régions encouragent même ces installations via le versement d'aides financières. C'est le cas de la région Ile-de-France qui subventionne entre 25% et 35% le prix de l'installation d'un système de récupération d'eau. Ainsi, vous pouvez bénéficier d'une aide allant jusqu'à 10 000 € pour l'installation d'une cuve enterrée et jusqu'à 5 000 € pour une cuve hors-sol. Ces infrastructures font partie des différents plans de résilience contre le changement climatique et s'intègrent dans des démarches d'écoconstruction et de labellisation environnementale (normes BBC, Haute Qualité Environnementale…).
Récupérer l'eau de pluie, c'est aussi soulager le système de gestion des eaux lorsqu'il est sous tension. En effet, le réseau de traitement des eaux repose sur une infrastructure complexe et coûteuse : ces systèmes peuvent parfois être débordés, surtout en période de fortes intempéries. C'est le cas de Paris, qui possède un système de tout-à-l'égout, donc qui mélange les eaux de pluie aux eaux usées.
Enfin, les systèmes de récupération d'eau permettent également d'éviter de gaspiller de l'eau potable pour des usages qui ne l'exigent pas nécessairement : chasse d'eau dans les toilettes, nettoyage d'un véhicule…
Que peut-on faire avec de l'eau de pluie ?
En France, l'usage de l'eau de pluie est strictement encadré. La loi distingue les usages autorisés et ceux interdits car présentant des risques sanitaires potentiels.
L'eau de pluie peut être utilisée librement à l'extérieur, pour des usages jugés sans danger pour la santé humaine :
Arrosage du jardin ;
Nettoyage des véhicules ou du domicile ;
Alimentation d'un bassin décoratif.
L'eau de pluie peut être utilisée à l'intérieur du logement, mais uniquement pour les usages suivants :
Alimentation des chasses d'eau des toilettes ;
Lavage des sols ;
Lavage du linge (à condition que l'eau soit désinfectée).
En revanche, il est interdit de boire, de cuisiner ou de laver la vaisselle avec de l'eau de pluie. En effet, même filtrée, cette eau ne respecte pas toutes les normes sanitaires exigées pour être potable.
Comment stocker l'eau de pluie ?
Si vous souhaitez installer un dispositif de récupératif d'eau de pluie, ce dernier doit être soigneusement dimensionné et entretenu. On distingue deux grandes catégories de dispositifs :
Les cuves enterrées offrent une grande capacité de stockage et bénéficient d'une protection plus adaptée face aux rayons UV. Cependant, ces cuves sont coûteuses car plus complexes à installer ;
offrent une grande capacité de stockage et bénéficient d'une protection plus adaptée face aux rayons UV. Cependant, ces cuves sont coûteuses car plus complexes à installer ; Les cuves hors-sols sont plus faciles à poser et moins coûteuses. Toutefois, la capacité de stockage y est plus limitée et la cuve est plus exposée aux variations de température et de lumière, ce qui peut altérer la qualité de l'eau.
Stocker de l'eau requiert de vérifier et d'entretenir régulièrement votre équipement :
Votre cuve doit être correctement fermée pour éviter la prolifération d'insectes ou l'intrusion de rongeurs ;
Tous les ans, vous devez nettoyer les filtres et effectuer une vidange complète de la cuve.
Vous devez également tenir un carnet d'entretien sanitaire dans lequel vous décrivez le plan de votre système de récupération d'eau et les dates auxquelles vous avez effectué les opérations de vérification et de nettoyage.
Enfin, si vous utilisez l'eau de pluie à l'intérieur de votre logement, vous êtes obligé de déclarer votre équipement auprès de la mairie de votre commune. Pour cela, vous devez envoyer un courrier dans lequel vous précisez votre adresse ainsi que le volume d'eau utilisé à l'intérieur de votre logement.
Attention, la municipalité est en droit d'effectuer des contrôles réguliers pour s'assurer de la conformité du matériel et de son utilisation. Si votre équipement contamine les réseaux publics d'aide potable, vous risquez une amende de 45 000 € et trois ans d'emprisonnement. Les systèmes de récupération d'eau de pluie ne sont donc pas à prendre à la légère : ils demandent du temps, de l'investissement et une vigilance constante pour s'assurer qu'ils ne présentent pas de risque sanitaire.
(Crédit photo : iStock – wakila)
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