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La reconnaissance des sciences en français : un impératif

La reconnaissance des sciences en français : un impératif

La Presse2 days ago
Il est urgent que le gouvernement fédéral reconnaisse la contribution fondamentale des scientifiques francophones et qu'il adopte des mesures concrètes pour soutenir et valoriser leur travail, écrivent les cosignataires.
Dans un contexte mondial marqué par des défis immenses, le rôle de la science est plus que jamais crucial. Or, au Canada, une dimension essentielle de l'écosystème scientifique est négligée : la recherche qui se fait en français.
Sophie Montreuil, Martin Maltais et Jean-Pierre Perreault
Respectivement directrice générale, président et président sortant de l'Acfas*
Il est urgent que le gouvernement fédéral reconnaisse la contribution fondamentale des scientifiques francophones et qu'il adopte des mesures concrètes pour soutenir et valoriser leur travail.
La science en français n'est ni un caprice ni un particularisme régional ou folklorique. Elle est l'expression d'une des deux langues officielles du Canada, le reflet d'une culture vivante, dynamique et, surtout, d'une communauté de recherche qui contribue activement à l'avancement des savoirs et à leur mobilisation, tant au pays qu'à l'international. Pourtant, cette communauté se heurte à une série d'obstacles qui freinent son développement et compromettent la vitalité économique de la nation canadienne.
Les données parlent d'elles-mêmes : alors que les francophones représentent environ 21 % de la population universitaire canadienne en recherche, à peine 5 % à 12 % des demandes de subvention aux grands conseils fédéraux sont rédigées en français.
Ce déséquilibre flagrant n'est pas dû à un manque d'intérêt ou de compétence des chercheurs, mais bien à un système qui, dans ses pratiques, décourage l'usage du français. Les craintes de malentendus, d'évaluations biaisées ou inéquitables, de même que l'absence de mécanismes de soutien adaptés, poussent bon nombre de scientifiques et de jeunes chercheurs à se détourner de leur langue maternelle pour pouvoir être entendus.
L'alarme sonne depuis plusieurs années
Depuis plusieurs années, l'Acfas tire la sonnette d'alarme. Son rapport de 2021, largement diffusé, documente en détail les freins institutionnels, structurels et linguistiques qui minent la recherche en français au Canada1.
D'autres organisations, comme l'Association des collèges et universités de la francophonie canadienne et le Réseau de l'Université du Québec, ont aussi pris position. Malgré ces démarches, les gestes posés par le gouvernement fédéral demeurent timides, voire symboliques.
Prenons l'exemple de la réforme du système de soutien à la recherche, amorcée à l'automne 2022. Un premier rapport, en mars 2023, inclut une recommandation sur le français… sur 21 ! Pire encore : sur les 10 000 mots d'un autre rapport, paru en octobre 2024, à peine 184 sont consacrés à la question de la recherche en français. Ce traitement marginal reflète une tendance constante : considérer la science francophone comme périphérique, voire accessoire.
Il serait injuste de ne pas reconnaître certains efforts. Patrimoine canadien, en particulier, a manifesté une réelle volonté d'agir. Il a mis en place un groupe consultatif externe sur la recherche en français à l'automne 2024 et appuyé des initiatives concrètes, notamment à travers le Plan d'action sur les langues officielles 2023-2028.
Mais avec un financement de seulement 8,5 millions sur cinq ans pour l'ensemble des sciences en français au Canada – soit moins de 1,7 million par année –, on est loin d'un engagement structurant. Surtout, Patrimoine canadien ne peut pas porter seul cette responsabilité. Les trois grands conseils subventionnaires (CRSH, CRSNG, IRSC), qui gèrent ensemble plus de 3,1 milliards en financement annuel, doivent impérativement faire leur part.
Il est temps de passer des constats aux actions. Le gouvernement a tous les outils en main : des rapports clairs, des recommandations précises et un cadre législatif – la Loi sur les langues officielles – qui lui impose d'agir.
Ce qu'on attend, c'est un engagement fort et structurant pour la recherche en français, à la hauteur de ce qu'elle représente pour le pays.
Concrètement, cela signifie revoir les processus d'évaluation pour garantir un traitement équitable des demandes soumises en français ; assurer une représentativité adéquate des chercheurs francophones dans les comités décisionnels ; allouer un financement récurrent et significatif à la recherche menée en français ; surtout, intégrer la dualité linguistique dès la conception des nouvelles structures de gouvernance scientifique.
La science en français n'est pas un luxe. Elle est un levier stratégique pour l'innovation, l'inclusion et les relations internationales du Canada. Notre pays a une occasion unique : bâtir un système de recherche réellement bilingue, équitable et ouvert sur le monde.
Il faut maintenant avoir le courage d'agir. L'audace de l'égalité linguistique doit devenir la norme. Elle doit être le moteur du repositionnement national du Canada face à l'obscurantisme consommé que l'on observe au sud de nos frontières.
* Le 17 juin dernier, l'Acfas a envoyé une lettre aux ministres Mélanie Joly et Marjorie Michel et à la Dre Mona Nemer. Cette lettre inclut les signatures de 1062 personnes, qui ont appuyé les constats et les demandes de l'Acfas.
1. Consultez le rapport de l'Acfas sur la recherche en français
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L'étrange nouveau combat des complotistes canadiens
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La Presse

time10 hours ago

  • La Presse

L'étrange nouveau combat des complotistes canadiens

L'enclos des autruches de la ferme Universal Ostrich, en Colombie-Britannique, en mai dernier On connaîtra bientôt la peine des leaders du convoi pour la liberté, ce mouvement tonitruant qui a paralysé le centre-ville d'Ottawa à l'hiver 2022. Ce verdict marquera la fin de l'un des épisodes les plus délirants de la pandémie. Dans un Canada redevenu platement normal, voire légèrement ennuyant, peut-être vous demandiez-vous à quoi les complotistes pouvaient bien occuper leurs journées ? La réponse n'est pas ennuyante : les autruches. Ils veulent sauver les autruches. Après les semi-remorques, c'est au tour de ces gracieux volatiles de devenir le symbole d'une courageuse lutte implacable contre un État répressif, liberticide et déconnecté du peuple. Si la cause est nouvelle, cette histoire met en scène à peu près les mêmes personnages de la tragicomédie pandémique. Et c'est reparti pour un tour. Tout a commencé en décembre, quand la grippe aviaire a frappé les autruches de la ferme Universal Ostrich, en Colombie-Britannique. Soixante-neuf oiseaux ont succombé au virus H5N1. Il en restait 400. L'Agence canadienne d'inspection des aliments (ACIA) a fait la seule chose qu'il y avait à faire dans les circonstances : elle a ordonné l'abattage du troupeau entier. Ça peut paraître brutal, mais l'ACIA n'avait pas le choix. Même si les autruches avaient survécu au virus, il y avait un risque de propagation — faible, mais réel. Pire, il y avait un risque de transmission à l'humain : le génotype observé dans le troupeau était lié au cas d'un travailleur agricole infecté dans un poulailler de l'Ohio. La crainte des scientifiques, c'est qu'à force de laisser courir le virus H5N1, il mute suffisamment pour se transmettre d'humain à humain. Ça serait le début d'une nouvelle pandémie. Personne n'a envie de replonger dans ce cauchemar — à part, peut-être, quelques complotistes nostalgiques d'une période où on leur accordait beaucoup trop d'attention. Le sort des 400 autruches est en sursis. Les propriétaires du troupeau contestent la décision de l'ACIA devant les tribunaux. En attendant le verdict final, la ferme a été placée en quarantaine. Ça n'empêche pas les sympathisants d'y affluer. On campe autour des enclos. On organise des fêtes. On vend des casquettes Make Canada Great Again. C'est la version 2.0, estivale et champêtre, du « convoi de la liberté ». Les figures de proue du mouvement des camionneurs ont repris leurs anciens rôles. Il y a deux semaines, Tamara Lich, celle-là même qui recevra d'ici peu sa sentence à Ottawa (voir capsule plus bas), a poussé la chansonnette à Farm Aid Canada, un spectacle organisé en soutien aux autruches, ou du moins à leurs propriétaires. De nouveaux personnages apparaissent aussi dans cette histoire décidément pleine de rebondissements. Robert F. Kennedy fils a pris la peine d'écrire au président de l'ACIA pour demander la grâce des autruches. Au nom de… la science. Sans blague. Le plus antiscience des secrétaires à la Santé de l'histoire des États-Unis a conseillé au Canada de garder les autruches en vie afin de les étudier et d'en apprendre davantage sur leur réponse immunitaire au virus H5N1. Juste ça, ça donne envie de faire exactement le contraire. En passant, si RFK fils se préoccupe tant du sort des volatiles, pourquoi ne se mêle-t-il pas de ce qui se passe chez lui ? Depuis le printemps 2022, aux États-Unis, 173 millions d'oiseaux ont été abattus afin de restreindre la propagation de la grippe aviaire. Cent. Soixante. Treize. Millions. Et RFK fils voudrait nous faire croire que son cœur saigne pour 400 autruches canadiennes ? Qu'il faudrait les laisser vivre, ces pauvres bêtes ? Il y a sans doute, parmi ceux qui militent pour sauver les autruches, des personnes guidées par une émotion sincère. Malavisée, mais sincère. Ces gens-là espèrent de tout cœur un dénouement heureux pour Arnold, Frank, Precious et Q-Tip, celui à la tête en forme de boule duveteuse. Mais pour l'essentiel, ce mouvement n'a rien à voir avec le bien-être des animaux. Comme il n'avait rien à voir, il y a trois ans, avec celui des camionneurs. C'est plutôt une occasion en or, pour les complotistes, de reprendre leur lutte contre la science, le gouvernement et des mesures de santé publique cruciales. Un bref survol des réseaux sociaux suffit pour constater à quel point cette histoire a pris des proportions ridicules – et inquiétantes – dans les sphères conspirationnistes de l'extrême droite canadienne. Ça foisonne d'images d'autruches intrépides en tenue militaire ou enveloppées du drapeau unifolié. De messages furieux appelant au retour de la potence ou à l'abattage des élites au pouvoir. Et, bien sûr, de théories du complot. Les autruches, symboles des sphères conspirationnistes sur les réseaux sociaux CAPTURE D'ÉCRAN DU COMPTE FACEBOOK DE JAMES SOWERY Cette image créée par l'intelligence artificielle est tirée du compte Facebook de James Sowery, un Albertain condamné pour avoir foncé en camionnette sur un agent de la GRC lors du blocus frontalier de Coutts en février 2022. CAPTURE D'ÉCRAN DU COMPTE FACEBOOK DE JAMES SOWERY Cette image créée par l'intelligence artificielle est tirée du compte Facebook de James Sowery, un Albertain condamné pour avoir foncé en camionnette sur un agent de la GRC lors du blocus frontalier de Coutts en février 2022. CAPTURE D'ÉCRAN DU COMPTE FACEBOOK DE JAMES SOWERY Cette image créée par l'intelligence artificielle est tirée du compte Facebook de James Sowery, un Albertain condamné pour avoir foncé en camionnette sur un agent de la GRC lors du blocus frontalier de Coutts en février 2022. CAPTURE D'ÉCRAN DU COMPTE FACEBOOK DE JAMES SOWERY Cette image créée par l'intelligence artificielle est tirée du compte Facebook de James Sowery, un Albertain condamné pour avoir foncé en camionnette sur un agent de la GRC lors du blocus frontalier de Coutts en février 2022. 1 /3 Il semble que la ferme collaborait avec des laboratoires de recherche. Avec un scientifique japonais, entre autres, qui aurait trouvé une façon de neutraliser les variants de la COVID-19 grâce aux anticorps des autruches. C'est pour ça que Big Pharma voudrait faire disparaître les oiseaux. Pour continuer à vendre son vaccin. Comme disent les Japonais : huge if true. Ce n'est pas comparable au ruineux bordel d'Ottawa, mais cette affaire a tout de même des impacts économiques, en particulier pour les agriculteurs voisins de la ferme d'autruches. « Ça fait sept mois que cette vallée ne peut pas vendre ses poulets et ses œufs en raison de la quarantaine qui a été imposée dans un rayon de 10 km autour de la ferme », a confié une habitante du village d'Edgewood à Radio-Canada1. Si l'ACIA ne procède pas à l'abattage, les conséquences pourraient être autrement sérieuses pour l'ensemble de l'industrie de la volaille au pays. En vertu d'ententes internationales, le Canada est contraint d'abattre les oiseaux qui ont été exposés au virus de la grippe aviaire. Tous les oiseaux. Ce n'est pas une option ni un caprice de bureaucrates zélés ou tyranniques. C'est une directive de l'Organisation mondiale de la santé animale, et ça vaut pour toutes les nations. C'est draconien, certes, mais c'est la meilleure façon de prévenir une pandémie dévastatrice pour l'humanité. Q-Tip et ses amis ailés ont beau être mignons comme tout, il est plus que temps de cesser de jouer à l'autruche et de mettre fin à cette mascarade. 1. Lisez le reportage de Radio-Canada Lisez aussi l'article « Début des observations sur la peine pour Lich et Barber »

Non, le Dr Vadeboncœur n'encourage pas l'élargissement du pénis…
Non, le Dr Vadeboncœur n'encourage pas l'élargissement du pénis…

La Presse

time13 hours ago

  • La Presse

Non, le Dr Vadeboncœur n'encourage pas l'élargissement du pénis…

« Je suis sûr que vous ne saviez pas que le pénis d'un homme pouvait grandir à tout âge et pouvait facilement atteindre 9 pouces. » C'est ce qu'une vidéo réalisée par hypertrucage (deepfake) fait dire à un faux Dr Alain Vadeboncœur sur les réseaux sociaux ; un énième exemple d'arnaque qui utilise l'intelligence artificielle et la crédibilité de personnalités médicales bien connues. « Je parle de ça, cette fois-ci ?! », s'exclame en riant le (vrai) Dr Alain Vadeboncœur, qui raconte avoir vu de nombreuses autres vidéos de « lui » au cours des derniers jours, toutes sous le thème de l'urologie (cancer de la prostate, dysfonction érectile, etc.). « Il y a une talle de sujets urologiques ou de santé sexuelle qui surgit sur les réseaux sociaux dans les derniers jours, et je suis rendu un grand spécialiste ! », lance-t-il, ironiquement. Ces vidéos ne sont certes pas parfaites. Dans la plus récente sur l'expansion pénienne (ci-haut), on constate de nombreux bogues, et les pauses peu naturelles dans les phrases du faux docteur sont assez pour mettre la puce à l'oreille à un spectateur averti. Mais elles sont assez réalistes pour faire tomber des gens dans le panneau. « La vidéo me donne un peu un accent à la française, mais elle n'est pas pire. Il faut que tu me connaisses bien pour savoir que ce n'est pas moi », commente le principal intéressé. Pas un cas unique Alain Vadeboncœur n'est pas le seul professionnel de la santé à « s'être vu » propager des faussetés sur les réseaux sociaux. Récemment, le Dr François Marquis et la nutritionniste Isabelle Huot ont pu voir leur doublure-arnaque vanter respectivement les mérites d'une cure miracle pour l'arthrite et des pilules pour maigrir. Au Québec, aucun médecin ne peut faire la promotion de produits médicaux : c'est interdit par le Code de déontologie du Collège des médecins. Ce n'est cependant pas le cas partout dans le monde, ce qui peut laisser planer un flou dans la tête des gens, même ici. « Tous susceptibles » de tomber dans le panneau Pilules kéto, CBD, produits contre le cancer… Ce n'est pas la première fois qu'on utilise la notoriété d'Alain Vadeboncœur pour générer des clics sur les réseaux sociaux. Il compile d'ailleurs une liste des fausses publications le concernant qu'il voit passer sur l'internet. Le médecin raconte avoir vu ces arnaques apparaître pendant la pandémie, une période où sa visibilité s'est accrue grandement. Les fausses publications consistaient d'abord en une panoplie d'images et d'articles fictifs, aux niveaux de plausibilité variables. « J'avais des collègues médecins qui me demandaient pourquoi je donnais des entrevues au Journal de Montréal sur le CBD ! », raconte-t-il. Aux dires du médecin, c'était agaçant, certes, mais les conséquences étaient plus limitées. Mais depuis un an ou deux, ce sont les deepfakes qui ont embarqué, et malheureusement, ils sont bons en tabarouette ! Dr Alain Vadeboncœur En entrevue, le Dr Vadeboncœur révèle même qu'une connaissance du milieu universitaire lui a récemment écrit après avoir acheté un produit pour la dysfonction érectile, dont il semblait faire la promotion en ligne. « Si un universitaire, qui a un esprit critique développé, se fait avoir, ça veut dire que ça marche. » La connaissance en question, qui a déboursé 200 $ en plus de donner ses informations bancaires aux fraudeurs, avait été bernée par une vidéo hypertruquée, accompagnée d'un simulacre d'entrevue qui reprenait l'esthétique du magazine L'actualité, dans lequel le Dr Vadeboncœur tient une chronique. « C'était à s'y méprendre, la 'page' est parfaite », reconnaît le médecin. « Compte tenu de la quantité de vidéos qu'on voit, on est tous susceptibles de regarder quelque chose trop rapidement et de baisser la garde », explique Frédérick Bruneault, co-fondateur du Laboratoire d'éthique du numérique et de l'intelligence artificielle. Un risque accru pour les plus vieux « Je pense que je suis très pratique pour les fraudes, parce que ma tête est très bien découpée », ajoute le célèbre médecin chauve. À cela, Frédérick Bruneault ajoute qu'il est surtout pratique parce qu'il existe le nombre de séquences vidéo sur lesquelles les fraudeurs peuvent se baser est beaucoup plus important pour les personnalités connues. Si le médecin envisage avec agacement et humour de voir ses traits utilisés pour vendre tout et (surtout) n'importe quoi, ce n'est pas sa principale préoccupation. « On me dit : 'Pauvre toi.' Oui, ça me dérange un peu, mais ça m'inquiète encore plus pour les gens qui se font avoir… » « Dans ma génération et celle plus vieille, il y a une bonne proportion des gens qui ne sont pas en alerte continuellement pour déceler les deepfakes (en français, hypertrucages) », indique le médecin de 61 ans, conscient d'être particulièrement lu, écouté et cru par une certaine frange plus âgée du public. « C'est un risque pour tous les utilisateurs, insiste Frédérick Bruneault, mais les personnes qui sont plus âgées sont souvent moins habituées et moins exposées » aux deepfakes, et donc, oui, plus susceptibles d'être manipulées. « Et pour la question de l'élargissement du pénis, je ne suis pas au courant. Il faudrait demander à un urologue, ce que je ne suis pas », conclut le docteur, avec humour.

Les cancers résistants commencent à livrer leurs secrets
Les cancers résistants commencent à livrer leurs secrets

La Presse

time20 hours ago

  • La Presse

Les cancers résistants commencent à livrer leurs secrets

Des chercheurs de l'Université d'Ottawa ont identifié un mécanisme qui permet aux cellules anormales de se multiplier comme si elles étaient saines, ce qui pourrait constituer un atout important dans la lutte contre le cancer. Jean-Benoit Legault La Presse Canadienne Ce mécanisme pourrait aussi expliquer pourquoi certains cancers finissent par développer une résistance aux médicaments de chimiothérapie qui sont utilisés pour les détruire. « La meilleure façon de causer un cancer chez un être humain ou chez tout organisme, c'est d'avoir des dommages à l'ADN », a rappelé le professeur Damien D'Amours, de la faculté de médecine de l'Université d'Ottawa. « Donc nous, on voulait comprendre comment les cellules écoutent ou n'écoutent pas les mécanismes, les règles du cycle cellulaire, qui leur disent essentiellement comment ou quand elles devraient se diviser ou pas. » Habituellement, a-t-il précisé, les cellules « n'aiment pas du tout se diviser quand elles ont des dommages à l'ADN parce que ça peut causer de plus grands dommages et ensuite ça peut causer le cancer ». Les cellules dont l'ADN est endommagé sont donc normalement incapables de se diviser en raison des dommages qu'elles présentent. Le professeur D'Amours et l'étudiante de cycle supérieur Laurence Langlois-Lemay ont maintenant découvert comment ces cellules arrivent à contourner les points de contrôle du cycle cellulaire qui empêcheraient normalement leur division. « Nous avons trouvé une mutation dans une (enzyme) qui s'appelle Polo et qui, en fait, commence à ne plus écouter son cycle cellulaire comme elle le devrait, a-t-il expliqué. Et cette mutation permet aux cellules de 'tricher'. » La première règle de la division des cellules, a-t-il ajouté, est qu'une cellule se divise uniquement lorsqu'elle reçoit un signal lui indiquant de le faire. La deuxième règle est qu'une cellule endommagée ne devrait jamais se diviser. C'est cette deuxième règle que la mutation identifiée permet aux cellules anormales d'enfreindre. Le professeur D'Amours, qui est titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur la dynamique de la chromatique et l'architecture du génome, estime que la principale découverte de l'étude est très pertinente pour le traitement du cancer, puisqu'un grand nombre d'agents chimiothérapeutiques fonctionnent en ciblant et en endommageant l'ADN de la tumeur. « Une grosse fraction de la thérapie qui est utilisée pour traiter les cancers chez les patients est basée sur la notion qu'on endommage l'ADN […] des cellules cancéreuses des patients, a-t-il dit. Et on veut que les cellules arrêtent de se diviser en réponse à ces dommages-là. Mais si les cellules ne répondent pas à la règle de ne pas se diviser quand elles ont un dommage à l'ADN, elles ne répondront pas à la thérapie. » On estime que la résistance aux traitements contribue à 90 % des décès liés au cancer. En d'autres mots, a précisé le professeur D'Amours, on endommage les cellules pour activer le mécanisme d'arrêt du cycle cellulaire. Mais si les cellules s'adaptent à leur ADN endommagé, elles peuvent continuer à se diviser, ce qui peut entraîner une résistance à la chimiothérapie, « et c'est le gros défi dans le traitement du cancer partout dans le monde en ce moment », a-t-il souligné. « Si on inhibe (Polo), on redonne aux cellules ce processus de décision-là de ne pas se diviser en présence de dommages à l'ADN », a résumé le professeur D'Amours. La prochaine étape consisterait à tester certains inhibiteurs d'enzymes de la famille de Polo chez des souris pour voir s'il y a lieu d'ensuite organiser des essais cliniques, a-t-il conclu. Les conclusions de cette étude ont été publiées par le réputé journal scientifique Proceedings of the National Academy of Sciences.

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