Artistes nains, enquête ouverte… 5 minutes pour comprendre le scandale autour de l'anniversaire de Yamal
Lamine Yamal
a eu 18 ans ce dimanche. Comme c'est aussi l'âge de la majorité en Espagne, la jeune star du Barça et de la sélection espagnole (21 sélections, 6 buts) a fêté son anniversaire en grande pompe. Cette soirée tape-à-l'œil se voulait très privée mais l'embauche d'artistes nains
a déclenché une vive polémique
.
Des images qui ont fuité sur les réseaux sociaux ont révélé les premiers éléments de cette soirée. Très tape-à-l'œil, avec des ballons dorés et un gigantesque gâteau d'anniversaire, elle s'est déroulée dans une villa de Garraf, près de Barcelone.
Elle s'est tenue en présence de 200 invités à qui le jeune adulte, dont la fortune est déjà estimée à 5 millions d'euros, a payé tous les frais, du transport à l'hébergement. Parmi ces invités figuraient, selon des médias espagnols, ses coéquipiers du Barça Gavi et
Pedri
, l'ancien défenseur aujourd'hui patron de la
Kings League
Gerard Piqué et Lewis Hamilton, qui n'avait pas de Grand Prix de
Formule 1
à son agenda.
Yamal avait aussi convié des artistes reconnus de l'autre côté des Pyrénées comme Emilia, Bad Gyal, Ozuna, Bizarrap et Lola Indigo. Tous ont dû laisser leur téléphone portable à l'entrée pour profiter du thème de la soirée : les gangsters.
Pour distraire ses invités,
le champion d'Europe 2024 avec la Roja
a embauché des personnes de petite taille pour un spectacle de divertissement dont, règle de confidentialité signée à l'entrée oblige, rien n'a filtré. Quelques heures après, l'association espagnole des personnes atteintes d'achondroplasie et autres dysplasies squelettiques avec nanisme (ADEE) en a eu connaissance et s'en est insurgée.
« Plusieurs personnes atteintes de nanisme ont été recrutées pour participer à des activités de divertissement, sans autre but que de servir d'attraction et de spectacle. Ce type de pratique est inacceptable car elle alimente la discrimination et porte atteinte à l'image et aux droits des personnes atteintes de nanisme », dénonce l'ADEE.
L'association rappelle que « les spectacles ou activités récréatives dans lesquels des personnes handicapées sont utilisées pour provoquer la moquerie, le ridicule ou la dérision du public d'une manière contraire au respect de la dignité humaine sont interdits ». Elle se réserve le droit d'« entreprendre des actions légales et sociales pour sauvegarder la dignité des personnes handicapées ».
Une autre polémique s'est ajoutée à la précédente dans la soirée de dimanche. Sur la chaîne espagnole
Telecinco
, la mannequin Claudia Calvo a affirmé, sans preuve, avoir refusé de participer aux festivités. Sans étayer ses propos, elle y prétendait que « Lamine Yamal voulait douze filles de compagnie pour son anniversaire, des filles blondes et avec un certain tour de poitrine ».
« Celles-ci pouvaient se voir créditer jusqu'à 2 000 euros sur leur carte de crédit pour des dépenses personnelles. Il nous a été proposé entre 10 000 et 20 000 euros pour y aller. Je ne sais pas ce qu'on attendait de nous », poursuivait-elle.
Avant un rétropédalage pas franchement clair sur Instagram ce mardi matin : « Je tiens à préciser officiellement que je n'ai parlé que de ce dont j'ai été personnellement informée. À aucun moment je n'ai parlé ou mentionné qui que ce soit en rapport avec ces accusations. Tout reste au stade de simples allégations, car il n'existe aucune preuve concluante ou tangible. Je m'excuse si ma déclaration a été mal interprétée. »
La polémique a rapidement enflé, d'autant que l'affaire est montée au plus haut sommet de l'État. Le gouvernement espagnol s'est saisi du dossier et a demandé l'ouverture d'une enquête pour vérifier si « la soirée s'est montrée dénigrante envers les personnes atteintes de nanisme ».
En Espagne, une loi vient d'être votée interdisant « toute activité récréative dans laquelle des personnes handicapées sont utilisées pour provoquer la moquerie, le ridicule ou la dérision du public d'une manière contraire au respect dû à la dignité humaine ».
Récente, elle ne prévoit toutefois pas encore de sanction pénale alors que le gouvernement souhaite que l'infraction entraîne une amende allant de 600 000 à 1 million d'euros. « Nous sommes préoccupés par le fait que les riches, les puissants, croient pouvoir rester impunis, regrette Jesus Martin, le directeur général des droits des personnes handicapées, dans des propos rapportés par l'
agence EFE
. La loi doit s'appliquer à tous, aux humbles comme aux puissants. »
Il s'inquiète qu'un « jeune homme avec autant d'abonnés, un influenceur pour les jeunes, organise ce genre de fêtes. Cela pourrait avoir un effet d'entraînement sur eux. »
Il convient de préciser que les personnes de petite taille embauchées n'ont pas été contraintes. Il s'agit d'artistes professionnels et l'un d'eux a pris la défense du footballeur. « Personne ne nous a manqué de respect, laissez-nous travailler en paix, a-t-il exigé auprès de la radio catalane
RAC 1
. Je ne comprends pas pourquoi il y a autant de battage médiatique. Nous sommes des gens normaux, nous faisons ce que nous voulons, en toute légalité. »
Il a poursuivi : « Nous savons quelle est notre limite et nous ne la dépasserons jamais :
nous ne sommes pas des bêtes de foire
. On danse, on distribue des boissons, on fait de la magie… Nous travaillons dans le spectacle. Pourquoi ne pouvons-nous pas le faire ? À cause de notre condition physique ? »
Si l'association ADEE prévoit de saisir la justice, le footballeur semble ne rien craindre des tribunaux. Selon l'artiste cité ci-dessus, rien d'illégal aux yeux de la loi n'a été commis lors de son anniversaire. Sa principale punition risque d'être aux yeux du public : a-t-il franchi ou pas une limite morale ?
S'il ne craint pas de sanction pénale, Lamine Yamal pourrait en revanche redouter un retour de bâton dans
la course au Ballon d'or
dont il reste le favori avec
le Parisien Ousmane Dembélé
. Les 100 votants pour la récompense qui sera décernée le 22 septembre ont encore quelques jours pour glisser leur bulletin dans l'urne.
Ils sont en pleine réflexion avec, en tête, les trois critères que le règlement leur demande de prendre en compte. En premier, « les performances individuelles et le caractère décisif et impressionnant » ; en deuxième, « l'aspect collectif et les trophées remportés » ; et enfin, « la classe et le fair-play ». C'est éventuellement sur ce dernier point que cette soirée d'anniversaire pourrait avoir une conséquence.
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