
«Elle fait sienne l'idéologie décroissante» : passe d'armes entre la maire de Nantes et la Région au sujet du développement de l'aéroport
Deux communiqués, deux ambiances. Il n'est pas rare que la région des Pays de la Loire (droite) et la mairie de Nantes (gauche) opposent des visions antagonistes. Dernier exemple en date : l'aéroport de Nantes-Atlantique, dont le réaménagement est à l'étude. Un nouveau concessionnaire devrait être désigné en 2026 pour procéder à sa modernisation très attendue, depuis que son transfert à Notre-Dame-des-Landes a été mis à l'arrêt.
En attendant cette désignation, les initiatives vont bon train. Le 2 juillet, la députée écologiste de Loire-Atlantique Julie Laernoes a déposé une proposition de loi visant lutter contre la pollution sonore et protéger la santé des riverains de la plateforme, après avoir mené une concertation en ligne. La parlementaire propose notamment de réguler le trafic à 56.000 vols par an, d'étendre le couvre-feu de 22h à 7h, ou encore d'interdire les vols nationaux lorsqu'une alternative en train de moins de 4 heures existe.
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Prise en compte de la santé
Un travail soutenu par la maire de Nantes Johanna Rolland deux jours plus tard. «Nul ne peut ignorer qu'il y a de véritables enjeux de santé liés à l'activité aéroportuaire. Je considère qu'ils doivent être pleinement pris en compte par le futur concessionnaire», a réagi l'édile socialiste, à la tête d'une majorité municipale alliée aux écolos, dans un communiqué de presse le 4 juillet.
«Au-delà de l'évolution des trajectoires et du renouvellement des flottes déjà annoncés, la seule variable d'ajustement qui permette de protéger la santé des populations est le volume du trafic à long terme, a affirmé la maire. C'est pour ces raisons que je considère que l'État doit envisager des mesures de régulation du trafic supplémentaires». Et de conclure : «En démocratie, les règles collectives doivent être respectées. Je suis donc favorable à l'accélération de l'instruction des sanctions par l'ACNUSA pour garantir leur efficacité et au doublement des amendes en cas de non-respect du couvre-feu par les compagnies aériennes.» Ces deux pistes font aussi partie de la proposition de loi de la parlementaire Julie Laernoes.
L'aéroport est un atout stratégique pour l'économie régionale Roch Brancour, vice-président de la Région Pays de la Loire chargé des transports
Cette prise de position a fait bondir le vice-président de la Région Pays de la Loire chargé des transports. Dans un communiqué publié le 21 juillet, Roch Brancour hausse le ton. «Alors que la procédure de désignation du futur concessionnaire est en cours, la maire de Nantes choisit de s'exprimer publiquement contre le développement de la plateforme aéroportuaire. Elle fait sienne l'idéologie décroissante de la frange la plus radicale de sa majorité, et met volontairement en péril l'attractivité de la métropole nantaise et plus globalement de la Région», fustige-t-il. Pour lui, «L'aéroport est un atout stratégique pour l'économie régionale. Avec plus de 7 millions de passagers en 2024 (+7,3 % par rapport à 2023), il répond à une demande forte et croissante. Il est urgent de le moderniser et de l'adapter aux besoins du territoire, pas de l'affaiblir». Et d'insister : «Opposer développement économique et santé des riverains est un débat dépassé. Ce n'est pas l'un contre l'autre : nous savons aujourd'hui concilier les deux, grâce à des outils et des solutions concrètes partagées.»
Cette passe d'armes intervient au moment où s'est tenu le 10 juillet un cinquième comité de l'aéroport. Coprésidé par le préfet et le délégué ministériel Emmanuel Mercenier, il a permis de faire le point sur plusieurs dossiers, dont le calendrier de l'appel d'offres en vue de la nouvelle concession. Les offres définitives des candidats sont attendues pour l'automne. «L'État a conçu le DCE (Dossier de consultation des entreprises; c'est-à-dire le cahier des charges, NDLR) en lien avec le territoire dont les élus, de sorte à inciter le futur concessionnaire à un développement maîtrisé de l'activité de l'aéroport, axé sur la qualité de service et la modernisation des infrastructures, en veillant à minimiser les nuisances pour les populations. L'aménagement sera sobre en développement et ambitieux en matière environnementale», a rappelé la préfecture dans un communiqué envoyé après cette réunion rassemblant notamment des élus et acteurs socio-économiques et associations.
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19 minutes ago
- Le Figaro
Droits de douane : environ 2000 entreprises françaises sont très exposées au marché américain
Plus de 10% du chiffre d'affaires de ces sociétés tricolores dépend de leurs exportations aux États-Unis, alertent les douanes françaises dans une étude parue ce vendredi, alors que l'UE négocie avec Donald Trump. Quelque 2000 entreprises qui réalisent la moitié des exportations françaises vers les États-Unis sont exposées au marché américain pour 10% ou plus de leur chiffre d'affaires, et subiraient la moitié du choc des droits de douane additionnels, selon une étude des douanes françaises parue ce vendredi 25 juillet. Avec 48,6 milliards d'euros de biens exportés vers les États-Unis en 2024, dont l'essentiel par 14.700 entreprises des secteurs marchands (hors biens agricoles et financiers), le pays est la deuxième destination d'exportation de la France en valeur derrière l'Allemagne (78 milliards d'euros). Alors que le dénouement des négociations sur les droits de douane entre l'Union européenne (UE) et les États-Unis est espéré le 1er août, les discussions se poursuivent et un accord semblait se dessiner ces derniers jours avec des droits de douane américains ramenés à 15%, assortis d'exemptions dans le secteur aéronautique ou pharmaceutique. Temporairement, un droit de douane de 10% s'applique sur les exportations européennes vers les États-Unis. À lire aussi Quels sont les 11 départements français les plus vulnérables aux droits de douane de Donald Trump ? Publicité Taux de marge faible pour certaines entreprises La moitié des droits de douane additionnels pourrait donc peser sur environ 2000 entreprises françaises qui réalisent les trois quarts des exportations de matériel de transport (construction aéronautique et navale), de boissons ou de produits de la maroquinerie vers les États-Unis, indique l'étude. La capacité de ces entreprises à résister au choc de cette nouvelle donne douanière réside notamment dans les taux de marge : un taux élevé peut-être réduit par une entreprise afin de «conserver sa clientèle» ou d'«absorber en tout ou partie la hausse des droits de douane pour ses clients en abaissant ses prix», ajoute le document. Le taux de marge des entreprises exportatrices vers le marché américain s'établit en moyenne à 35,5% en 2024, contre 27,9% pour des entreprises en France en 2022, avec des situations contrastées selon la taille ou le secteur d'activité. Ainsi, un quart de ces entreprises ont un taux de marge inférieur à 11%, et un quart supérieur à 52,1%, relève l'étude. Dans l'hypothèse où les entreprises tenteraient de neutraliser intégralement la hausse des prix en réduisant le taux de marge, elles devraient les réduire de 0,6 point avec des droits de douane de 10%, et de près de 2 points avec des droits de douane à 30%. Compte tenu de l'exposition au marché américain et des taux de marge des entreprises, la situation serait «plus difficile pour les industries de fabrication de matériel de transport (construction aéronautique et navale)» et «pour les microentreprises et pour les entreprises indépendantes», estiment les auteurs.


Le Parisien
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Le Parisien
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Pas une dette budgétaire mais écologique : « Nous devons à la planète au moins 22 ans de régénération écologique ». C'est en ces mots que le Dr Lewis Akenji, membre du conseil d'administration du Global Footprint Network, s'est exprimé ce jeudi dans le communiqué de présentation annuelle du « Earth Overshoot Day », ou « jour du dépassement » en français. D'après les calculs réalisés par le groupe, qui compare l'utilisation annuelle de ressources et la capacité de régénération de la Terre, nous consommons 1,8 fois trop vite ce que les écosystèmes mettent un an renouveler. Les chercheurs, qui combinent notamment les données des Nations Unies, du Global Carbon Project, de l'AIE ( l'Agence internationale de l'énergie ) et d'autres organismes, ont ainsi déterminé que « le jour du dépassement » tombait cette année ce jeudi 24 juillet, un jour plus tôt que l'an dernier. Depuis le début du projet, cette date butoir ne cesse d'avancer. Une rare exception a été enregistrée en 2020 en raison du Covid. Rien que pour la France, ce jour serait déjà atteint dès le 19 avril… Une situation alarmante pour Arnaud Schwartz, vice-président de France Nature Environnement . « Si tout le monde vivait comme une Française ou un Français moyen, il y aurait encore plus de problèmes, explique-t-il. Cela montre à quel point, malgré nos belles intentions, on est loin d'être exemplaire ». Cette annonce a vivement fait réagir les associations. Pour Sarah Roussel, chargée de campagne climat chez Greenpeace France , « ce qui est extrêmement inquiétant pour nous, c'est que cette date symbolique n'arrête pas d'avancer ». La multiplication d'annonces montrant une aggravation de la crise climatique ajoute à ce sentiment d'urgence. « En plus, on est cette année sur des records. 2024 était l'année la plus chaude et il y a un mois, les scientifiques ont alerté sur le fait que l'objectif des 1,5 °C n'était plus atteignable ». Elle rappelle également que les préoccupations environnementales ne sont pas un problème lointain et que l'Hexagone ressent déjà pleinement les effets. « Le continent européen est celui qui se réchauffe le plus vite au monde, la France en particulier » ajoute-t-elle. L'accélération des signaux d'alerte, estime Sarah Roussel, devrait pousser les États à lancer des mesures « ambitieuses » pour lutter contre le dérèglement climatique. Pour les ONG, ce nouveau recul du « jour de dépassement » est le symptôme d'une inaction climatique à l'échelle planétaire. « Malheureusement, cela ne nous surprend pas que la date recule chaque année, relève Jean Burkard, directeur de plaidoyer a WWF . On retarde la mise en œuvre de solutions, ce qui va, au final, les rendre plus coûteuses, importantes et difficiles à mettre en œuvre. Si on avait suivi dès 1970 les préconisations du WWF, peut-être qu'on n'en serait pas là ». Malgré ces résultats peu optimistes, les organisations expliquent que des solutions sont disponibles et à portée de main, comme sensibiliser le public à ses propres consommations . « La différence entre la dette écologique et la dette financière, c'est que pour la première, on ne pourra pas se tourner vers une deuxième planète pour demander un nouveau crédit », s'alarme Jean Burkard.