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« J'ai essayé d'arrêter de m'épiler en été, et j'aurais aimé que ce soit plus simple à assumer »

« J'ai essayé d'arrêter de m'épiler en été, et j'aurais aimé que ce soit plus simple à assumer »

TÉMOIGNAGE - Je m'épile depuis l'apparition de mes premiers poils. Vers 15 ans, j'avais vu avec stupeur quelques-uns d'entre eux apparaître sur mes aisselles et avais dû, rougissant de honte, demander à ma mère de m'acheter un rasoir. Ce qu'elle avait fait, tout en balayant le problème d'un : « Mais vraiment, tu n'as rien du tout, là ! ». Adolescente dans les années 90-2000, la question de la pilosité n'était pas aussi sujette au débat. Les femmes ne devaient pas afficher de poils, fin de l'histoire.
Ensuite, toute ma vie de femme a été rythmée par des « Je peux pas, je suis pas épilée », « Il faut que je m'épile », que ce soit pour une soirée, sortir avec un garçon, aller à la piscine, à la plage… L'épilation était pour moi une condition pour se sentir bien, belle et libre. C'était un passage obligé pour plaire, aussi. Une contrainte, mais que je n'envisageais pas de remettre en question. Les poils, je trouvais ça vraiment moche.
Lorsqu'ont commencé à émerger, dans le sillon des mouvements « body positive », des jeunes femmes avec des aisselles poilues - colorées ou non -, j'avoue que j'ai été surprise. Puis des femmes ne s'épilant pas les jambes ce qui, pour moi, était une zone encore plus sensible, était encore plus fascinant. Pour être honnête, je les regardais mi-dégoûtée, mi-admirative. Je soutenais leur prise de liberté, mais ce n'était clairement pas pour moi. Si théoriquement, j'étais contre l'injonction imposée aux femmes de s'épiler, je n'arrivais pas à m'en affranchir pour moi-même. Toujours trop moches, mes poils.
Puis, l'année dernière, j'ai vécu une période où je n'avais pas le temps de m'épiler correctement les jambes à la cire, comme j'en avais l'habitude. Pour aller plus vite, j'ai utilisé plusieurs fois un rasoir, chose que je ne fais jamais, forte des discours des esthéticiennes, qui estiment que c'était « une catastrophe à la repousse ». Ayant une peau très fine, je me suis effectivement rapidement retrouvée avec des poils incarnés de partout, des longueurs inégales, un vrai champ de bataille…
Une période de « jachère » de poils
Avant de partir en vacances deux semaines au bord de la mer en famille, j'ai donc décidé d'expérimenter une période de « jachère » de poils sur mes jambes, pour leur laisser le temps de souffler, de repousser et de repartir sur de bonnes bases. Je n'avais pas de « dates » prévus et les seuls moments où je n'allais pas pouvoir totalement cacher mes jambes sous une jupe longue ou un pantalon, c'était la plage. Mais tant pis, il fallait que je retrouve une peau saine et moins abîmée. Et puis, après tout, plein de femmes le font, me suis-je dit.
Je suis donc partie en Bretagne, des poils sur les jambes. En famille, ça ne m'a pas dérangée. Personne ne m'a fait de remarque ou de commentaire. Mais rapidement, dès que j'étais en short ou avec quelque chose de court, je n'assumais pas totalement d'être poilue devant des personnes extérieures. Je me suis donc retrouvée à souvent cacher mes jambes, ne pas m'asseoir en tailleur devant tout le monde, mettre des jupes longues alors que j'avais chaud. Le problème était clairement dans ma tête, mais impossible d'en faire abstraction.
Mais le pire, ça a été la plage. J'avais l'impression qu'on ne voyait que ça, je sentais des regards autour de moi - probablement à moitié fantasmés -, j'avais l'impression qu'on ne voyait que cela. Je bougeais le moins possible et lorsque j'avais envie de me baigner, je courais dans l'eau, honteuse, pour réduire le trajet de ma serviette à la mer au strict minimum. Je n'étais clairement pas à l'aise. Je me souviens du sentiment de soulagement lorsque, enfin, mes jambes se retrouvaient immergées dans la mer. On ne voyait plus mes poils. Ça ne m'a pas gâché mes vacances, mais clairement je ne l'ai pas très bien vécu.
Cette année, je sais que je ne recommencerai pas. Tout simplement parce que j'ai envie de passer des vacances à l'aise et sans penser à une chose aussi bête. Je maudis l'injustice d'être une femme et de devoir m'épiler, je m'en plains à chaque fois que je le fais. Et pour autant, je ne parviens pas à m'affranchir de cette injonction. C'est lié à moi-même, au regard des hommes pour qui ça compte encore, au chemin qui reste encore à parcourir. Mais ça m'apporte plus de charge mentale de ne pas m'épiler que de le faire. Donc pour l'instant, pas de poils aux jambes.
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