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Pourquoi la lecture aide à réussir sa vie professionnelle

Pourquoi la lecture aide à réussir sa vie professionnelle

Le Figaro5 days ago
Meilleure gestion du stress, des conflits, des autres... La lecture permettrait de développer ses soft skills. C'est ce qu'affirme l'entrepreneuse et auteure Céline Mas, ancienne présidente d'Onu Femmes France, dans son récent ouvrage.
On la connaît en tant qu'ancienne Présidente d'ONU Femmes France, mais elle est aussi une grande lectrice, au point d'avoir fait de sa passion un projet entrepreneurial. Céline Mas est aujourd'hui à la tête d'une entreprise à mission sociale, Love For Livres, centrée sur la bibliothérapie, un terme qui désigne l'art d'accompagner les individus par les livres. L'entreprise, qui a lancé sur son site internet le premier moteur de recherche de livres par les émotions, propose des conférences et formations aux soft skills (ces qualités comme l'intelligence relationnelle, la communication, l'esprit d'équipe, l'esprit critique, la résolution de conflits…) basées sur l'apport de la lecture et des sciences cognitives. À force de rencontrer en France et à l'étranger d'innombrables problématiques professionnelles résolues par les livres, Céline Mas a voulu transmettre au grand public les enseignements de ces multiples cas pratiques. Elle en a fait un guide récemment publié et intitulé : La lecture pour réussir sa vie professionnelle*. Un ouvrage qui a de quoi intéresser ces grandes lectrices que sont les femmes : d'après le baromètre 2025 du Centre National du Livre (CNL) paru en avril, 66% d'entre elles déclarent lire régulièrement pour seulement 43% des hommes. Les femmes ont-elles conscience des atouts professionnels qu'elles détiennent grâce aux livres ? Céline Mas fait toute la lumière sur ce trésor caché.
Madame Figaro.- Votre livre aborde de nombreuses limites professionnelles rencontrées par les femmes : le fameux syndrome de l'imposteur, le risque de burn-out, la difficulté à dire non ou à négocier. Comment la lecture peut-elle les aider à les dépasser ?
Céline Mas.- La lecture et la littérature peuvent permettre à chaque salarié, manager ou entrepreneur d'accéder à la meilleure version d'eux-mêmes. Elles sont des outils précieux pour développer des soft skills, qui sont la capacité d'une personne à gérer les défis quotidiens, à adopter un comportement positif et adapté dans ses interactions avec les autres et son environnement. Dans le livre, je cite le tableau des compétences psychosociales établi par Santé Publique France en 2022 : on y retrouve les compétences cognitives - la connaissance et la maîtrise de soi, la pensée critique - les compétences émotionnelles - savoir identifier et réguler ses émotions, gérer son stress - et les compétences sociales - écouter avec empathie, savoir communiquer, s'affirmer, résoudre des conflits. Pour développer chacune de ces soft skills, la lecture est un atout majeur. En se mettant à la place d'un personnage par exemple, grâce au processus d'identification, on éprouve de l'empathie. On va passer par tout un nuancier d'émotions, être apeuré, perturbé, révolté. La littérature est l'inverse d'un gourou, elle ne donne pas de conseils mais elle offre des points de vue différents sur le monde. Elle apporte des clés nouvelles pour appréhender notre propre vie et comprendre les autres. Le neuropsychologue Rick Hanson considère que la lecture est un «simulateur de vol social».
Pour chaque problématique concrète - commencer un nouvel emploi, améliorer sa productivité, lâcher prise - vous recommandez des exercices littéraires accompagnés de listes de lectures sur mesure. Pouvez-vous partager l'une de vos méthodes phares ?
C.M.- Notre exercice emblématique s'inspire d'un jeu de rôle inventé par le psychologue Jacques Fradin. Il s'agit de choisir un personnage, un «rôle modèle littéraire», et d'imaginer ce qu'il aurait fait à notre place, le conseil qu'il aurait donné s'il avait eu à résoudre notre problème. Cela incite à sortir de la rumination et à se servir de l'imagination pour voir le problème autrement. C'est aussi encourageant car le personnage, souvent, nous a fascinés. Il devient un «mentor fictionnel» !
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Vous souvenez-vous d'un effet avant/après inédit ?
C.M.- Oui, je pense à ce comité de direction à qui je donnais une formation sur les émotions. Il y avait un directeur juridique particulièrement discret. Nous travaillions sur la surprise, j'avais choisi Gatsby le Magnifique comme support de travail. Après la lecture du texte et quelques échanges, il avoue, soudainement, qu'il déteste la surprise ! Il se met à raconter la naissance de son troisième enfant : au moment où le bébé est apparu, le chirurgien s'est écrié qu'il n'avait jamais vu ça ! Sa femme et lui ont cru que l'enfant allait mourir… Alors que le médecin faisait allusion à une maladie de peau qu'il découvrait. Quinze ans après, la même émotion refaisait surface dans son récit. Après cette confidence, il s'est ressaisi et a refermé la faille spatiotemporelle. Plus tard, ses collègues sont venus me remercier : c'était la première fois qu'ils avaient accès à une facette plus humaine de sa personnalité et cela avait créé un lien. Or le lien favorise la résolution des conflits ultérieurs. Dans La Grande Librairie, l'actrice Rachida Brakni avait cité ce proverbe touareg : «Le voyage, c'est aller de soi à soi en passant par les autres». C'est aussi ce que permet la littérature.
Quelle problématique rencontrez-vous le plus souvent en formation ?
C.M.- La difficulté à se concentrer. L'environnement professionnel est propice aux sollicitations diverses : e-mails, téléphone, multitâches, open spaces… Notre attention est constamment détournée. Cela fait perdre en agentivité, cette capacité d'agir et d'aller au bout de ses tâches. Or, les neurosciences ont montré qu'on en a besoin pour se sentir engagé : si l'on a le sentiment de n'exécuter que des microtâches et de ne jamais produire de véritable résultat, on risque l'épuisement mental. La lecture, qui s'inscrit dans la lenteur, incite à l'introspection et à la focalisation, ce qui est une bonne façon de travailler sa concentration.
De nombreux sportifs, dites-vous, considèrent la lecture comme une clé de leur réussite ?
C.M.- Absolument. C'est le cas de Léon Marchand qui a déclaré qu'il lit des mangas avant la finale pour se détacher de l'enjeu et faire redescendre la pression. Serena Williams revendique d'avoir beaucoup lu pour travailler sa concentration.
Les dirigeants ont-ils conscience des atouts du livre pour leur entreprise ?
C.M.- Le CNL rapporte que de plus en plus de chefs d'entreprise et de salariés font ce pari. Sur son site, l'institution propose de signer une «charte pour le livre et la lecture en entreprise». Celle-ci explique que la lecture contribue au renforcement de l'esprit d'équipe, à l'expression individuelle et collective, au débat d'idées, et favoriserait un management horizontal plutôt que vertical.
Vous révélez que la lecture est quasiment l'antistress le plus puissant. Comment expliquer ce pouvoir ?
C.M.- Une étude publiée en 2009 par l'université de Sussex en Angleterre a montré que lire six minutes ferait baisser le taux de stress de 68 % et serait plus efficace que de marcher ou d'écouter de la musique. Quand on lit, le rythme cardiaque s'apaise, les tensions s'effacent, on oublie ses soucis. Cela favorise l'endormissement et un sommeil réparateur, gage de journées plus efficaces.
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Et vous, quel est votre «rôle modèle littéraire» ?
C.M.- Je me suis identifiée à l'impétueuse Jo des Quatre filles du docteur March . Le fait qu'elle refuse qu'on lui dicte sa vie m'a beaucoup marquée. C'est l'une de mes lignes de conduite : si j'étais restée l'otage des conditionnements, je n'aurais pas fait la moitié des choses que j'ai réalisées. Son émancipation m'a aidée à m'émanciper.
*Céline Mas La lecture pour réussir sa vie professionnelle, Ed. Dunod. 224 pages., 19,90 €
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