
L'inflation remonte, la baisse de taux s'éloigne
L'annonce mardi d'une remontée du taux d'inflation à 1,9 % en juin, quelques jours après l'étonnante baisse du taux de chômage pour le même mois, pourrait inciter la Banque du Canada à reporter une prochaine baisse des taux d'intérêt.
C'est ce qui ressort des commentaires d'analyse des économistes du secteur bancaire à la suite de la mise à jour mensuelle des données des prix à la consommation par Statistique Canada.
« Malgré certains signes de ralentissement économique attribuables aux tensions commerciales avec les États-Unis, je crois que la Banque du Canada (BdC) accordera davantage d'importance aux récents gains d'emploi et au rebond de l'inflation », indique Randall Bartlett, économiste en chef adjoint au Mouvement Desjardins.
« Ainsi, la Banque du Canada devrait maintenir son taux d'intérêt directeur à 2,75 % lors de sa prochaine réunion à la fin juillet. Cependant, avec des nuages économiques toujours à l'horizon, je m'attends à ce qu'elle reprenne la baisse des taux d'intérêt en septembre. »
À la Banque Nationale, l'économiste Matthieu Arseneau considère que « compte tenu des données d'inflation publiées mardi, il est encore plus probable que la Banque du Canada restera sur la touche en juillet, d'autant plus que l'emploi dans le secteur privé montre des signes de reprise selon les données de l'emploi en juin ».
Dans ce contexte, signale M. Arsenault, « si l'économie canadienne a été affaiblie au premier semestre par l'incertitude liée aux droits de douane, comme en témoignaient la baisse du PIB en avril et en mai et la hausse du taux de chômage entre février et juin, cela ne s'est pas encore traduit par une baisse des pressions inflationnistes. Il faut parfois du temps pour que les faiblesses économiques se répercutent sur l'inflation, et c'est probablement le cas actuellement ».
De l'avis de Douglas Porter, économiste en chef à la Banque de Montréal (BMO), les données de l'inflation en juin publiées mardi, en plus du « solide rapport sur l'emploi en juin » publié la semaine dernière, « ne donnent pratiquement aucune raison à la Banque du Canada de justifier une baisse des taux à sa réunion de la fin juillet ».
En fait, estime Douglas Porter, « nous devrons observer une décélération significative de l'inflation de base [excluant les prix fluctuants de l'essence] pour qu'une baisse de taux soit envisageable à la Banque du Canada, même lors de la réunion de septembre, à moins que survienne une forte détérioration de l'économie en conséquence de l'incertitude liée aux tarifs douaniers ».
À la Banque CIBC, l'économiste principal Ali Jaffery anticipe aussi que la Banque du Canada maintiendra son taux d'intérêt directeur à son niveau actuel (2,75 %) lors de sa réunion du 30 juillet.
« Attendre à l'automne lui donnera plus de temps pour observer les pressions inflationnistes et avoir une idée plus précise de l'impact du choc d'incertitude des droits de douane sur l'économie canadienne », estime M. Jaffery.
Rebond de l'inflation
Selon les données publiées mardi par Statistique Canada, le rythme de l'inflation s'est accéléré en juin notamment parce que les consommateurs ont payé plus cher pour certains biens durables, comme les véhicules et les meubles.
Le taux d'inflation des prix à la consommation sur un an s'est élevé à 1,9 % en juin, en hausse par rapport au niveau de 1,7 % observé en mai. Au Québec, l'inflation annuelle s'est établie à 2,2 % en juin après avoir été de 1,7 % en mai.
Selon Statistique Canada, le taux d'inflation s'est accéléré en juin alors que les prix de l'essence ont diminué dans une moindre mesure en juin par rapport à mai.
De plus, les prix des véhicules automobiles ont affiché une hausse de 4,1 %, comparativement à 3,2 % en mai. Les prix des véhicules d'occasion ont connu leur première augmentation d'une année à l'autre en 18 mois, alors que les stocks des commerçants étaient plus restreints.
Par contre, l'inflation des prix des aliments achetés en magasin a légèrement ralenti, passant de 3,4 % en mai à 2,9 % en juin. Selon Statistique Canada, ce ralentissement est en grande partie attribuable aux prix des légumes frais, qui ont diminué de 3,1 % sur un an.
L'inflation des prix du logement a continué de ralentir, chutant d'un dixième de point de pourcentage, pour s'établir à 2,9 % en juin.
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