
Le gouvernement veut augmenter la part des assurés sur l'achat de médicaments
Alors que le gouvernement souhaite économiser 5,5 milliards d'euros sur le secteur de la santé pour le prochain budget, le ministre chargé de la Santé et de l'Accès aux soins, Yannick Neuder a confirmé jeudi sur France info souhaiter une hausse du plafond des franchises médicales. L'annonce n'est pas nouvelle, elle a déjà été évoquée par Catherine Vautrin dans un entretien au Monde paru ce samedi, qui a appelé à «responsabiliser les assurés». L'augmentation de la franchise médicale n'est pas une première: déjà le 31 mars 2024 elle est passée, pour les médicaments, de 50 centimes à un euro.
«Le gouvernement a décidé de doubler le plafond des franchises médicales, et celui des participations forfaitaires ainsi que d'augmenter le montant de ces franchises et participations forfaitaires», a annoncé Catherine Vautrin au Monde samedi dernier. Et la franchise « peut être deux euros » par boîte de médicament, au lieu d'un euro, a précisé Yannick Neuder. Une simple hypothèse ajoute le ministre: « ça fait partie des discussions ». «Nous voulons aussi que, demain, ces franchises soient payées au comptoir [en pharmacie], plutôt que via le fonctionnement actuel, avec un prélèvement ultérieur que l'assuré ne voit pas», a précisé Catherine Vautrin. Autrement dit, le patient pourrait, demain, payer directement le reste à charge à la pharmacie.
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Pou rappel, chaque assuré doit régler une franchise médicale sur certains frais, dont les boîtes de médicaments. Elle est aujourd'hui de 1 euro par boîte ou acte paramédical, et 4 euros par transport sanitaire. À l'année, la franchise médicale ne peut excéder 50 euros pour tous les actes et prestations concernées. Autrement, dit c'est un montant à la charge du patient, déduit directement des remboursements. Certaines personnes en sont exonérées, comme les moins de 18 ans, les bénéficiaires de la complémentaire santé solidaire ou de l'Aide médicale d'état. La franchise n'est prélevée que sur les médicaments remboursés par l'Assurance maladie. Ainsi, par exemple, si l'assuré achète une boîte de médicaments à 10 euros, et que ce médicament est remboursé à 65 %, l'Assurance Maladie remboursera 5,50 € (6,50 € - 1 € de franchise).
Plafond des franchises médicales
Enfin, la ministre a annoncé doubler le plafond des franchises médicales. Il est aujourd'hui de 50 euros maximum à payer par an et par assuré sur les boîtes de médicaments, les actes paramédicaux et les transports sanitaires. Il passerait donc à 100 euros par an par assuré. Le gouvernement a aussi décidé de doubler le plafond des participations forfaitaires (consultations) de 50 euros aujourd'hui à 100 euros. L'augmentation de la franchise sur les médicaments est une «mesure injuste qui pénalisera d'abord les malades chroniques et âgés» a dénoncé Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France comme l'ont rapporté nos confrères du Parisien.
Mais pour le gouvernement, derrière ces annonces, en plus de faire des économies, l'objectif est aussi de sensibiliser les patients : «La santé n'a pas de prix mais elle a quand même un coût», a campé Yannick Neuder sur France Info. Confirmant ainsi l'affirmation de Catherine Vautrin au Monde: «il faut arrêter avec cette idée que l'Assurance-maladie, 'c'est gratuit, j'y ai droit' : il faut être vigilant, tous ensemble, sur nos dépenses. » Il faut, pour Yannick Neuder, «que tout le monde se rende compte que tout ça n'est pas gratuit" mais financé par les impôts. Cette augmentation à venir du plafond doit être "soutenable pour tout le monde : pour les entreprises, pour l'Assurance-maladie, pour les patients", a-t-il nuancé.
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