21-07-2025
«Enchaînés sans eau et sans toilette» : un rapport étrille les conditions de vie des migrants emprisonnés dans une prison américaine
Plusieurs migrants emprisonnés dans des prisons de Floride ont affirmé auprès de Human Rights Watch être victimes de traitements dégradants par les autorités pénitentiaires.
Enchaînés, privés de soins, ou forcés de s'agenouiller pour manger de la nourriture «comme des chiens». Un rapport publié mardi par l'organisation Human Rights Watch fait état d'une série d'abus commis à l'encontre des migrants enfermés dans les prisons gérées par l'Agence de l'immigration et des douanes de Floride depuis janvier, rapporte le quotidien britannique The Guardian.
Selon plusieurs groupes de défense des droits humains, ces abus, qui courraient depuis janvier, seraient monnaie courante dans les trois prisons gérées par l'Agence, victimes d'une forte surpopulation carcérale.
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«Tous devaient rester debout»
«Le personnel des trois centres de détention examinés par les chercheurs a soumis les détenus à des soins médicaux dangereusement médiocres, à la surpopulation, à des traitements abusifs et à des restrictions d'accès à un soutien juridique et psychosocial», révèle ainsi le rapport. Plusieurs témoignages attestent de cette saturation, affirmant que plusieurs prisonniers auraient attendu pendant plus de 24 heures dans un bus ou dans un parking avant de pouvoir être installés dans des salles déjà surchargées. «Quand je suis partie, presque toutes les salles de visite étaient pleines. Certaines étaient tellement pleines que les hommes ne pouvaient même pas s'asseoir ; tous devaient rester debout», a ainsi affirmé Andréa, détenue, auprès de l'organisation de droits humains. Des prisonniers des trois établissements pénitentiaires ont affirmé avoir été «enchaînés pendant de longues périodes dans des bus, sans nourriture, sans eau et sans toilettes fonctionnelles», précise encore le document.
Dans le centre de traitement de Krome North, dans l'ouest de Miami, les détenues y seraient contraintes d'utiliser les toilettes à la vue des hommes, et se seraient vues refuser l'accès à des soins adaptés, à des douches, ou à une alimentation adéquates. Le rapport fait également état de graves violations de normes médicales dans ces établissements, qui auraient notamment refusé aux personnes souffrant de diabète, asthme et autres maladies chroniques les médicaments prescrits et l'accès aux médecins. Dans le centre de Broward à Pompano Beach, où était déjà décédée une ressortissante haïtienne de 44 ans, les détenus ont déclaré qu'on leur refusait systématiquement des soins médicaux ou psychologiques adéquats.
Forte augmentation du nombre de migrants incarcérés
«Lors d'un incident, des policiers ont obligé des hommes à manger en étant menottés, les mains derrière le dos, après avoir forcé le groupe à attendre des heures pour déjeuner», pointe encore le document. «Nous avons dû nous pencher et manger sur les chaises avec notre bouche, comme des chiens», a raconté un homme à l'organisation, quand d'autres ont fait état de comportements brutaux provenant des gardiens à l'égard des détenus.
«La politique d'immigration à sens unique de l'administration Trump, axée uniquement sur les expulsions massives, continuera d'envoyer davantage de personnes dans des centres de détention pour immigrants qui n'ont pas la capacité de les accueillir et ne fera qu'aggraver les conditions décrites [ici]», fustige ainsi le rapport, qui recommande de remplacer la détention par des programmes de gestion et une aide juridique, un logement et une aide à l'emploi.
L'incarcération de personnes dans des centres dédiés à l'immigration a augmenté de manière exponentielle aux États-Unis. Au mois de juin 2025, 56.000 personnes étaient incarcérées en moyenne chaque jour dans ces types d'établissement, soit 40% de plus qu'en 2025. Deux sondages publiés dimanche par les chaînes américaines CNN et CBS affirment cependant que la politique migratoire sévère du président américain Donald Trump a perdu le soutien de la majorité des Américains. Si la base inébranlable des sympathisants républicains lui est toujours fidèle (91% des sympathisants soutiennent les expulsions massives de migrants), 57% des personnes interrogées se disent opposées aux projets de création de dizaines de milliers de places en centres de rétention.