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La résilience féroce d'Allison Russell
La résilience féroce d'Allison Russell

La Presse

time4 days ago

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La résilience féroce d'Allison Russell

Devant une foule qui la connaissait sans doute fort peu, Allison Russell a offert un concert incandescent, jeudi, sur la place des Festivals. Elle a misé sur le groove et tout ce qui brûle en elle pour cet évènement qui fut aussi sa lettre d'amour à Montréal, la ville où elle est née. Ce qui happe, chez Allison Russell, c'est d'abord son chant. Cette voix ronde et chaude qui, sur scène, se déploie avec une force insoupçonnée et avec quelque chose de rageur qu'on n'attendait pas non plus. Or, ça ne devrait pas être un sujet d'étonnement. Les chansons d'Allison Russell ne représentent pas seulement ce qui se fait de mieux dans l'Americana – c'est-à-dire ce mélange de musiques racines comme le blues, la soul, le gospel, le folk et le bluegrass – à l'heure actuelle. Elles constituent une prise de parole. Elles parlent, souvent sans détour, de racisme (Eve Was Black) et de violence sexuelle. De résilience et d'empathie aussi. De cet amour qui panse les plaies (Persephone) et de celui dont le monde manque (Superlover). Ce n'est pas tous les jours qu'on se trouve devant une chanteuse qui ne défend pas que ses chansons, mais aussi des valeurs. Allison Russell, qui vit maintenant à Nashville, aux États-Unis, a notamment tenu à dire que « diversité » n'est pas un vilain mot. Il ne s'agissait pas seulement d'une affirmation de sa propre identité – elle se décrit comme queer –, mais d'une référence nette au climat social qu'on observe au sud de la frontière, où toutes sortes de minorités sont prises pour cibles. PHOTO ÉDOUARD DESROCHES, LA PRESSE Allison Russell a livré une prestation à la fois enlevante et incantatoire. Évoquant sa jeunesse montréalaise, elle a aussi beaucoup insisté sur l'importance de la scène artistique d'ici et dit combien il a été salvateur pour elle d'avoir accès facilement – et gratuitement – à de la culture. Sa profession de foi avait une résonance bien particulière dans le contexte où une candidate à la mairie de Montréal remet en question le modèle de gratuité actuel des grands festivals extérieurs au centre-ville. Lisez « Soraya Martinez Ferrada favorable aux zones payantes » Des grooves puissants Si le propos d'Allison Russell porte, c'est bien sûr parce qu'il est livré dans un emballage musicalement extrêmement solide. Ses trois musiciennes et elle ont navigué pendant 90 minutes entre grooves puissants, incantations blues, bluegrass pesant et même un peu de blues cadien. Au centre de tout ça, la chanteuse dansait et tournoyait avec une joie féroce. On avait compris dès l'entrée en matière, Hy-Brasil, interprétée a capella après sa belle introduction à la clarinette, que la soirée ne serait pas banale. Ce que l'artiste a confirmé en interprétant Montreal et Springtime avec une énergie, mais aussi beaucoup de nuance. Son seul défaut est d'avoir choisi d'interpréter Persephone et Superlover en formule acoustique, au milieu du spectacle : il n'est pas facile de créer une bulle d'intimité à la place des Festivals… « Ça fait du bien à mon esprit d'être ici », a lancé Allison Russell, au début de son concert, qui était assurément son plus imposant en ville en carrière. Elle parlait de sa joie d'être de retour dans la ville où elle a grandi, mais son sentiment fut sans doute partagé par bien des spectateurs pour d'autres raisons. Sa prestation, à la fois enlevante et incantatoire, avait en effet quelque chose de libérateur. On mettrait notre main au feu que ceux, sans doute nombreux, qui s'étaient déplacés par curiosité retiendront désormais son nom.

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