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«Rien à péter de leur rentabilité» : la réponse d'une agricultrice à Sandrine Rousseau
«Rien à péter de leur rentabilité» : la réponse d'une agricultrice à Sandrine Rousseau

Le Figaro

time2 days ago

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«Rien à péter de leur rentabilité» : la réponse d'une agricultrice à Sandrine Rousseau

FIGAROVOX/TRIBUNE - Après l'adoption de la loi Duplomb, la députée écologiste, interrogée sur l'enjeu de la rémunération des agriculteurs, a affirmé que «ce n'était pas le sujet». L'agricultrice Anne-Cécile Suzanne estime que la rémunération des agriculteurs et l'écologie vont de pair. Anne-Cécile Suzanne est agricultrice en polyculture élevage et consultante en stratégie chez Kéa, auteur de Les sillons que l'on trace (Fayard, 2024). À découvrir PODCAST - Écoutez le club Le Club Le Figaro Idées avec Eugénie Bastié «Je n'en ai rien à péter de leur rentabilité». Au-delà de la formule de Sandrine Rousseau à propos des agriculteurs, visiblement à l'affût de la moindre opportunité de faire le buzz, l'intention de fond interpelle. La rentabilité agricole n'est pas annexe à la transition écologique. Les deux sont en réalité indissociables. Publicité L'écologie en agriculture est partout : de l'élevage qui fait pâturer les animaux, au fumier qui retourne à la terre, à la graine qui est semée pour faire germer l'alimentation de demain. Elle est partout dans l'esprit des agriculteurs, qui s'ils ne parviennent pas à rétablir le niveau de matière organique des sols, s'ils ne parviennent pas à maintenir un bon niveau de biodiversité, ne pourrons plus exercer demain. Le problème est que l'écologie est partout, aussi, dans les taxes payées, dans les distorsions de concurrence subies, dans les formalités sans aucun sens qu'il est demandé à chaque coin de champ de respecter. L'écologie manque de sens, frappe plus qu'elle ne protège, détruit l'économie au lieu d'être portée par elle. À lire aussi Des fermes moins familiales, plus grandes, moins de vaches et plus de colza : la grande mutation de l'agriculture française Pour autant, loin du feu des projecteurs et du court terme des éléments de langage politiques, le vrai sujet est de construire un avenir meilleur à l'écologie et à l'agriculture. Il faut que l'écologie intègre le marché, parce que nous sommes, précisément, dans une économie de marché. Il faut que les clauses miroirs soient appliquées, de même que le principe de réciprocité dans le commerce international. Ça veut dire interdire le glyphosate sur le territoire national, mais interdire en même temps tout produit importé qui en a reçu et contrôler l'application de l'interdiction – parce qu'aujourd'hui on légifère et réglemente au mieux, mais on ne contrôle quasiment rien –. On ne mangera plus grand-chose certes, mais au moins on sera cohérent avec nous-même. Cela vaut pour les conditions d'élevage, les normes sanitaires, l'absence de déforestation. Cela vaut en particulier pour des traités en cours de signature ou signés sur le plan européen, qui sacrifient agriculture et environnement pour permettre le développement économique et diplomatique. Au regard des enjeux climatiques et de leurs conséquences sur l'économie et la diplomatie, ces arbitrages sont une vraie contradiction dans les termes. Il est insupportable de devoir choisir entre deux caricatures médiatiques que sont les formules de Sandrine Rousseau et la loi du sénateur Duplomb. Anne-Cécile Suzanne Intégrer l'écologie à l'économie de marché, cela veut dire aussi payer à l'agriculteur le vrai prix des produits. Si l'environnement est respecté, alors le prix doit le refléter. Ce n'est pas qu'un problème de portefeuille consommateur ici, c'est aussi un sujet de millions dépensés pour la protection des nappes phréatiques, des rivières, de la biodiversité, de la santé. Payer à la source ou payer les conséquences en fois mille, la réponse devrait être vite trouvée. Publicité Intégrer l'écologie à l'économie de marché, enfin, c'est arrêter d'en faire un sujet dogmatique. Il est insupportable de devoir choisir entre deux caricatures médiatiques que sont les formules de Sandrine Rousseau et la loi du sénateur Duplomb. L'énorme espace entre les deux, c'est une agriculture diversifiée, aux pratiques reflétant les réalités des territoires, qui fait de son mieux au milieu des injonctions contradictoires, des contraintes naturelles bien présentes et une nécessité de boucler les fins de mois dans une réalité économique implacable, qui comptabilise l'écologie comme une charge. Il faut voir le monde autrement que dans la formule choc et l'opposition, donc, pour le bien des agriculteurs et de l'écologie, qui aujourd'hui subissent ensemble les incohérences à leur sujet et sont d'un même trait pénalisés… En particulier par ceux qui se disent les défendre.

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