5 days ago
«Il faudrait en boire l'équivalent de 500 à 2700 litres par jour» : vin et régime d'été, en finir avec les idées reçues
C'est l'un des grands paradoxes de la période estivale : lutter pour conserver la ligne, tout en s'autorisant un certain lâcher-prise. En matière d'alcool, il est d'usage d'entendre tout et son contraire, jusqu'à ne plus savoir à quel vin se vouer.
Saison par excellence des injonctions contradictoires, l'été se prête à l'excès comme à la retenue, et aux bonnes résolutions comme à l'absence totale de règles préétablies. En matière de vin, bon nombre d'idées reçues continuent d'avoir la peau dure, le plus souvent sans réel fondement. Afin d'y voir plus clair, nous avons interrogé deux experts passionnés de vin, Anthony Berthou, nutritionniste et auteur de l'excellent ouvrage Du bon sens dans notre assiette, paru aux éditions Actes Sud, et Nicolas Sahuc, diététicien rattaché au CRHU de Montpellier. Voici leurs éclairages.
Les calories contenues dans l'alcool sont «vides»
Vrai. Techniquement, parler de calories n'a pas vraiment de sens, puisqu'il s'agit simplement d'une unité contenue dans une molécule. Il est plus pertinent de parler de grammes de lipides, de glucides, de protéines, etc. L'alcool est une exception, dans la mesure où ce qu'il contient n'est pas utilisable directement par l'organisme, qui va d'abord aller puiser dans les nutriments apportés par l'alimentation.
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Le vin permet de satisfaire les besoins du corps en polyphénols
Faux. Si le vin contient en effet des polyphénols, ces derniers sont en quantités très faibles, et il faudrait en consommer entre 500 et 2700 litres pour atteindre nos besoins journaliers, ce qui est parfaitement impossible – et vient remettre en cause le sacro-saint French Paradox.
Le vin rouge est plus facile à digérer que le vin blanc
Faux. Si le vin blanc contient généralement davantage de sucre et de sulfites que le vin rouge, la digestibilité de l'alcool est propre à chacun, et va dépendre du rythme et du régime alimentaire de chaque individu. Il n'y a donc aucune raison scientifique ou médicale qui justifie de favoriser l'un plutôt que l'autre.
L'alcool se transforme systématiquement en graisse
Vrai et faux. En réalité, tout dépend du contexte : le corps va en premier lieu aller puiser dans les calories apportées par l'alimentation, avant de métaboliser celles contenues dans l'alcool. En cas de déficit calorique, elles vont être utilisées en énergie par l'organisme, mais jamais en priorité, et seront par conséquent stockées sous forme de graisse si l'apport alimentaire suffit à couvrir les besoins journaliers.
L'été, mieux vaut boire de l'alcool en journée qu'avant d'aller se coucher
Faux. Le corps fonctionnant en continu, il n'y a pas de «mise à l'arrêt», de jour comme de nuit. Toutefois, l'alcool sera plus facilement éliminé durant la journée qu'au moment du coucher, où il peut par ailleurs venir perturber le cycle du sommeil.
Le vin rosé est à favoriser dans le cadre d'un régime d'été, davantage que le rouge ou le blanc
Faux. Ce n'est pas une question de couleur, mais de taux de sucre : tout dépend de la quantité d'alcool contenue dans chaque vin, certains rosés étant plus riches que certains rouges légers, malgré une robe pâle qui peut à tort donner une impression de davantage de légèreté.
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Mettre des glaçons permet de maintenir son niveau d'hydratation
Faux. Ajouter des glaçons dans son verre de blanc ou de rosé est considéré par nos deux experts comme un véritable sacrilège. Ils soulignent en revanche la nécessité absolue de s'hydrater en buvant de l'eau en continu, et d'autant plus par fortes chaleurs.
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Manger du pain et de la charcuterie permet de mieux assimiler l'alcool à l'heure de l'apéritif
Vrai. L'alcool étant absorbé par l'estomac, les aliments riches en graisses et en protéines vont venir ralentir le processus de digestion, et par conséquent l'assimilation de l'alcool, tout comme ils retarderont un éventuel pic d'hypoglycémie. Toutefois, leur teneur élevée en calories implique de garder une certaine mesure, la modération étant par conséquent de mise sur la partie solide… comme sur son versant liquide !
Le lendemain d'une soirée arrosée, la prise de poids est immédiate
Faux. Mesurer un poids du jour au lendemain n'est pas représentatif, car l'alcool crée un phénomène de rétention d'eau. Une prise de poids se mesure a minima sur sept jours, surtout lorsque l'on sait que celle-ci peut varier de 1 à 3 kilos en l'espace d'une seule journée.