28-07-2025
Gestion des émotions, laisser-aller, visualisation : comment le yoga a aidé Maxime Grousset à performer
Depuis plusieurs années, Maxime Grousset utilise le yoga comme préparation mentale. Le champion du monde sur 50 m papillon explique en quoi cette pratique l'a aidé à bien rebondir après sa déception des JO et à canaliser ses émotions pour être performant.
Quand on voit Maxime Grousset, on ne l'imagine pas spontanément dans la salle de danse de l'Insep en train de faire du yoga et de vivre une introspection constructive. Si les préjugés ont encore la vie dure, le sprinteur n'en a cure. Il va même plus loin, en estimant que ses cours de yoga lui servent de préparation mentale. Comment est-ce possible ? Tout simplement parce que ce n'est pas seulement du yoga... Il l'a bien compris.
En 2018, le Néo-Calédonien s'est rendu pour la première fois dans l'atelier « Yoga et Performance » d'Armelle Cornillon, danseuse et chorégraphe, et il a vite compris l'intérêt de ces deux séances hebdomadaires d'une heure. Sensibilisé par sa mère, coach de fitness, Pilates et danse, Grousset y a vu un triple objectif : travail de sa souplesse, prévention pour ses épaules fragiles et préparation mentale. « On discute beaucoup de ce qui va et de ce qui ne va pas, de ce qu'on voudrait améliorer, et comment le faire, explique le double champion du monde. C'est une approche complètement différente de la natation, ça me recentre sur moi-même, sur mes émotions, sur des frustrations que j'arrive à comprendre. C'est un plus, ça éveille ma curiosité, des choses que je ressens. »
Maxime Grousset médaillé d'or pour la première fois sur 50 m papillon aux Mondiaux
Partir du corps pour aider la tête
Comme souvent avec les sportifs et leur staff, ça commence par le « bon vieux » saint Thomas et son « je crois ce que je vois ». Traduction : il faut des résultats concrets et rapides. On est loin des préceptes vaseux. Pour Grousset, c'est d'abord parti du physique avant de remonter au cerveau. Comment réduire ses problèmes d'épaule ? À ses rendez-vous chez sa kiné, il a ajouté du yoga. « À cette époque, Maxime n'avait pas la même posture physique, donc pas la même posture ni mentale ni émotionnelle, se souvient la spécialiste. Il avait le sternum un peu rentré, comme ont souvent les nageurs, et un problème de respiration et de diaphragme. On a replacé les omoplates, la tête de l'humérus de nouveau dans l'axe vertical, et il ne fait plus de tendinites. Ça lui a fait du bien. Il a tout de suite accroché. »
« On abat les croyances. Sinon tu ne peux pas être dans le présent »
Armelle Cornillon, professeure de yoga de Maxime Grousset
Comme le corps ne va pas sans la tête, Grousset a aussi travaillé la gestion des émotions. Assis face à face sur le tapis avec sa prof, les fesses ancrées sur sa brique de yoga, la colonne vertébrale droite, il a échangé, parlé, s'est ouvert. « On abat les croyances, complète l'intervenante à l'Insep, qui a accompagné de nombreux champions dans diverses disciplines. Sinon tu ne peux pas être dans le présent, être ici et maintenant. » Le sprinteur a trouvé refuge dans cette bulle où il travaille autant sa souplesse musculaire que spirituelle, avec des postures à tenir et des phrases à bannir comme « je dois », ou le « ou pas » ajouté au « il faut que ».
Des mots, des images, des mouvements. Maxime Grousset parle de « routines », de « visualisation », de « laisser-aller », de « piocher certaines énergies », « d'aller chercher du plaisir dans des petites choses ». Lui, c'est souvent les copains, faire la course avec ses potes dans l'eau, ou cuisiner un plat qui lui rappelle son île, la Nouvelle-Calédonie. Dans ce processus où on ne perçoit plus les émotions et la sensibilité comme ennemies, Armelle Cornillon raconte toujours à ses élèves l'histoire du homard qui doit changer de carapace pour survivre. Après les JO, Maxime Grousset a changé de carapace pour grandir.
« J'ai su rebondir » : comment Maxime Grousset a réagi après des JO décevants