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Élus démocrates du Texas en fuite : cinq minutes pour comprendre la polémique autour du découpage électoral aux États-Unis
À deux ans des élections de mi-mandat, souvent défavorable au parti au pouvoir, Républicains et Démocrates essaient de faire pencher la balance de leur côté. Aux arguments politiques, quolibets et accusations de trucage s'ajoutent désormais des redécoupages de circonscription décisifs dans certains États.
Au Texas, l'un d'entre eux, en passe d'être voté par l'Assemblée Législative de l'État a ulcéré la minorité démocrate.
À tel point que les élus bleus ont quitté le Texas pour rallier l'Illinois ou New York afin de bloquer le processus de redessinement.
En quoi consiste ce redécoupage électoral au Texas ?
Tous les 10 ans, les États américains ont l'obligation de procéder à un gerrymandering (un découpage électoral partisan) pour tenir compte des évolutions de population. Des redécoupages souvent dévoyés à des fins politiques.
Au Texas, le deuxième plus grand État américain, les législateurs républicains ont présenté la nouvelle carte du Congrès la semaine dernière. Dans celle-ci, le Grand Old Party a manœuvré et modifié la géographie électorale de plusieurs circonscriptions pour pouvoir obtenir cinq nouveaux sièges à la Chambre des Représentants lors des prochaines élections. Et ce aux dépens des Démocrates.
Texas Republicans revealed their new, extreme gerrymandered congressional map.
Before TX redistricting:
25 GOP seats
13 Dem seats
After TX redistricting:
30 GOP-leaning seats
8 Dem-leaning seats
When Republicans can't win, they cheat. — Democrats (@TheDemocrats) July 30, 2025
Pour adopter ce gerrymandering, deux tiers des 150 membres de l'assemblée législative de l'État doivent être présents lors du vote. Or, la fuite d'une cinquantaine d'élus démocrate empêche les délibérations et bloque le projet de redécoupage.
Quels intérêts politiques ?
Après avoir remporté les élections 2024, les Républicains se projettent sur les midterms de 2026. Une échéance cruciale pour Donald Trump, qui craint que son impopularité ne lui fasse perdre sa courte majorité de sept sièges à la Chambre des Représentants comme ce fut le cas lors de son premier mandat.
Pour conserver cet avantage, Donald Trump est prêt à tout, allant jusqu'à inciter les gouverneurs républicains à procéder à des gerrymandering.
« Le Texas serait le plus important… Un simple redécoupage nous permettrait de gagner cinq sièges. Il pourrait y avoir d'autres États où nous pourrions en obtenir trois, quatre ou cinq supplémentaires », expliquait le président la semaine dernière.
De nombreux États fidèles au milliardaire comme l'Ohio, le Missouri ou la Floride songe à imiter le Texas.
Pourquoi les élus démocrates ont fui le Texas ?
Pour empêcher le vote, 51 élus démocrates ont pris la décision forte de fuir l'État et de se réfugier dans l'Illinois, New York ou le Massachusetts.
Dans un communiqué, les démocrates du Texas par la voix de leur représentant Gene Wu sont revenus sur cette décision estimant qu'ils « abandonnaient un système truqué qui refuse d'écouter les personnes que nous représentons ». Pointant notamment du doigt une nouvelle carte électorale « intentionnellement raciste ». « Nous quittons le Texas pour nous battre pour les Texans », conclut Gene Wu.
Quelles réactions dans le camp Républicain ?
Face à cette désertion démocrate, les élus républicains du Texas veulent prendre des mesures contre leurs homologues de la gauche américaine. Le procureur général du Texas, Ken Paxton a estimé qu'il fallait que ces élus « soient rapidement arrêtés, punis et confrontés à toute la rigueur de la loi pour avoir tourné le dos au peuple du Texas ».
Dustin Burrow, le président de la Chambre des Représentants du Texas a lui joint la parole aux actes annonçant avoir émis des premiers mandats d'arrêts contre les élus démocrates ayant fui l'État.
Dernière réaction forte, celle du gouverneur Greg Abbott. Ce dernier a menacé ses adversaires démocrates de les destituer et de les sanctionner financièrement, avec des amendes pouvant atteindre 500 dollars par jour d'absence à l'Assemblée.
Texas House Democrats abandoned their duty and are holding flood relief and property tax cuts hostage.
I ordered Texas DPS to arrest and return every derelict House Democrat to the Texas Capitol.
This order will remain in effect until all missing Democrats are accounted for. — Greg Abbott (@GregAbbott_TX) August 4, 2025
Des sanctions judiciaires qui ont toutefois peu de chance d'aboutir selon CNN.
Le début d'une « guerre » législative ?
Le phénomène ne se limite pas au Texas. De nombreux autres États américains ont pris parti pour l'un ou l'autre des camps.
Chez les démocrates, les États de l'Illinois, du Massachusetts et de New York ont accueilli des élus en fuite dénonçant au passage un « changement dramatique des règles du jeu électoral » et des tentatives de « triche » de la part de la majorité républicaine. La gouverneure de l'État de New York, Kathy Hochul a même asséné lors d'une conférence de presse : « Nous sommes en guerre ».
Republicans are rewriting the rules to give themselves an advantage.
The gloves are off. Bring it on. — Kathy Hochul (@KathyHochul) August 4, 2025
D'autres élus démocrates sont prêts à prendre des mesures de représailles. En Californie, le gouverneur Gavin Newsom pousse pour voter un redécoupage électoral supprimant cinq sièges républicains, renforçant ainsi la base démocrate. Le New Jersey, l'Illinois ou le Maryland y songent également.
Du côté républicain, d'autres gerrymandering pourraient intervenir dans les prochains mois comme évoqué par Donald Trump. La « guerre » électorale ne fait donc que commencer.